Les meubles se rebellent

Les meubles se rebellent

et le Domaine contre-attaque !

Nyé ?

1er octobre 2019

Il régnait dans l'air une ambiance lourde et pesante depuis la cérémonie du Bal. Certains s'étaient repliés dans leurs tanières, n'en sortant plus que pour de rares apparitions, d'autres tentaient de faire face en prétendant que rien n'avait été perturbé, sans convaincre grand monde. Ce qui n'avait pas été alors présent se retrouvait pris dans cette étrange atmosphère, entre chuchotements et regards appuyés, entre déni et acceptation. Toutes les créatures du Domaine avait ressenti cette dissonance, cette fracture dans la structure même qui les avait réuni. Et tous étaient d'accord pour dire que les doutes devaient être approchés avec précaution. On ne pouvait permettre à ces idées noires de prendre racines trop longtemps, aux blessures de continuer à meurtrir et faire souffrir.

Le Domaine en était bien plus que conscient. Et il semblait que le mobilier était plus qu'agacé de ne voir que des visages emprunts d'ennui, de soucis, d'agacement ou de confusion lui faire face. Il en avait assez. Il s'était décarcassé pour que ces jeunes aient à manger, un toit accueillant, une température plaisante lorsqu'ils pénétraient à l'intérieur des bâtiments, des leçons de politesse et de courtoisie, des coins confortables pour s'installer et étudier, et c'était ainsi qu'on le remerciait? Lui, qui faisait en sorte que tout soit possible?

Il n'était pas question que cela perdure une minute de plus.

Alors un bon matin, alors que les ombres des Enrôlés s'agitaient dans les bâtiments pour se rendre en cours, il frappa.

C'est pas faux...

Explications:

Règles:
Piou à tous!

Comme vous pouvez le constater, le Domaine est d'humeur aussi maussade que vos têtes post-bal, et compte bien vous le faire savoir.

Comment ça va se dérouler?

- Postez à la suite de ce message un rp avec le personnage de votre choix. Vous pouvez impliquer tous vos personnages, mais bien entendu, on poste un compte à la fois et on attend de voir qui (ou ce qui Les meubles se rebellent 3519727948

) répond derrière.

- Votre perso peut se balader n'importe où dans les bâtiments du Domaine, ce qui comprend également les bâtiments extérieurs comme les serres ou les écuries - indiquez simplement précisément où il se trouve dans votre rp. C'est là le côté un peu particulier de ce topic: au lieu de poster dans le lieu sur le forum, vous pouvez considérer que ce topic comprend exceptionnellement TOUT le forum. Donc, vous pouvez choisir de poster dans les cuisines alors que la personne répondant après vous choisira d'être dans le dortoir Occamy.

- Lancez un dé dans le topic dés qui a été mis en place à cet effet dans cette section.

- Attendez. Patiemment. Quelque chose va forcément arriver... Et vous pouvez donc y réagir par la suite! Lancez des dés n'est alors plus obligatoire après ce premier lancé (sauf si le grand Manitou vous l'ordonne), mais vous pouvez toujours le faire pour vos réussites de sorts/contre-sorts/actions, ou bien même pour un peu plus d’aléatoire :P

- Même si vous lancez pas de dé, le mobilier se donne le droit d'agir! Non mais!

- N'hésitez pas à vous retrouver à plusieurs dans la même pièce. Par exemple, si Arcturus et Cormoran étaient en pleine discussion ~~sur leurs crushs du moment et/ou les enrôlés les plus mignonnes que vous ayez jamais vu, rayez la mention inutile~~, c'est bien normal qu'ils essaient de faire face tous les deux au capharnaüm qu'ils découvrent pendant que Jaguar, Cendre et Aubépine, bien malgré elles, se retrouvent coincées à gérer un problème dans la bibliothèque!

- Vous pouvez donc rejoindre une situation qui est en train de se produire! Mettons que votre perso croise Vyasa en proit à

Spoiler:

: votre personnage peut totalement décider de le rejoindre pour le secourir! Mais vous devez quand même lancer votre dé initial dans ce cas :P

- Pas de tours de post! Répondez librement quand vous le souhaitez, en faisant tout de même attention à vos divers partenaires et aux réactions de ce qui se trouve autour de vous ;)

- Ça vous semble facile, bande de petits joueurs? Et POF! Un défi sur la tête! Pour garder ce petit jeu amusant pour tous et pour vous permettre de répondre plein de fois, vous ne pouvez faire des posts que de... 250 mots maximum! Entre 10 et 250 mots, pour être très exact! Hop hop, on pense rapide, action, réaction!

- Amusez-vous!

Qui osera lancer le premier dé?
*rire satanique d'une commode dans un coin*

Halloween

Depuis le Bal, Cassiopeia s'était montrée discrète et encore plus effacée qu'elle ne l'était auparavant. Elle avait passé de nombreuses heures seule dans la forêt environnante, le plus souvent en martre, pour essayer de repousser les sensations de doute et de culpabilité qui l'assaillait. Elle se sentait idiote. A sa place sans l'être. A sa place pour les mauvaises raisons. Sotte de penser ainsi, aussi, sotte de gaspiller la chance de quelqu'un d'autre par son inaction et son manque de capacité. Ne souhaitant pas tirer les autres vers le bas, essayant tout du moins de créer le moins d'ondulation possible.

Elle venait de quitter le dortoir Selkie pour y déposer ses affaires dans le but de se rendre à nouveau dehors, ne gardant que sa baguette sur elle, lorsqu'un bruit étrange se fit entendre derrière elle. Elle se retourna, sursautant un peu, et observa le couloir dans lequel elle se trouvait. Quelques enrôlés se trouvaient aux alentours, mais assez loin pour ne pas être la provenance du bruit en question.

Spoiler:

Tu vas être à la bourre.

Cette pensée l'éveille aussitôt. Dans un battement de coeur alerte, Cendre ouvre les yeux sur l'étendue verte d'une prairie humide de rosée. Le ciel n'a plus rien de cet océan de jais qu'elle a abandonné - une seconde elle l'aurait juré - en abaissant les paupières, vers 5h du matin. L'horizon se compose de dégradés de jaune et d'orange qui diluent le gris d'une nuit tardive.
Il fait jour.
Et elle doit être à la bourre.

Elle se redresse. Son corps tout entier est ankylosé d'être resté recroquevillé contre le tronc. Elle presse le pas. Elle a raté la séance de sport du matin, le petit déjeuner, la douche, mais elle a peut-être dix minutes avant que le prochain cours ne commence. Et son estomac se tord d'une faim qu'une quasi nuit blanche a exacerbée.
Plutôt que de se diriger vers le bâtiment Selkie, elle bifurque par le batîment principal jusque là salle réception dans l'espoir qu'il reste quelque chose qu'elle puisse se mettre sous la dent.

Spoiler:

Citation :: Dans le couloir, le bruit qui s'était fait entendre provenait d'une commode. C'était une très vieille commode, qui avait déjà vécu de nombreuses années, et qui avait une idée très précise de la façon dont les personnes respectables se devaient d'être. Et la personne qui se trouvait alors sur son chemin, ou plutôt à côté de son chemin, n'était pas très respectable: une mine fatiguée, des vêtements choisis sans entrain, des yeux de chiens battus et un empressement qui faisait claquer les petits talons sur le sol. Non, décidément, un tel affront ne pouvait être excusé en ce jour de fête, décidé collectivement par Le Domaine. Il fallait qu'elle intervienne.

La commode fit un pas. Un "shpoumf" sonore résonna alors que son premier coin se posait au sol, trainant sa partie droite en avant. Puis un deuxième. Shpoumf. La partie gauche se déplaca pour la remettre droite. Shpoumf. Shpoumf. Shpoumf. Elle n'était pas bien rapide, mais la distance qu'elle parcourait était tout de même notable, et il était clair qu'elle se dirigeait vers l'enrôlé plantée au milieu du couloir, frappant de ses deux portes, les claquant d'anticipation.

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Citation :: La salle de réception en avait vu des vertes et des pas mûres. Beaucoup de pas mûres, en réalité, après le Bal où elle s'était faite belle, s'était parée de lumière et de décoration, pour accueillir les logés temporaires du Domaine. Comme elle avait aimé cette soirée! Des danses! Des amourettes! Des œillades en coin! Des surprises, des rebondissements, un vrai feuilleton! Et enfin quelqu'un qui savait manier la musique - à l'exception de cette affreuse fausse note, mais qui pouvait éventuellement être pardonnée, au vu des circonstances, même si les affaires des sorciers étaient plus qu'étrange à ses luminaires.

Et depuis? Des regards tristes, des plats à peine touchés. Il était facile pour elle de mettre en place un plan, ce jour là.

Alors que l'enrôlé posa le pied sur son sol, la pièce se mit à tourner, à tourner, à tourner, de plus en plus vite, comme si elle dansait elle-même. L'enrôlé Occamy se retrouva clouée sur place pendant de très brèves secondes... Pour se retrouver entourée de meubles. Car eux aussi avaient voulu participer. Ils s'étaient agrandis, arrondis, réarrangés, déplacés, jusqu’à ce que la pièce ne s'immobilise. Tout autour de la jeune femme, un long mur formé de tables, de tapisseries, de buffet, et le grincement de meubles qui continuaient à bouger de part et d'autres dans le reste de la pièce.

Elle était maintenant dans une sorte de couloir, qui bifurquait sur la droite et la gauche si elle s'avançait de quelques pas. Mais le ferait-elle? Quel chemin choisirait-elle?

Spoiler:

Je sais pas.

Je sais pas comment je vais m'en sortir.

J'ai raté tellement de cours ! Et j'ai même pas le droit de sortir de l'infirmerie ! Je peux même pas aller chercher des bouquins ! Et en plus j'arrive même pas à rester concentrée plus d'une heure d'affilée et je passe la moitié de la journée à dormir encore, c'est une catastrophe.

Comment je vais faire... et s'il y avait que ça encore...

Là c'est à peu près le matin je crois, il fait jour et pâle. J'ai mangé un peu. Choupette est sur la table de nuit, je la prends pour vérifier que j'arrive bien à la tenir. Ca fait quelques jours que mes mains tremblent plus, mais j'ai toujours peur...

Je la tiens bien, et elle me fait des étincelles dorées.

"Mais oui Choupette." je murmure en caressant la fissure du bout du doigt. "Ca va le faire."

Je sais pas trop comment, mais ça va le faire. Et pour le prouver à Choupette, ou peut-être à moi, je me lève. Une semaine allongée déjà, c'est bon, merci. Faudrait pas que j'oublie comment marcher non plus.

Citation :: L'infirmerie était plutôt calme à cette heure. Il n'était pas rare que plusieurs personnes résident entre ses murs. Elle avait l'habitude des deux présences familières, celui qui empruntait les lieux et celle qui s'en occupait, mais connaissait aussi bien le ballet des autres, ceux qui avaient besoin de son calme, de son énergie. Aucun des nouveaux arrivants de cette année n'était pour le moment venu hanter les lieux après un accident infortuné, un brin dommage, mais elle s'y faisait. Elle n'était pas faite pour les garder indéfiniment.

Bien entendu, certains restaient plus longtemps que d'autres. C'était le cas de la jeune fleur qui avait beaucoup dormi, au début, mais dont les pétales s'étaient défripées à présent. Elle allait mieux. C'était une bonne chose. Cela signifiait que le rôle que l'infirmerie avait à jouer serait amusant, comme il devait l'être, plutôt que sinistre. C'était un peu compliqué, d'amuser les malades. Elle n'allait pas se parer de rouge et se mettre à ricaner, ça aurait été de mauvais goût. Non, autre chose, alors.

Les lampes, habituellement déjà éteintes à cette heure, s'allumèrent soudain. Elles se mirent à briller. Fort. Très fort. Mais pas qu'elles - les fenêtres aussi, comme si la lumière supposément naturelle qu'elles apportaient était également de la partie. Plus fort, plus fort, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus rien voir. Plongé dans un blanc aveuglant plutôt qu'une obscurité opaque, mais quasi la même chose au fond: on n'y voyait plus rien à 3 cm en gardant les yeux ouverts.

Spoiler:

Cormoran avait compté sur la séance de sport du matin pour l'aider à se réveiller complètement. Mais ladite séance s'était montrée indigne de sa confiance. C'est donc les yeux cernés qu'il se rendit à la salle de réception pour prendre son petit déjeuner. Il n'avait pas faim, mais il avait passé suffisamment d' années à répéter à des moldus obsédés par leur poids à quel point il était important de ne jamais sauter un repas pour ne pas en rater lui-même. Et puis, avec un peu de chance, il resterait du café.

Et effectivement, il en restait. Cormoran aurait souri s'il n'avait pas été autant dans le brouillard. Il en était à la moitié de sa grande tasse lorsque Cendre arriva. Il la salua d'un hochement de tête, réalisant qu'il ne l'avait pas vue ce matin à l'entraînement. Elle avait peut-être trop dormi. Lui-même regrettait ses insomnies qui se faisaient rares ces dernières semaines. Le temps qu'il passait à dormir, il ne le passait pas à s'entraîner. Il avait même songé à utiliser des potions pour rester éveillé. Mais c'était également un autre conseil qu'il avait souvent donné aux moldus obsédés par leur poids: le sommeil, c'est essentiel. Tandis qu'il finissait son café, il réfléchissait à la pertinence des conseils de moldus quant à la condition physique des sorciers en guerre contre les Bouffeurs de leurs Morts.

Puis il leva la tête et Cendre n'était plus là. En revanche, il vit une muraille de mobilier. Et des grincements houspillaient ses tympans de toutes parts. Il soupira, se leva et dégaina sa baguette...

Allez hop, on y va, en route pour l'aventure ! Ce que c'était chiant ces gens tous déprimés là, sans arrêt en train de se trainer d'un cours à l'autre, se cognant la tête dans des livres ou bien les uns les autres mais avec sérieux en plus. La barbe de Merlin ça me foutait les nerfs. En plus, du coup, la salle de duel était tout le temps prise, bref, la galère.

Sauf là. On était juste après les cours et MIRACLE personne n'avait décidé à s'entrainer a faire des Avada informulés sans baguette comme si c'était possible. J'pousse la porte, donc, bien décidé à m'amuser un peu avec le matériel et...

Le temps s'efface et emporte avec lui les douleurs passées. Seuls restent les souvenirs, le rappel d'une souffrance qu'on ne ressent plus mais qui est là, cicatrice irritante d'un rêve qu'on aurait aimé oublier, déformer. Le Bal avait fait plus de victimes qu'une attaque réelle, preuve s'il en était que les mots étaient aussi destructeurs que le sort le plus violent. Veuf. Je le suis, je ne l'oublie jamais. Il n'y a pas une seconde où la douleur ne me suit pas. Et pourtant, ce rappel, cette exposition, ce souvenir. Je secoue la tête. Je ne veux pas y penser. Et, pour oublier, il n'est qu'une chose qui m'est permise ici. La musique...

Les potions. Comme la cuisine et l'heure du repas - qui sonne, par ailleurs - Aubépine ne les apprécie guère. Elle a pourtant fait des progrès en botanique, signe de bien trop d'heures passées dans les serres à écouter d'une oreille qu'elle pensait distraite les explications d'un certain instructeurs. Seulement l'heure n'était plus à la détente. Plus que jamais, elle se devait de se forcer à ne montrer aucune faiblesse, aucune faille d'aucune sorte. Parce que le monde ne le lui pardonnerait pas. Elle connaissait son Devoir et savoir concocter des mixtures magiques en faisait partie. Echouer sous prétexte qu'elle n'aimait pas la matière n'était pas concevable.

Alors, au lieu d'aller manger, elle se glissa dans le laboratoire de Zhurong pour tenter d'en terminer avec la potion du jour, une sorte de véritaserum plus ciblé mais moins fiable qui rendait la victime facilement influençable. Lancelot n'en saurait rien, il était occupé à soigner Pivoine.

Soumaworo ne fut pas surpris de voir Odysseus dans la salle de musique. Le baguettier était musicien, après tout, cela n'était un secret pour personne. Lui, en revanche, ne l'avait jamais été. Mélomane, il l'était, dans une certaine mesure. Mais il n'avait jamais joué d'un quelconque instrument de musique. En revanche, il avait eu l'occasion d'étudier les propriétés des sons et la manière dont la magie pouvait interférer avec eux. Son dernier "projet expérimental" ne donnait rien. Pour oublier sa sensation de se heurter tête la première à un mur, il avait décidé de se plonger à nouveau dans un de ses anciens centres d'intérêt. Mais son esprit têtu avait déjà ébauché plusieurs moyens d'utiliser de la musique pour transmettre des messages et pour déclencher des pièges. Il fit mine d'observer les instruments, attendant que quelqu'un joue de la musique...

Derrière elle, un bruit de porte trouve écho dans la voûte. Elle n'y prête aucune attention, ce n'est qu'un bruit.
Elle ajoute une pincée d'une poudre noire dans son chaudron bouillonnant. Une fumée diaphane en émerge, drapée d'effluves amères mais prévisibles.
Enfin.
Cette potion n'est pas très complexe, mais par Merlin ce qu'elle est longue.
Précautionneusement, elle la recueille dans un flacon. Il suffirait d'une maladresse, et tout serait à refaire.
Une portière claque, manque de la faire lâcher sa pipette. Bois contre bois, à plusieurs reprises, comme remuée d'un courant d'air. Scorpion tourne vers le responsable un regard agacé, persuadée d'y trouver un enrôlé empoté.

Citation :: La salle de duels avait été une des salles les plus mobilisées depuis le bal. De nombreux enrôlés, piqués au vif dans leur ego ou dans leurs peurs, avaient décidé de la fréquenter plus assidûment. Elle avait vu passer de la rancœur, de la frustration, des doutes, une énergie plus ou moins canalisée dont elle s'abreuvait généralement. Parfois, de la bonne humeur, peut-être plus que dans les lieux environnants. Tout ici était fait pour expier les démons de ceux qui les écoutaient trop. Elle connaissait le bruit des pas de chaque combattant, connaissait leurs préférences en matière de défense et d'attaque, et n'avait pas douté un seul moment de sa capacité à s'amuser au dépens de certains de ses protégés.

Ce jour-là, il y avait cependant une particularité dans la pièce, quelque chose qu'elle avait laissé entrer, quelque chose d'incongru. Alors que le combattant aux traits changeants posait son pied sur le dojo, une longue racine sinueuse, souple et fine, s'agita à ses pieds avant de s'en saisir soudainement pour essayer de le faire trébucher. Après tout, qui avait dit qu'une salle de duels ne pouvait pas être l'endroit le plus propice à une nouvelle rencontre?

Citation :: De façon assez peu étrange, la salle de musique était habituée à ces changements d'humeur qui tendaient souvent vers une mélancolie profonde. Sans doute, peut-être, parce que l'utilisateur principal des lieux l'était habituellement. Elle ne s'en offusquait pas autant que ses congénères. Elle savait que les sons qu'elle aidait à former servaient à toute créature, d'une façon ou d'une autre, que les émotions qu'ils ressentaient ne pouvaient qu'être sublimées par son travail, son énergie, son atmosphère. Le bal n'avait pas tant changé la donne, mais apporter un peu de facétie faisait partie de ses compétences, et ce n'était pas une mission qu'elle aurait souhaité refuser.

Avec malice, elle choisit cependant un angle d'attaque un peu particulier. Alors que les deux hommes évoluaient dans la pièce, la température autour d'eux chuta drastiquement. Là où la pièce était confortable quelques secondes auparavant, l'air devint mordant, presque aussi froid que l'extérieur pouvait l'être en plein milieu d'un hiver intense. Une fine pellicule de glace se forma d'ailleurs dans certaines parties de la salle dans un crépitement magique, rendant le sol affreusement glissant, alors qu'un second sort émanant de ce même sol noua facétieusement les lacets des chaussures de ces messieurs pour que les deux chaussures soient reliées. Du patin à glace... Avec un twist!

Citation :: La salle de potions n'irait pas jusqu'à dire qu'elle était mal-aimée. Il était vrai qu'elle n'était pas la favorite, préférant l'ombre et le silence aux espaces communs plus foisonnants. Elle n'était pas aussi fréquentée que la salle de duels, pas aussi convoitée que les serres, pas aussi animée que l'atelier de réparation de baguettes. Les enrôlés venaient à elle parfois tard le soir, et restaient longuement, concoctant diverses mixtures avec plus ou moins de succès. Elle avait vu beaucoup de réussites, et beaucoup d'échecs. Elle avait connu la frustration et les accidents. Elle comprenait, peut-être mieux que d'autres, qu'il fallait toujours apprendre de ses erreurs si on ne voulait pas que celles-ci deviennent fatales. Elle avait également un sens de l'humour exacerbé, ravivé par l'atmosphère qui s'était soudainement animée dans le Domaine.

Plusieurs choses arrivèrent en même temps. Pour commencer, toutes les portes et fenêtres, même celle donnant sur le placard à ingrédients ou celles, plus petites et disparates, des armoires, disparurent dans un claquement retentissant. On ne voyait plus que le mur, là où des ouvertures s'étaient trouvées. Dans un second temps, les instruments et flacons que tenaient les occupantes des lieux se volatilisèrent également... Pour réapparaître l'un sur la table du fond de la pièce, l'autre sur le bureau principal inoccupé dans un léger tintement.

Spoiler:

L'humeur de Lancelot ne s'était pas réellement améliorée, bien que la mine taciturne qu'il abordait n'était plus aussi renfrognée, lissée par le quotidien ayant repris ses droits. Il travaillait beaucoup. Il surveillait attentivement Odysseus, passant la plupart de ses nuits en compagnie du baguettier lorsque cela était possible et offert, peiné par le chagrin qu'il pouvait voir sur le visage de son compagnon. Ces dernières semaines avaient également été occupées par l'état préoccupant de Pivoine. Il avait passé de nombreuses heures à améliorer les potions nécessaires pour remettre la demi-vélane sur pieds.

Il était à l'infirmerie tôt ce matin-là, lorsque la lumière provenant de la salle perça le bureau de Lancelot et le fit grogner d'agacement, sa baguette immédiatement dans sa main. Circa, qui ne l'avait pas quittée depuis le bal, protesta également. Il ne pouvait ouvrir les yeux sans qu'ils ne brûlent, et se déplaça à tâtons, cognant contre le bout de son bureau et poussant des jurons sonores. Qui était l'abruti qui s'était amusé à lancer un sort dans l'infirmerie, et avait-il eu la présence d'esprit de se mettre à courir très vite avant que Lancelot, ou pire, Blinky, lui mette la main dessus?

Sa main trouva enfin la poignée de porte, lui permettant de sortir de son bureau et de constater que le phénomène était ici le même: il n'y voyait absolument rien, tant la lumière était vive. "Une explication pour ce cirque serait la bienvenue." Il lança à la ronde, sans amusement dans la voix.

Cassiopeia ne put empêcher le léger tressautement qui la secoua alors qu'un bruit sonore se faisait entendre au bout du couloir. Elle fronça les sourcils alors que sa baguette, qu'elle gardait désormais attachée à sa manche, coulissa dans sa main par réflexe. Depuis le bal, c'était là qu'elle se trouvait, de par l'angoisse de ne pas être prête à affronter ce qui pouvait leur arriver. De répéter ses erreurs. Elle sentit aussi la martre en elle, inquiète, le début d'une transformation dans le coin de son esprit. Une autre réaction qui était devenue bien trop fréquente depuis ce soir-là, cette envie de fuite, cette connexion avec la créature qu'elle abritait en elle. Elle n'était pas sûre d'apprécier la soudaine amélioration de sa capacité animagique.

Elle resta un moment interdite. La source du bruit était assez évidente, et pourtant, elle peinait à comprendre ce qui se passait. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait dû poliment poser une question à un meuble pour tenter d'aller quelque part, mais cette commode semblait bien incongrue au milieu du couloir. Et elle avançait. De plus en plus rapidement. Vers elle?

"Il y a quelqu'un?" Elle appela au hasard, gardant les yeux concentrés sur le meuble qui continuait à avancer avant de relever sa baguette et de lancer un sort pour immobiliser la commode.