Une nuit sans sommeil. Comme beaucoup d’autres avant, Sycomore a choisi de s’eclipser du dortoir par politesse élémentaire pour se poser silencieusement en salle commune . Silencieusement parce qu’il a crée , d’un coup de baguette, une bulle insonorisée autour de lui et du phonographe sorcier qui joue sagement les morceaux qu’il lui demande. Cela ressemble à la radio qu’il avait l’habitude d’écouter. Mais il ne sait pas la radio fonctionne ici alors il n’a pas voulu essayer. La symphonie du Nouveau Monde que lui crachote l’appareil lui convient très bien. Il ne sait pas. Il a aussi préparé une brioche au fruits secs qui montent dans le four magique de la kitchenette, englobé dans la bulle. Seulement, l’inspiration ne vient, pas même après lectures de nouveaux articles et recherches. C’est pour ça , d’abord, qu’il a fait cette brioche . Aussi pour voir la grimace d’Aubépine quand il lui ne proposera d’en prendre une partie. Pas que Sycomore soit mauvais cuisinier, au contraire, mais plus parce qu’elle s’imagine le nombre de calories que représente le gâteau. Aubépine et les calories, une grande guerre. Peu importe.

Le four sonne et le jeune homme sort sa brioche , soufflant dessus, satisfait. Enfin presque. Il a fait tout ce qu’il fait d’habitude quand il n’arrive pas à dormir ou travailler. Preuve étant, la salle commune est impeccable , pareil pour la salle utilitaire et le frigo contient de quoi nourrir un régiment d’infanterie (à la fois cocasse et normal pour un officier). Il y a même une joli petit papier sur les boites indiquant de son écriture ronde la date de conception, ce que c’est (riz, fondue de poireau à l’orange et lieu jaune en papillote) et le fait qu’il est fortement conseillé de se servir d’autant qu’il y a une part par personne présente dans cette brigade, instructeurs compris (oui, même Vyasa). Plus la part d’Aubépine. Rien n’est signé , il ne manquerait plus que les gens fassent le lien entre lui, l’iceberg ours et la fée du logis qui sévis depuis au moins 10 jours .Donc même ça n’a pas suffit . Reste la dernière carte. Sortir. Sycomore fixe le ciel. C’est pleine lune ce soir . Idéal pour se piquer un petit vol. Il range encore, pose ses carnets et son matériel dans un endroit caché avant d’ouvrir la fenêtres . Cela sent bon dehors, bon comme une nuit de fin de printemps. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser porter, transformer, se sentir léger, tellement léger. Un coup d’aile blanche. Le voilà parti .

Il plane un long moment un proximité du domaine, le temps de s’habituer à la vue nocturne d’une chouette. Il sait qu’Aubépine chasse lors de ses transformations, lui préfère voler. Juste voler. Sa balade dure donc un bon quart d’heure avant que quelque chose ne l’attire. Une présence anormale. Il est deux heures du matin, personne ne sort à deux heures du matin, surtout quand le rythme qui sera imposé ici, surtout un soir de semaine. Alors d’un coup d’aile, il s’approche , se pose à proximité, détaille. C’est une jeune femme d’un blanc immaculé. C’est surprenant, presque irréel. C’est intriguant, juste intriguant. L’oiseau penche la tête, détaille encore. Le voit elle, lorsqu’il la suit, se déplaçant de rebords en rebord avant de poser devant elle. L’heure est tardive, aller plus loin pourrait la mettre en danger et il serait bête de perdre un enrôlé avant de le début des opérations. Humainement, il se serait contenter de l’observer en s’éloignant. Tytonidaetiquement, il pouvait bien se montrer prévenant avec elle ne serait ce qu’un instant. Surtout sans public, au milieu de la nuit. Elle ne serait probablement jamais sous ses ordres ou à vivre avec lui, il n’avait donc pas besoin de grogner devant elle .

Sycomore-chouette l'observe circonspect de ses grands yeux. Contre toute attente, elle le prend ...pour une vraie.. Une véritable effraie. L’oiseau a donc fait son effet, en tout cas plus que ne l’aurait fait un humain. Un hibou, dans ce monde de dingue, ça semble moins dangereux, plus inoffensif. Il n’y a que des moldus pour en avoir des oiseaux nocturnes et de les croire animaux du diable. Sycomore décide de rester animal encore un peu , dès lors, même si la voir prendre un ton milieu et lui parler comme on parle à un enfant … ou à son chien le fait beaucoup rire intérieurement. Sautillant, il s’approche pour mieux la détailler, cette fille et ses longs cheveux blancs, sa peau trop pâle. Avec un physique pareil, elle devrait être une fille du nord, de Scandinavie ou de Russie. Et donc ne pas craindre ces fraîcheurs d’été. Étrange, très étrange . D’autant qu’elle murmure alors qu’il n’y a qu’eux aux alentour. En même temps, elle n'est pas ornithologue, elle n'est pas censée savoir que le dimorphisme sexuel n'est pas le bon. Chez les effraies, la femelle est bien plus grosse que le mâle. Et puis, il y a ses grands yeux qui le trahisse. Une chouette aux yeux bleus, ça ne se trouve pas dans la nature et il n'a vent d'aucun sorcier qui se serait lancé dans le croisement de chouettes diverses avec un soupçon de magie pour créer un animal bijou, une race artificielle comme les moldus peuvent le faire avec les animaux de compagnie. Peut être n'a-t-elle jamais vu de chouette Effraie? Trop urbaine , presque pas de campagne. Ou un pays sans effraie . Avec ses cheveux couleur lune et sa peau semblable , la chose est peu probable. Probabilité encore et toujours.

Ne reste que deux solutions. Reprendre forme humaine ou laisser le quiproquo s'installer avec en perspective un certain nombres de situation gênante , comme quand elle comprendre, quand Aubépine apprendra qu'il parlait avec une fille dans la prairie en plein milieu de la nuit. Il imagine déjà la scène, la jeune femme avec son air de chaton mouillé , s'imaginant une concurrente dans le coeur de son frère, faisant mine que non non elle n'est pas jalouse alors qu'en fait elle grogne et hérisse le poil intérieurement. Ce serait drôle mais la situation actuelle ne rendrait pas la chose acceptable. Alors il faut ruser. Et si...

Une idée lui vient brusquement. L'animal se meut pour s'envoler un peu plus loin , tournant sa tête pour voir si elle le suit. Si c'est le cas, il continuera jusqu'à la demeure occamy et reprendra forme humaine à l'abri des retards dans la salle utilitaire . Après tout , la discussion, pour peu qu'elle risque d'être unilatérale parce qu'il n'a jamais vraiment aimer parler . Mais disons que devant un thé et sa brioche maison, il sera plus agréable d'affronter . Une insomnie à deux. Surtout si la brioche en question est encore froide. Sinon il attendra, perché là, une action, une réaction. Quelque chose.

Bien. On progresse. A croire qu’il est moins terrifiant et plus avenant sous sa forme animale, comme s’il y avait un bonus « bestiole mignonne. » De coup d’aile en coup d’aile, il l’entraine, toujours un peu plus loin, jusqu’au bâtiment Occamy, avant de se retrouver face à un menu problème. La porte. Bah oui, idiot, tu étais déjà oiseau quand tu es sorti de la salle commune, tu as donc, tout naturellement, préféré la fenêtre. Et la porte, cette punaise de porte est donc complétement. Soupir hululé puis nouveau tire d’aile plus large pour retrouver sa fenêtre, dont des rais de lumières s’échappe. Son ombre rapace se trouble, laissant apparaitre sa forme humaine, plus grande et large, plus imposante. D’un mouvement désinvolte, il époussète son pull d’un bleu nuageux et redresse le col de sa chemise sombre. A l’aide d’un rapide coup d’œil, il vérifie que son pantalon sombre est toujours impeccable puis redescend au rez-de-chaussée, traversant le couloir sombre donnant sur les salles de classes sans prêter attention. Sa vue s’accommode facilement au manque de lumière, peut-être à cause de la métamorphose ou juste parce qu’il a l’habitude des endroits aux éclairages feutrés et presque absent, parce qu’ils sont de merveilleuses cachettes en cas de colère d’adulte. C’est une question de survie, c’est ainsi.

La porte s’ouvre avec grande lenteur devant la jeune fille au surnom floral, Sycomore se teint dans son cadre, son regard glacé la dévisage un moment, presque terrifiant. Peut être qu’elle ne fera pas le lien entre l’homme et l’oiseau. Peut être le fera-t-elle, à cause de la transformation dans les ombres ou même juste à cause de la plume coincée dans ses cheveux. C’est normal, il en perd comme sous forme humaine, il perd ses cheveux, surtout au moment de la transformation. D’un geste tout aussi lent, il se décale pour lui permettre d’entrer, lui laissant le soin de fermer la porte derrière eux. Il remonte à l’étage, récupère sa baguette pour élargir la bulle insonorisée à la salle commune et à la kitchenette. Il va ensuite mettre de l’eau à chauffer, préparant une grosse théière en émail avec un thé noir aux épices. Le vinyle de la symphonie toque dans le gramophone, indiquant qu’à défaut de le retourner, il va falloir le changer pour espérer une ambiance musicale digne de ce nom. Mais Sycomore pour l’instant l’ignore, revenant dans la salle commune avec deux tasses de porcelaines décorées, la théières et deux grosses parts de brioche dans une assiette. L’invitation est tacite, à voir ce que Pivoine en fera.

Il manque quelque chose. Sycomore tique, sûrement de manière plus visible que d’habitude. C’est toujours comme cela quand il se change , il est plus expressif, paradoxalement, sous forme de chouette d’humain et il faut un temps de transition pour qu’il reprenne les masques, comme dit Aubépine. C’est dangereux pourtant. Après tout, il ne connaît cette fille ni d’Eve, ni d’Adam, elle pourrait être dangereuse. Enfin, pas physiquement. Physiquement, elle doit être aussi dangereuse qu’une brindille. Le diaphragme et la tête de lecture qui tape bruyamment et incessamment derrière eux pour signaler rageusement qu’ils n’ont plus rien à lire ou à faire serait même une arme physique plus efficace. Quand à la magie … Si vraiment c’était une bonne sorcière , son apparente forme sauvage n’aurait vraiment pas fait long feu, elle l’aurait probablement senti. Solution une, l’énergumène qui sert de directeur à cet endroit et qui semble assez fort et de manière plutôt cocasse s’opposer à la dictature des Ténèbres a vraiment recruté n’importe qui. D’abord plus, puis elle. Il ne se fait pas vraiment d’illusion, c’est probablement Aubépine qu’il cherchait ,pas lui. Il est là par association, par … attirance gémélaire parce qu’ils ont probablement décidé que les séparer serait trop dangereux et contre productif. Alors pourquoi l’être pâle. Elle est pas assez bien constituée pour faire partie de l’infanterie , pas vraiment un semblant de leadership au vu de son manque d’initiative, une personne à fort caractère aurait fait taire le phonographe et dévoré la brioche sans autre forme de procés. L’intelligence … physique trop typé, trop remarquable, on se souviendrait trop d’elle . Medecine alors ? Pour le vérifier , il faudrait le mettre en situation.

Sycomore jauge, juge , finit par avancer lentement vers le phonographe, l’arrêtant puis rangeant avec soin et lenteur le vinyle dans sa pochette ouvragée , décorée d’une enluminure faite main d’inspiration médiévale, annoncant son auteur dans une typographie tout en volute et en courbe. Un peu plus bas se laisse lire le titre , la Symphonie du Nouveau Monde. En petite lettre , l’orchestre executant, le Symfonický Orchestr Prahy s’efface un peu , montrant que la pochette comme le disque sont anciens et ont bien vécu. Comme la conversation ne semble pas se relancer, il se décide à choisir un autre disque, posant une à une les pochettes sur la table pour faire choisir l’hôte. Il essaie de taper suffisamment large , aussi large que le répertoire de sa discothèque lui permette. Les pochettes sont toutes décorées de tableaux, d’estampes et de gravures. Ainsi, celle de la Messe de Notre dame est d’inspiration médiévale , avec sa reproduction d’une vierge peinte par Fra Angelico, la Danse Macabre de Saint Saens reprend elle une danse de squelettes en noir et blanc, l’Ange de feu de Prokofiev s’est orné d’une reproduction d’un tableau de Chagall. La Cantate de Rameau, Thétis, préfère un tableau antiquisant . Le choix s’offre devant elle . Il manque de piano et d’instrument soliste, mais ce n’est pas ce qu’il préfère pour travailler, alors tout est resté en haut.

Et toujours pas un seul petit mot de sa part.

Sycomore l’observe faire son choix . Son regard s’est très vite détourné de Prokoviev. Pauvre Sergueï , tu n’auras pas sû attirer l’interet de la jeune fille, à moins qu’elle ne te connaisse déjà ? Peut être. Il faut être russe pour écouter sciemment du Prokoviev. Comme il faut être allemand et doublé d’un fort et vaillant esprit béliqueux pour adorer Wagner. Parait il que si on en écoute trop, cela donne envie d’envahir la Pologne. Citation humoristique moldue, sortie d’un film, quelque part dans sa mémoire. Impossible de savoir s’il a juste entendu la citation et qu’elle lui a plu ou s’il va vu le film qui va avec. En même temps, qui n’a pas envie de partie en guerre après avoir entendu la chevauchée des valkyries. La danse macabre de Saint Saens se retrouve à son tour éliminer. Le challenger de l’école française n’aura pas plus non plus. Cela se joue entre la messe médiévale et la cantate baroque. Des voix pour seuls instruments ou quelque chose ou le poème lyrique. Cela a quelque chose d’excitant, d’enthousiasmant alors qu’il ne s’agit qu’un simple choix de musique de fond. Finalement, Rameau l’emporte de peu, laissant derrière lui Guillaume de Machault et sa messe. Va pour le clavecin, la flute et la chanson en française, digne de Versailles et de sa galerie des glaces. Avec une lenteur non feinte, Sycomore range les deçus, il rejoigne la pile commencée par la Symphonie du nouveau monde un peu plus tôt. Il pourrait aller ranger tout de suite les disques dans sa malle mais ce serait laisser son invitée seule et cela ne se fait pas. Il va mettre le disque choisi , la flute et le clavecin sonne très vite les débuts du prélude de la cantate. Il règle le volume et revient vers elle . Il sert le thé et s’assoit, ramenant une des tasses à lui, soufflant sans un mot sur le liquide fumant dans l’espoir de le refroidir.

Il sent bien qu’il faudrait commencer une conversation mais rien ne lui vient. Même pas l’incongruité de la situation. Lui. Avec une fille. A boire le thé en écoutant de la musique. Si Aubépine avait vent de la situation , elle deviendrait rouge et gonflerait de colère et de jalousie, toute griffe dehors. Il esquisse un début de sourire , un instant, l’imaginer ainsi l’a fait rire. En fait, s’il voudrait l’embêter et lui faire lacher pour un temps son chevalier à la charette , il suffirait qu’il prétende s’intéresser à une fille. Bon, ça ne serait pas très gentil pour la fille en question qui subirait l’ire et les foudres aussi bien mentale que physique de sa soeur. Mais quand même, ce serait une expérience sociale à tenter. Au fait, il ne fallait pas une conversation ? Quelque chose qui permettrait de l’entamer, tout du moins. Réfléchis. Il pourrait lui retourner la question qu’elle lui a poser plus tôt. Qu’est ce qu’elle pouvait bien faire toute seule hors à une heure pareille. Seulement, cette question fait beaucoup trop de mot, d’une , et de deux elle est particulièrement indiscrete pour quiconque n’a pas la curiosité des autres.

«Pourquoi.»

Voilà, ça c’est bien. C’est ni trop court, ni trop long et c’est suffisament ouvert pour la forcer et lui renvoyer la balle. Ça devrait l’occuper un moment en tout cas.

Il fronce les sourcils contrariés. Comment ça , pourquoi pas. Elle triche. Ce n’est pas une réponse , ça , c’est une mauvaise feinte d’une mauvaise joueuse. C’est une vrai question, une vrai interrogation, certes sans plus de précision mais quand même. Elle aurait pu répondre à sa question.  Cela aurait été la moindre des politesses. Et puis zut, elle ne respectait pas les règles d’une conversation. On ne réponds pas à une question par une question à moins de vouloir prendre son interlocuteur en traitre ou dans un jeu de domination. Pivoine n’avait absolument la tête de l’emploi pour les deux possibilités ou alors elle cachait bien son jeu. Bon, en même temps, elle se trouvait là, dans le Domaine donc ça ne devait pas non plus être une petit chose innocente et fragile. On ne l’aurait pas choisie sinon. Mais quand même. Pris en traitre, à un moment auquel il ne s’attendait pas , il en devient même presque transparent. Le geste qu’il était en train de faire s’est stoppé dans sa course, immobile.  Toutes son énergie présente et concentrée sur la réflexion, le rendant immobile, hermétique même au monde extérieur. Maintenant qu’il en était rendu là, à prendre le thé en pleine nuit avec une inconnue dans un bâtiment qui n’était visiblement pas le sien (ou alors il aurait complètement oublié  et ce serait un peu grave parce que contrairement à ce que croit Aubépine, il connaît au moins de visage les gens de sa brigade, à défaut de retenir leur nom de code). Et par un mauvais tour de passe passe, elle lui avait renvoyer la responsabilité d’engager la conversation. Sauf qu’il n’avait rien à dire, rien à raconter, surtout à une inconnue. Il n’était pas bien sociable de base et l’ambiance suspicieuse du domaine n’aidait pas trop. Après tout, on ne savait pas trop qui se cachait derrière derrière les noms de code, quel passé, quelle affiliation, quelles convictions. Il est d’usage de penser qu’au vu de leur position dans le monde sorcier actuel, les sangs purs ne soient pas vraiment en odeur de sainteté ici. Pourtant, être sang mêlé lui aurait probablement amenés des jours et un futur bien plus tranquille et pas une vie d’adulte rythmé par une fuite perpétuelle. Il est là, trop transparent, différentes émotions passant sur son visage , de la bouderie à la réflexion en passant par la nostalgie et l’interrogation. Il proteste, Pourquoi est une vrai question et un mot interrogatif qui fonctionne dans toutes les langues qu’il parle. C’est un terme presque universel . Visiblement, peu importe la culture, la causalité et les questions sont des sujets d’intarissables discussions. En même temps, c’est la base de toute science avec «Comment».

Finalement , la jeune femme aux cheveux presque blancs décide finalement de remplir sa mission et de commencer une fichue conversation. Elle lui parle de la musique et cela interloque suffisamment Sycomore pour qu’il sorte de son espèce de transe de réflexion. Les Moldus appelleraient ça un bug , voir une écran bleu. Blue screen of death. Votre Sycomore rencontre une erreur critique, vous avez mal encode votre ligne de code , veuillez, s’il vous plait le redémarrer à défaut d’avoir trouver son réparateur spécial. Il fronce les sourcils, réfléchit

«Cela dépends. Si c’est juste pour écouter ou faire un fond sonore pour un thé. Pour écouter, la messe de Guillaume de Machaut, pour les voix sans instruments. Pour faire fond, la danse macabre, pour se maisser surprendre par le xylophone.»

Et enfin, il ajoute.

«Pourquoi est un mot interrogatif donc une question valable. Tu dois donc y répondre.»

Voilà que la petite dame s’emballe à son tour. Décidément, c’est à croire qu’il ne parle pas la même langue ou en tout cas qu’ils n’utilisent pas le même vocabulaire. En attendant, la jeune femme le force à parler, à aligner des mots autre que des grognements mécontent. Voilà qu’elle rebondit sur le «Pourquoi». Qui aurait cru qu’un jour ce simple mot soit sujet de discorde à ce point. En tout cas , Pivoine le malmène ce pauvre mot. Sycomore pourtant l’aime bien, cette interjection. Avec ce pourquoi, il voulait juste tuer le silence et lancer une discussion sur le sujet de son choix. L’avantage du «Pourquoi» est qu’elle n’irait pas sur un terrain qu’elle ne souhaiterait pas, contrairement à une question précise qui aurait pu la mettre mal à l’aise. C’est un truc que l’on enseigne aux gens que l’on destine aux réceptions et aux mondanités. Pourquoi sert à faire parler les gens et c’est bien une question, pas un simple mot «à la dérive» comme ça. Le masque de Sycomore s’est remis en place, impassible, la fixant, répondu à ses attitudes poupées. De toute façon, il ne peut pas lui répondre , à moins de vouloir la faire exploser de colère, que , de base, il ne veut rien savoir . En vrai, il comptait à ce qu’elle avale son morceau de brioche , sa tasse de thé, qu’elle remercie (ou pas) et qu’elle retourne à ses appartements. Note pour plus tard , ne plus inviter des inconnus à boire le thé au milieu de la nuit. Même une potentielle compagne d’insomnie , à en croire ce qu’elle raconte.

Elle s’avance, lui recule dans le fond de sa chaise , gardant la distance de sécurité qui les sépare. Elle a beau avoir un visage angélique , il a déjà suffisamment Aubépine furieuse pour savoir que ça n’impacte en rien. Même, ça aggrave et c’est pire. Attends quoi ? Il reste interdit . Qu’est ce qu’elle raconte . Elle déclame , en grossissant le poil comme un chat qu’elle ne lui doit rien . Sycomore fait de son mieux pour ne rien laisser paraître mais intérieurement il est hilare. C’est ça qui l’a fait sortir de ses gonds? Sérieusement? Un sourire en coin dans sa barbe finit par le trahir tandis que Pivoine termine son discours. Il porte une main à ses lèvres pour cacher sa moquerie . Se reprendre , la voir dévorer sa brioche

«Devoir, c’est être tenu par la moral et les conventions sociales de faire quelque chose pour que le contrat social ne soit pas rompu. Saluer une personne que l’on rencontre. Remercier lorsqu’on nous a rendu un service. Répondre à une question que l’on pose. Ça n’implique pas forcément un tiers humains. Certains moldus croient devoir agir pour une entité métaphysique par exemple, on appelle ça «Religion». Pour le meilleure comme pour le pire d’ailleurs, si j’en juge les massacres qui ont émaillé l’Histoire moldue au nom de cette entité.»

Il porte la tasse à sa bouche, marque une pause.

«Après, tu peux très te prendre pour une rebelle , te lever sans me remercier pour le thé et la brioche et claquer violemment la porte pour réveiller tous les occupants de la tour. Mais c’est un autre extrême et ce serait se comporter comme un pigeon.»

Nouvelle pause, discours interrompu par le disque qui toque , parce qu’arrivé à sa fin . Sycomore se lève doucement pour le retirer.

«Donne moi le titre d’un morceau que tu connais. Je t’expliquerai l’image du pigeon ensuite.»