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    Chasse et Cueillette
    Mer 17 Juil - 16:18
    Odysseus
    Odysseus
    217
    Chasse et Cueillette X5ed
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    21 juillet. Rien de spécial. C’est dimanche, Il fait beau, chaud. Les enrôlés profitent de ce répit dans leur semaine somme toute bien chargée. Certains jouent au ballon, d’autre au Quidditch, certains lisent, étudient, discutent, partagent des moments ou des souvenirs. Quelques uns, plus rares, s’ennuient. On parle autour de la fontaine qui est le centre névralgique de l’endroit. Tant que la belle saison durera, je ne pense pas que le Bâtiment Principal soit très prisé des jeunes. L’Ombre de Monsieur le Directeur y est trop présente. J’ai dormi ce matin. Dans mes propres rêves, loin des portes qui peuplent toujours mes nuits. Les enrôlés continuent d’arriver cependant, même si moins nombreux qu’à l’accoutumée. C'est bien et c’est triste en même temps. J’ai profité de ma solitude pour prendre une longue douche, me raser et enfiler une robe brune qui, d’après Lancelot, me donne l’air d’un moine en bure. Il doit m’imaginer Frère Tuck. Si cela le fait sourire, je n’ai rien contre. Je passerais la soirée avec lui. Cela fait quelques temps déjà que nous n’avons pas partagé notre boisson vespérale. Puis, sans prendre de petit déjeuner, je me suis glissé dans mon atelier pour un inventaire. Les ressources mises à ma disposition ne sont pas inépuisables et, puisque le Domaine m’en donne l’opportunité, il y a quelques ingrédients que je pourrais collecter moi-même. J’envoie un mot à ma collègue, Zhurong pour lui proposer d’attraper des herbes (ou des parties animales tant qu’elles ne tuent ni ne mutile la bête en question) dont elle aurait besoin pour sa mixture. C’est la première fois que je me permets une telle chose. J’espère qu’elle ne le prendra pas mal. Mon mot est comme moi, court et conçis, écrit à l’encre marron foncée sur un parchemin jauni.

    « Vais en cueillette. Besoin de quelque chose ?  Odysseus.

    Une réponse arrive rapidement. Quelques herbes à potion et du thym. Ce dernier est curieux mais je ne le questionne pas. J’ai appris depuis longtemps qu’un vrai service était encore plus apprécié quand il s’accompagnait de discrétion. Sans attendre davantage, je reste pour le déjeuner – je ne veux pas inquiéter mes collègues et il y a du poisson blanc ce midi. J’aime le poisson.- et laisse passer les heures les plus chaudes en jouant un peu de flûte.

    Il est quinze heures lorsque j’attrape ma besace à herbes, munies de fioles, flacons et poches en tout genre, différents outils de collecte comme un sécateur, des friandises pour les gardiens et les animaux de la forêt, mes deux baguettes et que je me dirige vers la forêt. Au passage, je croise une jeune femme occamy au teint clair. Je me souviens d’elle. C’est l’une des quelques filles arrivées après les autres. Un rêve différé. Je me souviens plus facilement d'elles. Elle a pris un pseudonyme intéressant. Cendre. Ce qui reste lorsque le reste s'est consumé. Je l’appelle.

    « Cendre. » Ma voix grave porte sans difficulté grâce à quelques techniques de chanteur que j’avais attrapée lors de mes tournées. J’attends qu’elle me repère. « Accompagnez-moi jusqu’à la forêt. »

    C’est dimanche. Elle n’a aucune obligation de m’obéir. Je ne suis pas au-dessus d’elle, je ne suis pas un instructeur aujourd’hui. Juste Odysseus. Mais les enrôlés ne le savent pas forcément. L’habitude les pousse en général à obéir et, pour une fois, je suis curieux de voir si cette jeune femme est aussi prometteuse que son parcours semble le dire.
    Re: Chasse et Cueillette
    Mar 8 Oct - 20:16
    Cendre
    Cendre
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    Cendre n'a jamais été ce genre de fille a avoir beaucoup d'amis. L'une de ces étudiantes si bien entourée que, dans le cour, on ne peut même plus la voir, si demandée qu'au bal, elle ne savait à qui accorder une danse. Elle a toujours été celle assise, dans son coin, à attendre que quelque chose se passe, à observer plutôt qu'à participer. Une position qu'elle a appris à apprécier au fil des années, dans laquelle elle a même fini par trouver un confort certain.
    Arrivée au domaine à peine un mois plus tôt, Cendre semble faire partie des derniers venus. Son visage n'est familier pour personne, après tout elle a toujours su passer inaperçu, et c'est à peine si elle a parlé à ses compagnons d'infortune. Si, bien sur, après tout des efforts de sociabilisation sont attendus qu'importe la communauté, ça relève du savoir vivre. Pour autant, elle n'a pas discuté suffisamment avec qui que ce soit pour pouvoir considérer quelqu'un comme un ami. À peine comme une connaissance.
    Et ce n'est pas pour lui déplaire.

    21 juillet. Il fait très chaud. Assise à l'abri d'un arbre, son dos contre le tronc, elle s'est libérée du poids d'un maximum d'étoffes. Sa veste demeurée dans sa chambre, elle a troqué son pantalon, noir bien sur donc encore plus chaud, contre un short toujours aussi neutre. Contre ses cuisses, il y a un livre, ouvert à la page 394. Ça sent le vieux papier, et l'herbe fraîchement coupée. Sous ses yeux, il y a les mots qui s'enchaînent, elle les avale et dans sa tête, elle imagine tout ce qui est contenu dans ces lignes serrées.
    Elle s'est coupée de la réalité voilà déjà plusieurs heures. Lorsqu'à ces oreilles, le pseudonyme qu'elle s'est choisi la déconcentre, elle relève les yeux de son ouvrage.
    C'est étrange de voir qu'en à peine quelques semaines, elle a réussi à oublier son prénom pour ne plus qu'assimiler ce mot ci. Cendre. Comme la neige, en plus funeste.

    D'un bref coup d'oeil, la jeune femme repère l'homme qui l'a interpellée. Une voix familière, pour un faciès singulier. Un instructeur haut de taille, aux yeux d'un bleu envoûtant. Elle a toujours aimé ces personnes aux prunelles si claires, elle, elle n'a droit qu'à un brun profond, banal.
    Ça n'explique pas pourquoi il souhaite lui parler.

    Ceci dit, et malgré sa curiosité, elle ne se fait pas prier. À défaut de disposer d'un marque page, la sorcière récolte un brin d'herbe, qu'elle glisse entre deux feuilles. La fine tige verte dépasse du papier jauni.
    Elle se redresse, un automatisme vient lui faire passer la main sur ses fesses, pour retirer les saletés accrochées, puis elle approche de l'instructeur. Aimable, peut-être un peu naïve, elle demande :

    - Vous avez besoin d'aide ?


    Il y a cette sincérité dans sa voix, parce qu'elle serait véritablement prête à lui prêter un coup de main si nécessaire, sans la moindre arrière pensée. Elle ne se souvient déjà plus qu'elle était occupée autrement.
    Re: Chasse et Cueillette
    Jeu 17 Oct - 12:13
    Odysseus
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    « Oui. » Son ton est calme. Neutre. Il n’a montré aucun signe d’impatience pendant qu’elle revenait de son voyage au pays des mots, aucun agacement tandis qu’elle cueillait un brin d’herbe et le faisait sécher entre les pages. Elle a l’air disposée à lui donner ce coup de main et, sans en rajouter davantage, il se met en route, calmant inconsciemment ses longues enjambées habituelles pour rester au niveau de la jeune femme.

    « Nous sommes à la recherche d’ingrédients » La forêt n’est pas plus dangereuse que toute forêt magique mais, comme toute expédition, il vaut mieux y aller à deux et il voulait connaître un peu mieux l’étendue des connaissances de la jeune femme. Les autres, il leur avait fait sentir la nature du bois. Il les avait forcés à travailler leur toucher, leur odorat, leur goût autant que leur vue. Il était important qu’il aide les derniers arrivés à rattraper le retard au besoin et une immersion dans un milieu naturel de façon informelle et sans préparation était le meilleur moyen de savoir réellement de quoi elle était capable. Odysseus ne croyait pas en la restitution purement théorique de connaissances littéraires dans sa matière. C’était aussi simple que ça.

    « Savez-vous pourquoi je vous ai appelée, vous, Cendre ? » C’est la toute première phase de l’évaluation informelle. Savoir si elle sait qui il est (ils ont déjà eu des cours ensemble mais elle reste si discrète…) et si elle se connait elle-même. Et puis, en plus, voir ses capacités de déduction. En création magique, il y a beaucoup de devinettes. Il faut sentir les ingrédients, il faut projeter la magie, il faut connaître les éléments et les spécificités de chaque matériau. Et pour cela, pouvoir les reconnaître. Chaque essence est unique. Chaque arbre aussi. En marchant dans la Plaine menant au bois, ils dérangent un charretier qui s’éloigne en lançant les imprécations habituelles à son espèce. Il hausse à peine un sourcil. Calme et posé, parfois lent, même, il a toute la journée pour arriver à son but.
    Re: Chasse et Cueillette
    Jeu 24 Oct - 21:48
    Cendre
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    Le pas de l'instructeur se calque sur son propre rythme. Elle est plus petite que lui, leurs foulées diffèrent. Pour trois de ses propres pas, il en fait deux. Mais il n'a pas eu à la laisser s'essouffler pour s'adapter, il s'est immédiatement adapté. Observateur. Mesuré.
    Ce n'est pas comme si ça l'étonnait.
    Elle n'ajoute pas un mot. Le silence lui convient, inutile de le meubler d'un vide bruyant. Elle suppose qu'elle en saura plus une fois leur objectif atteint, elle ne pense pas à telle répartie.

    Cendre reste brièvement silencieuse. L'interrogation énoncée par l'instructeur l'étonne quelque peu. Elle était là, il avait besoin d'aide, voilà tout. Mais s'il pose la question, elle déduit sans mal que c'est dans l'optique d'obtenir une réponse un peu plus structurée qu'une énonciation des faits. Dire qu'il a avoué avoir besoin d'aide, ça n'a rien de pertinent.
    Cendre prend un instant pour réfléchir. Son regard se porte sur son environnement, il s'accroche à chaque buisson, au moindre tronc. Par le passé, elle avait l'habitude de regarder où elle mettait les pieds en marchant, de sorte à éviter les mauvaises surprises. Mais la guerre lui a apprit qu'une crotte de chien, ce n'est rien comparé à un Impardonnable lancé depuis un bâtiment en ruines. Depuis elle surveille, toujours.

    - Honnêtement .. Je pense à une succession de coïncidences.

    Le chocolat de ses iris s'attarde sur la créature effrayée qui détale dans les fourrées. Pas besoin de l'entendre jurer pour la reconnaître, en dépit de sa ressemblance certaine avec le furet. Créature vulgaire dotée d'une apparence que d'aucuns jugent ingrate. Elle même la trouverait mignonne, malgré l’indélicatesse de ses propos. Après tout, elle s'est toujours attachée aux plus dépréciés.
    Elle s'en détourne, fixe l'horizon. Inutile de croiser le regard pour évoquer ses hypothèses.

    - Vous seriez allé chercher vos ingrédients seul s'il fallait. Mais j'étais sur votre route, plus ou moins. Une bonne occasion, j'imagine ? J'ai des lacunes certaines en botanique, une compagnie peut être utile, bien qu'elle ne soit pas toujours nécessaire, d'autant moins pour un instructeur je suppose.

    Et puis elle était seule, comme trop souvent. La brune hésite à énoncer cette possibilité ci, celle d'une occasion en partie justifiée par une obligation.
    Elle fronce légèrement les sourcils, inconsciemment. Non .. Pas de l'obligation. Après tout, Odysseus semble tout aussi introverti qu'elle, il y a fort à parier qu'il sache l'importance accordée à son isolement. Qui se ressemble s'assemble alors ?
    Elle doute qu'il y ai quoi que ce soit de plus qu'un rapport professeur / élève dans cette situation. Et justement, un cours est d'autant plus pertinent lorsqu'il sait toucher chacun des interlocuteurs, et pour ce faire, il faut la connaître, un tant soit peu.
    Cette demande, ce n'est rien de plus qu'une sortie éducative.

    Son pas reste constant. Son visage tourné vers leur objectif, les bois qu'ils atteignent bientôt. Elle ne lui jette pas même un regard. Inutile de chercher dans les traits du nirimage si elle a eu juste ou non, ça ne changerait rien. Et puis elle sait déjà qu'il ne trahirait rien.
    Re: Chasse et Cueillette
    Lun 28 Oct - 10:26
    Odysseus
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    Intéressant. Une jeune femme qui ne se fait pas d’illusions. Qui surveille aussi, ce qu’il se passe autour d’elle et les sources de danger. Beaucoup ici le font. Pas moi. Je n’ai pas cette culture de la guerre qu’ils ont. Je n’ai jamais combattu, jamais directement été en danger. Si j’aide la Cause, c’est à l’arrière et cela me convient. Je déteste la violence, la destruction et le chaos. Ce n’est même pas que j’ai peur pour ma vie. Qu’on me la prenne. Je ne m’en sers pas. Le silence s’est réinstallé autour de nous et je goutte à la tranquillité sauvage du lieu. Ici, pas d’intentions, rien que des faits. Actions et réactions. Comme avec la jeune femme qui semblait avoir fini de parler. Je prends le temps de réfléchir à ses mots. Aux sens qu’ils ont et à ceux qu’elle leur prête. Coïncidence n’est pas un terme que j’apprécie. Je ne crois pas au hasard, je crois à la vie. Rien n’est écrit et, pourtant, rien n’est parfaitement aléatoire. Comme l’évolution s’est faite durant des millénaires à coup d’essais et de découvertes.

    « Un instructeur est un être humain comme un autre. Comme un enrôlé, il peut être sujet à un malaise, une chute ou une mauvaise rencontre. Aller seul dans une terre sauvage est stupide et la bêtise n’aide pas la Cause. » D’où l’amour des binômes des instructeurs en général lors des travaux pratique nécessitant d’aller visiter le Domaine. En réalité, cela ne m’empêche pas d’aller seul, parfois. Avoir conscience de ses erreurs n’empêche pas toujours de les connaître. « Mais pour cela j’aurais pu prendre n’importe qui. Y compris un collègue. » Si elle pensait que les instructeurs étaient supérieurs aux enrôlés, elle comprendrait ce que je voulais dire par là. Et, pourtant, nous sommes simplement plus avant dans nos chemins de vie. L’expérience nous a permis de savoir plus de choses dans nos domaines de prédilection, rien d’autre. Je ne doute pas que la quasi-totalité des jeunes en infanterie me batte en duel. « Ma question vous concernait vous, Cendre, parmi tous vos collègues qui se détendaient autour de vous. » Elle avait commencé à y répondre en parlait de lacunes en botanique. Seulement elle n’avait pas poussé la réflexion assez loin. Je n’étais pas instructeur en Botanique. C’était le domaine de Lancelot et il était toujours délicat de marcher sur les plates bandes d’un collègue (surtout lorsque l’on était aussi proche que la rumeur le laissait entendre.) Certes, les plantes était un sujet que je maîtrisais mais dans mon optique à moi. Leurs usages, leurs capacités, les meilleurs moyen de les récolter. En reproduction et biologie pure, je devais avouer de grosses lacunes.

    J’avais assez parlé. Mes silences aussi étaient des questions. Un moyen de savoir à quel point mon interlocutrice (en l’occurrence) était capable d’introspection, mais aussi d’intuition et de sentiment. L’art des baguettes et des artefacts en général était surtout une question de sensibilité, de se connaître et de connaître l’autre, de pouvoir matérialiser dans son esprit une forme concrète à une envie abstraite et la baigner de pouvoir.
    Re: Chasse et Cueillette
    Jeu 31 Oct - 11:45
    Cendre
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    Stupide, oui. Mais l’Homme a la fâcheuse manie d’entreprendre les actions les plus idiotes sous prétexte qu’elles sont déconseillées. Les interdits stimulent, dans une certaine mesure, ça a toujours été plus drôle de faire ses coups en douce plutôt que de demander la permission. Elle-même n’a pas dérogé à cette règle après tout, à l’instar de l’ensemble de la population certainement. Guerre ou pas, danser avec le vide est exaltant, mais ce qui, a treize ans, ne relève que d’un jeu sans grandes conséquences n’a plus rien à voir à vingt trois.
    Sortir seul, en périphérie du domaine, est certes déconseillé, néanmoins elle ne doute pas que plus d’un le font, soit incapables de faire autrement dans l’immédiat, soit simplement au mépris des conseils des plus avisés.
    Cendre se tient de nuancer les propos du précepteur, ce ne serait qu’une façon d’essayer d’avoir le dernier mot alors que le débat n’a pas lieu d’être. La suite l’occupe plutôt bien que de nouveau, elle reste brièvement silencieuse.

    Pourquoi elle, précisément ?
    En vérité, cette question ne lui plait pas. Réflexion et introspection ne la dérangent pas, du moment qu’elle n’a pas à parler d’elle ouvertement. Car s’il y a bien une chose qu’elle a en horreur, c’est de chercher, voire même d’appliquer, un moyen pour se mettre en avant. Elle n’a jamais aimé se donner en spectacle, et si elle a appris à aimer l’art, elle a toujours préféré l’alimenter secrètement plutôt que de l’assumer pleinement. “ Oh, tu joues du piano ? Tu me montres ?? “, et là voilà déchirée entre son malaise et sa culpabilité, car bien sûr elle va refuser. Elle tait ses goûts, cache ses compétences et assume davantage son incompétence que ses connaissances. Alors énoncer à voix haute de potentielles raisons pour lesquelles un homme de tant de savoir s’intéresserait à elle, même professionnellement parlant, ça la fait surtout serrer les dents.

    Son silence, elle le consacre tout autant à l’étude de cette question qu’à passer de la pommade sur son coeur proportionnellement affolé au temps consacré à sa réflexion. L’abraxan qui, en elle, se braque, est plus enclin à donner un coup de sabot qu’à se confier, elle le flatte, sans quoi elle ne pourrait parler sans trahir son malaise. Elle espère surtout que sa réponse abrègera cette introspection obligatoire.

    -J’imagine que le fait que nous ayons peu parlé jusqu’alors joue. Vous auriez peu de raisons de me choisir pour des qualités dont vous ne savez justement rien, et je ne serait pas étonnée être, du moins là dehors, une de celles que vous connaissez le moins.

    Un mutisme peut être tout aussi traître que de trop longues logorrhées. Quiconque prend le temps de l’analyser pourrait deviner nombre de ses traits de caractère, le langage du corps est porteur de tout autant d’indications qu’une confidence. Cet argument n’est qu’à demi valable en vérité, mais que dire de plus ? Cendre ne sait pas quels sont les sorciers qui partagent sa malédiction son don onirique, et elle même n’en a pas parlé à qui que ce soit.

    - Je doute que vous consacriez ce temps à m'évaluer, ça peut se faire en cours. Mais je suppose qu’il n’est pas rassurant de travailler avec de parfaits inconnus, d’autant plus quand un minimum de confiance est demandé. Une manière de mieux me cerner ?
    Re: Chasse et Cueillette
    Lun 2 Déc - 19:59
    Odysseus
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    Nous restons un long moment avec nos silences. Je les apprécie pour ce qu’ils sont, des pauses, des soupirs. Autour de nous, la forêt s’installe. Je choisis un sentier que je connais bien, me décale pour marcher sur l’herbe et lui laisser la terre, moins traître. Les oiseaux aussi se sont tus, dérangés par notre arrivée. Dans les frondaisons, la nature se cache. Je la laisse faire. Aujourd’hui, je suis un prédateur et il est prudent qu’ils associent l’odeur humaine au danger. Tant d’autres sont distraitement destructeurs. Un saule étend ses branches au-dessus de nous. Par instinct, je m’élève grâce à un coussin d’air et coupe, avec un sécateur, un bout de branche de deux centimètres de diamètre, à peu près, que je range précieusement dans sa besace avant de redescendre, sans effort, naturel. Lorsqu’elle ouvre la bouche à nouveau, je suis attentif, à la fois au monde autour de moi et au monde autonome qu’est la sorcière qui m’accompagne.

    Je ne précise pas que je parle peu. A part Lancelot qui a su percer ma carapace, je reste timide et effacé avec mes collègues, silencieux et attentif envers mes étudiants. Je suis obligé d’expliquer en cours, mais ce ne sont pas des paroles, c’est un texte de théâtre avec des instructions dedans. Certes, c’est moi qui l’écrit, qui le vit, et je dois faire ressentir ce que je ressens, mais ce n’est pas moi. C’est Odysseus l’Instructeur. Cela dit, elle a raison, elle fait partie de ceux que je connais le moins. Arrivée depuis peu, elle ne montre pas volontiers ses forces si elle accepte facilement de parler de ses faiblesses. Je ne suis pas complètement dupe. Je sais que chaque être vivant ici y est pour une bonne raison, Cendre ou non.

    « Si je ne vous faisais pas confiance, je ne vous laisserais pas marcher derrière moi alors que vous êtes armée. » Mon ton est toujours tranquille. Je sais qu’elle pourrait me tuer sans que je me défende. Je m’en moque. Je n’ai pas peur et ce n’est pas une question de confiance. D’indifférence, tout au mieux. « Quelle est la différence entre cerner et évaluer ? » Pourquoi pourrais-je l’évaluer en cours et ne la cerner qu’ici ? C’est une vraie question. J’ai besoin de savoir ce qu’elle met sous ces deux termes. Si nous parlons la même langue, grâce aux pâtes de fruit de Zhurong, je sais par habitude que les mots prennent des couleurs différentes selon qui les prononcent. Alors que la musique, elle, va d’âme à âme. Elle surpasse les frontières, elle aplanit les cultures. Elle s’enrichit à la fois du musicien et du spectateur. Il n’y a pas de musique sans personne pour l’écouter. Je reprends.

    « Si j’avais voulu vous cerner, je vous aurais joué un morceau. Si j’avais voulu vous évaluer, je vous aurais fait passer un test. Ou bien je vous aurais joué un morceau. » Je me baisse, ramasse une fleur, la met dans ma besace. « Etes-vous déjà venu dans ce coin du domaine, Cendre ? » Nous n’avons pas répondu totalement à ma première question. Je le sais. Cette façon que j’ai de passer d’un sujet à l’autre, laissant mon interlocuteur avec les interrogations que j’ai fait naître est ma façon de faire. Ma façon d’enseigner je dirais. Car je pense que nous autres, instructeurs, avons un rôle au-delà des sciences que nous inculquons.
    Re: Chasse et Cueillette
    Mer 11 Déc - 17:20
    Cendre
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    Est-ce vraiment de la confiance ? Elle est armée mais elle ne l'attaquera pas, un éventail de raisons logistiques justifie que même si l'idée lui traversait l'esprit, elle ne s'y prendrait pas ainsi. Il peut donc avoir confiance en ce fait, pour autant peut-il se fier à elle ? Peut-il d'ailleurs se fier à qui que ce soit, ici ou ailleurs ?
    Cette question, elle se la pose depuis des années. Qui croire, la fiabilité de l'avis d'une tête pensante qui met de paire l’allégeance officielle à un camp avec la fidélité d'un hère, ou bien ses propres impressions ? Où s'arrête la naïveté, où démarre la paranoïa ? Tous les rebelles ont vu, entendu, subit une traîtrise, pour autant, faut-il appréhender toute collaboration par crainte de félonie ?
    « La peur n'évite pas le danger. » qu'Il disait. Réconfort zéro, mais ça lui a appris à relativiser. Accepter les choses telles qu'elles sont, se battre pour les changer, sans réfléchir à ce qu'il se passera en cas d'échec. D'aucuns parlent de la politique de l'autruche, elle-même parlera de stratégie de survie. Curieux équilibre, quand on sait qu'elle peine à profiter de l'instant présent. Ça a toujours cette saveur aigre-douce de dernière friandise, comme de lire les dernières lignes d'un livre, la promesse de la fin d'un instant unique pour l'inconnu de tant d'autres.

    Cendre s'apprêtait à exposer son point de vue sur la question évaluer / cerner quand il y répondit de lui même. Un musicien alors ... assez passionné par son art pour en faire référence au milieu d'une guerre. Il ne serait pas le premier à chercher au creux d'une mélodie le réconfort de bras chaleureux. La musique a cette faculté, celle de vous transporter en chamboulant vos émotions, en retournant vos sensations. Un langage universel et sincère, auquel il est facile de s'abandonner tout entier.
    Elle sent ses doigts la picoter. Le manque d'un art qu'elle n'a plus pratiqué depuis des années, et son cœur qui se plaint de ne plus trouver d'écho à ses propos. Sa solitude lui manque, celle profonde que lui apporte la rigueur d'un morceau qu'elle joue, cette bulle dans laquelle elle s'enferme pour laisser courir à la perfection ses doigts sur des touches alternativement blanches et noires. Ne lui reste que la lecture. Moins immédiate. Il a raison, évaluer, cerner, il ne suffit parfois que d'un peu d'observation lorsqu'on a l'outil adéquat.

    - Etes-vous déjà venu dans ce coin du domaine, Cendre ?

    - Oui.

    Mentir serait stupide. Jusqu'ici, et même un peu plus loin. S'enfoncer dans les profondeurs de la sylve est tentant quand on vit plus d'ombre que de lumière. La raison, ou le temps, l'ont toujours retenue de s'y aventurer plus que de raison.

    - Mais je crains ne pas m'y être suffisamment attardée pour savoir qui pousse où.

    Son regard s'attarde sur les gestes du précepteur. Cendre pense reconnaître les plantes qu'il a sélectionnées, après tout une future question pourrait porter la dessus autant l'appréhender. Lui viennent, de fait, quelques propriétés associées. À choisir, elle préférerait toutefois continuer de parler musique.



    Re: Chasse et Cueillette
    Mar 17 Déc - 14:01
    Odysseus
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    Honnêteté et concision. Cendre s’avère meilleure camarade que prévu. Elle écoute, elle retient, elle garde des silences pour ses pensées et pour intégrer les informations qu’on lui donne. Elle n’a pas peur de se retrouver avec elle-même puisqu’elle ne se sent pas obligée de meubler les pauses des conversations. Si j’avais voulu la cerner, je lui aurais joué un morceau, en effet. Dans l’état actuel des choses, je me contente de chercher à la connaître, comme on croit connaître quelqu’un, en surface, imparfaitement, dans un mélange de représentation et d’incertitudes. Que sais-je d’elle donc à présent ? Elle ne veut pas qu’on la saisisse, son pseudo le prouve, elle est impalpable et légère, résidu de combustion, et de destruction. Elle n’a pas pour autant une mauvaise estime d’elle, à mon sens, mais cela ne la gêne pas qu’on le pense. Elle est méfiante, ne donne les informations qu’au compte-goutte, et encore. Elle ne craint pas d’avouer ses faiblesses mais ne donne rien sur ses forces. Elle a quelque chose de Cassiopéa, cette façon d’envoyer le message « je sus insignifiante, passez votre chemin. ». Elle apprendra rapidement qu’ici, personne ne l’est. Chaque enrôlé compte, autant pour le nombre que pour l’ingrédient supplémentaire qu’il représente dans le Grand Artefact qu’est le Domaine. Je le sais, je vis dans leurs rêves toutes les nuits où j’ose m’abandonner au sommeil.

    « Cela n’a pas d’importance, la nature, vivante, est par essence mouvante. Ce qui poussait hier ne poussera pas forcément demain. Apprendre par cœur les emplacements n’a pas grand intérêt. Il faut suivre les signes, connaître les indices, repérer les pièges. »

    D’autres plantes ou résidus animaux (griffes, touffes de poils abandonnés) rejoignent ma besace sans que ma « cueillette » n’interrompe l’attention que je porte à ma camarade du jour. Toujours, cependant, je fais attention à déranger le moins possible l’écosystème qui m’accueille. Nous ne sommes que tolérés ici. Nous ne devons pas les perturber plus que strictement nécessaire. Je change de sujet, soudain, comme je l’ai toujours fait jusqu’ici. Pourtant, ils ne sont ni anodins, ni aléatoires. Il y a une finalité là où je l’emmène. Je me demande si elle trouvera.

    « On dit que la baguette choisit son sorcier. Pourtant, un fabriquant aura toujours une baguette pour vous. Savez-vous pourquoi ? »

    Cette fois, je ne répondrais pas pour elle. Je vais la laisser chercher, se questionner, peut-être remettre en question un proverbe qui ne l’a jamais vraiment été. La vérité est que ce n’est pas un choix de l’artefact. C’est une rencontre entre deux potentiels, un peu comme tomber amoureux se fait toujours d’une personne avec laquelle on est en contact. La théorie de la proximité. Et la force d’un baguettier c’est de savoir faire assez de modèles différent pour que chacun y trouve son compte. Pour qu’il puisse au moins y avoir une résonance. Et cela sans compter les baguettes prises et celles héritées qui obéissent à des règles particulières. J’en ferais un cours, plus tard. En attendant, je veux qu’elle continue à penser à elle, qu’elle cherche à se cerner, à se comprendre elle-même. Qu’elle comprenne pourquoi je l’ai faite venir elle, à mes côtés, aujourd’hui.
    Re: Chasse et Cueillette
    Ven 20 Déc - 14:31
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    Ca semble si simple. Comme le petit Poucet qui remonte le chemin de cailloux blancs, de suivre les indices pour remonter jusqu'au siège d'un spécimen floral. C'est comme une traque, finalement. Repérer les coulées, suivre les empreintes, déceler dans le chaos naturel les conséquences d'un passage pour retrouver sa proie. Sans être facile, car après tout rien n'est facile, ça devient accessible une fois que l'on connait les règles qui régissent le vivant, que l'on a appris à son oeil à voir.
    Tout l'enjeu est là. La connaissance donne du sens au désordre tandis que l'ignorance ne le rend que plus incohérent. Et Cendre ne dispose pas de ce savoir. De fait, elle adopterait, au besoin, d'autres stratégies pour atteindre son objectif. Comme énoncé, elle favoriserait l'emploi de sa mémoire à long terme plutôt que la réflexion pour tenter de réussir en dépit de ses lacunes. Il va de soit que de l'énoncer à voix haute comme s'appliquant à tous manquait d'esprit, elle s'en rendit compte à sa remarque.
    Toutefois, la dite remarque lui offrit un axe de réflexion qu'elle n'avait jamais soupçonné : si de chercher efficacement un plant induit de connaître les indices de sa présence dans l'esprit commun, elle se demande si de commencer par comprendre les traces ne l'aiderait pas à mieux connaître les spécimens. De voir les choses sous cet angle lui permettrait peut-être de mieux appréhender ce domaine, du moins éveillerait-il peut-être un intérêt nouveau pour ce champs d'étude qu'elle ne peut s'empêcher de trouver trop inerte.


    Le chemin qu'ils empruntent se fait plus sinueux, moins perceptible. La terre, marquée par le passage des uns et des autres à l'orée des bois se laisse dominer par la végétation alors qu'ils s'enfoncent dans la sylve. L'herbe se montre sauvage, des ronces parfois menacent de leur grignoter la chair. Cendre se penche pour éviter une branche plus basse que ses sœurs, les feuilles lui chatouillent le haut du crane. Elle suit le chemin décidé par Odysseus, au final elle se contente de faire acte de présence, sans vraiment lui être utile. Alors elle observe, elle essaie d'apprendre et de comprendre en se suffisant des informations qu'elle récolte dans les gestes qu'il effectue, dans ses silences, ses regards. Et puis une nouvelle question. Le sorcier saute d’un sujet à un autre comme une abeille irait alternativement butiner sur une fleur, puis sur une autre, sans suivre de schéma évident et pour autant, dans l’idée de remplir un seul et unique objectif. Introspection, question, réflexion. Tout est lié.

    De nouveau, Cendre marque un bref temps de silence, l’occasion de jauger si les propos qui motivent sa langue seront pertinents, ou non. Il est toujours délicat de se lancer dans de grandes spéculations devant un spécialiste, si de donner son opinion, de manière générale, est un jeu dangereux, le faire en disposant de connaissances sommes toutes relatives l’est d’autant plus.

    - Je ne pense pas qu’un seul objet, un assemblage aussi harmonieux qu’il soit d’un bois et d’un coeur, puisse faire écho à une personne dans toute sa complexité.

    Il y aurait tellement à dire. Caractère, éducation, rencontres, événements, décisions. Tant de facteurs qui peuvent modeler un être humain, le tordre, l’embellir, le dissimuler. Rien n’est toujours tout blanc ou tout noir, il n’y a que des nuances de gris, des milliers de nuances, ternes, édulcorées, des couleurs impulsives qui évoluent tout le temps d’une vie. Comme un noisetier et un phoenix pourraient peindre toutes ces couleurs ? Un pinceau pour une teinte, une baguette pour une nuance. Ou deux, ou cinq peut-être, qu’en sait-elle. Mais certainement pas pour toutes. Plusieurs pinceaux pour une palette, plusieurs baguettes pour une vie.

    - Ou du moins .. qu’il soit le seul à faire écho. J’imagine plutôt ça comme .. une photographie ? Plusieurs clichés d’une même personne peuvent exprimer plusieurs facettes de sa personnalité.

    Sa botte choutte dans un caillou, il s’élève dans un bond gracieux, finit non moins gracieusement dans une flaque. Elle veille à l’éviter en marchant.

    - Statistiquement parlant, je suppose donc qu’un fabricant aura toujours une baguette qui puisse correspondre à une facette, quelle qu’elle soit.

    D’ailleurs, cette correspondance perd-t-elle de sa puissance en cas d'événement majeur ? Comme le patronus se mue face au deuil, la baguette peut-elle ne plus convenir à un sorcier ?
    Elle tourne la tête, durant un instant elle se permet de détailler l’instructeur à ses côtés. Il a été ce fabricant, celui à trouver la baguette qui lui conviendrait. Il sait mieux qu’elle ce qu’elle a pu révéler d’elle. Il sait peut-être des choses qu’elle soupçonne à peine. Attirances, appétences, risques et promesses. Certaines baguettes font des miracles entre de bonnes mains, d’autres ne déclenchent que des catastrophes. Parfois, elle se demande vers qu’elle bord elle tend le plus.




    Re: Chasse et Cueillette
    Lun 23 Déc - 17:18
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    Elle réfléchit bien et c’est aussi agréable que le fait qu’elle ne m’ait pas envoyé dans mes plates-bandes avec mes questions étranges comme certains l’avaient fait lors de mes précédentes excursions. Je ne me fais pas toujours accompagner – je ne suis pas franchement du genre à faire ce que moi-même je préconise – mais j’aime à savoir ce qu’il se cache derrière les portes les plus fermées. Peut-être un reste éveillé de mes pérégrinations nocturnes. Ou une légère responsabilité des jeunes placés sous mon contrôle, même si je sais parfaitement qu’ils sont plus aptes à survivre que je ne le suis. Ce que je veux lui faire comprendre, surtout, c’est que j’ai beau ne pas aller jusqu’à croire que je la connais, elle ne m’est pas aussi inconnue qu’elle pourrait le croire et que s’ouvrir à nous, instructeur, ne doit pas l’effrayer. D’abord parce que nous avons des moyens de savoir des choses. Ensuite parce que nous dédions notre seconde vie (enfin, pour autant qu’elle sache, le reste de notre vie) à leur entraînement et leur survie. Enfin parce qu’elle n’a pas le choix de nous faire confiance. Cela fait longtemps que nous avons la vie et la mort des enrôlés au creux de nos mains. Nous surveillons ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent, où et comment ils dorment…nous leur avons donné des armes mais j’ai toujours un contrôle sur elles et ce n’est pas anodin.

    « Un bon fabriquant met un point d’honneur à avoir de la variété et, vous avez bien deviné, il y a une forte probabilité que l’une des propositions vous convienne au moins en partie. L’on vous fait croire que c’est un mariage unique, que vous ne pourrez jamais trouver meilleur bâton à votre main. Or, ce n’est pas le cas. Plusieurs baguettes peuvent vous accompagner tout au long de votre vie au fil des mues que vous allez subir tandis que vous affronterez le monde. Plusieurs baguettes peuvent également vous correspondre à un même moment M. Un baguettier est aussi un commerçant, c’est quelque chose à ne jamais oublier. » Et où il y a profit, il y a perversion, de cela, j’en suis persuadé. Même ms propres baguettes, que j’ai toujours distribuées sans aucune rétribution pour ne pas gâcher mon « art », sont limitées face aux milliers de facettes des jeunes devant moi. Je regarde la nature autour de moi.

    « En vérité, l’association entre une baguette et son sorcier est affaire de rencontre, d’apprivoisement, et de concessions. Un peu comme une amitié ou un amour. On ne tombe jamais amoureux sans connaitre la personne, sans avoir frotté sa personnalité à la sienne. Le lien que vous entretenez avec votre baguette se construit. Il sera d’autant plus fort et plus efficace si vous vous ouvrez à elle, si vous la laissez apprendre à vous connaitre comme vous allez apprendre ses forces et ses faiblesses. Car une baguette est composée de produits vivants et l’est donc à son tour, d’une certaine façon. »
    Re: Chasse et Cueillette
    Mar 24 Déc - 17:08
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    Le profit. Il y en a toujours eu, bien sûr. Ici, et partout, qu'importe l'époque. Peut-être davantage aujourd'hui, alors que les baguettes ne sont plus uniquement les catalyseurs d'une magie impalpable, mais de véritables armes de guerre. Nécessaires pour se protéger, obligées pour se battre, elles sont essentielles, définissent tout ce qu'un sorcier est, tout ce qu'il peut faire, et pourtant elles sont si fragiles. Le bois brûle divinement bien, et sec, il se brise parfois d'un simple et bref choc. C'est si simple, de détruire, d'anéantir toute l'identité d'un homme, de réduire ses compétences à néant. Prenez lui sa baguette, beaucoup sans elle sont plus démunis qu'un nouveau-né braillant dans son berceau.
    Les fabricants ont vu leur chiffre d'affaire monter en flèche depuis le début des hostilités, leurs produits sont, après tout, la matière première requise lors d'un affrontement magique, une matière première que d'aucuns souhaitent bien évidemment aussi personnelle que possible, pour laquelle ils sont prêts à mettre le prix fort sous prétexte d'un adage vendeur.

    Cendre a fini par se méfier d'eux. D'eux, comme de n'importe qui, mais d'autant plus d'eux. Parce que d'en avoir un dans son camp, c'est la promesse de ne jamais manquer d'armes, mais comme tout atout dispose d'un tranchant, c'est aussi de risquer de disposer de baguettes défaillantes, traîtresses, traçables, et elle ne sait quoi d'autre. À son arrivée au domaine, on lui a offert - prêté ? Échangé contre ses services ? qu'importe - une nouvelle baguette. Celle-ci, c'est peut-être le Directeur qui l'épie. L'idée l'avait quelques peu refroidie sur l'instant, elle avait eu la sensation de quitter une sécurité hasardeuse pour une autre. Mais elle ne pouvait pas faire demi-tour, n'avait de toutes manières aucun autre endroit où aller. Elle avait décidé de faire avec, et d'étouffer sa méfiance avec un scepticisme certain, le mieux qu'elle puisse faire.

    La confiance, aveugle et sincère, n'est toujours pas là. Ni envers les enrôlés, ni envers les instructeurs, ni même envers sa propre baguette, qu'elle s'obstine à ne voir que comme un outil, certainement pas comme un amant. Un bout de bois inerte, fragile et, dans une certaine mesure, remplaçable, traître et faillible. Et si les propos qu'elle a tenu peu avant traduisent une honnête réflexion, si elle conçoit sans aucun mal les énoncés d'Odysseus, elle ne les applique pas pour autant.
    Amis, amour, ce n'est pas pour elle. Et si ses sorts manquent de puissance, c'est elle même qu'elle va entraîner pour pallier l'incohérence, certainement pas sa confiance envers son arme. C'est plus facile.

    Cette fois-ci, Cendre reste muette. Son comportement est stupide, elle le savait déjà, qu'il le confirme ne la convainc pas beaucoup plus de l'adapter. Elle a horreur d'être dépendante de qui ou de quoi que ce soit.

    La tournure que prend ses pensées lui déplait. Les songes qui lui traversent l'esprit réveillent des souvenirs désagréables. Ca rembrunit son humeur, cette fois-ci, et après un mutisme assez long pour que Odysseus puisse ajouter à sa besace deux autres ingrédients, elle reprend la parole pour diriger son attention sur d'autres choses que ses propres réminiscences.

    - C'est ça qui vous plait dans cet art ? De concilier physique et alchimie ? De provoquer ces rencontres ?


    Ce n'est pas comme s'il jouait les entremetteurs, elle le sait. Sa question est maladroite, elle s'en rend compte en la prononçant. Peut-être insultante, pour qui est susceptible, pour qui prend un ton neutre pour méprisant. Ca fait trop longtemps qu'elle n'a pas vexé qui que ce soit en parlant, ça ne l'étonnerait pas si ça lui tombait sur le coin du museau.



    Re: Chasse et Cueillette
    Jeu 26 Déc - 16:24
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    Une nouvelle fois, le silence nous rassemble et je ne cherche pas à le rompre. La nature autour de moi m’envoie mille messages qui suffisent à mon attention. Je ne m’ennuie jamais à ne pas parler. La compagnie n’a pas forcément à être bruyante. Elle s’exprime par des sensations, une présence sur un côté, une respiration non loin et l’on sait que l’on n’est pas seul. L’animal grégaire en nous est satisfait. Le besoin de paroles est pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec eux-même et ont besoin de se cacher leurs pensées derrière un voile de bruit souvent sans intérêt.

    Je ne pose pas de nouvelle question. Je la laisse réfléchir. Peut-être mes mots ont-ils su toucher son intelligence au point qu’elle accepte d’en suivre le sens. Je n’ai que peu d’illusion à ce sujet. Je suis maladroit avec le « verbe ». Mon expression passe plus facilement à travers mon souffle et mes doigts. Ma musique. Et si je ne craignais pas de déranger les véritables habitants de la forêt avec mon bruit, j’aurais volontiers accompagné le vent d’une jolie mélodie. Cendre était une femme discrète et je me demandais vaguement à quel point elle pouvait être sensible – ou non, ça arrivait – aux sentiments inspirés par ce langage sans paroles. J’osais penser qu’elle en avait les capacités. Ceux qui écoutent beaucoup gardent souvent très mal leur cœur des menaces qu’ils ne connaissent pas. Pour autant, je ne voulais ni la blesser, ni l’effaroucher. Au contraire.

    Enfin, à son tour, elle m’interroge. Une question intéressante sur l’art et les motivations. Ce qui me plait dans la fabrication des baguettes ? Difficile à dire. Je n’ai pas commencé parce que j’aimais ça. Je l’ai fait pour ma femme qui n’avait pas le droit à la sienne. Puis pour ses connaissances qu’on avait spoliées aussi, puis pour d’autres, et, de fil en aiguille, je m’étais retrouvé là, par hasard. Je n’en était pas moins musicien dans l’âme, historien des artefacts sur le papier. Je me gardais donc un peu de temps pour réfléchir et repris, tentant d’être le plus honnête et le moins approximatif possible.

    « J’aime créer. Construire. Voir naître dans mes mains quelque chose d’harmonieux qui n’existait pas avant. Me dire que ce que je récupère, vivant mais incomplet dans certains cas, peut se transcender en quelque chose qui a un pouvoir propre. Car qu’est ce que le pouvoir sinon de l’énergie, et qu’est ce que l’énergie sinon de la vie. Mais si je dois être franc avec vous, je vous dirais que je n’aime pas plus fabriquer des baguettes que des artefacts divers et bien moins ces deux exercices que de jouer de mon instrument. La musique est mon art. C’est ce qui fait de moi un artiste. Pour le reste, je suis au mieux un artisan. Au pire un amateur éclairé. » Il n’y a aucune complainte dans ces dernières phrases, rien que la simple évocation d’un fait. Un véritable artisan est autant un artiste qu’un autre, mais ce qu’il fabrique a un usage, contrairement à l’art qui ne sert qu’au cœur et à l’âme. « Avez-vous une passion ? » Je ne m’inquiète pas de la blesser ou non par ma légère curiosité. Je connais l’effet dévastateur des mots maladroits. Surtout des miens. Aussi, je suis le dernier à m’en offenser. Vraiment, j’ai trop souffert pour m’amuser à m’offusquer de choses aussi futiles. Si les mots peuvent tuer, ceux de Cendre n’ont pas ce pouvoir ici. Et même s’ils l’avaient, cela m’est, au fond, bien égal.
    Re: Chasse et Cueillette
    Ven 27 Déc - 12:23
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    C'est tellement simple de vexer quelqu'un. Tous les êtres humains ont tendance à suivre le même schéma, comme un algorithme qui serait gravé dans leurs gênes pour les pousser à atteindre le même objectif : la reconnaissance. Si quelques rares se contentent de la considération d'une maigre poignée de privilégiés plus honnêtes qu'ils ne sont fidèles, beaucoup la cherchent aux travers de tout un chacun, persuadés que la quantité fait la qualité. Superficiels, égocentriques, souvent susceptibles, ils attendent plus et se froissent d'un rien, comme s'il était inconcevable qu'autrui puisse avoir raison sur leur compte, comme s'il était injuste que quiconque ne se comporte pas gentiment avec eux. Ceux-là s'obstinent à prendre pour acquis des comportements sans soupçonner que l'absence de franchise n'est parfois rien de plus qu'une forme de cordialité, de fait ils se vexent dès lors qu'ils rencontrent un hère qui ne respecte pas leurs codes. Comme si c'était la faute de l'honnête homme de pointer du doigt ce que tout le monde tait, plutôt que celle du fautif qui ne fut jamais accusé.

    Cendre a toujours eu du mal avec ces règles intrinsèques. Les non dits pour respecter une fierté naïve. Elle a toujours été d'une spontanéité insultante. Sans jamais énoncer la moindre grossièreté, celle qualifiée de « familière » dans le dictionnaire, elle exprimait les propos les plus francs et indélicats sans pincettes, ce que sa mère jugeait d'énonciation innocente faisait simplement preuve d'objectivité. Mais l'objectivité vexe, d'autant plus quand elle s'accompagne d'un comportement indépendant, peu concerné par les conséquences de ses paroles.

    Mais Odysseus ne s'offusque pas. Ça ne l'étonne pas. Il n'est pas homme d'apparences, se fiche certainement autant qu'elle de l'opinion des autres. Il écoute, il enregistre, se contente de ce qui est sans, ni attendre, ni réclamer davantage, exprimant ainsi une forme de paix avec lui même qui fait défaut à tant d'autres.

    Elle l'écoute, elle aussi. Sa façon de s'exprimer lui plait, parce qu'il se montre honnête et juste, il ne cherche pas à décorer ses phrases pour embellir ses propos, pas plus qu'il n'exprime l'envie d'entendre quelques éloges sur son art. C'est certainement ça qui le rend plus beau encore, il crée avec sincérité, partage par passion sans chercher le succès. Il a ça de différent avec elle, qui préfère l'art égoïste et solitaire aux riches démonstrations publiques.

    - Avez-vous une passion ?

    Peut-elle qualifier ça de passion ? Un amour puissant et irrationnel, obsessionnel ? Elle a apprit à taire ses désirs, ils n'étaient plus que des distractions dangereuses, des caprices puérils malvenus au milieu d'une guerre civile.

    - Jouer du piano me manque.

    L'ironie de cette énonciation manque de lui tirer un sourire amer. Il fut un temps où elle aurait donné un rein pour manquer un cours. Son professeur la terrorisait, ses phalanges se souviennent encore de la douleur des coups de baguette encaissés alors qu'elle commettait une maladresse musicale. Elle était trop distraite qu'il disait, s'égarait, s'éparpillait, une gamine mal foutue qu'il fallait remodeler pour la faire rentrer dans une case.
    Il lui avait appris la rigueur, la maîtrise et le contrôle de soi, l'imperturbabilité à défaut de l'indifférence totale, mais aussi l'amour du morceau parfait et l'art et la manière d'alimenter secrètement une rancœur explosive.
    Si aujourd'hui cet art lui manque, ce n'est pas en souvenir de centaines d'heures passées à s’abîmer les doigts sur les touches d'un instrument magnifique, mais en mémoire d'un état de plénitude imperturbable.
    Elle le retrouvait parfois en dansant, mais ce sport-ci lui avait été officiellement interdit à son adolescence. Laisser exploser les choses est parfois plus salvateur que de chercher à les contrôler.

    - La musique sous toutes ses formes à vrai dire. Vous l'avez bien dit, elle a le pouvoir de toucher avec sincérité.

    Ça a été un refuge à un instant de sa vie. Une façon de s'exprimer sans blesser, de cracher son venin sans empoisonner, de pleurer, de rire, de se défouler. Certains préfèrent l'intimité des mots, du papier jauni, les traces définitives d'émotions passagères, les preuves faillibles de ressentiments temporaires. Combien ont lu le journal de leurs enfants sans supporter les confidences qui y étaient imprimées ? La musique est plus personnelle, Cendre peut dire ce qu'elle veut, les autres - quand il y en a - sont libres de l’interpréter à leur guise, de se tromper. Elle peut vider son sac et garder ses secrets.

    - Toucher, ou exprimer.

    Re: Chasse et Cueillette
    Jeu 2 Jan - 15:15
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    Il y a une paix dans la nature profonde, lorsque les sentiers se réduisent à des pistes empruntées uniquement par les créatures du Domaine, loin des marques artificielles laissées par l’humanité. Les frondaisons font un mur entre nous et la société et ses raffinements. Autour de nous, les odeurs riches et profondes de terre, d’humidité, de pourriture et poussière se mêlent au pollen de fin d’été. Il fait chaud sans excès, sombre sans que cela ne devienne sinistre. Oui, il y a des dangers dans les parages. La mort rôde partout. La vie la suit, l’entoure, la vainc. Nous sommes deux étrangers dans un milieu indifférent qui est bien plus dangereux que s’il était bêtement hostile et, au milieu de toutes ces beautés, la magie de cinq mots qui forment un pont entre nos âmes.

    Jouer du piano lui manque.

    Je comprends la souffrance derrière ces simples déclarations, le besoin de s’exprimer autrement, par quelque chose de plus puissant, de plus primal que le verbe. Le toucher sous les doigts qui donne des formes aux sensations, qui permettent de créer une vibration soulageant le cœur et l’âme. Je pense que nous sommes tous des êtres de vibrations, fait autant d’ondes que de chair et qu’il est primordial pour nous de nous décharger par quelque chose d’audible ou de visible, quelque chose qui se répercute autour de nous. Parce que nous sommes humains, parce que nous avons besoin d’une place plus grande que notre présence, comme l’arbre étend ses racines sous la croute terrestre. J’hésite un peu. C’est un soupir dans ma respiration, comme si mon esprit trébuchait sur une idée tombée trop bas. Mes mains ont continué à attraper des ingrédients à droite à gauche, toujours sans rien demander à Cendre qui n’a pas encore montré d’impatience à se montrer « utile », comme si notre seule valeur était dans le « faire. »

    « J’ai…accordé un piano, dans la salle de musique. Il n’est pas parfait mais il fonctionne. » Là encore, ce n’est pas de la fausse modestie. Mon oreille de musicien entend bien les imperfections dans les cordes tendues de la grande carcasse de bois. Accordeur est un métier. Je serais prétentieux à prétendre faire aussi bien qu’un professionnel. Je fais de mon mieux et apprend à m’en satisfaire. Par chance, ce n’est pas mon instrument de prédilection et je sais modifier mes flûtes. « J’y suis le vendredi soir et le dimanche après-midi. Le reste du temps, la porte n’est pas fermée. Vous pouvez vous y rendre et l’utiliser comme vous le désirez. »

    La salle de musique n’est pas encore connue. Au rez-de-chaussée du Château, elle se trouve au fond d’un couloir, pour ne déranger personne. D’ailleurs, si j’ai donné mes heures de présence, ce n’est pas pour qu’elle m’y retrouve mais pour qu’elle m’évite. Je ne cherche pas vraiment à être entendu ici. Je joue pour moi avant tout. Mon temps sur les planches est aussi révolu que l’alcool, la drogue et ce qui allait avec. Sans ma femme et ma fille pour m’écouter, je ne vois pas l’intérêt de me produire. D’aucuns diraient que c’est égoiste. Je ne pense pas. J’interdits par ailleurs à personne d’être là. Je secoue la tête, pour tenter d’écarter les pensées sombres qui m’embrasent. Sans succès, bien entendu. La peine et la souffrance ne me quittent jamais.

    « L’expression n’est qu’un moyen d’entrer en résonance avec l’autre. Toucher également. La musique crée un pont entre celui qui joue et ceux qui reçoivent. Chacun, selon sa personnalité, son attente et son histoire retient un point de vue de ce que l’on joue. Un fil dans la tapisserie des notes. Et ce que renvoie l’audience nourrit à son tour la richesse interne de l’exécutant qui s’enrichit et enrichit sa musique, à son tour, des fils et des couleurs de celui qui écoute. Parfois, l’on joue seul, car tisser les émotions se travaille, s’apprend et qu’il est important, aussi, de n’avoir pour retour que ses propres vécus. On est alors audience autant que musicien. »
    Re: Chasse et Cueillette
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