Nervures et brisures [libre]

Ce n'était qu'un exercice et ce n'était qu'une baguette. Un bête exercice et une baguette même pas vraiment fonctionnelle, de base - ni assez conventionnelle pour être l'un de ces succès sans risques ni assez originale pour devenir l'un de ces atouts étranges et imprévisibles. Une baguette, il le soupçonnait, qu'il n'aurait pas aimée si elle n'avait pas été créée de ses mains. Ce n'était qu'un exercice et ce n'était qu'une baguette.

Mais celle-ci, comme les précédentes, avait été sa baguette.

L'outrage et une rage pour une fois muette avaient grondé depuis dans les iris du Selkie. Il comprenait la logique. Personne ne voulait être un combattant porteur d'une baguette brisée et pas foutu de la réparer. Mais quand même. On ne brisait pas quoi que ce soit ayant un coeur.

Quand la colère qu'il couvait avait fini par éclore en quelque chose se rapprochant de la détermination, il avait pris sa décision - et passé la tête par la porte de toutes les salles communes pour informer ses camarades que s'ils voulaient bosser le TP d'artefacts, lui s'y attelait l'après-midi même, à l'atelier.

Comme promis par Odysseus, l'une des salles de création regorgeait d'échantillons de bois soigneusement étiquettés et de petites boites au sein desquelles les poudres destinées aux coeurs étincelaient dans la lumière claire du jour. Pas assez patient pour attendre qui que ce soit, cependant, le brun sortit de son sac sa trousse à outils et sa baguette - ses baguettes, techniquement, parce que même celle brisée était à lui, maintenant. Celle de tremble envoya une copie de ses notes sur une étagère proche, à disposition. Celle en éclats, installée dans un bout de tissu pour la transporter sans l'abîmer plus, finit trainée près des échantillons pour déterminer avec quoi exactement il avait bien pu la composer. Une brève analyse plus tard, il diagnostiquait du bois de saule et de la poudre d'aile de Billywig.

Absolument pas plus avancé par ces informations vu sa tendance à tout faire à l'instinct, le brun retourna sa création entre ses doigts. Il pouvait réparer l'objet dans sa matérialité. Dans son essence, en revanche ? Comment réparait-on un pouvoir ? Une personnalité ?

Il avait réussi à assembler une baguette. Et là voilà qui ne tenait plus qu'à quelques fibres.

Certes, la baguette n'était qu'un exercice, et avait à peine assez de pouvoir pour soulever un cadavre de puceron sur le rebord d'un brin d'herbe. Mais il avait réussi à fabriquer cet objet fragile, à effectuer ce travail de précision. Il l'avait fait avec ses grandes mains dotées d'un grand pouvoir de destruction involontaire. Et maintenant, il lui fallait la réparer. Craignant de sectionner les fines veines de bois qui retenaient encore les deux morceaux ensemble, Cormoran avait déposé son ouvrage dans une boîte en carton qui avait contenu une bouteille de firewhisky. Il l'avait ensuite renforcée à l'aide d'un sort jeté avec sa véritable baguette. Malgré cette précaution, il préférait tenir la boîte à deux mains, comme si elle abritait un être vivant. Ortie avait prévenu tout le monde qu'il allait travailler à l'atelier. Cormoran connaissait mal Ortie, en dehors de la réputation qu'il traînait depuis l'histoire de la chasse aux nargoles. Il savait, par le biais des autres enrôlés, que le Selkie était plutôt doué pour la création de baguettes. Il décida donc de se rendre lui aussi à l'atelier, pour demander de l'aide à Ortie.

Mais lorsqu'il entra dans la pièce et croisa le regard du jeune homme aux cheveux verts, il se contenta de le saluer d'un hochement de tête. Cormoran détestait demander de l'aide à qui que ce soit, en particulier s'il s'agissait d'une personne plus jeune que lui. Aider les autres, c'était son devoir. C'était ce qu'il devait à son entourage, pour compenser ses échecs avec ses soeurs, pour racheter les années qu'il avait passées à se morfondre dans son appartement au lieu de combattre leur ennemi comme d'autres l'avaient fait. Il était hors de question qu'il commence à devenir un poids pour le Domaine. Il allait trouver un moyen de réparer cette fichue baguette. Ainsi, si la sienne se cassait en combat, il ne serait pas hors service pour autant.

D'un geste de sa baguette fonctionnelle, il extrait d'une de ses poches un morceau de parchemin sur lequel il avait inscrit la composition de la baguette. Chêne, et poudre de pitiponk. Il lui faudrait commencer par retrouver le petit flacon qui contenait cette substance. Heureusement, cette fois-ci, il n'aurait pas besoin de deviner la composition.

En prenant le flacon de poudre de pitiponk, il fit bouger le flacon placé juste à côté. En le poussant du bout du doigt pour le replacer, il fit bouger un autre flacon qui bascula.

Putain...

Il le rattrapa de justesse, puis le reposa à sa place. Satisfait, il se retourna pour saisir le flacon de poudre de pitiponk qu'il avait mis de côté. Avec précaution, il chercha une table pour s'installer. Allait-il s'asseoir près d'Ortie, qui avait à sa disposition un arsenal complet d'artisanat magique? Ou valait-il mieux le laisser tranquille?Cormoran hésita. Son pied gauche avança dans une direction, son pied droit dans l'autre. Son faux pas le déséquilibra, il tituba et fit tomber ses notes. Sa main se resserra sur la bouteille de poudre de pitiponk, oubliant la boîte contenant la baguette brisée. La face inférieure du sarcophage pour baguette improvisé gifla le sol en un son mat et bref.

Putain...

Ben tiens, réparer une baguette. Ben tiens. 'core heureux qu'on a droit à d'l'aide, parce que sinon on s'rait pas dans la merde s'y fallait improviser ça à blanc. J'aurais bien attendu un jour ou deux pour m'y coller, on a une chiée d'trucs plus urgents qu'un d'voir pour dans deux s'maines, mais autant profiter d'Ortie qui s'en sort mieux qu'nous aut' pauvres mortels, et surtout mieux qu'moi. Pas qu'y soit spécial'ment du genre patient lui non plus hein, mais il est assez borné pour avoir des éclairs d'génie des fois. Pis ça lui est arrivé d'faire des baguettes avant m'semble. Doit bien savoir deux-trois trucs. Ou pas, vu comment y s'est j'té sur l'problème comme Inéluctable sur les gratouilles derrière les oreilles.

Du coup j'me pointe à l'endroit dit, à l'heure pas dite, vaguement dans l'après-midi quoi, avec ma vraie baguette et l'truc tout cassé. J'suis contente d'avoir bien compacté la poudre pour qu'ça s'barre pas d'tous les côtés à l'explosion, y en a qu'ont pas eu cette idée et j'pense qu'ils ont pas fini d'en chier, la poudre a dû s'barrer partout. Pas moi qui pourrai les aider, mais si par hasard on trouve des trucs on partagera, c'comme ça.

Bon déjà bonne surprise, quand j'vais pour vérifier ma baguette et mon cœur... billywig oui, mais c'était pas d'l'acajou. Merde. J'aurais mis ma main à couper. Comment j'ai pu confondre c'bois et d'l'acajou ?! Ca s'ressemble pas du tout ! L'acajou c'est rouge et mon truc il est blanc comme un cul ! Comment j'ai pu faire une conn'rie pareille, y avait un sort d'confusion sur l'bois c'est pas possible ! J'suis vexée là j'avoue, vexée comme un pou. J'passe bien deux minutes à éplucher l'étagère à bois pour êt' bien sûre, et... sapin. Sapin. Putain. Baguette Ikea à la con !

Y a Ortie aussi dans les étagères, qu'a pas l'air plus avancé qu'moi avec son bout d'bois. J'me pose à côté, baguette dans une main et cadavre dans l'autre, balançant dans un tissu.

"Sapin et billywig. J'te d'mande pas si t'as un plan mon Titi, t'as une gueule de GPS à plat."

Il y est pour rien mais y pane que dalle à la technologie moldue et juste voir sa tronche ça va m'faire du bien au moral.

Y a un grand shpoum derrière, j'me r'tourne d'un coup. Cormo s'est démerdé pour s'péter la gueule en plein atelier. Même pas en trébuchant sur un tabouret j'crois bien. Bon sang mais comment y fait c'est pas possible.

"Momo, y a pas la place pour passer dada, reste debout steuplé." Pis histoire d'finir la diversion, j'lève la voix. "Allez messieurs, on s'y colle !"

J'vais poser ma baguette sur l'établi à côté du bordel d'Ortie, mon cul sur un tabouret, et j'regarde les dégâts. On peut pas y enlever qu'il a bien dosé son sort l'aut' limace, elle tient encore mais juste pour dire qu'elle tient. Hmpf. J'la r'garde sans toucher. L'bois a pris cher, mais aucune idée d'comment réparer un cœur. Confundantur la formule hm. Corintermis la brisure. Soigner un type qui pisse le sang sans savoir c'qu'il a c'pas un bon plan, j'suis presque sûre qu'essayer d'faire pareil avec une baguette ça va êt' la merde aussi.

"Y a quelqu'un qui sait c'que ça fait exactement, Corintermis ?" j'lance à la cantonade. "Genre ça casse que l'bois, ou aussi l'lien coeur-bois ?

Gépé-quoi ? Ce qu'il supposa être un épithète pas flatteur tira un plissement de sourcils outré et ourlé d'incompréhension au brun, avant qu'il ne se souvienne qu'il était censé ne surtout pas répondre à "Titi", au risque d'encourager Jaguar - Jaguar qui pour peu lui aurait donné l'impression de parler une autre langue qu'eux sous un vernis d'anglais goût pâte de fruits.
Heureusement, le son d'un objet chutant lui donna le prétexte idéal pour ne même pas demander ce que pouvait bien être un gépéhesse.

"Wingardium leviosa."

Malgré l'opacité de son expression, le geste du Selkie resta doux alors qu'il lévitait la boite laissée tomber par Cormoran pour la déposer en sûreté sur un coin d'établi encore libre. Ceci fait, il reporta son regard sur sa propre baguette, pinçant les lèvres devant son état lamentable.

"Je pense que ça rompt le lien, sinon comme l'a dit Odysseus, on n'aurait eu besoin que d'un Reparo ou d'un équivalent. Or, il a parlé de restaurer du pouvoir et de la personnalité, ou un truc du genre."

Et un reparo n'aurait pas nécessité un devoir, clairement.

"À l'instinct, je dirais que des runes pourraient fonctionner. Juste... pas celles qui réparent les objets. Plutôt le genre qu'on utilise pour guérir ou réunir. Peut-être quelque chose avec une composante d'harmonie."

Joignant le geste à l'idée, il piocha dans les manuels un précis de runes, l'ouvrit au hasard, ne se donna pas la peine de chercher plus précisément.

"Ou une potion" concéda-t-il, l'air d'avoir mordu dans un citron pas mûr. "En infusion ou en vernis, ça pourrait fonctionner."

Le fait qu'il n'aime pas les potions exclut immédiatement cette option. Quoi que. Il considéra le manuel de runes, solution à peu près sûre, et la baguette brisée.
Saule et billywig.
Un bois pour accompagner les voyageurs qui vont loin et de la poudre d'aile. Le gâchis d'un bois puissant pour un coeur à peine capable de le porter le hérissa brièvement, avant qu'il ne tombe sur un os. Il ne pouvait pas graver ou inscrire des runes sur une baguette voyageuse qu'elles alourdiraient.

"Ou en cristallisation, dans les creux."

Il plissa un peu plus le nez.

"Je crois que je vais tenter un truc comme ça."

Urgh.

Une créature marine comme coeur de sa baguette ? Comment a-t-elle pu faire une erreur pareille ? Un aquamenti, hormis noyer l'âme du Doxy, qu'aurait-elle pu obtenir comme résultat ? Une peste de baguette détrempée ? Enfin, vu comme ça, le résultat reste acceptable, puisque baguette il y aurait eu.
Mouai. Foutu pour foutu de toutes façons, autant essayer de réussir l'étape suivante, ce sera toujours ça de prit.

Seule, elle serait bien capable de faire une connerie. Des choix stupides par manque d'intuition, elle peut en produire des pelletées quand elle y met du coeur. En l'occurrence, elle serait bien capable de réduire son cadavre de brindille brisé en un tas de cendres inexploitables. L'artefact ferait ainsi honneur à sa créatrice.
Non. Elle a besoin d'aide. Aussi désagréable soit-t-il, elle a besoin d'un coéquipier, d'une coéquipière, quelque chose avec un minimum d'intuition, même un cheval, n'importe quoi.
Alors quand elle entend parler d'une séance de groupe pour se pencher sur le devoir, elle n'hésite pas.
Enfin pas trop.

Trois sorciers. L'élite mondiale, chapeau vert, maladresses et spontanéité, réunis dans une pièce trop petite pour contenir les probabilités d'une catastrophe environnementale.
Haut les cœurs.

Les premières réflexions émergent. Runes, potions, cristallisation. Décidément, il a été dit qu'elle en baverait.

Autant s'y mettre alors.

Ceci dit, n'y a-t-il pas d'alternatives ?
Odysseus a explicitement demandé de réparer sa baguette, pas d'en produire une autre. Si elle se penche sur cette piste là, elle risque de taper dans le hors sujet. Mais du hors sujet qui la ferait survivre en conditions réelles, est-ce vraiment du hors sujet ? Les Instructeurs notent-ils leur capacité à obéir au mot, ou à s'adapter pour atteindre l'objectif : en l'occurrence, être opérationnel en cas de casse ?
La sorcière a envie de creuser l'idée malgré tout. Mais une idée d'abord la chiffonne.

- Est-ce que le problème est uniquement le lien ? Parce que supposons que ce soit ça, reprononcer un simple Confundantur devrait suffire ? Je doute que ce soit si simple. On peut peut-être en déduire que les .. personnalités respectives, ou tendances, appelez ça comme vous voulez, du cœur et du bois sont altérés ? Et dans ce cas là, peu importe si on cherche à les souder de nouveau, ils ne seront peut-être plus en phase.

Tu peux toujours coller tous les morceaux d'un puzzle ensemble, si les motifs des pièces ont changé, le résultat final, bien qu'artistique, sera inexploitable.
Il faudrait réussir à manipuler les motifs. Ou disposer les pièces autrement pour obtenir un nouveau résultat.
Remodeler le coeur alors ? Et si elle sauvait la peste dixy de la noyade avant de Confundantur de nouveau ?
Voilà maintenant qu'elle a deux idées. Quelle veine.

Il remercia Ortie d'un hochement de tête et vint rejoindre sa baguette cassée à la table, avec les autres. Jaguar était là aussi. Et elle venait de l'appeler Momo. Il n'avait jamais subi ce surnom auparavant. D'ailleurs, il ne comprit pas tout de suite qu'elle s'adressait à lui. Mais il ne connaissait personne d'autre pouvant se transformer en équidé, dans le domaine. Lorsqu'il s'installa, Jaguar entonnait son "Allez, messieurs, on s'y colle".

Tandis qu'il ouvrait la boîte contenant sa baguette, Ortie et Jaguar discutaient sur l'effet du sort prononcé par Odysseus. Corintermis. Rupture du lien unissant le coeur et le bois. C'était logique. Il resta silencieux pendant la discussion, n'ayant rien de plus à ajouter. Cendre se joignit à eux. Des enrôlés de l'infanterie était en train de se concerter pour effectuer un travail de baguettier. Cela avait du sens: les baguettes étaient leurs armes, et un soldat se doit de savoir entretenir ses armes. Cette tâche ne l'enchantait cependant guère. C'était du travail d'intérieur, le genre d'ouvrage qui se faisait assis derrière un bureau. Il avait toujours préféré le grand air, exception faite des laboratoires de potions et des serres. Ces lieux regorgeaient de vie. Ici, il n'y avait que des matériaux inertes...

Cormoran soupira en entendant Ortie suggérer des runes. Il n'était pas très calé en runes, et c'était peu de le dire. En revanche, les potions, il connaissait. Il espérait que ce soit la solution, qu'il puisse apporter quelque chose au groupe au lieu de rester muet et immobile comme un idiot!

Cendre hasarda l'idée qu'il avait eue en arrivant. Refaire le sort confundantur, en ajoutant un peu de poudre pour le coeur et peut-être un peu de bois, sous forme de poudre ou de sciure. Mais sa seconde remarque était tout aussi pertinente. Lorsqu'ils avaient jeté le sort la première fois, cela avait été sur deux morceaux de bois parfaitement taillés, et une quantité suffisante de poudre pour leur coeur. Et ils avaient également dû faire quelque chose pour "éveiller" leur composant. Il avait créé une petite flamme bleue pour la poudre de pitiponk. Devait-il le refaire?

Peut-être qu'il faut d'abord réparer le bois, et ensuite procéder de la même façon que pendant le cours, hasarda-t-il.

Il n'avait aucune certitude concernant ses propres affirmations. Les yeux baissés, son habituelle grimace de concentration plissant ses yeux, il réfléchit au seul exemple d'objet magique qu'il connaissait un minimum: les balais. Lorsqu'un balai était cassé, on remplaçait parfois le manche. En cas d'urgence, on pouvait maintenir les morceaux en place avec un morceau de tissu, mais cela impactait grandement la fiabilité du vol, surtout si des échardes avaient éclaté lors de la cassure. Oui, il y avait bien une notion d'intégrité du matériau à l'oeuvre. Mais une baguette était bien plus complexe qu'un balai...

Je dirais qu'on peut essayer une potion. Quelque chose qui se solidifie, et qui rassemble les deux morceaux.

Lorsqu'il prononça le mot "rassembler", ses grandes mains catastrophiques faisaient le geste de ramener entre elles des bouffées de l'air de l'atelier.

Quelque chose qui soit fait des deux composants. Pour recréer un semblant de lien, et ensuite on retente le sort d'origine. Ah et aussi...

Cette fois-ci il se tourna vers Jaguar:

Si tu m'appelles encore une fois Momo, je t'appelle Minette. Ca te va bien, en plus.

Le sourire qu'il lui adressa était un véritable paratonnerre à baffes. Mais que deviendrait l'Infanterie si l'on ne pouvait plus se taquiner entre soldats?

Elle n'avait pas prévu de se retrouver dans une salle remplie de monde - bien qu'au final, il ne s'agisse que d'une poignée d'enrôlés qu'elle connaissait soit de visu, soit pour leur avoir parlé auparavant, il s'agissait tout de même de beaucoup de personnes pour elle. Elle n'avait pas prévu de trouver d'autres personnes que les Selkies, qu'elle commençait tout juste à connaître et apprécier, et auprès desquels elle arrivait plus ou moins à se détendre sans ressentir le besoin de se transformer et de s'enfuir à toutes jambes. Ou pattes, au choix. Elle avait entendu les paroles d'Ortie, avait relevé la tête de ses livres, et avait hésité.

Longtemps.

Clairement, au vu de la salle et des discussions qu'elle pouvait y entendre, trop longtemps; si bien qu'elle hésita sur le pas de la porte, comme souvent. En écoutant et en se mordant la lèvre. Après le cours de baguette, elle était allée à la bibliothèque pour emprunter tous les ouvrages à leur disposition sur le sujet et les avait ramené dans la salle commune. Elle avait commencé à en lire certains, pour essayer de comprendre pourquoi son sort n'avait pas fonctionné alors qu'elle pensait avoir reconnu les ingrédients nécessaires et réussit la première partie de l'exercice.

Bien qu'elle soit consciente de ses défauts, son père lui avait toujours appris à les combler, à les travailler sans relâche jusqu'à ce qu'elle réussisse, jusqu'à donner une illusion de maîtrise et de perfection. Ce n'était pas une question d'égo - Cassiopeia n'était pas sûre de savoir ce que ce mot signifiait lorsqu'elle était concernée, ni même de fierté.

C'était une question de survie. Si elle échouait, alors elle n'avait pas sa place ici, auprès des autres. Si elle échouait, elle se retrouverait reléguée au rang de poids mort, et mieux valait alors disparaître. Elle se savait déjà bien piètre sorcière, il était inutile de s'humilier d'avantage et de faire perdre du temps aux instructeurs et à ses coéquipiers. Même si ces sentiments lui semblaient justes, il ne réglait pas son souci de baguette.

Odysseuss avait été assez clément pour effectuer lui-même le sort et lui fournir la baguette qu'elle avait assemblée, séquoia et dents de doxy donc. Elle pouvait tourner les talons et repartir de là où elle était venue. Mais elle avait besoin de la salle. Son père n'aurait pas supporté son échec; Cassiopeia devait donc appliquer la méthode qu'il lui avait inculquée. Recommencer, et comprendre son erreur.

Après un long moment d'hésitation, elle serra les livres qu'elle portait contre elle et se faufila à l'intérieur, aussi silencieusement que possible, ne voulant pas déranger les conversations qui fusaient. Elle n'adressa pas de signes de tête à ses petits camarades, ne précisa pas qu'elle pouvait potentiellement aider s'il y avait besoin de runes, une discipline dans laquelle elle excellait. Elle s'installa dans un coin libre, déposa les livres, la baguette, et se tourna vers l'armoire à ingrédients, submergée par les choix qui lui faisaient face.

Elle aurait pu reprendre les ingrédients de sa propre baguette, mais elle savait que l'intérêt était de recommencer de A à Z. Nouveau bois, donc, et nouvelles poudres. Elle ferma les yeux et laissa sa main la guider pour le bois, afin de ne pas fausser l'exercice en le choisissant, bien que ça n'aurait pas changé grand chose. Elle s'arrêta, jura mentalement, avant de prendre à nouveau une grande inspiration et de se tourner, hésitante, vers les autres.

"Est-ce que.... Est-ce que l'un d'entre vous pourrait choisir un bois pour moi? Sans me dire ce que c'est?" Sa voix douce ressemblait presque à un murmure, et elle n'était pas certaine d'être entendue. "Je voudrais recommencer depuis le début."

Spoiler:

Et ça rate pas, Titi a pas percuté. J'me d'mande si c'est pour s'venger qu'y cause des trucs ensuite. Restaurer du pouvoir et de la personnalité, et mon cul y t'en cause d'la personnalité ?! J'soupire tellement fort qu'y a sûrement des postillons qui partent dans toute la pièce.

"Non mais mon Titi, les conn'ries new-age d'la limace, j'en ai rien à péter. J'veux savoir sur quoi j'travaille pour faire marcher une baguette explosée, c'tout."

Et Kébri qu'en rajoute une couche, une tartine, un pot entier d'Nutella.

"Ouaiiis. Clair qu'si ta baguette elle pète en plein combat l'type en face y va t'laisser faire ta popotte." j'commente. Pas qu'j'aie mieux à proposer là tout d'suite mais merde, quitte à s'faire chier avec un d'voir à la con autant qu'ça soit utile ! "Faut un truc qu'on puisse faire avec une baguette d'rechange. Max. Si on pouvait faire sans, ça s'rait encore mieux, mais ça va êt' coton."

Y en a qu'arrivent bien à lancer des sorts sans baguette. C'qu'ont fait Ouagadou surtout, pis quequ' z'aut' que voilà. Moi j'aimerais bien mais j'en suis pas là alors j'compte sur ma baguette et... celle des copains aussi un peu. Si on compte pas les uns sur les autres...

"Ca laisse les runes. Et la magie pure. Sorts, charmes, méta."

Ou juste broyer la putain d'baguette pour en faire un ingrédient pour la suiv... oh.

"Et séparer les bouts d'coeur et d'bois, pis réparer l'bois d'un côté et l'coeur d'l'aut', pis r'faire une baguette avec ça ?"

Avec quel sort par contre... Corintermis c'pas l'inverse d'Confundantur.

Et là Momo y m'cherche, mais y m'cherche tell'ment fort qu'j'ai même la flemme de m'lever pour l'entarter. Alors j'souris juste. Mon joli sourire à crocs de "j'vais t'arracher la gueule mais pour de faux".

"Oh, tu préfères que j't'appelle mon Dada ptet, Momo ? Ou mon Bidet pour la chanson ? J'ai rien cont' moi hein, j'voulais respecter ta dignité mais si t'en fais rien..."

Ca s'ra pas l'premier à avoir eu l'idée d'm'app'ler Minette, alors si ça lui fait plaisir.

Pis là y a un genre d'bouillie d'sons qu'arrive d'un coin, j'me r'tourne... Pépette. Qui d'autre.

"Cause plus fort Pépette, j'ai rien pigé !" j'lance.

Non mais c'est vrai quoi, j'cause ptet chat, même si personne sait, mais j'en suis toujours pas un.

Pas de doute : Jaguar avait définitivement eu la pâte de fruits avariée du lot. Un bon tiers de ses mots ne ressemblait à rien de connu, les autres perdaient dans la bataille des bouts et des syllabes. Tout à fait irrité désormais, le brun grogna un son inarticulé avant que son niveau d'irritation ne daigne lui rendre l'usage des mots :

"Et bien tu lui mets une droite pour qu'il te foute la paix et tu bâcles pas la réparation de ta baguette. Bordel."

En plus, le problème de la potion n'était pas sa lenteur de préparation. Non, le problème principal, c'est qu'Ortie n'aimait pas les potions. Trop de temps, trop de chipotage sur les ingrédients et les sens dans lesquels mélanger et la stupide phase de la lune, pas assez de place pour inventer.

Se détournant de son cadavre de baguette, le Selkie tourna son attention vers les bois à disposition, l'oeil acéré et une idée assez précise en tête. Un bois pour Cassio. Un bois pour que Cassio en fasse une baguette. S'il s'était agi d'en essayer une, il aurait immédiatement pioché du mélèze, mais la logique, ici, n'était pas la même. Du saule ou de l'aulne, peut-être ? Il plissa le nez devant les morceaux présentés, finit par piocher autre chose.

"Tiens."

Gardant un oeil sur la brune qui était foutue de ne pas demander d'aide si elle en avait besoin, il revint à ses camarades.

"Je sais pas, pour la réparation des composants. C'est déjà plus des bouts individuels, c'est une baguette. Tu peux pas décuisiner un plat pour le refaire si tu l'as fait cramer, alors pourquoi tu pourrais désassembler une baguette ? Ce qui rejoint ce qu'a dit Cendre, je pense : on peut pas juste annuler le changement en douce."

Une nouvelle oeillade vers sa baguette. Il n'aimait toujours pas l'idée de l'infuser dans une potion. En plus, qui irait infuser du billywig ?

"Est-ce qu'avec le bon réactif, on pourrait genre..." il agita les mains d'un geste vague : "solidifier l'air autour des cassures ? Parce que la cristallisation est cool mais je ne la sens pas pour le coeur de la mienne."

Et parce qu'il n'allait pas cacher la brisure. Elle était là - un arrachement dans un bois qui aurait dû être puissant et que son coeur rendait volatil. Rien ne servait de la nier.

Spoiler:

Les solutions des uns et des autres commencent à se rassembler, se ressembler. L'idée de Cormoran et sa variante, made in JeFeuleEtJ'T'emmerde, qui semble presque voir en la baguette une poupée russe désassemblée. Cendre ne prend pas le soin de lui répondre, le mépris a le don de l'agacer. Le retourne des runes, de la potion, que l'animagus occamy approuve après l'hypothèse du selkie, et puis une nouvelle proposition intéressante.

Solidifier l'air autour de la baguette ? Cendre s'autorise un regard vers le cadavre de sa création, le doxy noyé. Serait-il plus heureux, emprisonné dans le vide plutôt que noyé par un aguamenti ? Les doxys sont anéantis à coup de pulvérisations paralysantes, si tant est que l'espèce ai une mémoire, il est certain que la créature n'appréciera pas.
D'un point de vue plus général, l'idée d'Ortie n'est toutefois pas à jeter.

- On bande bien une plaie pour éviter de perdre la matière, avant de pouvoir la soigner proprement ..

Son regard s'attarde sur l'auteur de l'idée alors qu'elle s'adresse à lui.

- Mais ça suppose que l'essence de la baguette soit volatile.

Elle ne parle pas du coeur en lui-même, qui lui est solide, mais du lien qui se crée une fois le sort prononcé. Se pourrait-il qu'une fois assemblés, squelette et coeur produisent une sorte de conscience qui, à l'instar des souvenirs, puissent s'évader du corps, de petits filaments translucides qui se perdraient s'ils n'étaient pas recueillis dans une fiole ?
Ils le savent tous, les baguettes, si elles n'ont pas une conscience propre, ont des humeurs. Elles peuvent se montrer désobéissantes si elles sont froissées, ou si ont les pousse à commettre une infidélité. Audacieuse, jalouses, il est même dit que certaines peuvent reconnaître leurs sœurs de coeur.

- Est-ce qu'une baguette brisée perd encore en puissance avec le temps qui passe ? Ou c'est instantané ?

Ca leur permettrait de trancher sur la possibilité du caractère volatile de la chose.

Les discussions continuaient à fuser au-dessus de sa tête. Elle n'aurait sans doute pas dû les déranger, même si elle doutait qu'ils l'aient entendu, ce paradoxe qui la faisait se sentir coupable de quelque chose qu'elle n'était même pas sûre d'avoir provoqué. Elle se mordilla la lèvre et était prête à renoncer, à prendre le premier bois qui lui passait sous la main, facilitant son exercice sans pour autant le rendre complètement inutile. Et puis, une voix qui s'éleva dans sa direction sans qu'elle ne comprenne vraiment à qui elle s'adressait, mais dont les mots étaient assez familiers pour qu'ils puissent être pour elle. Parfois, lorsqu'ils entendaient le son de sa voix, lorsqu'elle parvenait à parler, on lui demandait de se répéter. Elle en avait l'habitude. Ses yeux s'agrandirent pourtant, incertaine.

"Pépette...?"

Elle ignorait si le surnom était censé être vaguement affectif ou s'il était fait pour se moquer; Jaguar et elle ne s'étaient jamais vraiment parlé, à part quelques mots échangés parfois pour la nécessité de certains cours. Mais tous les Enrôlés avaient été affublés d'un sobriquet ou d'un autre, et de façon assez contradictoire, cela signifiait qu'elle faisait désormais partie de l'équipe, même si l'intention était malicieuse.Les discussions continuaient à fuser au-dessus de sa tête.

Elle n'eut pas vraiment le temps de se poser plus de questions, puisqu'Ortie avait réagi et, après une courte observation des bois, lui tendit ce qu'elle avait demandé. Elle le remercia d'un petit signe de tête et d'un léger sourire, retournant à sa place isolée. Malgré l'attention qu'elle voulait porter à son exercice, l'ayant raté la première fois, elle ne pouvait s'empêcher d'écouter ce que disaient les autres. Une autre hésitation avant de prendre une grande inspiration et de se tourner vers le groupe, mal à l'aise, hésitante, mais quelque peu déterminée.

"Elle... Elle commence à ne plus réagir aux demandes de son porteur dès le départ, mais le fait de l'utiliser l'abîme au fur et à mesure, ce qui... amplifie le dérèglement des sorts." Cassiopeia dit doucement, se tournant vers les poudres, fermant les yeux pour en choisir trois au hasard, action rendue plus facile par le nombre nécessaire pour recréer l'exercice d'Odysseus. Prudemment, elle les posa devant elle, gardant les yeux rivés vers la table pour ne pas avoir à croiser le regard des autres. "Enfin, c'est ce que... C'est ce que j'ai lu avant de venir ici."

Sa dignité? Elle allait très bien, merci. Il le fit savoir à sa consoeur d'infanterie en levant les yeux au plafond et en se concentrant à nouveau sur leur travail. Ils avaient des baguettes à réparer, et cela s'annonçait compliqué.

Minette - car il était désormais hors de question de l'appeler autrement - avait choisi le surnom le plus ridicule possible pour la pauvre Cassiopeia, que Cormoran tenta de rassurer silencieusement, en effectuant la mimique universelle signifiant " t'en fais pas, elle fait ça à tout le monde".

Ce qu'elle dit ensuite au sujet des "conneries new age" arracha un soupir à Cormoran. Il n'eut pas besoin de répondre, Ortie avait plutôt bien résumé sa pensée. Jaguar avait son caractère. Elle était plutôt sympathique, la plupart du temps. Il appréciait toujours les gens qui pratiquaient la franchise, fut-elle brutale. Mais elle pouvait se montrer si butée, et agaçante parfois...

Mais rien de tout cela n'allait les aider à réparer leurs baguettes. Etait-ce simplement possible? Odysseus leur avait peut-être donné cet exercice dans le but de leur faire comprendre pourquoi une baguette brisée ne pouvait être réparée. Cormoran se souvenait avoir demandé, du temps où il entraînait son équipe de quidditch, à son gardien de but d'arrêter un nombre impossible de tirs dans un temps donné. Le but de ce sale tour avait été de montrer au reste de l'équipe que le gardien ne pouvait pas défendre le score à lui seul et qu'il fallait l'aider en empêchant les poursuiveurs de s'approcher des anneaux le plus possible. L'autre effet recherché était de décomplexer le gardien, qui perdait confiance en lui à chaque arrêt manqué. Odysseus avait peut-être voulu les pousser à apprendre davantage de choses sur les baguettes par eux-mêmes, en essayant de les réparer...

A présent, Cendre parlait de bandages pour les baguettes. Ortie, de cristallisation. Cassiopeia, des pertes de facultés d'une baguette endommagée. Tout le monde se dispersait. Lui-même n'était plus tellement certain de son idée de potion. Il avait dit ça principalement parce qu'il connaissait bien les potions, et peu les artefacts. Quand on a une batte, tout se met à ressembler à un cognard.

Hey, j'ai un peu l'impression qu'on ne sait pas trop de quoi on cause, en fait. Enfin, je veux dire...

Il avait parlé un peu trop fort, et s'était montré maladroit. Il se râcla la gorge et poursuivit:

On n'est pas des baguettiers. Et ça, c'est un travail d'expert. On ne devrait pas aller fouiller la bibliothèque pour trouver toutes les infos possibles, avant d'essayer quoi que ce soit? Parce que si ça se trouve, on va devoir trouver une façon de procéder par baguette. Elles sont toutes différentes.

Son regard, qui se posait tour à tour sur chacun des autres enrôlés, finit par croiser celui de Cassiopeia. Il ajouta:

Et si y'en a d'autres qui veulent tout refaire depuis le début comme Cassiopeia, on devrait pas d'abord les aider? Ceux qui ont réussi leur baguette, je veux dire...

Décuisiner un truc gnagnagna, des runes gnagnagna, des potions gnagnagna... pfff. J'fais un d'ces boucans à soupirer, on va finir par croire qu'Momo il s'est transformé en dada dans l'dos d'tout l'monde tellement on m'entend. C'est pas vraiment l'but, mais un peu quand même en fait ptet. Sais pas. M'en fous.

C'est.

Et avec des postillons, en prime.

"Non mais les mecs attendez, deux s'condes, on s'calme. Il a raison Momo, comment vous voulez réparer un truc qu'on sait même pas comment il est cassé ?"

C'est vrai quoi merde. Pourtant j'suis pas censée êt' le cerveau d'la troupe...

"Un truc qu'on sait même pas vraiment comment il est foutu quand il est pas cassé, d'ailleurs." j'commente, avec un coup d'oeil au mien, de truc cassé. "En tout cas j'pense pas qu'y ait trop moyen d'lancer un sort encore avec les baguettes, vu dans quel état elles sont." j'ajoute en s'couant la poignée d'la mienne.

Même pas un quart de début d'étincelle, nada. Morte. Séchée comme du p'tit bois.

"J'veux dire, y a quelqu'un ici qui sait exactement c'que ça fait, Confundantur ? Qui pourrait l'expliquer avec des vrais mots simples et pas une purée d'blabla new-age à la con comme la limace et du "ta gueule c'est magique" ?"

J'aime bien les trucs clairs, moi, les trucs précis, les trucs qu'on peut toucher et buter. Ailleurs, le monde, c'est du gris, du gris, du gris et du brouillard.

"Sinon y a qu'à aller à la bibli ouais, doit bien y avoir un bouquin qu'explique ça si la limace y s'en sert pas d'coussin."

Non j'l'aime pas, Odysseus. Déjà parce qu'il a un nom à la con, ensuite parce qu'il a une gueule de con, visqueuse, des mains trop fines, trop princesse, trop tout. Ensuite parce que j'aime pas ses conneries new-age à la con, "c'est l'bois qui choisit" j't'en foutrai moi du bois ! Ensuite parce que j'comprends pas c'que l'aut' palouf il y trouve, mais ça à la limite c'pas mes oignons.

Et j'aime pas non plus passer ma vie l'nez dans des bouquins, d'ailleurs. J'me fais chier. En plus on a pas b'soin d'êt' douze sur un bouquin, t'façon y a pas la place.

Pis y reste la p'tite souris avec ses ultrasons.

"Y a quelqu'un qui veut rester avec Pépette pour l'aider avec sa baguette, ou j'm'en occupe ? Pas qu'j'aie tout réussi à cent pour cent m'enfin." j'grogne. D'l'acajou, bordel.

J'me force même pas à proposer. J'suis clair'ment pas la meilleure du Domaine à gérer des baguettes, mais j'suis pas contre y dire comment j'ai fait. Au pire ça m'fera bosser aussi.

"'tout cas mon Titi", j'ajoute avec un sourire en coin, "j'ai jamais entendu parler de "rompre le lien"", et j'fais les guillemets, "entre un gigot et ses épices. Alors ptet les comparaisons culinaires..."