Les meubles se rebellent

Ça tourne.
Ohlala.
Ça tourne beaucoup.

Cendre se fige net. Pendant une seconde, ou deux, elle se demande si elle n'a pas raté plus de repas que ce qu'elle a compté, si elle n'a pas vraiment marché très très vite pour se taper un vertige pareil. On dirait le lendemain d'une méchante cuite.
Elle a soudain beaucoup moins faim.
Ça se stoppe aussi subitement que ça a commencé. Le flou de mouvement s'estompe dans des nuances de brun confuses, des silhouettes distordues émergent du brouillard du manège pour dessiner des meubles difformes. Elle a la désagréable sensation d'avoir été au cœur d'une girelle envoyée tourner le temps qu'un artisan modèle autour d'elle un nouvelle pièce. Et la nouvelle pièce ne lui plait pas trop.

Elle serre les doigts sur sa baguette, saisie instinctivement. Deux chemins. Droite ou gauche.
Bah bien sûr.
Cendre prend une seconde pour analyser ses options. Elle se détourne du buffet qu'elle songe à escalader et finit par lever sa baguette, choisissant ainsi celle qui lui semble la plus expéditive.
Elle est déjà à la bourre.

« Finite Incantatem »

Les sorts s’enchaînaient, violent, frappant la cible avec une précision plus ou moins louable, les formules à peine esquissées sur ses lèvres crispées. Si le bal l’avait affaiblit, sa rencontré avec Cendre à peine une semaine plus tard l’avait achevé. L’envie d’exploser tout ce qui était à sa portée venait démanger régulièrement l’intérieur de ses paumes. Et plutôt que de finir par envoyer valdinguer une fiole en cours de potion ou par se retourner contre un instructeur sous un coup de pression, il avait préféré venir ici, passer ses nerfs sur les cibles du Domaine.

La respiration erratique, il ramena à lui son bras s’étant tendu pour la centième fois vers la cible, et se retourna rapidement en entendant la porte de la salle s’ouvrir dans son dos. Sans regardant l’enrôlé venant d’entrer, Merle partie récupérer ses affaire laissées dans un coin de la pièce, soudainement pressé de partir.
Il allait refermer sa sacoche de cuir quand un bruit de pas plus droit et maladroit que les autres le fit se retourner, pour regarder la racine s’enroulant autour de la cheville de l’enrôlé. Le medic mit quelques secondes à réaliser, avant d’immédiatement reprendre sa baguette, la tendant vers la plante sans la lâcher des yeux.

"Petrificus!"

...pourquoi ça s'allume comme ça ? Qu'est-ce qui se passe ? Je me cramponne au lit, Choupette levée, mais aucune attaque, aucun bruit qu'une porte qui s'ouvre et des menaces.

"C'est vous Docteur ?" je lance, les yeux fermés et maudissant déjà l'inquiétude dans ma voix. Bien sûr que c'est lui, qui d'autre ? "Les lampes se sont allumées d'un coup, et les fenêtres aussi on aurait dit, et elles ont brillé de plus en plus fort... je vois plus rien mais pour l'instant ça va. Je croyais que c'était vous, la lumière, mais c'est qui alors ? Attendez je..."

Je commence à tâtonner, les yeux fermés, mais le lit se termine bien vite. Un sort d'obscurité me brûle les doigts, mais on y verra pas mieux...

"...non je vais pas faire ça, laissez-moi une petite seconde..."

Je reviens vite à la table de nuit et j'attrape la feuille la plus proche - tant pis pous les notes dessus. Je la tapote trois fois avec Choupette en murmurant une incantation de métamorphose, censée la transformer en lunettes de soleil - idéalement celles qu'on met pour les sports d'hiver. Si ça marche pas, je tente celles pour les éclipses...

Une nuit courte de plus. Vyāsa marche d’un pas vif pour rejoindre la salle de réception, laissant sur son chemin quelques effluves d’écurie. Il n’en a rien à faire et si jamais ça dérange quelqu’un, il peut toujours arrêter de respirer. Les hippogriffes ne sont pas très patients, à l’instar de l’instructeur, et pas très complaisants au sujet de l’état de leur stalle.

Enfin, il doit suivre le reste du planning, maintenant. Prendre rapidement un truc a manger, aller donner son cours, correction, préparation des prochains cours, potentielles questions des enrôlés au sujet de ci et ça, si seulement ils viennent pointer leur museau dans son bureau.

Après tout, Vyāsa est d’humeur fort peu complaisante depuis ce stupide bal. De quoi faire découvrir aux jeunes qu’en fait, son humeur habituelle n’est pas si terrible.

Le Pakistanais entre dans la salle de réception et un sifflement de Coatl l’arrête net. Elle n’est pas la seule à avoir un mauvais pressentiment, l’homme inspecte la salle, sourcils froncés, prêt à réagir, baguette à la main. Cormoran est là aussi… et… Il y a quelque chose qui cloche avec les meubles, là.

« Vous vous foutez de ma gueule. »

Et il passe à deux doigts de juste… se retourner et partir. Ça serait pas correct, non ?

Travail. Travail. Travail.

Brume se prend la tête depuis le bal. Depuis… Qu’il s’est ramassé comme une merde en prenant grosso merdo que les mauvaises décisions, passant pour un incompétent endurci. Ça pique, ça fait mal, ça fâche, mais ça motive.

Alors Brume passe tout son foutu temps à se démener pour réaliser une meilleure version de lui-même, dans les plus brefs délais, merci bien.

Ce qui n’est pas évident, mais n’empêche pas le médicosorcier d’y mettre tous les efforts possibles et impossibles.

Étude, attention en cours -bon… peut-être pas tout les cours, mais quand même, il est plus attentif-, études, entraînements physiques et magiques.

Là, il sort tout juste de la salle de duel et de sorts, lasse et endolorie, même s’il cherche à ne pas le montrer. Une douche et il retourne bosser…

Enfin, ça c’était jusqu’à ce qu’il entende une voix appeler. Il s’arrête, tourne la tête pour voir... Cassiopeia… Et une commode ? En mouvement ?

What the fuck ?

Soudain un courant d'air frais....non, il n'y avait aucun courant d'air. Simplement, la température avait atteint des valeurs que Soumaworo ne pensait pas possibles. Il avait souvent montré sa compassion envers les Scandinaves qui visitaient le Sénégal et se faisaient brûler par le Soleil. Le moment était venu pour eux de lui rendre la pareille.

Il esquissa un pas en avant. Son pied refusa d'avancer, et l'autre glissa.

Mais qu'est-ce que.....?

Et Soumaworo s'étala de tout son long sur le sol gelé. Le bras gauche avait tenté vainement d'amortir la chute, le bras droit s'était étendu pour protéger la baguette. L'instructeur se débattit un court instant avant de comprendre que quelque chose clochait au niveau de ses chaussures. Il se retourna et vit ses lacets attachés ensemble. Les sourcils froncés, les yeux cherchant du regard d'éventuels diablotins ou poltergeists, il pointa sa baguette sur le noeud qui joignait ses pieds ensemble.

Diffindo

Vyasa! N'avancez pas, y'a Cendre quelque part derrière le...le merdier de meubles!

Cormoran avança avec précaution, cherchant le meilleur endroit pour déstabiliser la structure.

Cendre, t'es là?

S'il devait faire s'écrouler le tas de meuble pour creuser un passage, il fallait que sa collègue d'Infanterie soit prévenue afin qu'elle puisse se protéger. Mais ce qui était certain, c'était que ces meubles allaient regretter de l'avoir empêché de boire son café tranquillement. Ce dont il avait besoin, c'était de caféine. Pas d'une révolte mobilière...

Bon ben voilà, on est pas morts, on a pas r'vu Granit, ça a mis un bon gros coup d'pied au cul à tout l'monde, c'est cool. Par contre du coup la salle de duels elle est blindée, fait chier ! Bon ben du coup moi quand j'entraîne pas quelqu'un (et que j'fais dégager un box donc hein, t'es gentil tu fais pas chier quand j'ai un neuneu dans les pattes) bah faut bien que j'bosse pour ma gueule aussi.

Mais pfff.

Là c'matin j'ai pas sport alors j'potasse un peu mes enchant'ments à la bibli. C'est chiant. Ca m'saoule.

Fait chier.

Là.

Citation :: Dans le couloir, l'enrôlée n'avait pas bougé. C'était parfait. Elle devait être consciente que sa mine déconfite ne ramènerait pas le sourire sur le visage des autres, et qu'il lui fallait un peu plus d'entrain. Et puis soudain, elle leva sa baguette. Le sort frappa la commode en son centre, prenant rapidement forme et arrêtant le mouvement de l'objet... Pour un très court instant. Il y eu un grincement particulier alors que les tiroirs de la commode essayèrent de s'ouvrir de force pour déverser leurs flots de divers tissus et ustensiles sur la proie qu'elle pourchassait. Le grincement se fit de plus en plus fort, jusqu'à ce que le coin inférieur de la commode réussisse à se déplacer d'un millimètre, et puis d'un autre, et puis d'un autre encore, tentant toujours d'avancer et regagnant de plus en plus de chemin.

Et voilà qu'un autre arrivait, tout aussi à plat que la première!

Elle allait avoir besoin d'aide pour les forcer à se réveiller, et elle savait exactement à qui demander. Il ne fallu qu'une fraction de seconde avant que des tasses se matérialisent au-dessus de la tête de Cassiopeia et Brume, dépareillées mais accompagnées de leurs soucoupes, cuillères à sucre, et théières plus ou moins cousines de motifs... Pour déverser chacune un torrent de liquide très froid et vaguement collant à l'odeur de pêche. Dès que la première vague fut déversée, les récipients se remplirent à nouveau et splaf! Un nouveau jet, et un autre, et un autre!

Citation :: La salle de réception, comme toujours, était très convoitée! Voilà qu'ils étaient trois, au lieu de la seule qu'elle avait perçu initialement. Qu'à cela ne tienne, il y en avait pour tous les goûts. Bien entendu, ils avaient leurs baguettes à la main, et la première présente, celle qui avait eu la chance de se retrouver face au jeu des meubles, tenta de les arrêter. Et réussit... Presque. Pendant un court moment, les meubles semblèrent se figer sur place, indécis, comme si la magie qui les habitait hésitait entre les conséquences d'un sort maîtrisé et leur intention propre. Certains rétrécirent, d'autres commencèrent à se diriger à leurs places... Avant que la pièce ne les rappelle à l'ordre.

Non, non, en formation et que ça saute! La pièce tourna, tourna, tourna à nouveau, manquant d'envoyer valser ses occupants avant de se stabiliser. En face de Cendre, à la place du couloir, un cul-de-sac. En face de Cormoran, une bifurcation. En face de Vyàsa, une fourche, deux directions.

Et pour pimenter les choses, la salle décida de s'amuser un peu. D'abord, une sensation très froide parcourue le crâne de tous les occupants de la pièce... Jusqu'à ce que leurs cheveux disparaissent, comme par magie! Ensuite, dans un bruit retentissant, une pluie de vêtements fut déversée au-dessus du labyrinthe pour tomber aux hasard dans les différentes allées. Et tous n'avaient qu'une chose en tête: venir rhabiller l'instructeur et les deux enrôlés.

Citation :: L'infirmerie était ravie, même si l'appréciation pour sa générosité et son bain de lumière n'avait pas encore été formulée. Au contraire, ce qu'elle entendit sonnait plus comme un juron. Mais bon, ça, elle en avait l'habitude, avec le résident des lieux... Tout du moins, son intervention permettait à la fleur d'utiliser sa voix, que l'infirmerie savait jolie, même si elle ne l'avait jamais entendue comme d'autre l'avait entendue. Peut-être lui donnerait-elle un spectacle, si elle fournissait la bonne lumière? Comme ça serait amusant! Et voilà qu'elle utilise sa baguette, celle avec qui elle converse, et essaie de créer quelque chose de bien étrange.

Dans la main de Pivoine, la feuille se transforme en une paire de lunettes de soleil. Plus adaptée pour les plages d'été que les pentes d'hiver, elle semble tout du moins fonctionnelle.

La salle connaissait cet objet, bien entendu. Elle aurait souri, si elle avait pu. Quelle idée astucieuse! Ça n'enlèverait rien aux effets de lumière de la pièce, mais peut-être que ça les atténuerait un peu. Ce qui était sûr, c'est qu'il lui fallait désormais appliquer un changement de couleurs pour l'occasion. La lumière resta aussi vive alors qu'une sensation froide descendait le long du crâne et de la nuque de Lancelot et Pivoine. Pouf! Leurs cheveux prirent soudainement une teinte bleue criarde, un bleu canard très particulier.

Citation :: La bibliothèque, tout comme ses comparses, avait vu une recrudescence de têtes nouvelles ou familières en son sein. Beaucoup tentaient de trouver auprès d'elle un quelconque réconfort par rapport à leurs capacités, passées ou futures. Ils tentaient de comprendre, d'apprendre, et de se préparer du mieux qu'ils pouvaient pour les épreuves à venir. Leur confiance était ébranlée ; pour certains, les fissures apparaissaient en plein jour. Pour d'autres, elles étaient portées comme des badges d'honneur, des erreurs à ne plus reproduire, des cicatrices qui ne pouvaient s'effacer.

L'enrôlée qui se trouvait dans une des allées principales faisait plutôt parti de la deuxième catégorie, selon la bibliothèque, qui comme chacun savait jugeait les gens sur leurs choix de livres. Et puisqu'il était de son devoir de ramener un peu de motivation pour les troupes...

Un énorme trou se forma en dessous de la jeune femme, profond, lisse, la faisant chuter d'aussi haut que si elle sautait depuis les étagères du haut. Le livre qu'elle étudiait eut l'intelligence de se pousser en travers du chemin, mais la chaise décida de participer à la chute et l'amortir, puisque la chaise se planta dans le sol meuble, qui se solidifia autour des jambes de l'enrôlé.

Spoiler:

Qu'est-ce que tu fous dans la bibliothèque ? Bonne question. T'as juste besoin d'être au calme, loin des autres. Et à cette heure-ci, y'a pas grand monde entre les grandes étagères. Tu décides d'en profiter pour en apprendre un peu plus sur quelques créatures magiques, principalement aquatiques étant donné que c'est celles que tu connais le moins. Quelques informations sur un Selma plus tard, y'a comme un bruit qui se fait entendre dans la salle. Tu pousses un soupir, et tu sors ta baguette pour aller voir entre les allées ce qu'il se passe. Jusqu'à tomber sur un trou dans le sol, avec une meuf au fond. Jaguar, un truc du genre. Tu hausses un sourcil avant d'étirer un sourire moqueur. « C'est ce qu'on appelle toucher le fond... Qu'est-ce que tu fous là ? » Sérieux, faut avoir un sacré problème pour faire ça.

Il y a des voix.
Elle n'a pas fait attention en arrivant. Enfin, il serait plus correct de dire qu'elle n'a pas eu le temps. Y avait-il encore quelqu'un dans la salle ?
Elle reconnait la voix de Cormoran qui, au travers du mur de meuble, l'appelle. Et celle de Vyãsa, dans son dos, qu'elle devine plus qu'elle entend.
Cendre n'a pas le temps de répondre que ça tourne encore. Elle se plante sur ses deux pieds pour être sûre de ne pas chavirer, pour convaincre son oreille interne qu'elle n'est pas en train de tomber.
Elle déteste les manèges.

Le flou s'estompe, et la pression qui tirait sur ses tempes disparaît. L'élastique qui tenait ses cheveux n'est pas tombé, ce sont eux qui ont disparu.
Elle fronce les sourcils -enfin les a-t-elle encore au moins ?- dans un grommellement irrité.

« Que je prenne pas le malin qui a fait ça. »

Un froissement d'étoffes la fait lever la tête à l'instant où une pluie de vêtements vient frapper le labyrinthe. Un pull hissé sur ses manches avance vers elle à la manière d'un gorille, accroché à un pied de table un pantalon tend dans sa direction un pan de jean d'une couleur délavée. Cette fois-ci, Cendre n'a pas le temps de lancer un sort, elle part en sens inverse pour distancer le textile hostile.

Quel que soit le sort qui était venu les déranger, il ne semblait pas provenir de Pivoine. Il ne doutait pas qu'elle pouvait se révéler être une très bonne menteuse - ou l'espérait tout du moins, au vu de sa spécialité - mais son ton n'indiquait que de la surprise et, s'il réussissait à saisir la nuance, de l'appréhension. Il pouvait également ressentir la même chose chez Circa dont la queue fouettait l'air. La créature n'avait pas l'habitude d'être aveuglée, même si son odorat lui permettait de se déplacer sans trop de mal.

"Tu devrais rentrer. Au moins pour maintenant." Il murmura au womatou, et l'indignation se fit entendre dans un grognement sonore. Très bien, très bien. Lance soupira mais n'insista pas, descendant quelques marches d'un pas souple avant de sauter directement en bas des escaliers. Ironiquement, il était plus prudent de réussir cette chute que de louper une marche.

Une fois au sol, il se mit à marcher vers le lit le plus proche, gardant ses yeux fermés pour mieux se représenter l'espace de l'infirmerie qu'il connaissait si bien, et jurant profusément en sentant une sensation désagréable lui parcourir l'échine et le crâne. "Y'avait-il quelqu'un d'autre dans la pièce avant que cela se produise?" Il demanda à Pivoine, haussant un sourcil qu'elle ne pouvait voir, cherchant à mettre la main sur un des draps recouvrant les lits environnants. "J'ai l'impression que ce qui se passe relève plus de la plaisanterie qu'autre chose, mais il vaut mieux être prudent."

Occupée à surmonter son dégoût de la matière et la vague nausée qui venait autant du repas raté que de l'idée de "cuisiner" quelque chose, même de non-calorique et d'utile, Aubépine ne remarqua pas la présence de sa camarade Zouwu dans la pièce. Silencieuse, elle restait penchée à la fois sur son grimoire et ses ingrédients, murmurant parfois une phrase qui lui posait problème, replaçant fréquemment une mèche insistante dans le chignon tenu par son pic préféré.

Quand la lumière du jour disparu soudainement de l'endroit, c'est à peine si elle releva les yeux et la baguette, un lumos au bout de la langue qu'elle avala soudain. Non, elle aurait besoin de son outil pour faire des huit dans la mixture. Sa voix s'éleva cette fois, un peu plus haute et donc audible.

"Je ne comprends pas, c'est pas sensé faire ça..." avec un soupir, elle formula un sort pour allumer les lumières artificielles de la pièce et retourna à son grimoire...

L'arrivée de Soumaworo ne me dérange guère. J'apprécie mon collègue snidget, admire son savoir et son engagement à la cause. Nous ne parlons pas souvent, je n'en ai pas besoin pour deviner dans ses yeux changeants une peine similaire à la mienne. Jamais évidemment je n'ai abordé le sujet et là n'est clairement pas le moment. Doucement je m'assied sur le tabouret lorsqu'un froid profond m'envahit jusqu'aux os. Je pense un moment à notre peine conjuguée puis m'aperçois de la buée formée par ma respiration. Je dois protéger le piano. La table d'harmonie risque de se fendre. J'ai froid. C'est une sensation que je ressens de l'intérieur, comme si la température émanait d mes os même pour irradier dans mes chairs. Ca brûle.

Le piano. Il est plus important que le reste, plus que tout au monde car il n'a que ses notes pour communiquer et ne possède pas d'étui. Alors que je vais demander à Soumaworo de m'aider à trouver ou fabriquer une couverture de laine, je le vois tomber. Par réflexe, j'avance. Trébuche. Me rattrape au clavier qui n'est clairement pas content. Mon sort ne suit que de très peu celui de mon collègue.

"Diffindo" et puis "Vous n'êtes pas blessé ?"

Un truc me chope le pied, je trébuche et je tente de transformer ça en galipette, baguette toujours à la main. J'ai plus de force que de dextérité mais hey, quand tu montes à cheval, t'apprends vite à te casser la gueule sans avoir mal, au sens propre comme au sens figuré. J'ai toujours ma baguette à la main et ma figure artistique est mise à mal par le machin qui me tient le pied. J'suis pas seul, je l'ai su dès que je suis rentré aussi le sort ne m'a pas spécialement surpris...enfin si. Mais pas qu'il y en ait un quoi.

"Mais mais mais...t'es malade ? Et si c'était moi que tu avais touché, on aurait eu l'air con !"

C'est qu maintenant, c'est plus une plante (donc coupable dans tous les sens du terme) que j'ai autour de la cheville mais une sorte de boucle de pierre. Bah, je suis pas vraiment fâché sur le coup, au moins c'pas moi qu'il a touché. J'espère quand même qu'il va venir me libérer. J'ai l'air encore plus con que d'habitude.