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    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Mar 17 Déc - 19:30
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    Si. Il dit tant de choses, ce si.

    "Vous non plus vous y croyez pas hein."

    Vous non plus. Moi non plus. Ardoise non plus. Ca commence à faire du monde qui avoue plus ou moins à demi-mot ses doutes sur un aspect ou l'autre du projet. C'est de la résignation plus que de la détresse qu'il entendra, je crois. Je suis trop fatiguée, je me sens trop usée et blasée pour être en détresse. Et pourtant, son "si", il me fend un peu le cœur.

    "Quand on aura réussi," je corrige doucement, par esprit de contradiction sans doute plus que par conviction, "il restera plus grand-monde pour le voir."

    De toute façon à quoi ça servirait de se voiler la face. Je serre mon pouf, je le repose à côté de moi. Avec une grimace, je me relève. Même assis il est immense, Odysseus.

    "Et si par extraordinaire... un espion dont on se souvient, vous savez, c'est un mauvais espion."

    Mon murmure est encore plus bas. Je me suis rapprochée. Il est près maintenant, très près, trop près, et ses mains toujours sur le piano. Ca va. Il lâchera pas le clavier pour si peu. Assez près pour que je puisse chuchoter.

    "Est-ce que vous vous souviendrez de moi ?"

    Est-ce que vous serez encore là pour vous souvenir de moi ? Oui. Il sera encore là. On n'envoie pas les baguettiers sur le terrain. Ils restent à l'abri, sur le Domaine, à faire leurs baguettes, et s'il le faut c'est d'autres qui les distribueront aux réseaux. Il entendra peut-être "est-ce que vous voudrez vous souvenir de moi ?", qui sait.

    Moi, j'entends "est-ce que j'ai la moindre importance pour quelqu'un ?", et je trouve ça triste à pleurer.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Mer 18 Déc - 11:19
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    Croire à quoi ? A la victoire de la Cause ? Si, un peu. A la fin des guerres, de l’intolérance et de la violence ? Non, pas du tout. L’homme est incapable de vivre en groupe et incapable de vivre seul. Il ne sait que dominer, écraser et détruire. Même le langage, qui aurait pu être source de tant de merveilles, est devenue arme pour blesser autrui. Je la regarde. Elle a tellement envie que je la détrompe, que je lui parle de ma foi en la Cause, de nos chances de succès (phénoménales surtout grâce à elle) et d’autres bêtises que pourraient sortir – sincèrement en plus, je crois – Morrigan et Boudica. Pour ma part, j’ai appris à ne jamais me fier au futur, à ne jamais rien prendre pour acquit. La vie reprend plus souvent qu’elle donne. C’est la leçon que moi j’ai retenue de mon existence antérieure. Je la laisse corriger. La jeunesse a besoin d’illusions. Elle se lève, se rapproche. Je ne sais pas ce qu’elle veut faire. Je la regarde, morne, sans peur, Mes mains descendent du clavier sur mes genoux. Elle murmure et je ne sais pas quoi répondre.

    La vérité est souvent ce qui fait le moins mal.

    Mais c’est aussi ce qui blesse le plus.

    Je prends le temps de la réflexion, inconscient d’une légère douceur dans mon regard. Triste, la douceur. Je me souviens de tant de femmes qui ne sont plus. D’esprits extraordinaires, de volontés fortes, de savoirs perdus. De mélodies qui ne seront jamais chantées. Je n’ai pas envie de survivre à de nouvelles pertes. Et pourtant oui, si je ne perds pas la tête, si on ne m’efface pas la mémoire, si je ne meurs pas, oui, je me souviendrais d’elle et de son rêve. Fleur blanche dans un monde noir.

    « Oui. » D’autres mots se pressent au fond de ma gorge. Je les retiens. Plus je parlerais, plus je risquerais de blesser la jeune femme. Elle n’a pas besoin de connaître mes incertitudes. Je décide de changer de sujet. Sans subtilité. Je l’avais prévenue.

    « Connais-tu Mata Hari ? »
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Mer 18 Déc - 19:13
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    J'aurais pas dû demander. Quand je vois ses yeux qui changent, je sais que j'aurais pas dû demander. Je lui ai fait mal peut-être. Je vais avoir mal sûrement. Je veux pas avoir mal. Je vais m'en aller et puis sûrement aller me laisser mourir dans un coin, on verra bien si on me retrouve avant demain. Et pourtant je bouge pas. Je veux ma réponse. Même si c'est non. Même si c'est oui. Même si c'est un rappel sur la supposée absence totale d'ambiguïté entre nous, parce que bien sûr je suis pas débile, je sais comment ça peut être interprété ce genre de question. Je sais pas ce que je veux entendre. Le meilleur moyen de pas avoir de réponses qui fâchent, c'est vraiment de pas poser de questions.

    Oui.

    Il a dit oui.

    Ca me serre le cœur mais en même temps je crois que je souris. Doucement. Pas beaucoup. J'ai peur de casser quelque chose, de pas avoir compris, d'avoir mal encore ou peut-être de lui refaire mal. Et il a l'air de vouloir dire autre chose. J'attends, je guette.

    Et puis en fait il change complètement de sujet, il revient aux bons espions et aux mauvais espions. Bien obligée de suivre.

    "Mata Hari." je répète lentement. "Ca me dit quelque chose je crois. C'est une espionne qui a mal fini il me semble ? Une histoire de trahison ?"

    Mata Hari, ça me dit quelque chose oui. C'est une espionne qu'on a exploitée jusqu'à la corde et que son propre camp a liquidée quand elle est devenue gênante. Il me semble. J'ai pas retenu tous les détails. Mais du coup je prends la question comme un avertissement beaucoup plus que comme un encouragement. On se souvient des mauvais espions. On se souvient des traîtres.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Jeu 19 Déc - 11:31
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    Elle ne se recule pas. Sa présence est piquante contre la mienne, comme une démangeaison de l’air qui nous sépare. Peut-être attend-elle autre chose de moi. Lorsque j’étais musicien, il n’était pas rare que je retrouve des jeunes femmes dans ma loge. Nous échangions de petits riens, je donnais un autographe, parfois, le lit pliable dans un coin servait. Je ne me posais pas de question, c’étaient ainsi qu’allaient les choses. Pivoine m’a dit lors de notre premier entretien qu’elle ne voulait aucune ambiguïté aussi je ne pense pas que ce soit ce qu’elle désire.

    Si elle avait été ma sœur, je l’aurais prise contre mes genoux et nos présences se seraient mélangées au lieu de gratter. Elle n’est ni ma sœur, ni ma femme, ni ma fille. Je ne la touche pas. Je me demande ce qu’elle me veut derrière ses questions et cette proximité qu’elle m’impose. Je n’arrive pas à savoir. Tant pis. Elle me le dira, ou non, c’est à sa convenance. En attendant, nous avons de l’histoire à faire.

    Mata Hari était en effet une espionne, moldue, pendant la première guerre mondiale. Depuis son exécution, certains de ses organes ont été volés sur sa table d’autopsie et utilisés pour des artefacts de dissimulation ou de charmes, dans l’esprit un peu étrange des recherches d’entre-deux guerres. C’est pour cela que je la connais un peu.

    « C’est plus complexe que cela. Personne n’a jamais su pour qui travaillait réellement Mata Hari. Elle était néarlandaise, ayant fait une carrière de danseuse et courtisane en France malgré une enfance à Java. Elle avait de nombreux amants, de tous pays d’Europe confondus au détour de ses nombreuses tournées. Elle est alors tombée amoureuse d’un officier russe beaucoup plus jeune qu’elle et, pour lui, s’est rapproché des services secrets français. A la même époque, une offre similaire lui aurait été faite par un de ses amants allemands. Elle a pu, ainsi, circuler librement entre les différents pays en guerre, séduire différentes cibles et passer des renseignements. Sa mort a été décidée par l’Etat-major français, sans aucune preuve concrète. Depuis, l’Allemagne confirme et infirme régulièrement que Mata Hari ait travaillé pour eux. Dans les faits, nous ne savons toujours rien. » Je ne parle pas de cette histoire d’organes et d’artefact, cela ne sert pas mon propos. « Mata Hari a utilisé ses charmes mais surtout la pensée de l’époque qui était que les femmes ne pouvaient pas avoir l’esprit politique pour rester sous les feux des projecteurs tout en conservant sa part d’ombre. Je pense…que tu peux trouver ta propre forme de travail, avec ta personnalité et tes aspirations. »

    Mon ton est redevenu neutre, loin de la rêverie de mon souvenir mais mes mots sortent un peu plus facilement. J'espère que je ne me trompe pas en parlant. Voilà pourquoi je n'aime pas m'exprimer. Une phrase maladroite peut faire bien plus de dégâts que toutes les mauvaises volontés du monde.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Jeu 19 Déc - 23:25
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    Je comprends pas tout. Mes connaissances en histoire européenne moldue, honnêtement, c'est pas trop ça, du coup je situe pas trop, je saisis pas bien ce qu'il essaie de me dire. Que je travaille pour deux camps ? Qu'on sait pas vraiment pour quel camp je travaille ? Que mon cul soit un instrument de travail ça je pense que c'est un secret pour personne, personne qui utilise un peu son cerveau en tout cas. Ca empêche pas que j'aime pas trop qu'on en parle, surtout après ce moment un peu gênant et pas mal ridicule, ou peut-être l'inverse. Pourquoi j'ai demandé ça bon sang.

    Pour un homme pas subtil il fait quand même des avertissements assez bien enrobés je trouve, Odysseus. Ou alors il fait vraiment pas exprès. Je sais pas. Je verrai. Demain. Quand j'aurai assez dormi pour avoir les idées claires, savoir ce qui est à prendre au sérieux et ce qui est paranoïa.

    En attendant, retour au sujet... et à la conclusion dont je comprends pas bien d'où elle sort.

    "On a tous nos points forts et nos points faibles. J'essaie de mettre mes facilités à profit quand j'en ai besoin, de travailler mes lacunes, d'amasser toutes les armes que je peux."

    Je parle pas de mes projets. J'en ai quelques-uns, en réflexion. Elémagie, occlumancie... legilimancie. Aucun qui soit encore à portée de main. L'occlumancie serait précieuse pour une Intelligence évidemment. L'élémagie serait, je le pense peut-être naïvement, le plus simple pour moi, fille d'un être d'air et de feu. La legilimancie... me fascine et m'effraie.

    "Mais..."

    Mais. Parce qu'il y a un mais, évidemment. Il y a toujours un mais.

    "Mata Hari avait le droit d'exister, elle." je murmure. "C'était plus facile pour cacher son intelligence. Mais moi, c'est un peu plus compliqué, vous savez."

    Peut-être qu'en Europe, avec une teinture blonde, on pourrait juste me prendre pour une jolie fille. Mais j'ai de gros doutes. Ici y a pas mal de gens qui m'ont repérée rapidement. A Lubumbashi comme à Kinshasa en tout cas, le seul fait d'être blanche ça coinçait, alors le reste, surtout sans Polynectar...
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Lun 23 Déc - 16:58
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    « Le droit d’exister ? Pour une femme née en 1870 en Europe ? Elle avait le droit d’être jolie et de faire des enfants au mari qu’on lui avait fourni, un point c’est tout. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a commencé sa vie. » Je regarde la jeune femme devant moi qui me dit calmement qu’elle n’a pas le droit de vivre, comme si qui que ce soit pouvait décider quelque chose d’aussi naturel. Evidemment, je sais bien ce qu’elle veut dire. Le racisme anti-hybride est bien aussi grand que celui anti-moldu mais à ce point, c’est curieux.

    « Si votre physique vous semble être un obstacle à votre but, il y a toujours des moyens pour le modifier. Je ne connais pas bien l’effet des sorts de métamorphose sur une morphologie comme la votre, évidemment. Par contre, je connais assez bien le monde de la nuit pour savoir que même les moldus ont des artifices très efficaces. Des teintures qui tiendront bien sur vos cheveux clairs, des crèmes pour teindre la peau, des lentilles pour modifier la couleur des yeux. Ces méthodes seront d’autant plus efficace qu’un sorcier imbu de sa puissance ne pourra jamais penser qu’on les utilise. » Je soupire. Pour que j’en sois réduit à donner des conseils d’optimisme, il faut que l’enrôlée devant moi soit vraiment au bout du rouleau. Et pourtant je crois ce que je dis. J’ai vu des drag-queens avoir des transformations spectaculaires sans rien faire de permanent, en un temps pas si élevé. Le monde du spectacle est un monde d’illusion.

    « Si je crois ce que je sais de l’histoire du monde, et ce que l’on m’a appris, le droit d’exister ne viendra pas tout seul, pas sans qu’il soit revendiqué, visible, bruyant ; Il est tellement facile aux gens de pouvoir de se crever les yeux. Dans mon pays il a fallu attendre la première guerre mondiale pour que certaine femmes puissent enseigner, la seconde pour toute autre profession. 1974 pour qu’elle puissent être salariées, Dans les années 80, une jeune femme ne pouvait pas sortir sans la présence d’au moins son frère. » Bref. Je m’emporte un peu. Souvenir des indignations de mon épouse. Evidemment. Il y a des sujets qui sortent tous seuls. Des mots que je répète presque sans m’en rendre compte. Je soupire. Elle me manque. J’aimais tellement son enthousiasme, sa force, son indignation permanente sur tous les sujets, toutes les injustices. Aurait-elle su pour Pivoine, elle serait montée au créneau. Dois-je en faire autant ? Je ne sais pas. Je ne pense pas. Cela ne m’empêche pas de faire de mon mieux ? Je suppose. Cela me fatigue rien que d’y penser.

    « Je m’égare. Je pense que vous n’avez pas une bonne appréciation de vos points forts Je pourrais me tromper, évidemment. Je ne demande que ça. »
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Lun 23 Déc - 18:53
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    Je le laisse parler. Et si je le laisse parler, c’est parce que le sujet a soudain l’air de le passionner. Enfin, pas autant que la musique, on va pas exagérer non plus, mais j’ai l’impression d’avoir touché un point sensible sans faire exprès. Alors j’écoute, je l’écoute me dire ce que je sais déjà, que les moyens moldus marchent très bien, surtout contre des gens qui envisagent même pas qu’on puisse en utiliser. Je le sais. Faut encore y avoir accès, d’une, et de deux être dans un endroit où on est pas le seul cachet d’aspirine en balade – y a des limites à ce qu’un teint blafard peut supporter, au bout d’un moment la morphologie entre en ligne de compte et le contouring ça fait pas tout, surtout de près. Non le plus intéressant dans l’histoire c’est encore qu’il connaisse tout ça. Il a pas trop la tête du clown Odysseus, ou alors un clown vraiment très très triste qui aurait oublié comment sourire avant de monter sur scène. D’entrer dans l’arène. Une autre petite information inutile donc indispensable, en somme.

    Autant dire que l’explication sur la situation des femmes en Grèce au vingtième siècle, elle me passe un peu au-dessus. Est-ce que je lui parle de la condition féminine au Congo ? Non, pas la peine. Vraiment. Le ngai-ngai ça suffit, c’était joli et mignon, pas la peine de finir la soirée à essayer de se pendre avec les cordes du piano.

    Est-ce que je devrais répondre à son indignation alors ? Est-ce que je devrais lui dire qu’il a raison, bien sûr, que c’est moi qui me trompe ? Je pourrais. Mais je pense qu’il est sincère. J’espère que c’est pas un ennemi. Et je crois que j’ai un peu trop besoin de parler à quelqu’un… suffisamment pour prendre le risque de faire des conneries.

    "Pourquoi vous croyez que je suis ici ?" je murmure. Je suis toujours assez près pour pas avoir besoin d’élever la voix. "C’est pas seule que je vais pouvoir le gagner, mon droit à vivre." Pas que j’aie l’espoir d’en profiter bien longtemps… mais ici je l’ai. Ici, je l’avais, avant que l’autre débile… "Je connais mes points forts. Je les connais assez pour savoir que ça peut aussi être des points faibles." Je devrais pas. Je devrais pas. "Vous avez bien vu ce qui s’est passé au lac." Vous avez bien vu comme soudain vous êtes plus bavard depuis que je suis si près. "Et ça, aucun maquillage, aucune métamorphose le cachera jamais. Si les sorciers par chez moi avaient eu la moindre raison de s’attendre à rencontrer des demi-Vélanes, et pas juste des potions de charme, on serait pas en train d’avoir cette conversation."

    J’ai pas bronché. Pourtant c’était pas les occasions qui manquaient de souligner chaque phrase d’un geste, d’un sourire, d’un frôlement.

    Je devrais pas.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Jeu 26 Déc - 16:07
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    J’ai raison, elle ne sait pas. Ce qu’elle voit, lorsqu’elle se regarde dans le miroir, c’est la demi-vélane. Ce n’est pas Pivoine, la personne, complexe et profonde qui va au-delà des hasards de sa naissance. C’est dommage. Les jeunes se connaissent rarement, c’est certain, cependant j’ai rarement vu quelqu’un refuser de regarder autre chose qu’une demi-origine. Sa proximité m’empêche de penser à autre chose qu’elle et il y a un autre détail qui me frappe dans ses paroles. Cette répétition du droit de vivre. Comme si elle ne l’avait pas. Comme si les autres l’avaient. J’ai essayé de lui expliquer qu’elle faisait fausse route mais elle ne semble pas comprendre. C’est probablement que j’explique mal. Que mes mots ne sont pas sur la bonne clef. Que mes harmonies jurent.

    « Ce qu’il s’est passé au lac s’est passé. Tu n’es pas la première à être dépassée par un pouvoir ici. Ce n’est pas grave. » Pluie qui agresse Granit avec son pouvoir élémentaire, d’autres subissant des transformations involontaires en cours de torture, des nirimages faisant des tours intempestifs dans les rêves des voisins. Dans ces moments où l’on vit en vase clos et où les émotions sont si fortes, il est normal d’avoir des débordements. Les réprimer serait contre-productif. L’important c’est d’enseigner aux jeunes comment faire pour qu’ils ne se reproduisent pas de façon inconsidérés mais, au contraire, de les affiner à bon escient. « Certes, cet outil est bien utile. Seulement ce n’est rien d’autre. Ce n’est pas l’essence de ce que tu es et ce n’est certainement pas un point fort. Ce n’est, par exemple, pas la raison pour laquelle nous sommes ici, ce soir, à discuter. »

    Si j’ai apprécié le sentiment de plénitude un peu rêveuse qu’elle m’a fait naître ce soir-là, je n’ai pas accepté de la revoir pour le sentir à nouveau, au contraire. Ce sont d’autres qualités qui m’ont fait penser que je pouvais supporter sa présence au moins le temps de faire un peu de musique. Les mêmes qui me faisaient accepter qu’elle soit ainsi dans mon espace vital alors que rien de bon ne pouvait en sortir.

    « Mais avant que je ne t’ennuie avec mes opinions sur le sujet, j’aurais besoin que tu m’éclaires sur un point. Cela fait plusieurs fois que tu dis ne pas avoir le droit de vivre. J’ai tenté d’en discuter mais j’ai bien peur de ne pas comprendre exactement ce que tu veux dire par là. Pourrais-tu m’expliquer, s’il te plait ? »

    Cette idée me dépasse. Le droit ou non d’exister. En quoi l’homme peut-il penser avoir un mot à dire sur ce qui est ou ce qui n’est pas. Certes, il peut réduire la liberté en esclavage, tuer ceux qui ne lui reviennent pas mais ce n’est pas un droit, ce n’est pas même un devoir. Ce n’est que de la destruction.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Ven 27 Déc - 14:30
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    J'ai pas été dépassée par mon pouvoir. Je maîtrise très bien mon pouvoir. Je m'attendais juste pas à ce que quelqu'un vienne, j'étais contente que quelqu'un vienne en jouant de la musique, j'étais... pas tout à fait les pieds sur terre. Ouais. Je suppose que vu sous un certain angle on peut considérer que j'ai pas totalement fait attention comme j'aurais dû. Peut-être. Je bronche pas, je dis rien, je laisse couler. L'important c'est que lui se focalise pas là-dessus après tout, pas vrai ? C'est ce qu'il dit. Que ça arrive. Qu'il est pas là parce que je l'ai charmé. Bien sûr, il est là pour la musique, parce qu'il a tendu une perche que j'ai attrapée au vol. Et pourtant on chante pas, on joue pas. On parle. On parle de choses dont on devrait peut-être pas parler. Je devrais avoir peur je crois, de ce qu'il dit, de ce qu'il peut sous-entendre. Il y a quelque part une impression de danger latent dans ce qu'il dit, et pourtant c'est difficile de voir du danger dans une parole si plate, si atone comme il est l'un des rares à en avoir le secret. Des fois je me demande s'il a un genre de magie passive, comme moi, mais qui calmerait les gens au lieu de les faire baver.

    Je me demande surtout s'il sait ce que c'est, d'être de ceux qu'on aurait voulu tuer avant leur naissance.

    Je devrais pas.

    Je me suis demandé s'il était pas Sang-pur lui un moment, avec son air morne et ses manières parfois très maniérées. Et puis... je pense pas. J'aimerais pas. Jamais entendu parler d'un consanguin qui connaîtrait quoi que ce soit à la musique moldue, ou à l'histoire moldue tant qu'à y être.

    Alors pourquoi il comprend pas ? Comment je peux lui expliquer plus clairement que "les hybrides on les tue" ?

    "Est-ce qu'en Grèce on est si libéral avec les nés de Moldus et les hybrides ?" je murmure. "Je veux un monde où j'aurais le droit de marcher dans la rue sans avoir peur qu'on m'abatte à vue parce que je suis la fille de ma mère. Parce que je suis pas ce qu'ils veulent. Je sais que ça se construira pas en un jour. Je pense pas que je le verrai, honnêtement." Et ça me serre la gorge. "Mais je peux pas changer qui je suis. Je veux pas changer qui je suis. Alors c'est le monde qui va changer, vous comprenez ?"
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Lun 6 Jan - 15:19
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    Souvenirs. Le rire de ma sœur, ses cheveux roux sous le soleil de mon pays. On dirait blond vénitien maintenant mais ils étaient tellement plus beaux. Souvenirs. Colères de ma femme, née de moldue, contre les discriminations dont elle a fait l’objet. Son émerveillement devant sa première baguette depuis plus de vingt ans. Sa joie enfantine en l’essayant. Souvenirs. Ma fille. Le plus bel être de la terre. Souvenirs. Une jeune trompettiste qui avait bousculé la personne qui ne fallait pas. Souvenirs. Je baisse les yeux alors que la douleur me submerge d’un coup. Je ne sais pas si l’on est « libéral », en Grèce. Les nés de moldus ne sont pas plus réduits en esclavage que les moldus en général, ils sont tenus à l’écart, dans l’ignorance, sans éducation. Je ne sais pas comment sont traités les hybrides, malgré une culture très portée sur les créatures mythologiques. Je sais cependant que n’importe qui peut être abattu à vue. Pour ne pas être né comme il faut. Ou simplement pour avoir été au mauvais endroit. Un manque de chance et c’est une vie soufflée, fauchée dans sa plus grande vigueur. Je ferme les yeux pour ne pas voir mais je n’arrive jamais à fuir ces images. Ma sœur blanche, sans vie, un rictus de douleur déformant ses traits comme un sourire grotesque que l’on aurait dessiné au rouge à lèvre sur de la porcelaine. Ma fille noircie, bout de charbon de quelques centimètres, son médaillon seul reconnaissable toujours dans sa menotte serrée. Ma femme torturée, battue, probablement violée, nue sur le perron de notre maison. Souvenirs. Il y a des choses qui sont plus terrible encore que de mourir. Je donnerais le ciel pour arrêter de me souvenir. J’inspire. Mes yeux sont encore plus vides. Ma voix encore plus neutre. Je ne veux pas la blesser en y mettant ce que je ressens là tout de suite. Elle n’y est pour rien et je veux être au-dessus de ces gens qui frappent ceux qui sont juste là.

    « J’ai connu une jeune fille. Pas quinze ans. Tuée dans la rue par un sort non maîtrisé. Elle n’était pas hybride. Elle n’était pas née de moldue. Elle ne fréquentait ni les hautes sphères ni les personnes défendues. Elle était heureuse et aimait danser en marchant. » Souvenirs. « J’ai connu une jeune fille. Pas cinq ans. Tuée devant chez elle. Sa mère fréquentait des milieux mal aimés. Ils ont voulu « tuer le mal à la racine ». Elle, elle était trop jeune pour savoir ce qu’était la politique. Trop jeune même pour parler. Ils se sont acharnés. Parce que. »

    Je me force à ne pas baisser les yeux. A ne pas hausser les épaules. A ne rien faire. Ne rien montrer. Si seulement je pouvais arrêter de penser. Le nœud dans ma gorge devient de plus en plus serré. Je me force à continuer. Si ces morts peuvent aider Pivoine, alors il le faut.

    « Il n’est pas question de changer ce que vous êtes, ni qui vous êtes. Au contraire. Apprenez à l’être le plus entièrement possible. Apprenez à vous connaître. Quant à ceux de dehors, croyez-moi, ils trouveront toujours des excuses pour tuer. Cela ne veut pas dire qu’ils vous interdisent d’exister. Vous êtes. C’est bien ce qui les dérange. Le mieux qu’ils puissent faire c’est de l’arrêter mais cela ne vous empêchera pas d’avoir été. Si vous voulez changer le monde, si vous voulez les combattre, alors soyez. Soyez entièrement. Pas seulement une hybride comme vous dites mais une sorcière pleine et entière. »
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Mar 7 Jan - 0:08
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    Je comprends pas tout de suite. Je sens bien que je dis pas ce qu’il veut entendre. Mais il a posé une question, je réponds, peut-être avec des mots que j’aurais dû garder plus mesurés, des questions que j’aurais pas dû poser. Il faut qu’il inspire et rouvre les yeux pour que je comprenne que c’est bien au-delà de ça.

    Je l’ai blessé.

    Et lui, il se laisse blesser. Est-ce qu’il cache le peu de vie qui restait dans ses yeux et qui a disparu, ou est-ce que c’est moi qui l’ai volé ? Je voulais pas. Je voulais pas lui faire mal.

    Je voulais pas lui rappeler ses filles. Parce que c’est forcément ses filles n’est-ce pas, si jeunes, pour qu’il soit si éteint, soufflé, mort. Je voulais pas qu’en prime il me fasse la morale. Comment on peut refuser la morale de quelqu’un qui vient de raconter quelque chose de si personnel, de si terrible ?

    "…"

    Qu’est-ce que je peux répondre à ça, moi ? Qu’est-ce que je suis censée répondre ? Je peux pas me rattraper, je peux d’autant moins que j’ai pas eu le temps d’intégrer ce qu’il a dit, le digérer, le faire mien et peut-être, en fin de compte, en tirer quelque chose. J’essaie seulement de trouver quelque chose d’encore vivant dans cette statue qui parle, qui se cache derrière son marbre en croyant peut-être qu’on ne voit rien. Quelque chose où j’aurais prise, à quoi je pourrais parler…

    "…je suis désolée."

    C’est à peine un souffle. C’est vrai, surtout. Je suis désolée pour elles, pour lui, de lui avoir fait mal. J’ai l’impression de pas être désolée de ce qu’il faudrait. Et je sais pas quoi dire, je sais pas quoi faire pour pas aggraver les choses encore. Je devrais peut-être partir. Je devrais partir mais je peux pas. Pas après ça. Pas après lui avoir fait mal comme ça. Qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que… je pourrais. Oh, je pourrais. Il avait l’air sur son nuage au bord du lac, il avait l’air… mais je peux pas. Je peux pas le frapper et le charmer ensuite. C’est pas un ennemi. Je peux pas souffler le chaud et le froid. Je veux pas.

    Et en plus je le regarde de haut et d’un coup ça me frappe, alors je descends. D’habitude quand je descends c’est sûrement pas parce que l’homme devant moi est triste mais j’ai pas d’autre moyen d’inverser le rapport. Et puis je le vois pas comme ça. Et en plus je sais toujours pas quoi dire.

    C’est très gênant ce silence.

    Ca serait un bon moment pour…

    Mais non.

    Tout ce que j’arrive à faire c’est chercher ses yeux, chercher la vie que j’ai l’impression d’y voir quand il joue. Souffler à voix très basse :

    "Je me souviendrai."

    Je me souviendrai d’elles et de ses mots, comme il a dit qu’il se souviendrait de moi. C’est ce que je peux offrir de plus sincère. Je veux pas, je peux pas lui promettre d’obéir. Pas tant que je sais pas si je pourrai. S’il veut me la laisser je glisse tout doucement la main sur la sienne, sa grande main calleuse d’artisan. On a pas nos cals aux mêmes endroits.

    On nous a pas arraché le cœur de la même façon.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Jeu 9 Jan - 11:51
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    Ils le sont tous. Désolés. Désolés pour moi, désolés de ne pas savoir quoi faire avec ce fardeau que je continuerais de porter dans chaque battement de cœur, à chaque respiration. Désolés parfois pour les images que leur ramènent l’idée de ces deux petites soufflées par l’intolérance d’une époque. Ils sont désolés parce qu’ils ne savent pas quoi faire. Parce qu’ils veulent fuir souvent. Parce qu’ils pensent impossible de juste ne rien dire. Prendre une main et la serrer. Enlacer en silence. Mais même ces gestes ne sont rien face au désarrois. J’aurais envie de dire qu’il m’est bien égal qu’elle soit désolée. Que ce n’est pas de sa faute. Seulement je sais qu’elle ne se sent pas coupable. Qu’elle est désolée pour moi, d’être encore vivant alors qu’en toute équité j’aurais dû mourir. Je ne dis rien. Parler lorsque je suis comme ça n’apporte jamais rien de bon. Je ne fais que blesser, détruire sans raison, comme pour me venger d’être détruit. C’est idiot. Je sais qu’ils n’y sont pour rien. Qu’ils n’ont pas voulu. Qu’ils sont bien ennuyés d’être à l’origine d’un tel ouragan d’émotion qu’ils ne savent pas comment aborder pour ne pas être emportés dans sa suite. Il faudrait que je m’éloigne. Que je me trouve un trou dans lequel me blottir en attendant que passe la tempête, le torrent. Seulement, je le sais, mes jambes ne porteraient pas, là, tout de suite. Fichue hypersensibilité. J’aurais donné ma vie pour apprendre à être égoïste. J’aurais donné ma vie pour rien, si l’on avait accepté de la prendre.

    Le destin en a décidé autrement. Je dois vivre. C’est ma pénitence. Vivre et aider d’autres filles, d’autres sœurs, d’autres femmes, d’autres mères à survivre et combattre si elles le désirent. D’autres pères, d’autres frères, d’autres maris, d’autres fils à survivre et combattre ceux qui tuent leurs proches. Moi qui suis incapable de faire verser autre chose que des larmes.

    Elle s’est descendue. Elle est encore plus petite comme ça. Plus frêle. J’espère qu’elle va survivre. Je ne veux pas m’attacher. Ni à elle, ni à personne. Pourtant, je l’ai dit à Lancelot. Je le maintiens. C’est inéluctable. L’homme ne peut pas vivre sans lien. Oui, ils font souffrir. Qu’est-ce donc que l’existence sinon une souffrance continue allégée parfois d’un ou deux moments d’oublis ? Je vois ses yeux chercher les miens. Pourquoi ? Je l’ignore mais ça ne me coûte rien de la laisser faire. Alors je la vois et il y a comme une promesse au fond de son âme. Se souvenir ? Pourquoi faire sinon souffrir ? Je donnerais n’importe quoi pour oublier. Et elle veut se rappeler. Je ne comprends pas et cela se voit, je pense. Elle met sa main dans la mienne. Après ses mots, je ne sais pas trop ce que cela veut dire. Je la laisse faire. Elle est petite et lisse sur le dessus. Un peu chaude. Pas trop. Je prend cette offrande et essaie de la relever, doucement. Ce n’est pas de sa faute et, pourtant, je ne peux pas lui dire que ce n’est pas grave. Parfois, quand on pense trop à ses propres malheurs, ses propres valeurs, on oublie que les autres ont vécu les même. Ou pire. Ou d’autres choses. Je ne veux pas faire la morale. Je ne veux pas parler. Il va falloir pourtant. Je me lève à mon tour, lâchant sa menotte comme on laisse filer l’eau entre ses doigts. Sans forcer.

    « Je vais me coucher. » Une pause. Je la regarde. Oui, c’est de sa faute. Oui, je suis triste. Non, je ne veux pas qu’elle ait honte de me revoir ou je ne sais quelle bêtise d’enfant. « Je vous attends vendredi prochain. » Voilà. J’espère que c’est clair que je n’annule pas les leçons pour autant. « Reposez-vous. » Tout est parti de là, finalement. Je fais quelques pas vers la porte, puis me retourne. « Je serais déçu si vous n’êtes pas là. »

    Fin de l’histoire. Pour ce chapitre, tout du moins.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
    Dim 26 Jan - 19:38
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    Il comprend pas. Je sais pas ce qu'il comprend pas, mes mots, ma voix, mes intentions, mais il comprend pas. Et je pense pas qu'expliquer soit une bonne idée. Ca va encore lui faire mal. De toute façon je suis pas sûre que ma voix tienne le coup. Alors je me laisse relever, je baisse les yeux, je les relève. A contrecœur, mais je dois les relever. C'est dur. Ca fait mal de le voir toujours mort dedans à cause de moi. J'étais mieux les yeux baissés. Et pourtant je lui dois au moins d'assumer. Je crois. Ca changera rien je sais, mais... ça me semble la chose à faire. Parce que je peux pas me transformer en moucheron et disparaître, alors... alors quand il me lâche la main je la ramène et on est là, à se regarder encore.

    Il s'en va, il dit. Se coucher. Ca me semble presque déplacé comme mot, se coucher. C'est idiot. On dit pas ça d'un prof à un élève. Je crois. Je sais pas. Je suis paumée. Je voulais pas lui faire mal. Pourquoi ce mot particulier, pourquoi pas "c'est fini pour ce soir" ou "allez vous faire foutre" ou juste rien et partir ? On va se coucher quand on est épuisé, quand on est faible. Ca sonne comme un aveu, comme un reproche. A lui d'enfoncer le pieu maintenant. La suite est saccadée, mais... il veut bien de moi encore. Il veut bien de moi.

    "J'y serai."

    Tout plutôt que de le décevoir encore.

    Mais bien sûr, je le laisse partir seul. J'ai la tête pleine de coton, je vais ranger la salle, le café froid, la couverture, le pouf. Je peux pas laisser la salle dérangée. Et quand je regarde le pouf je me rends compte qu'il est trop souple, trop moelleux et beaucoup trop muet pour m'empêcher d'éclater en sanglots dedans.
    Re: [Salle de Musique] Bis repetitas
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