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    Uletay na krilyah vetra
    Ven 12 Juil - 12:32
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    Je commence à m’habituer au froid.

    Bon sang ne saurait mentir, comme on dit. Ou alors c’est juste la prodigieuse capacité d’adaptation du corps humain qui… enfin bref, j’arrive encore pas à dormir et je suis encore de sortie. C’est la pleine lune ce soir. Elle est petite et glacée. Tourner autour des bâtiments suffit plus à me fatiguer maintenant, mais je crois que c’est même pas de fatigue dont j’ai besoin. C’est sûrement d’autre chose. De changer d’air. De rentrer à la maison ? Non. Y a plus de maison. La maison c’est ici, til death do us part. C’est peut-être d’être seule, qui sait. Le temps de percuter que quand on marche on a tendance à se déplacer, je suis déjà à mi-chemin du lac. Je devrais peut-être pas m’éloigner autant des bâtiments. Bah. Tout est tranquille à l’horizon, Choupette est avec moi, qu’est-ce qui pourrait mal se passer. Tant que je reste sur les chemins et les zones aménagées, évidemment… je vais pas aller cueillir des roseaux en pleine nuit, merci bien.

    La zone aménagée du lac est vite atteinte, et maintenant que je suis là je sais pas trop quoi faire. Piquer une tête, non merci, j’y tiens. Marcher ça commence à bien faire. Je m’assois sur la balançoire et je regarde les bougies brûler sur l’eau. Je me demande si c’est pour nous qu’elles brûlent ou pour ceux qui vivent sous l’eau. Je sais pas quelles sont les relations des Vélanes avec les Êtres de l’eau, tiens. Peut-être qu’on s’entendrait bien. Peut-être qu’ils auraient tué maman à vue et qu’ils feraient pareil avec moi. Faudrait que je trouve quelqu’un à qui demander. De toute façon tant que je vais pas dans l’eau je respecte leur espace, pas vrai ?

    Sans trop y réfléchir, je commence à me balancer, doucement, du bout du pied. Ca me fait du vent sur la figure. J’aime bien et ça me donne envie de chanter.

    "Uletay na krilyah vetra…"

    …sûrement la chanson la plus triste de mon répertoire slave, comme une dizaine d’autres. Maman la chantait souvent. Je sais pas pourquoi c’est ça qui sort mais ça fait du bien.

    "…ty v kray rodnoy, rodnaya pesnya nasha…"

    Envole-toi sur les ailes du vent vers notre terre natale, ô notre chant… yep, définitivement le mal du pays. Le mal d’un pays où j’ai jamais mis les pieds. Le mal d’un pays où tout est beau et bon.

    Qu'est-ce que je fous là...
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mer 17 Juil - 15:12
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    La nuit est tombée, et le clair de lune répond à peine à la chaleur de la forge. Autour de moi, le fer terne des instruments ne reflète aucune lumière. Seul, le foyer rougeoie dans la chaleur du mois de juillet. Je repose le verre invisible que j’ai soufflé dans le brasier. A l’intérieur, des volutes se chassent en nuage de vapeur. Il y a de la magie dans cet objet, une magie qui m’appartient, aérienne et sombre à la fois. Je ne sais pas encore à quoi il va servir. Je l’ai fait sans y penser, dans une impulsion d’après dîner, et, maintenant, il est tard.

    J’ai toujours été un homme de la nuit. Enfant, je me perdais dans la musique des notes et des mots, je profitais du silence autour de moi pour me retrouver. Le jour était plein de bruits et sentiments, de sourires et de pleurs, presque agressif dans son intensité et je me perdais dans les autres, incapable de me distancier correctement de leurs états d’âmes. Je riais, je pleurais. Dormant, je me retrouvais de même dans les rêves de ces autres et je ne contrôlais alors ni les merveilles ni les horreurs qui s’y déroulaient sous mes yeux. J’étais sans cesse submergé, plongé dans des ressentis qui n’étaient pas les miens. La nuit, seul, je pouvais écouter la maison respirer, faire le tri de mes expériences, me réapproprier mon esprit. Un peu de calme et de sérénité avant de retourner dans le tourbillon des portes de mon sommeil.

    Adolescents, le souffle clair des autres m’aidait à retrouver la sérénité. Ma sœur endormie dans notre chambre de ville, à Athènes, m’imposait sa sérénité. Le jour, je me perdais dans ses sourires, ses joies simples d’enfant innocente, loin des troubles qui saisissaient mon corps d’adolescents jusque dans les rêves de mes camarades d’internat à l’école. Je cherchais alors sa porte comme un pendu son souffle et je respirais, enfin, en regardant ses fantaisie d’enfant. Jusqu’à sa disparition, et ce fut le trou noir.

    Je repose mes outils, me lave les mains, ôte mon tablier et sort tranquillement sous ces étoiles qui ne sont pas les bonnes, comme le disait Polaris. Je me fiche de reconnaitre les constellations au dessus de ma tête, je regrette, simplement, d’être assez conscient pour avoir ce genre de pensées. La drogue avait été une autre façon pour moi de m’évader loin des émotions. Chasser le dragon, laisser la torpeur de l’opium vous emmener, s’émerveiller de la vie sous LSD et de ses couleurs, oublier la vie dans les vapeurs de cannabis, suivre la fée verte avec la douceur de l’absinthe. Cela avait remplacé mes nuits. Et mes jours. Et tout ce qui s’en était suivi. Et puis… il y avait eu ma femme et, avec elle, les nuits s’étaient remplies de soupirs de bonheur, de jeux et de rires. Je la voyais brûler le jour contre les injustices du monde et fondre la nuit dans mes bras. Et je l’aimais, je l’aimais jusqu’à me consumer pour elle, me perdre en elle, dans son esprit et ses rêves, dans son amour et ses baisers. Avant elle, après elle, j’ai connu des femmes. Et des hommes. Seuls ou à plusieurs, alcoolisés ou non, pour une nuit, une semaine, un mois, un adieu, peu m’avaient importé. Elle seule avait été importante. Et le fruit de notre union, cette étoile qu’elle m’avait donné et qui s’était éteinte aussitôt.

    Je marche au hasard. Je suis en robe sombre, comme souvent, ma baguette à mon poignet, ma flûte à ma ceinture. J’aimerais enterrer mes pensées, mes souvenirs, au cimetière des regrets, mais je ne le peux pas. Je joue avec la bague à mon annulaire gauche. Ce n’est pas la même que de mon vivant, bien sûr. C’est déjà ça.

    Une voix claire s’élève non loin, dans les aigus. Une chanson simple, slave. Je prends ma flûte. Lui répond, l’épouse, l’accompagne. Et je marche vers l’origine du son, jusqu’à une silhouette fantomatique. Une fleur blanche.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Lun 22 Juil - 0:03
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    La chanson:

    "…tam, pod znoynym nebom, negoy vozdukh polon…"

    Là-bas, sous le ciel brûlant, l’air est plein de liesse… et moi je suis ici, quel que soit cet ici exactement. Un ici pour qu’un jour il y ait un là-bas. Sûrement. J’inspire un grand coup. Je suis pas venue pour penser et pleurer. Les larmes ont jamais ramené les âmes en peine dans un monde qui n’existe pas.

    Et je chante, je chante, j’oublie le monde et je m’oublie moi, sur ma balançoire immobile entre la lune et le lac, je chante mon cœur et mes espoirs et un Ailleurs où je serais chez moi. En moins d’un vers les bougies ont disparu, disparu le Domaine, il y a le chant et moi…

    "…tam, pod govor morya dremlyut gory v oblakakh…"

    …et un air de flûte. Là-bas, sous le murmure de la mer, les montagnes sommeillent dans les nuages, le lac est un miroir, c’est le Baguettier qui approche la flûte au bec. Je suis à peine surprise. Dans l’atelier, il avait chanté quand j’avais chanté. Il avait une belle voix grave. Sa musique est belle.

    "…tam tak yarko solntse svetit, rodnyye gory svetom zalivaya…"

    Là-bas, le soleil brille si fort, il couvre de lumière nos montagnes natales… Une douzaine de questions passe et s’en va, moi je le regarde et je chante. Je souris. Je rayonne. Et je m’en fous.

    Je suis contente de pas chanter toute seule.

    "…v dolinakh pyshno rozy rastsvetayut, i solovʹi poyut v lesakh zelenykh, i sladkiy vinograd rastet…"

    …dans les vallées, les roses somptueuses fleurissent, les rossignols chantent dans les forêts verdoyantes, et de doux raisins poussent… L’image est belle, idyllique. Parfaite et inaccessible. Irréelle.

    "Tam tebe privolʹney, pesnya, ty tuda i uletay…"

    …là-bas, tu seras plus libre, ô chant, envole-toi là-bas…

    Je veux le reprendre, encore et encore et en boucle à en perdre la tête, jusqu’à basculer sur un autre par erreur ou par hasard.

    "Uletay na krilyah vetra, ty v kray rodnoy, rodnaya pesnya nasha…"

    A lui de voir s’il veut continuer ou prendre la main. Ou laisser l’ivresse partir. J’espère pas. Je suis bien.

    J'ai pas envie de me demander ce qu'il fait au bord du lac, au milieu de la nuit, avec une flûte traversière, à m'accompagner sur l'air des Danses polovtsiennes de Borodine que personne ne peut décemment avoir entendues au Domaine.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mar 30 Juil - 21:42
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    Cela me revenait à présent. La musique se déroulait et je retrouvais les notes, les accords et les intervalles des danses d'un opéra Russe du XIXème siècle. Les Danses polotsviennes étaient certes le passage le plus connu du "Prince Igor" de Borodine mais ce n'était pas ce que je m'attendais à entendre de la bouche d'une demi-vélane congolaise. Mes doigts retrouvèrent l'accompagnement adéquat tandis que mon oreille faisait la transposition sans que j'aie besoin de vraiment y réfléchir. Les sons étaient ma vie et mes mains savaient parfaitement quoi faire pour produire la musique qui résonnait dans mon coeur, dans mon âme. Elle avait la voix tellement triste, la jeune femme alors qu'elle retrouvait la complainte du chant parlant d'un peuple turc soumis à l'invasion russe et aux rêves d'un pays lointain, aux racines profondément inscrite dans le sang. On oubliait souvent que la Grèce n'était pas si loin de la Russie et que parfois les deux peuples pouvaient communiquer par des moyens plus profonds que la ressemblance vague de deux alphabets. Elle est belle la dame en blanc. Elle sourit. Elle se plaint, certes, mais en mots étranges, incompréhensibles dont je ne connais que le sens général. Elle arrive au bout de l'air principal. Elle reprend. J'attends un peu. Et je reprends aussi, en canon, sa voix claire se mêlant au son de ma flûte. J'ai tout le temps du monde. Une autre nuit sans sommeil ne changerait rien à mon état habituel. Nous étions nombreux à regarder ici les étoiles étranges qui avaient tant secoué Polaris. Nombreux à savoir que dormir ne nous apporterait aucun repos. Hantés pour la plupart par le souvenir de douleurs passées, de coups et d'horreurs,de pertes et de sang. Les instructeurs surtout avaient un traumatisme à dépasser. Ou, dans mon cas, le souvenir d'une douceur qui m'avait enveloppé comme un cocon avant de me prendre tout ce qui faisait de moi un être humain.

    Je jouais, elle chantait, nous étions l'un près de l'autre, pas assez pour se toucher physiquement, assez pour que nos âmes résonnent entre elles. Elle était belle comme la neige sous la lune, comme la première fleur de l'hiver, comme une goutte d'eau dans le désert, fragile et ephémère. J'oubliais notre rencontre, mon avis sur son caractère. Je jouais et je la regardais, avec la même douceur que j'avais jusqu'ici toujours réservé à ma fille, à ma soeur, à ma femme.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mer 31 Juil - 2:01
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    Il me suit. Il s'arrête quand je reprends, juste un instant de déception, un canon. J'ai pas l'habitude des canons, mais je connais l'air, je connais les paroles, je me concentre dessus. Je suis. Il connaît cette musique, j'en souris dans le chant et je suis heureuse, parce que malgré la tristesse du morceau, malgré sa beauté, malgré le fait que quand même tout ça est très bizarre, j'ai presque, presque l'impression que...

    "…tam, pod znoynym nebom, negoy vozdukh polon…"

    ...que je suis pas toute seule. Oh bien sûr au fond, même pas si au fond que ça en fait, je sais que si, je sais que c'est pas parce qu'un beau soir d'insomnie sous la pleine lune on chante un air de ballet russe avec son instructeur d'enchantements, accessoirement le concierge et baguettier du Domaine, apparu sans raison apparente dans cet endroit reculé et en prime armé de sa flûte traversière, c'est pas pour ça donc qu'on est pas seul.

    "…v dolinakh pyshno rozy rastsvetayut..."

    Je m'en fous. J'ai besoin de ce sentiment de... quelqu'un. Quelqu'un, même lui et ses baguettes-trolls. Portée par le chant, la flûte, le canon, je me suis levée, approchée. Je lève la tête pour le regarder dans les yeux, chanter avec lui, vraiment, et y a toute la tendresse du mon- merde !

    J'étais tellement prise dans le chant, tellement bien, que je... oh meeerde, merde, merde. Je regarde vite ailleurs, comme une pouilleuse prise la main dans le sac. Pas besoin de chercher le bouton power, la réalisation que j'étais en train de vélaniser le très respectable Odysseus et sa main qui depuis moins d'un mois arbore une belle alliance toute neuve, ça vous calme net. Heureusement on était presque à la fin déjà... et j'ai même pas couaqué, je crois.

    "Tam tebe privolʹney, pesnya, ty tuda i uletay…"

    Cette fois je laisse les notes disparaître. J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, à l'hypnotiser comme ça. D'avoir volé quelque chose qui n'était pas pour moi. En mission ça me dérange pas. Presque pas. Plus beaucoup. Mais lui...

    Je le laisse finir le canon, un peu piteuse. Il voudra peut-être continuer, faire comme si de rien était, just pretend it never happened, et je suivrai. Peut-être me poser des questions. Ou peut-être me pourrir. Pas le genre du personnage, mais il aurait le droit. Pas maîtriser son pouvoir à ce point, à quoi tu pensais bon sang ?!

    Et toujours cette impression de lui avoir volé des émotions que j'aurais jamais dû voir. Qui étaient pas pour moi. Mensonges, miel pour des oreilles crédules. Je sais pas ce qui me met le plus mal à l'aise : l'avoir charmé sans faire exprès, ou pas avoir fait exprès de le charmer. Vraiment. La luxure m'aurait moins choquée que sa sincérité.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Dim 4 Aoû - 17:35
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    Nos regards se croisent. Elle a des yeux de lac gelés, tout le froid de la sibérie se croisant avec les hautes montagnes françaises. Derrière ce rideau pâle, je lis le reflet d'une extase qui est peut-être la mienne. Je ne m'en soucie pas. Je suis habitué à la transe du travail. A celle de la musique. J'ai mes mains occupées, sinon, j'aurais cueilli ce visage au creux de ma paume, juste pour plonger un peu plus longtemps dans le miroir d'argent de la Princesse.

    Et puis, d'un coup, elle détourne la tête et c'est comme un coup de ciseau dans la trame d'un rêve. C'est presque violent. Par chance, je suis un professionnel et mon souffle ne trahit pas la chute des cîmes jusqu'à la terre. Il me faut un peu de temps pour me réceptionner. Pour comprendre. Une part du charme était sûrement vélane. J'avais entendu des choses sur ces créatures et je savais que la jeune femme n'était pas totalement humaine - quelle femme l'est. Elle continue de chanter, je poursuis le canon. Elle ne reprend pas, je modifie légèrement la fin pour arriver à une fermeture et la laisser mourir dans l'air de la nuit. Elle fuit mon regard, elle semble ennuyée peut-être. Je redescends ma flûte le long de mon corps. Humidifie mes lèvres asséchées par mon souffle et le retour du métal sur les muqueuses. Je ne pense plus à celles qui m'ont quittées. Leur absence ne me fait pas si mal et leur présence, pour une fois, m'a fait du bien. Il est rare que j'y repense sans regret. Sans remord. Je cherche quelque chose à dire à la jeune femme. Je ne trouve pas. Je n'ai jamais aimé les mots. Ils ont trop de pouvoir. Ils sont trop maladroits, trop imprécis, trop insidieux. Alors, au lieu de cela, je relève ma flûte, prend une inspiration et commence un vieux chant traditionnel Russe que je connais d'un concert dans ce pays lorsque j'étais plus jeune et en orchestre. Il parle d'amour, évidemment. Quel chant traditionnel n'en parle pas ? Mais il devrait être une réponse appropriée aux craintes de la jeune femme...
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Dim 11 Aoû - 16:26
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    Silence.

    C'est vraiment très gênant comme situation. Et en même temps je le regarde pas et ça aussi c'est gênant, j'ai que le coin des yeux pour voir ce qu'il fait. Ou ne fait pas, parce qu'il a baissé les bras et depuis plus rien en vue. Je prépare des excuses, je relève les yeux en même temps que sa flûte. Je me demande ce qu'il va faire. Jouer oui, jusque-là on est d'accord.

    C'est triste à fendre les pierres, ce qu'il joue. Je connais aussi la mélodie, maman la chantait des fois, mais je saurais pas chanter toutes les paroles de tête je crois. L'histoire d'une femme qui aimait un homme qui l'a rejetée, parti avec une autre, et qui en a choisi un autre elle aussi. Pourquoi ce choix ? Pour me dire d'aller voir ailleurs ? Pas d'inquiétude, oh là là, moi quand je peux éviter les hommes mariés... enfin il a une bonne raison, je suppose, vu ce qui vient de se passer. La boulette bon sang...

    Je sais pas d'où elle vient exactement cette chanson tiens, juste que c'est du russe. Pourquoi un air russe encore ? Je me souviens en un éclair que ce type, je le connais pas. Que je sais pas ce qu'il sait, ce qu'ils savent tous, ce qu'il veut et ce qu'ils veulent. J'écoute et j'observe, son attitude, ses doigts sur l'instrument. Il sait ce qu'il fait. C'est presque aussi beau de voir un bon musicien jouer que de l'entendre. Et puis doucement, comme si je révélais un Grand Secret, je l'accompagne à nouveau, juste la mélodie. C'est un secret pour personne que les Vélanes sont slaves, après tout. Aucun intérêt à cacher ça... surtout après l'articulation impeccable de Borodine.

    Ceci dit, cette fois-ci je fais bien attention à pas le charmer par inadvertance. Le chant aussi y perd un peu de charme.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Dim 11 Aoû - 20:41
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    Nous jouons à nouveau. Et une fois encore je me perds dans la mélodie. Elle n’a pas le charme de l’union que nous avions auparavant. Il manque quelque chose et je le sens dans notre interprétation. Mais elle chante bien, je joue bien et sa voix, juste claire, se mêle à la perfection avec les accents cristallins de mon instrument. Autour de nous, la nuit tend ses voiles de brumes et cela me suffit. Je n’ai pas besoin d’un plaisir intense pour me laisser emporter par la magie des notes. Je repense à ma vie, à celles qui sont parties, à cette envie que j’ai eu, souvent, de me perdre avec d’autres, tant d’autres, comme si la multitude cachait l’ignominie de mon acte. Je ne veux pas en concevoir de remords. Elle m’aurait dit d’avancer, de ne pas baisser les bras, de me battre. Elle ne s’avouait jamais vaincue. Elle était de tous les combats. Elle frappait, encore et toujours, tous les stigmates de l’injustice et de l’intolérance. C’était une enfant de l’an 2000 en avance, trop belle, trop forte et trop fière pour survivre à ces heures sombres. L’enfant devant moi ne semblait pas porter ce fardeau. Lorsqu’elle chantait, avec ou sans regard, elle était pure, innocente, oubliée des guerres. J’aurais aimé me dire que cet endroit de paix était à tout jamais notre nouvel abri. J’aurais aimé oublier que, dehors, d’autres continuaient les combats que je fuyais lâchement. Seulement les adolescents autour de moi, eux, ne semblaient jamais accepter le repos. La musique se termina et je la laissais mourir à nouveau, baissant ma flûte. Il me faudrait parler. C’était mon tour. Je ne savais pas quoi dire. J’avais l’impression que ma voix grave n’était pas à sa place ici. Je m’assis sur le sol, ma longue robe absorbant les gouttes de rosée de l’herbe humide, près du lac. Je posais ma flûte sur mes genoux.

    « La musique à un charme propre qui s’adresse directement à l’âme, vous ne trouvez pas ? »
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Dim 11 Aoû - 23:14
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    C'est beau. C'est toujours beau quand on chante, quand on joue. J'oublie qu'en venant j'avais la poitrine serrée, le mal du pays et la nostalgie d'un Ailleurs, Avant, Inconnu. Et puis il s'arrête, je m'arrête aussi, et le silence retombe sur le lac.

    Une pause, et lentement il s'assoit. Même assis il est immense. Il m'arrive aux côtes alors que je suis toujours debout. C'est bizarre. D'habitude c'est moi qui plafonne par là ou à peine plus haut. J'ai pas trop envie de m'asseoir, mais j'ai l'impression de le toiser. J'aime pas toiser les gens, j'ai pas l'habitude, y a pas grand-monde qui soit plus petit que moi au point de pouvoir regarder de haut. J'arrange mes habits sous moi et je me pose légèrement, dans une posture relaxée mais qui permet de se relever rapidement en cas de besoin. Certaines habitudes ont la vie dure.

    "Oui." J'allais pas dire non hein. Pas après ça. "C'est comme une magie... différente. Une des plus anciennes sûrement." Une magie à sa façon. Ca vaut pas ce que font les sorciers capables de lancer des sorts sans baguette, en termes d'efficacité spectaculaire, mais ça vaut bien l'héritage de maman.

    Je regarde ses mains, ses doigts de manuel et d'artiste, sa flûte. C'était beau. Très beau. Très... bizarre. J'avais cru comprendre qu'il était musicien, ne serait-ce qu'avec ses fredonnements dans son atelier à mon arrivée, mais je l'avais jamais entendu jouer d'un instrument. C'est bizarre pour un homme de son gabarit, un instrument si frêle, mais... ça lui va bien. Ca allait bien avec le chant.

    Et je sais pas quoi dire de spirituel.

    "Vous jouez depuis longtemps ?"

    ...spirituel, on a dit. Enfin... ça reste moins casse-gueule que de reparler de ce moment fâcheux, là.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mer 14 Aoû - 18:26
    Odysseus
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    Elle semble hésiter. Pour quoi, pour qui, je ne sais pas. Et finalement s’assied non loin de moi, répondant à ma banalité par quelque chose qui l’est tout autant. Cela ne nous empêche pas, je crois, d’être sincères. Elle a toujours les yeux baissés, sur mes mains je crois, ou mes genoux. Mes doigts sont longs, à cause de mes entraînements répétés depuis un âge très tendre. Ils sont aussi plein de cals, de légères brûlures et de minuscules coupures qui s’incrustent sur ma peau pour plus ou moins longtemps selon la gravité de ma maladresse. Un silence commence à s’installer. Il ne me gêne pas. Le silence porte en lui sa propre musique. Seulement, il y a quelque chose chez les gens qui les pousse à le rompre sans cesse, comme si le laisser s’installer, se plaire en son sein était une menace. Ce n’est pas qu’elle. Ils font tous ça. Rare sont ceux qui comprennent les mots muets.

    « J’ai commencé le piano vers six ans. Et la flûte traversière à douze. J’ai aussi fait quelques années de violon vers 20 ans et de guitare à l’adolescence. » Quand je tentais encore de croire que je pouvais un jour devenir sociable. J’aimais tous les instruments mais ma préférée était de loin ma flûte. J’aimais savoir que je pouvais la faire chanter avec mon souffle. L’effleurant de mes doigts. C’était comme un corps de métal dont je serais le poumon et la bouche mais qui n’exprimerait que ce qu’elle voulait. J’aimais aussi la perfection avec laquelle elle accompagnait la voix humaine, comme le saxophone et la trompette sont la voix du jazz, elle est la voix du classique. Seule, accompagnée d’une harpe ou d’un violon. Ou perdue dans un orchestre. C’était un instrument polyvalent, souvent méconnu, aux subtilité infinies. Au temps où j’étais professionnel, j’avais plusieurs instruments, au son légèrement différent pour les ambiances et les pièces que je voulais représenter. Peut-être y avait-il, vraiment, une magie de la musique. C’était quelque chose que j’aurais eu du plaisir à apprendre.

    « Mais vous avez également une belle voix. Je me souviens que vous aviez chanté aussi, lors de notre première rencontre. Je me demande. Que représente la musique, pour vous ? »
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Jeu 15 Aoû - 15:15
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    Sacré bagage. Ils devaient avoir des sous, chez lui, pour lui payer autant de cours. Et le voilà ici, à fabriquer des baguettes. Je vois pas trop le lien logique entre jouer de la musique moldue et fabriquer des baguettes. Au départ il est peut-être luthier ou quel que soit le nom qu'on donne aux gens qui fabriquent des flûtes, des pianos et des instruments classiques de toutes sortes ?

    Mais cette question. Cette question. La musique c'est beaucoup de choses pour moi. Beaucoup de choses oui, beaucoup trop pour que j'en dise autant, ça serait déjà trop. Et pourtant...

    "..."

    En vrai c'est une bonne question et mes sourcils concentrés sont sincères. Chanter, pour moi, c'est à la fois rien et beaucoup. Ca me calme. Ca fait sortir les choses en trop. Ca m'évite de penser à autre chose. C'est une évasion... une fuite en avant quelque part peut-être. Une fuite en arrière. Mon dernier lien au passé. Maman.

    Evidemment, j'vais pas en dire autant. Pas juste parce que je le connais pas vraiment. C'est pas mon pote, c'est pas mon psy. J'ai pas envie de me dévoiler autant. Mais je peux dire quelque chose qu'il aimerait entendre.

    "Un peu de beauté dans un monde qui en manque." Je regarde les mains longues et calleuses. "Un peu d'Absolu peut-être. Une..." ...non vraiment j'ai beau faire je vois pas comment éviter le sujet sans enchaîner les platitudes. Je relève la tête et les yeux. "...sorte de communication sans mots. Mais j'ai l'habitude de chanter seule. Quand personne n'écoute." Personne qui débarque avec une flûte en tout cas. "...désolée pour tout à l'heure."
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Ven 16 Aoû - 20:24
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    Elle prend le temps de réfléchir à ma question et cela me fait revoir mon opinion d’elle. Si elle s’était montrée impatience et capricieuse lors de notre première rencontre, elle avait toujours été assidue et concentrée en cours, posée, intelligente malgré de grosses lacunes dans des domaines considérés pourtant comme élémentaires. Patient, je la laisse réfléchir. Ce n’est jamais une question simple. Il n’y a pas de bonnes réponses et, parfois, pas même de réponse tout court . C’est ainsi. La musique est l’expression de l’âme. Personne déteste ça. On a des styles, des attirances, des envies. On sait la comprendre plus ou moins bien. La reproduire. Ou l’écouter. Mais on ne peut pas juste détester ça. Je me demande si les sourds de naissance entendent leur propre voix à l’intérieur de leur corps. S’ils chantent pour eux dans leur tête. Je crois que c’est le pire handicap qui soit, de ne pas entendre. A côté de cela, passer au travers des beautés visibles du monde me parait supportable. Finalement, elle parle et je tourne ma tête vers elle, lui accordant ma totale attention et un léger sourire triste.

    « Il n’y a rien dont vous devez être désolée. Ce charme fait partie de vous. Il est normal qu’il s’exprime quand vous chantez, puisque vous communiquez au-delà du langage, comme vous l’avez si bien exprimé. Ne vous excusez pas d’être vous. Les autres ne le feront pas, eux. » Je hausse les épaules. Le regard d’autrui est quelque chose d’extrêmement important pour un artiste. Ceux qui vous diront le contraire vous mentent. L’on ne se met pas à nu, devant un public, si l’on n’aime pas être regardé et cela vaut pour tous les arts. Et pourtant, paradoxalement, je n’avais jamais prêté d’attention à ce que l’on pouvait penser de moi. « Peut-être parlez-vous à vous-même, ou à la nature autour de vous. Il n’y a jamais personne qui n’écoute. Même perdue dans le désert, vous pourriez parler au sable, au vent, au soleil ou aux étoiles. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas d’oreille, qu’ils ne répondent pas, qu’ils ne sont pas sentiens au sens où nous l’entendons, nous que nous ne leur parlons pas. »

    Je me souviens de collègues qui me traitaient d’hippie new-âge à cause de ce genre de croyance. Et pourtant c’était quelque chose que j’avais souvent vu et observé. Un être humain parle. Il parle aux animaux quand il n’y a pas d’humain pour écouter. Aux choses quand les êtres vivants sont trop loin. A lui-même lorsqu’il est totalement isolé. Nous avons besoin de nous entendre. Un sourd se signe-t-il à lui-même ? Je me demande d’où viennent toutes ces interrogations sur les sourds, soudainement. Je demanderais à Lancelot, à l’occasion. Peut-être le sait-il.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mar 20 Aoû - 14:30
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    "Je m'excuserai jamais d'être moi." J'étais absolument pas dans cette démarche, et ma voix ferme est bien claire sur la question. "Mais là c'était pas correct." Très gênant surtout ouais. J'ai l'impression qu'il y est super sensible en plus... ça ou alors j'ai vraiment pas fait attention à l'énergie que j'y mettais. "Je me suis laissée emporter. Par la musique. Je voudrais pas qu'il y ait une ambiguïté."

    La bague apparue récemment à son annulaire libre attire mon œil, presque malgré moi. Ca serait vraiment malvenu. Communication sans mots tu parles. Je me vois tellement m'enfoncer et plus je parle plus je m'enfooonce...

    ...mais pourquoi je m'inquiète des autres en fait ? Il y voyait pas malice il a dit, c'est bon c'est fini, aucune raison que quelqu'un d'autre s'en mêle. Et au pire hein. Je risque juste de me faire arracher la tête par l'autre main baguée, ça va. C'est pas si grave. Je suppose.

    "Enfin bref."

    Ouais voilà. Bref. C'est mieux. Je me suis tellement enfoncée qu'il va me falloir un tuba si ça continue. Et long, le tuba. Seule consolation à l'affaire, j'ai pas bronché. J'ai pas fait ma Cassio à me ratatiner jusqu'à devenir invisible. Je l'ai regardé en m'emmêlant les pinceaux, sûrement en rougissant vu comment mes joues me brûlent, et pourtant Cléopâtre sait que l'herbe par terre était soudain tellement intéressante.

    "Vous avez sûrement raison."

    Mais le lac, les bougies et les étoiles ne jouent pas de flûte traversière et je pense que le charme de ma voix ils en ont rien à foutre. Les êtres de l'eau, encore, peut-être... je serais bien embêtée tiens. Je parle pas les langues des êtres de l'eau moi.

    "...dites, vous pensez qu'on dérange les êtres de l'eau à faire de la musique au milieu de la nuit à deux pas de chez eux ?"

    Aucun rapport avec la choucroute et c'est très bien.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Mar 20 Aoû - 17:12
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    Elle s’affirme. L’ai-je blessée ? Cela sonnait comme une excuse à mes oreilles, bien sûr mais cela ne voulait pas dire que c’était le cas. Les mots sont toujours trompeurs. Je continue de l’écouter. Hoche la tête. « Aucune ambiguïté » assurais-je pour clore le sujet. .Elle n’essayait pas de me séduire, je n’essayais pas d’être séduit, nous faisions de la musique voilà tout. Je vois ses yeux tomber sur ma bague et la touche un peu du pouce. Cette alliance m’a terriblement manquée et bien qu’elle ne ressemble pas à l’ancienne et que ce soit Lancelot et non mon épouse qui porte l’autre, elle me rassure. Elle me rappelle que j’ai aimé, que j’ai vécu, que j’ai perdu et que j’ai survécu. Et c’est curieusement important pour moi. Enfin bref, comme semblent le dire les jeunes.

    Je regarde le ciel au dessus de nous, les dessins formés par les constellations inconnues. Je me demande qui les nommera, et quand. J’avais eu de l’espoir pour Polaris, avant. Il semble que cette enrôlée se soit laissée emporter par le quotidien. Je l’aperçois en cours, et c’est tout. Je ne veux pas regarder Pivoine. J’ai bien remarqué qu’elle avait rosi comme les fleurs du même nom et ne veut pas la mettre encore plus mal à l’aise. Elle devra travailler sur cette importance qu’elle accorde aux autres, si elle veut avancer sur le chemin de la maturité. Finalement, elle relance d’une question à laquelle j’accorde quelques secondes de réflexion.

    « Je ne pense pas. » Ou je ne l’aurais pas fait, j’aurais en horreur de me dire que je dérange mon prochain. J’aime à imaginer que la nuit boit ma musique. « L’eau ne transmet pas le son comme l’air et en profondeur, celui-ci se sera déjà perdu. Les seuls êtres pouvant nous entendre sont donc proches de la surface et donc ne dorment pas. Nous dérangeons peut-être les prédateurs et les proies diurnes cherchant le repos ou les bêtes nocturnes sorties chasser mais au final, ne faisons-nous pas également partie de cette nature qui nous entoure ? Notre son est-il une pollution ou peut-il être considéré comme naturel ? Ce n’est pas parce que nous sommes conscients que nous nous élevons au-delà de notre état animal. Je dérange la chouette autant qu’elle me dérange à hululer la nuit. Autant que le pic-vert à frapper contre le tronc le jour. Si vraiment nous sommes une nuisance, nous le saurons à la réaction de ceux que nous aurons dérangés, qu’ils nous agressent ou nous fuient. » Etre de l’eau ou non, humains –ou demi-vélane – ou pas. Et puis, parce que je suis toujours capable d’additionner deux et deux…

    « Je vous ai dérangée ? » Je ne me sens pas coupable et ma question n’a rien de soudain gêné, au contraire, elle est simple et posée. Une vraie question qui attend une vraie réponse mais qui pourrait aussi bien être de la même veine que les questionnements philosophiques que j’avais soulevés plus tôt.
    Re: Uletay na krilyah vetra
    Lun 26 Aoû - 15:00
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    Juste comme je la regarde, il touche sa bague. Comme sans doute pas mal de monde au Domaine je me demande pourquoi. Est-ce qu'ils se connaissaient d'avant ? Est-ce que c'est une façon de faire une croix sur ce qu'ils ont laissé derrière eux ? Est-ce que c'est un genre de pacte, de société secrète, de signe tacite ? Ou est-ce que ça n'a rien à voir, que c'est juste un coup de foudre comme il en arrive parfois et que pas de bol c'est deux hommes mais ils en ont rien à foutre ?

    Là où j'ai grandi, ça se fait pas. On en parle pas. Ca existe pas. Ca existe tellement pas que le gouvernement moldu l'a interdit. D'ailleurs les sorciers sont pas franchement plus ouverts. J'ai quand même aidé à lancer de sales rumeurs sur un ou deux suppôts de Nzinga parce que mon charme avait eu aucun effet sur eux et que vu leur situation personnelle la seule conclusion logique, et qui nous arrangeait bien, c'est qu'ils étaient de l'autre bord.

    Moi en vrai j'ai pas vraiment d'opinion là-dessus. J'ai fait assez de trucs sales pour pas juger les moeurs des autres. S'ils s'aiment, hein. C'est assez rare pour qu'on le respecte. D'autres ont pas ce détachement on dirait... j'ai pas oublié l'insistance crasse du dirlo au discours début juin. C'est un connard oui ça j'avais déjà compris avant, mais l'insistance là-dessus au mépris de tout le reste est quand même... bizarre. Je suis pas convaincue qu'ils s'aiment. Ils font peut-être juste bien semblant. Mais c'est pas ce genre de ragots qui vont faire avancer la Cause. Le nid de serpents il est censé être dehors. Alors j'enregistre, mais je cherche pas activement à nouer les liens.

    Soit dit en passant, je me mets pas exactement sur le même plan que les animaux de la forêt, et j'y mets pas non plus les êtres de l'eau. Je m'en fous un peu de déranger un hibou. Il pense pas à mal, je le sens bien, m'enfin quand même.

    "Surprise." je corrige, avant qu'un demi-sourire m'échappe. "Si vous m'aviez dérangée vous croyez que j'aurais continué à chanter ?"

    Je retiens mon "je vous aurais arraché le foie, c'est comme ça qu'on fait dans les contes". On a pas élevé assez de baguettes ensemble encore. Et je retiens aussi mon "j'avais l'air si agressive ?", on a dit pas d'ambiguïté.
    Re: Uletay na krilyah vetra
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