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    Re: Une souris blanche
    Mar 23 Juin - 18:37
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    Gravé dans le marbre. Je comprends évidemment l'origine de l'expression mais j'ai cette vision des pierres tombales aux lettres dorées qui décorent les cimetières. J'ai toujours eu ces lieux en horreur, leur préférant les tombaux marins. D'une certaine façon, je suis heureux que rien ne soit "gravé dans le marbre" pour la jeune Pivoine. Elle est trop fragile pour se confronter à la froideur de la pierre lisse. Je hoche la tête.

    "C'est cela, j'ai codé votre artefact pour qu'il ne réponde qu'à vous, en utilisant votre code génétique comme d'une clef pour qu'il active son pouvoir. Ainsi, si on vous le vole, on ne pourra rien en faire."

    Le sang est un ingrédient à la fois pratique et de mauvaise réputation. L'on croit facilement qu'il en faut des litres pour le moindre rituel et la magie qui en est tirée flirte souvent avec la magie noire, les peurs moldues, Salem. Pourtant, il n'y a rien de plus vivant. Stocker l'avait dit dans son Dracula. Le sang, c'est l'essence de la vie. Et du Pouvoir. Pour connaître la signature corporelle de chacun sans prendre de sang, le "bon" camp avait donc développé d'autres outils. Je ne m'y connaissais pas tant en biologie moldue mais j'en savais assez pour comprendre qu'eux aussi essayaient de percer le langage de la vie sans entrer dans les horreurs de l'imaginaire de la fin du XIXeme.

    "La mousse a attrapé quelques morceaux de peau morte et en a extrait ce dont j'avais besoin. Elle agit par capillarité magique. C'est une propriété naturelle de ce type de végétal que l'on ne trouve qu'au fond de quelques grottes volcaniques sous marines."

    Elle note mais s'interrompt, s'excuse, et me propose de me monopoliser à nouveau, mais dehors. Pourquoi plutôt qu'ici, je l'ignore. J'ai renoncé il y a longtemps déjà à tenter de percer les raisons des autres et celles de la fleur blanche plus encore. Ici, ailleurs, quelle importance pour moi. Ma souffrance, mes souvenirs me suivent partout où je vais, ils sont liés à mon coeur, accroché à mes pas. Si cela peut être plus confortable pour elle, pour quoi pas. Je hausse les épaules.

    "Si vous voulez." Je ne dis pas qu'elle n'a pas l'air plus pressée que ça de ne pas me monopoliser, ni d'arrêter de poser des questions. Tant mieux. Parler de mon art me change un peu les idées. "L'atelier ?" je propose car il est plus facile d'enseigner en montrant qu'en expliquant mais je ne suis pas vraiment fixé sur le choix de lieu. Ici ou ailleurs...
    Re: Une souris blanche
    Mer 24 Juin - 11:09
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    Oh, alors c'est comme ça que ça marche ? C'est vraiment... j'avais jamais entendu parler de ce genre de plantes. Je pense que ça fait pas partie des choses qui sont pertinentes pour une initiation à la botanique, surtout si ça pousse dans les grottes sous-marines volcaniques. Mais moi ça m'intéresse. Comme tout ce qui a trait aux artefacts, on pourrait dire.

    Instructeur compris, commenteraient même certaines mauvaises langues.

    Alors que pas du tout. C'est juste que quoi que je fasse, j'ai l'impression de me rater et de lui faire du mal, alors que c'est absolument pas mon but. Je comprends pas pourquoi ça fait ça, d'ailleurs. Mais au fond, l'important, c'est que quand il parle d'artefacts, ou que Choupette lui fait des étincelles, il a un peu moins l'air de vouloir se jeter par la fenêtre du rez-de-chaussée.

    Non ?

    "On peut aller dans les ateliers oui bien sûr."

    Je pensais plutôt à dehors au soleil, mais les ateliers, comme on parle d'artefacts, c'est logique. Peut-être même qu'il va y mettre les mains et que ça va l'aider à chasser un peu plus ces ombres qu'il a dans les yeux.

    On sort donc. Ca fait un petit moment qu'on parle, il y a moins de monde dehors, moins de monde partout. Moins de monde pour voir, aussi. Mais comme on fait rien de mal, après tout, je m'en fiche bien qu'on voie que j'ai l'air nettement moins pressée et nerveuse que tout à l'heure, que je prends même quelques secondes pour profiter d'un rayon de soleil brûlant.

    L'atelier bois a toujours cette odeur de sciure et de poussière, mélangée d'un peu de cire et de produits plus âcres, toujours ces particules qui volent dans les rayons de soleil. C'est beau. Ca sent bon. Quand on a le temps d'y faire attention, d'en profiter, ça donne vraiment pas envie de partir. On s'y sent bien. Je crois que ça fait partie de ce qui rend l'endroit si agréable pour une âme chagrine comme la sienne. Ca et le fait de créer. Peut-être que ça va ensemble, peut-être qu'on ne crée bien que dans un bon environnement. Sans aller jusqu'aux bougies et aux petits machins que certains mettraient volontiers dans un antre d'écrivain ou d'artiste un peu illuminé, le lieu a sa sérénité, sa chaleur et ses secrets. Inutile de mentionner les fameuses étiquettes invisibles, écrites en grec, qu'Ortie avait réussi à révéler dans un élan d'heureuse stupidité... peut-être qu'il les révélera tout seul, cette fois-ci, s'il y en a à d'autres endroits que pour les baguettes.

    "Excusez-moi, j'y reviens un peu... pourquoi avoir utilisé cette mousse qui a l'air si rare, et pas un cheveu ?"

    Parce que bon, autant je peux comprendre que ça serve si on veut effleurer quelqu'un l'air de rien, autant comme il m'a fait venir pour appuyer mon doigt dessus, il pouvait aussi bien me demander un cheveu.

    Peut-être parce que je suis demi-Vélane et que même s'ils sont trop faibles pour faire des baguettes ils auraient été trop forts pour un petit artefact comme celui-ci ?
    Re: Une souris blanche
    Dim 19 Juil - 1:12
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    L'atelier s'annonce bien avant qu'on ne le voit par ses odeurs de cire, de miel, de bois, de sciure et de poussière. Un lieu vivant pour une matière qui se bat pour le rester. Si on la blesse, on la forme, on lui donne un autre but, une fonction nouvelle. J'aime cet endroit comme j'aime le Domaine. Un lieu hors la destructivité du monde où l'on n'est qu'invités. Un havre dans le sens noble du mot. Je la laisse passer devant moi et remarque son attention aux particules jouant dans le soleil. Un peu de merveilleux dans la triste réalité. Petit, je pensais qu'il s'agissait de fées dansantes sur des notes de musique invisibles. J'avais beau être né mage dans une famille qui l'était, j'étais toujours à la recherche d'une magie autre. J'enviais les moldus et leurs croyances. Je trouvais qu'ils avaient de la chance de pouvoir imaginer le "magique". C'était aussi ce que je recherchais dans la musique, un pouvoir qui n'aurait pas d'effet réel et qui pourrait, pourtant, faire une différence, toucher l'âme, émouvoir. Impalpable mais réelle par l'effet qu'elle a, selon la théorie de Humes. Je lui indique les chaises. Toutes. Je n'ai pas de préférence et m'assied sur un établi, plus à ma taille. Mes pieds se décollent du sol. Douce ironie du sort qui a fait en sorte que j'aie toujours les pieds sur terre...

    "Un cheveu n'a pas de matériel génétique sinon à sa racine." Je soupire et laisse mon regard balayer mon antre de pulpe et d'essences. Je sais que les cheveux sont une matière sensible pour elle. Je n'ai pas oublié notre première rencontre. Elle avait été plus complexe que beaucoup d'autres et je crois sentir un besoin d'être rassurée sur quelque chose qui m'échappe complètement. Le veux-je ? Je l'ignore. Je n'ai rien de mieux à faire. Et toute connaissance est bonne à prendre et apprendre, je suppose. "Pour commencer, un cheveu est vivant. En vous en prenant un, je le tue. Une peau morte, elle, n'a plus rien d'autre à donner que de la nourriture pour le monde. Or, elle nourrit la mousse également. Ensuite, un cheveu ne contient pas votre code génétique, comme je le disais. Par contre, il contient ce que vous avez consommé depuis sa conception jusqu'à sa séparation de votre corps. Nutriments, drogues, c'est une poubelle. Les informations sont trop nombreuses pour être traitable par l'artefact en plus de ne pas être celles que je désirerais. Je pourrais prendre juste le bulbe. Mais là, cela complique le prélèvement par rapport à ma méthode. Enfin, le pouvoir qui coule en vous et dans tout ce qui est toujours vivant, perturberait celui intrinsèque de l'objet que je vous ai construit. Il est inutile de s'ennuyer autant alors qu'une autre possibilité s'offrait à moi."

    Je n'ai pas mis de ton spécifique à cet enseignement. J'hésite à continuer par le sang, puisque j'y suis. Pourquoi pas, après tout.

    "Le sang est une autre possibilité. Il aurait pu fonctionner dans le cas qui nous intéresse mais la magie du sang a mauvaise réputation, trop souvent assimilée soit à des pratiques réprouvées comme la nécromancie ou la magie noire, soit à des cauchemars moldus. De plus, le sang reste vivant dans un artefact et son pouvoir est trop puissant pour le réduire à une simple clef comme je le désirais. Il est contre-productif de prendre de la dynamite pour creuser le sable. Pour chaque artefact, vous devez vraiment réfléchir à ce que vous désirez accomplir. Comment. Et le chemin de réflexion que vous prendra vous mènera aux bons ingrédients. Restez simple. C'est ce qui est véritablement le plus dur dans cette matière. La tentation du complexe, du fort, de l'imposant est forte. C'est un leurre."

    Re: Une souris blanche
    Jeu 23 Juil - 18:01
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    Il s'installe, me fait signe de m'installer aussi. J'obéis. Aussitôt, le rapport change, il redevient l'instructeur et moi l'enrôlée, plutôt que deux personnes qui se parlent sans trop savoir sur quel pied danser. En même temps... ça n'a jamais vraiment changé, il sait tellement de choses. S'il savait à quel point je respecte le savoir, à quel point j'aurais aimé les connaître dix ans plus tôt lui et tous les autres instructeurs - peut-être pas Morrigan, bon - pour pouvoir apprendre d'eux, et pas de livres ramenés en cachette par Aurèle et maman. Et puis c'est plus rassurant... chacun à sa place, dans son rôle. C'est une couverture pas pire qu'une autre. Je devrais pas lui faire mal tant qu'on parle d'artefacts. Et lui ça lui fait pas de mal d'en parler, à défaut de lui faire du bien.

    Je sais pas s'il est pas encore plus grand comme ça, assis sur l'établi et moi sur une chaise.

    Il avait parlé des cheveux tout à l'heure, je comprends pas pourquoi soudain ils passent de matière organique utilisable à matière morte, matière-poubelle porteuse de passé plutôt que d'avenir. Je suis à deux doigts de l'interrompre et de lui demander, mais je préfère me taire. Déjà pour le laisser parler et écouter, ensuite parce qu'un livre pourra bien m'en dire un peu plus sur l'usage des cheveux en création d'artefacts. Je me demande s'il essaie pas de me cacher quelque chose. Peut-être qu'il avait peur que je prenne une demande de cheveux pour autre chose ? Peut-être qu'il aurait effectivement pu en faire autre chose mais qu'il veut pas me le dire. Je sais pas. Je le vois pas vraiment s'amuser à faire du Polynectar de demi-Vélane pour ses folles soirées avec son fiancé à la noix.

    "Je resterai simple." je promets. "Surtout pour commencer."

    Ca veut bien dire ce que ça veut dire : quand je me débrouillerai un peu mieux, je vais pas m'en tenir à des créations toutes simples. On est pas là que pour des trucs simples, après tout, sinon on aurait recruté des collégiens et pas de jeunes adultes censés toucher leurs billes dans la plupart des matières abordées sur le Domaine.

    "Je réfléchirai à ce que je veux faire exactement et à comment le faire simplement avant d'essayer. Ca serait pas logique d'essayer de construire un château tant qu'on est incapable d'empiler trois pierres pour commencer un muret. Mais avoir accès aux ingrédients... ça va m'aider je pense, à avoir des idées. A m'en imprégner, à me projeter... c'est plus facile ici que dans la bibliothèque ou la salle commune."

    Il y a autre chose dont il a parlé qui m'a fait tiquer. J'hésite. Je réfléchis, je prends le temps de peser mes mots. Manquerait plus que je le casse en parlant d'artefacts, là j'ai plus qu'à me jeter dans le lac avec une pierre autour du cou. Mais d'un côté... c'est lui qui a abordé le sujet du sang alors....

    "Est-ce que vous avez déjà été amené à en utiliser ? Du sang ou des ingrédients... à mauvaise réputation ?"

    Je demande timidement, avec mes sourcils inquiets. Je sais pas s'il a la moindre idée des cours de Morrigan et de la couleur des magies qu'on tripote dedans, par obligation ou - pour certains comme moi - par choix. S'ils s'en servent en face, on peut pas se priver d'une arme au nom de la morale. Mais je voudrais son avis.

    C'est important.
    Re: Une souris blanche
    Mer 12 Aoû - 0:39
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    Je hoche la tête avec lenteur. Ses mots, ce sont des promesses et j'entends bien avec quel soin elle les choisi. Combien elle en dit en ne disant pas, en frôlant le sujet. Je sens des hésitations chez elle, une douceur forcée, retenue. Nous avons eu des mots forts, des mots coupant et je me suis blessé, seul, avec mes souvenirs. J'ai du la blesser au passage. A moins qu'elle ne se soit mise à avoir peur des mots. Ce n'est pas une mauvaise chose. Il n'y a rien de plus destructeur. Il n'empêche, elle sait ce qu'elle dit et je me demande à quel point elle le pense et à quel point elle pense me faire plaisir en re-citant les points essentiels de mon enseignement. Je décide de ne pas m'attarder sur la question. Elle n'en vaut pas vraiment la peine. Celle qu'elle me pose ensuite, par contre, est importante.

    "Oui."

    Le sang est une denrée précieuse mais puissante. Elle fait partie de la nature. Jamais je ne consommerai de sang de licorne, par exemple. Je tiens à mon âme. Mais le mien ? Mais un sang offert ? En quantité qui ne mette pas le vivant en danger ? Cela ne me dérange pas.

    "Il n'y a pas de bon ou de mauvais ingrédients, il n'y a que l'usage que l'on en fait." Phrase bateau mais tellement vraie. La magie n'est pas noire ou blanche, elle n'a pas de couleur. Elle est. C'est l'homme qui pervertit les choses en leur donnant des intentions, des couleurs, des alignements. Comme s'ils avaient attendu une étiquette pour exister.

    "Ma limite est sur le vivant. De moi-même, je n'utilise aucun ingrédient qui demande la mort de ce qui le porte. Vous allez me dire, la fleur que l'on coupe meurt mais la plante, elle, vit. Je prends des racines, certes, mais de plantes déjà mortes ou lorsque le prélèvement pourra être réparé par la plante et les ventricules de dragon de mes baguettes ont la même origine. Des ingrédients venant d'espèces sentientes, je ne prends rien sans permission. Certaines magies ont besoin d'une prise de force, ce sont des arts que je n'approche pas. J'aime l'harmonie et celle-ci ne naît jamais de l'oppression. Mais ne vous y trompez pas, au final, cela ne change pas grand chose, les nuances entre ce qui est offert et ce qui est pris sont subtiles et ne changent pas les fondamentaux du résultat final. Je vous conseillerai toutefois de vous choisir une limite qui vous est propre. Le bien et le mal peut en être une mais ce n'est pas la seule. Choisissez la en accord avec vos valeurs profondes et maintenez la fermement en vous. Elle vous évitera de vous brûler les ailes et vous perdre dans la puissance. "

    Car si le bien et le mal étaient un concept humain, il y avait des forces dans l'univers qui poussaient vers la création ou la destruction et il était important de se protéger pour ne pas succomber au supplice d'Icare. La Magie avait ses façons de corrompre pour grandir et se multiplier comme tout ce qui était cherchait à grandir et se multiplier.

    "C'est le plus important. De garder au fond de soi la connaissance de ce qui est important à notre coeur, à notre...être dans le sens le plus profond de la conscience du soi. On doit apprendre à connaitre ce coeur brut, et le protéger de ce qui peut l'éroder à l'extérieur. Se perdre, se renier, c'est vraiment ne plus être. C'est pire que mourir."
    Re: Une souris blanche
    Lun 31 Aoû - 18:00
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    Je sais pas si je pourrais quantifier à quel point ça me rassure qu'il dise ça. Qu'il me donne son point de vue sur un sujet si... délicat. Quelque part c'est qu'il est en confiance ? Les mots, Pivoine, les mots.

    J'aurais bien aimé avoir le courage de lui répondre. Mais j'ai trop peur de lui faire mal encore - de le décevoir. Je sais pas ce qui serait le pire. Moi, la magie, je lui vois une couleur. Je la vois blanche quand elle fait le bien, noire quand elle fait le mal.

    Et au gré des sorts de destruction, de douleur, de pourriture, je vois mes bras devenir de plus en plus noirs.

    A bien y réfléchir, est-ce que j'ai seulement pratiqué une magie blanche, un jour ? Est-ce que dans notre situation, dans cette guerre, parce qu'il faut bien appeler les choses comme elles sont parfois, on a des occasions de le faire ? Est-ce qu'il y en a d'autres que les médics, qui font des choses bien avec leur magie ? Des choses bien à court terme je veux dire. Bien sûr que faire tomber le sans-nez et ses sbires consanguins c'est le mieux qu'on puisse faire, et la seule solution, et que ça passera forcément par de la mort, de la douleur, du sang et des trucs dégueulasses.  

    Je sais pas si le pire c'est de faire du mal, d'accepter de le faire, de se complaire à le faire sans oser l'aimer vraiment, ou d'aimer le frisson du pouvoir quand on le fait. Cette impression terrible de jouer avec des limites qu'on devrait pas transgresser. Cette sensation de contrôler des forces qui nous dépassent.

    Est-ce que c'est comme ça qu'on devient un mage noir ?

    Est-ce qu'au fond ils sont si différents de nous ?

    Est-ce qu'un jour on ne sera pas comme eux ?

    En sortant d'ici...

    Est-ce que ça existe, un mage noir qui fait le bien ?

    Je sais pas trop quoi répondre à m'sieur Odysseus, vraiment. J'aime sa limite. J'aime que peut-être pour la première fois il y ait quelque chose d'aussi clair, d'aussi tranché dans ses paroles, dans son enseignement. Mais poser une limite sur le vivant, quand on est peu à peu façonné pour devenir une arme, pour manipuler, tromper, blesser, tuer ? Non. Ce serait trop simple et totalement impossible. Je sais pas si on peut dire qu'il a de la chance ou s'il faut avoir de la peine pour lui. Chance de pouvoir placer cette limite-là, peine de savoir que ce qu'il crée est voué, tôt ou tard, à détruire ce vivant qu'il épargne à tout prix.

    Est-ce qu'au fond, m'sieur Odysseus, c'est pas le pire hypocrite du Domaine ?

    Créer des armes. Aimer créer des armes, parce que quand il crée, peu importe ce qu'il crée, il a ce visage un peu plus doux, un peu moins triste. Mais ne pas vouloir toucher au vivant... laisser d'autres le faire à sa place.

    Et moi ?

    Je me suis jamais posé de limite. J'ai fait ce qu'il fallait, quand il fallait. Quand on me disait. J'ai pas peur d'aller à la bibliothèque chercher des grimoires aux couvertures trop fines pour pas faire frissonner, de fouiller dedans, d'en retirer les pires horreurs et de m'en servir.

    J'ai pleuré après.

    Et encore après, maman est morte.

    Alors que si j'avais dit non...

    Je sais toujours pas quoi lui répondre. Je hoche la tête, lentement. Comme un accord. Comme une promesse. S'il y a bien quelqu'un ici qui peut comprendre et accepter le silence, après tout, c'est lui.

    Quelqu'un qui peut me laisser être perdue en moi-même peut-être aussi.

    A me demander, avec les yeux baissés qui brûlent un peu et un goût trop sec dans la bouche, si le cœur est pas déjà trop érodé.
    Re: Une souris blanche
    Ven 18 Sep - 11:13
    Odysseus
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    Elle ne dit rien et son silence se pare de réflexions que je ne peux pas percevoir. Je laisse faire, mes mots flotter entre nous, les questions silencieuses planer, sans réponses pour l’instant. Autour de nous s’est installée une bulle pas très différente de celles de vides que je fais parfois à l’aide de mon élémagie. Je comprends. Je respecte. J’apprécie ces moments où ce que l’on ne dit pas est plus important encore que ce qui est dit. Je ne la regarde pas. Je ne veux pas percer des yeux cette réflexion que je sens qu’elle a. Sait-elle que la réponse n’est jamais aussi importante que le chemin que l’on fait jusqu’à elle ? Je l’ignore. Pivoine est une énigme. Elle est parfois très mature, intelligente et fine. Parfois capricieuse et fermée. Elle s’ouvre et elle se ferme selon qu’un certain soleil est présent ou non dans le ciel.

    J’aimerais me dire que je suis ce soleil, que j’ai cette chaleur, cette lumière et juste ce qu’il faut de larmes pour l’ouvrir et lui faire découvrir ce cœur qu’elle a et qu’elle cache sous ses couches de pétales au point qu’elle semble oublier qu’elle le possède. Si seulement je pouvais. Mais à quoi bon. Pour qu’un autre l’arrache, la déracine, l’effeuille ? Je ne connais que trop bien le destin des fleurs. Coupée dans leur bourgeon. Condamnée à ne jamais éclore que dans la captivité d’un vase.

    Et j’ai cette peur spécifique avec l’enrôlée de trop l’apprivoiser, de la rendre dépendante. Je ne veux pas en être responsable, je ne le mérite pas. Moi qui dit respecter la vie et qui ne sait pas la protéger. Mes yeux clairs suivent le parquet, les grains de poussière qui éraflent le bois, les traits de lumières venus de la fenêtre, les couleurs, l’agencement des lames. Je sens comme un soupir colorer ce silence qui nous relie. J’y réponds, mes épaules se soulevant d’un coup alors que la mélancolie me reprend. Pivoine ne mérite pas que je lui impose cette tristesse, ce rappel incessant des rires fauchés à un âge trop tendre. Je me lève. Doucement. Cherchant à limiter les froissements du tissu qui pourraient l’arracher à ses pensées. J’ai cette légère ivresse qui arrive toujours quand je me « déplie » après m’être assit. Cette peur idiote de me cogner ou bien de ne jamais arrêter de monter et de me perdre dans les nuées. Evidemment que j’ai une fin. Sans rien dire de plus, je vais vers la jeune femme, pose doucement une main sur ses cheveux clairs, sans la décoiffer, pour dire au-revoir ou que je comprends ou simplement pour connecter nos deux essences une seconde, message silencieux et tellement plus important que tous les mots que je pourrais dire. Puis, je l’enlève, frôle son épaule du bout des doigts, hoche la tête. Je la regarde à peine. Et je pars.

    L’atelier est toujours ouvert. Les bois à disposition. Les cœurs aussi. Je ne ferme jamais mes armoires. Les ingrédients vraiment puissants ne sont pas là de toute façon. Ici, c’est un lieu d’apprentissage. Tout y est fait pour faire ses propres erreurs sans trop de conséquences. Du moins en théorie.
    Re: Une souris blanche
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