Cinq octobre, jour de grâce. Enfin je peux quitter l'infirmerie. Enfin je peux... faire une grosse demi-journée de cours et passer le reste du week-end à continuer à rattraper tout ce que j'ai pas encore pu rattraper à l'infirmerie, et les devoirs, et... tout...

Je sais pas comment je vais faire.

Mais bon, s'il y a bien une chose qui est rentrée à coups de marteau dernièrement... c'est que "je sais pas comment je vais faire", c'est définitivement pas une réponse valide.

Alors je vais en cours comme si de rien n'était, je fais comme si je suivais... et je me rends compte que je suis plutôt bien. Ca me rassure. J'en dois de belles à ceux qui m'ont passé leurs cours, je vais devoir trouver un moyen de leur rendre la pareille... peut-être en essayant de leur faire de petits artefacts ? Ca compterait un peu comme de l'entraînement, c'est pas du temps perdu. Il faudrait juste que je trouve quelque chose qui colle bien... et comment le faire. En bois... en bois, oui. Le reste on verra plus tard, c'est pas le moment.

Il y a autre chose qui attire mon attention, en cours, que le cours lui-même et mes pensées de remerciements artefactiennes.

Quelque chose de grand, de blond, d'inexplicablement charmant, d'assis pas loin de moi, et que je suis absolument certaine d'avoir peut-être vu une fois en tout. S'il avait pas été si charmant j'aurais sûrement soupçonné un métamorphomage d'avoir trouvé une nouvelle façon de faire joujou avec son pouvoir. Mais j'ai suffisamment utilisé mes propres avantages pour les reconnaître chez les autres.

Un nouveau, et un demi-Vélane.

Ca, ou alors c'est juste un métamorphomage avec une potion de charme.

Je suis pas certaine de ce qui est le plus improbable. Maman m'en a parlé, un peu, bien sûr, des garçons - "les mâles", elle disait. Elle a parlé de tout ce qu'elle pouvait me dire. Surtout pour dire que c'était mieux que chez les sorciers et infiniment mieux que les Moldus, évidemment... mais elle a dit à quel point ils étaient rares, les garçons.

En tout cas la moitié des nanas de la salle le reluquent plus ou moins ouvertement, c'est rigolo. Je suis sûre que si je faisais attention j'en verrais une ou deux la bave au menton... Moi je me pince un bon coup, je regarde ma feuille et j'écoute les instrus.

Le pauvre, en vrai c'est pas marrant de se faire regarder comme un morceau de viande à l'étalage.

Alors à la fin du cours de Pombero je range mes affaires et je vais le voir. Sans rouler du cul, sans sortir le décolleté que de toute façon j'ai pas, et sans battre des cils comme si j'avais toute la prairie coincée dans les yeux.

"Salut ?" Je souris, je tends la main - devant témoins je risque rien, je crois. "Moi c'est Pivoine... je sais pas si on s'est déjà croisés ?"

5 octobre. Cela faisait plusieurs jours qu’Asphodèle hantait les couloirs du Domaine, encore un peu perdu, encore un peu troublé. En signant le registre de la salle ronde, il avait senti comme une chaleur agréable le saisir et lui faire comprendre qu’il était à sa place ici. Mais le Bal l’avait sacrément secoué et son incapacité à communiquer correctement l’isolait plus qu’autre chose.

En plus de tout cela, il y avait le regard des autres sur sa personne… Il n’arrivait pas à le décrypter. Il voyait toutes ces filles qui le regardaient, il scrutait les plis rieurs de leurs yeux et se demandait vaguement si elles n’étaient pas en train de se ficher de lui. Tout simplement.
Mais les paroles assassines, les insultes et les mesquineries ne vinrent pas.

Troublé, Asphodèle essayait de se faire à son nouveau quotidien. Parfois, il osait un sourire timide en leur direction et les observait glousser sans saisir si leur réaction était positive ou non.

Ce jour-là, il se concentra tout particulièrement sur le cours de Pombero. Les explosifs. Maladroit comme il était, il risquait de faire exploser des choses improbables comme les chaises, les murs ou encore sa propre baguette. Alors, les yeux plissés, les sourcils froncés, il concentra son attention sur le professeur et il en oublia tout le reste.
Autant vous dire qu’à la fin du cours, il avait utilisé toute sa réserve d’attention et qu’il était complètement lessivé, mais plutôt satisfait de ne rien avoir bousillé. Hey, il faut aussi célébrer les petites victoires, se dit-il avec un demi-sourire cynique.

Il rassemblait ses affaires, prêt à quitter la classe lorsqu’une demoiselle se détacha de la masse et vint se présenter à lui.

Pivoine.

Pivoine, elle était différente des autres. Elle était blanche. Toute blanche, en fait. C’était comme si son créateur avait manqué de peinture et qu’il s’était dit « boarf, ça passe ! ». Il avait oublié de la coloriser, certes, mais le reste, il s’était donné à fond, constata Asphodèle en sentant son cœur rater un battement.

Jolie n’était pas le mot. Elle était sublime. Sa manière de se déplacer, celle de se placer et de vous observer. Il se sentit tout à coup important. Il eut l’impression d’être quelqu’un. C’était comme si juste pour elle, juste dans son regard, il existait enfin.

Quelques secondes s’étaient écoulées depuis la présentation de Pivoine. Quelques secondes de trop et il eut subitement peur que la main amicale ne s’éloigne. Alors, il la saisit et la serra. Elle était chaude et douce. Et Pivoine était si jolie qu’un immense sourire ne put s’empêcher de fleurir sur ses lèvres.

- Bonjour Pivoine. Je suis Asphodèle.

Sa voix n’avait pas tremblé. Même pas un peu. Tout à coup, il se sentait assuré. Pour Pivoine. Parce qu’elle le regardait avec gentillesse et parce qu’elle s’adressait à lui sans malice.

- Non, je ne pense pas qu’on se soit déjà croisés. Je me serai souvenu de toi…

Cela aurait pu passer pour de la drague, mais sa voix était devenue plus sourde, remplie d’émotions aussi. Il ne put s’empêcher de demander, sa voix devenant soudain pressante :

- Tu es… Tu es comme moi, n’est-ce pas ?

Et ses lèvres tremblèrent doucement, entre appréhension et excitation. Il ne se rendit même pas compte qu’il la dévorait du regard...

Silence. Je crois qu'il a bugué. Ou que je l'ai pas entendu répondre. Ca serait dommage. Je crois que je lui plais, mais pas de la façon dont je plais aux autres... lui j'ai envie de lui plaire, envie d'être importante, et je voudrais pas qu'il décide qu'en fait... mais non, il a pas répondu, il m'a même pas serré la main, il a pas bougé du tout. Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ?

J'allais retirer ma main, mais je le vois avancer la sienne et je me reconcentre aussitôt - un peu. Allez Pivoine ma belle, focus sur un autre blond et ça va le faire. N'importe lequel. C'est comme l'occlumancie mais en diff...

Oh putain.

Oui, je savais à peu près à quoi m'attendre. Oui, je pensais que maman avait exagéré. Oui, j'avais quand même compté large.

Et pourtant, même en étant préparée, je sursaute. Elle est belle à voir la demi-Vélane tiens. Au moins je me liquéfie pas sur place en murmurant des promesses de vénération. Ca va. Non non, ça va, tout est parfaitement net. Je le lâche plus jamais. De ma vie. Et d'ailleurs dès qu'il me lâche je vais bouffer les nénettes qui le matent encore, je le sais, elles sont là, tout autour. Et puis je...

...récupère ma main. Le monde retrouve un peu de netteté, un peu de logique. Il existe autre chose que lui. Autre chose que ses yeux, son visage, ses cheveux. Et bien sûr que j'en ai rien à faire des autres filles et de comment elles le regardent. Je sais pas quel bout de mon cerveau je dois remercier, mais y a vraiment quelqu'un qui va devoir calmer ses hormones mh. Combien de temps déjà ?

Oh et puis on s'en fout, en fait.  

"Oui hein. Je m'en souviendrais aussi je crois." je ris nerveusement pour essayer de retrouver une contenance. "Ouah."

Mince alors, ça leur fait ça aux hommes quand je les vélanise ? Les pauvres. Ils sont peut-être pas si obsédés que ça en fait ?

Non... c'est pas tout à fait pareil il me semble. Lui c'est juste... passif. Je crois. Et je suis absolument certaine de pas être aussi charmante au naturel. C'est juste comme maman disait.

Elle avait toujours raison maman.  

"Oui et... et non. On est pareils mais en différent."

Et sur cet étalage de culture et de pertinence digne des grands jours d'Ort... de... enfin d'un consanguin vraiment très très consanguin, je recule un peu.

"Toi c'est plus... enfin c'est pas pareil. Asphodèle c'est ça ? Je crois qu'on va éviter le serrage de main à l'avenir, je sais pas pour toi mais ça me semble plus prudent." je ris encore, un peu plus naturelle.

Ouh, ça fait du bien au cerveau d'avoir reculé. Je me sens un peu plus... un peu moins... enfin c'est moins pire on va dire.

"Ca se passe bien ? Tu te fais aux cours ?"

Lorsqu’il lui avait attrapé la main, le regard de Pivoine avait brusquement changé. Brut. Vif. Il s’était coulé en lui avec une dévotion sauvage et Asphodèle avait pris cela pour ce qu’il ressentait lui-même : une connexion animale. Cependant, la main lui échappa et le regard de Pivoine se brouilla un instant. Que lui arrivait-il ? Il l’observa, la mine interrogative, alors qu’elle s’adressait à lui, toujours aussi amicale et positive malgré tout.

- Pareils, mais différents ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

Sa voix lui avait soudain sentit incertaine, alors qu’il avait posé sa question. Sa maman était décédée alors qu’il n’était encore qu’un nourrisson et il n’avait jamais vraiment pu parler à une Vélane jusqu’à présent. Pivoine était la première. Alors, il se demanda s’il s’était trompé. S’il avait imaginé une connexion entre eux qui n’existait pas. Son cœur se serra vivement à cette pensée, comme si ses tous jeunes espoirs se brisaient en mille morceaux et tombaient à ses pieds.

Et brusquement, il comprit. Il s’empourpra tout d’un coup, devenant aussi pivoine que le nom de code que la jeune femme.

- Oh… fut-il seulement capable de prononcer.

Une moue coupable nimba ses traits. Il n’aurait jamais serré sa main s’il avait su qu’elle n’était pas immunisée à son pouvoir. Il avait pensé qu’elle était comme elle, mais il s’était peut-être trompé. Peut-être qu’elle n’était pas hybride, mais juste une très très très jolie jeune femme albinos ! Il se sentit stupide tout à coup et baissa piteusement son regard sur ses pieds. Est-ce qu’elle allait le détester maintenant ?

- Je suis désolé. Je ne pensais pas que ça te toucherait…

Tout pris par sa culpabilité, il ne pensa pas un instant au fait que c’était bien elle qui avait tendu la main vers lui et qu’elle était la seule responsable de ce qu’il venait de lui arriver. Il songea tout simplement au fait qu’elle avait été aimable et gentille et qu’il l’avait manipulée sans le vouloir…

Il se sentit si troublé et si désespéré à l’idée de l’avoir blessée qu’il percuta avec un temps de retard sa question suivante. Déstabilisé, il répondit en bégayant :

- Euh… Je… Oui… Merci. Tu es dans l’intelligence aussi, alors… Logique, logique…

Instinctivement, son regard balaya la pièce, à la recherche d’issue de secours au cas où la situation dégénérerait. Il voyait d’ici là le scénario. Pivoine était belle. Un abruti au physique carré finirait sans doute par débarquer au secours de la jolie princesse et voudrait venger son honneur. Il valait peut-être mieux qu’il déguerpisse maintenant pour éviter une confrontation inutile. Il était devenu fort aux lancers de sorts, mais se mettre à dos des gens du Domaine alors qu’il venait d’arriver n’était peut-être pas la plus sage des solutions. Et puis, il ne voulait plus vivre l’enfer qu’il avait vécu à Durmstrang. La panique s’insinua doucement en lui. Il ne comprenait pas qui était Pivoine, ce qu’elle avait derrière la tête et il commençait sérieusement à se demander ce qu’il se cachait derrière ce sourire amical… Et s’il avait été trop naïf ?

Houlà, il est pas super dégourdi le grand blond. C'est charmant. Rassurant. Charmant. Tout rouge, aussi.

Euh, non. Enfin si, il est tout rouge, mais il est... euh... oh et puis merde. Focus, Pivoine. Pense à ton blond - non, pas celui devant toi qui fait une tête de charmant frit... de merlan frit pardon, un autre. Et reprends cette conversation en main parce qu'il y a quelqu'un qui se noie dans un verre d'eau, là. Drôle de merlan qui sait pas nager.

"Je pensais pas que ça serait aussi fort." j'avoue aussi sec. "Au moins maintenant on est fixés !" je souris pour essayer de dédramatiser un peu la situation... bizarre. "Tu sais que l'héritage Vélane s'exprime pas pareil selon si on est un garçon ou une fille, pas vrai ? C'est ça la différence." Pas la peine de lui dire que j'avais été prévenue que le contact physique était... disons, particulier. La curiosité est un vilain défaut, tout ça. "T'en fais pas."

Mais en fait si, il s'en fait. Et pas qu'un peu, je dirais même. Je sais reconnaître une souris acculée quand j'en vois une, et c'est dommage parce qu'il est vraiment charm- ah mais ! Autant pour lui que pour moi, je recule d'encore un pas pour nous laisser de l'espace - physique, mental et magique. D'ailleurs je m'assois sur une table, les mains dans mon giron. Sage. Mignonne. Inoffensive. Il y a encore quelques personnes dans la salle, je les ignore.

"Intelligence, oui. Je viens de passer quelques jours à l'infirmerie, j'ai dû rater ton arrivée du coup. Tu es là depuis longtemps ? Toi aussi tu as une constitution en carton et le moindre microbe te met à plat ?" je plaisante.

Autant dédramatiser, hein.

Et puis quand même, parce qu'il y avait une perche dans la conversation, je la saisis :

"Les autres demi-Vélanes... les filles je veux dire, elle réagissent pas, d'habitude ?"

Elle était Vélane. Enfin, demi-Vélane. Mais elle était comme lui. Il ne s’était pas trompé. Son instinct non plus. Et elle n’était pas énervée. Elle était vraiment jolie, d’ailleurs. Asphodèle la fixa comme s’il voulait la dévorer. Pas littéralement, bien évidemment. Ni sexuellement. Il voulait juste… la connaître. La découvrir. Il sentait cette connexion si vive qu’elle lui coupait le souffle et faisait battre son cœur un peu trop vite. Il avait envie de la toucher à nouveau, mais il se retint et se concentra plutôt sur ce que ses jolies lèvres prononçaient. Mince… ça faisait combien de temps qu’il ne l’écoutait plus ?

Il se concentra très fort ce qu’il avait entendu sans écouter et remit vaguement les choses dans l’ordre : les pouvoirs Vélane ne s’expriment pas de la même manière selon le fait que l’on soit un homme ou une femme.

Ah bon ??

Il écarquilla d’un coup les yeux devant cette révélation. Il n’en avait aucune idée ! Pour le coup, c’était une sacré révélation pour lui. Ce fut pourquoi il répondit un peu dans le désordre :

- Non, tu es la première que je rencontre. J’ai été élevé par mon père. Sorcier. Je ne crois pas qu’il en sache beaucoup plus que moi au sujet des Vélanes… Alors, tu… tu es la première.

Son regard pétilla d’envie en la fixant. Elle était comme lui. Il n’était pas seul. Il se sentait si heureux.

- Donc… En quoi nos pouvoirs sont-ils différents ? Ma constitution est plutôt faible, effectivement. J’ai un système immunitaire pas bien solide. Je croyais que… c’était juste moi. Je ne pensais pas que ça avait un quelconque rapport.

Il n’avait jamais pu lire de livre à ce sujet. Les hybrides étaient méprisés, alors ce n’était pas comme s’il pouvait trouver de la documentation à leur sujet en libre-service. Généralement, les livres qu’ils trouvaient étaient plutôt des immondices de bêtises propagandistes qui expliquaient en quoi les Vélanes et les demi-Vélanes étaient inférieurs aux Sorciers de sang pur donc c’était plutôt bof pour s’instruire.

Et seulement après, du bout des lèvres parce que ce n’était pas ce qui l’intéressait à ce moment-là, il consentit à dire :

- Je suis arrivé la veille du Bal. Et… Disons que ça a tellement secoué les autres que mes derniers jours ont été plutôt solitaires.

Il s’inquiéta tout d’un coup :

- Au fait… Tu as été blessée à cause du bal ? Ça va mieux ?

Ah ben au moins un qui s'est pas barré et qui a pris ses responsabilités... visiblement c'est la mère qui a laissé la patate. Ca m'étonne. Les mâ... enfin maman m'a dit que c'était tellement rare d'avoir des garçons, qu'elles y tenaient tellement. Peut-être qu'elle aurait aimé que je sois un garçon. Au lieu d'être juste... comme elle mais en moins bien.

Peut-être qu'elle a été tuée, sa mère. Pour ce que j'en sais.

Le pauvre.

J'en rate bien trois secondes qu'il me regarde comme s'il voulait... je sais même pas quoi exactement, mais je risque pas de me rapprocher pour vérifier. C'était trop intense tout à l'heure.

"C'est différent parce que..." Ah, comment dire. "Ton charme passif est beaucoup plus..." ...charmant ? "...intense que le mien." Je me demande ce que je peux dire encore. Ce que d'autres pourraient et ne devraient pas entendre. "Attends." Je me lève, je me rapproche d'un pas, de deux - pas plus. "C'est pas pour toutes les oreilles. Tu me fais confiance ?"

Je vérifie autour de nous s'il y aurait pas, au hasard, des bouclettes trop blondes ou un rongeur non identifié. J'ai rien vu mais pour ce que j'ai été vigilante ces deux dernières minutes...

"Obsurdesco."

Aussitôt, les sons du dehors disparaissent. Pas juste étouffés, pas juste éteints - disparus. Comme s'ils n'avaient jamais été là. Et tout ce qui se passe entre lui et moi, sa voix, ma voix, les bruits, les pieds qui raclent sur le sol, prend soudain des proportions démesurées. Contraste. Et je pointe la baguette sur ma gorge. De dehors, personne entendra ce que je dis, ce qu'il dit, et on pourrait bien f...

...euh...

...je vais reculer d'encore un pas, hein.

Un charme passif plus intense ? Oh… Oh, ça pouvait en expliquer des choses ! Il repensa à tous ces événements qu’il n’avait pu s’expliquer, toutes ces fois où ses ennemis, à Durmstrang, semblaient avoir autant envie de le plaquer contre un mur que de le fracasser. Il comprit aussi pourquoi le beau Niklas, au Bolchoï, était tombé dans ses bras sans même qu’il n’ait pu à bouger le petit doigt. C’était étrange… Oh, bien sûr, il savait que les Vélanes étaient considérées comme plus jolies. Il savait que leurs descendants, eux aussi, possédaient certaines capacités, mais de là à s’imaginer que son charme passif était aussi intense…

- Et euh… ça peut se contrôler ?

Il aspira sa lèvre inférieure et la mordilla nerveusement en ajoutant :

- Parce que euh… Je n’aime pas vraiment charmer les femmes.

Il détestait même. Voir leurs regards intenses ou rempli de désir, ça lui donnait toujours des frissons de partout. Mais pas des frissons agréables, loin de là. Il avait juste l’impression qu’il tombait dans un lac gelé et que la glace se reformait autour de lui à vive allure sans qu’il ne puisse rien y faire. C’était carrément effrayant !

Oh, bien sûr, cela n’avait pas fait cela avec Pivoine ! Il avait été trop captivé par sa consœur demi-Vélane pour vraiment s’en faire ou remarquer son regard, mais lorsqu’il s’agissait d’une moldue ou d’une sorcière… Brrr ! Il en frissonnait de dégoût rien qu’à y penser.
Ce n’était pas qu’il détestait les femmes, bien au contraire. C’était simplement qu’il ne pouvait s’imaginer être intime avec elles. Être nu. Ou faire des choses… Nope, nope, nope, il ne pouvait même pas formuler cette idée dans son esprit, il risquait d’en vomir aux pieds de Pivoine. Ce qui, admettons-le, serait fort impoli lors d’une première rencontre !

Il était perdu dans ses pensées à propos de son dégoût pour la chose avec les femmes lorsque Pivoine se rapprocha de lui et prit un air conspirationniste. Haussant un sourcil, il se contenta d’acquiescer d’un mouvement de la tête lorsqu’elle lui demanda s’il lui faisait confiance et se demanda ce qu’elle pouvait bien avoir en tête.
Brusquement, ce fut comme si le monde était au ralenti. Non, il s’était éteint. Les bruits autour de lui avaient disparu. C’était vraiment bizarre, il avait la sensation d’être sous l’eau ! Son cœur fit un boucan du diable, comment son corps pouvait-il être aussi bruyant ? Il sentit la panique monter en lui, c’était anormal ! Beaucoup trop anormal de ne rien entendre !