Trop sensible. La personne que l’on hésitait à faire souffrir pouvait bien en profiter pour s’échapper et faire souffrir beaucoup d’autres gens. La guerre, pour beaucoup d’enrôlés – du moins du point de vue d’Aubépine – était bien trop abstraite. Les méchants sont injuste, alors ils faut les empêcher de faire le mal mais si possible en ne faisant que des choses bien. Elle ne pouvait pas se permettre de penser comme ça. Frapper en premier évitait beaucoup de douleur à soi et aux collatéraux, finalement. Elle n’était pas gentille et il allait falloir que Pluie devienne méchante, semblait-il. Sinon, il y aurait d’autre Granits pour l’ennuyer sur des prétextes aussi bidon qu’une pseudo-homosexualité, comme si cela existait vraiment.
« De rien. » Pluie ferait ce qu’elle voudrait du conseil. Elle parlerait ou ne parlerait pas à Morrigan et cela ne regardait pas Aubépine qui se fichait pas mal, au final, du résultat. Elle disait le fond de sa pensée, ensuite les gens étaient libres d’en faire ce qu’ils voudraient. C‘était ça la liberté. D’avoir le choix de ne pas se défendre et de souffrir si l’on décidait que le pacifisme était plus important que la survie. C’était idiot mais elle se battait, elle, pour que les crétins puissent le rester avec un minimum de risque d’y passer pour cela. Les idéaux c’était personnel. Elle haussa les épaules. « Quand tu fais une piqure à quelqu’un, tu lui fais mal non ? Mais tu te dis que c’est parce qu’au final, son corps ira mieux et que cette petite douleur est là pour éviter une plus grosse. Et bien c’est pareil. Nous sommes une potion pour le monde qui est malade et nous devons détruire les mages noirs qui l’étouffent pour qu’il puisse prospérer. Une douleur sur une minorité de la population – si on décide que les humains sont des cellules du monde – afin de protéger le plus grand nombre. Ce n’est pas une question de guerre, c’est une question de conviction. Est-ce que tu penses sincèrement, au fond de ton cœur, que notre Cause est pour le bien de l’humanité ou non. Si oui, alors tu verras, faire un peu mal pour beaucoup de bien devient plus facile. Le truc, c’est que ceux d’en face pensent pareil. Ils nous voient nous comme la maladie et eux comme la cure. C’est comme ça. C’est ça la guerre. Quand chaque camp pense être le meilleur pour l’humanité. » Un regard à Granit. Il souffrait, mais, surtout, il était visible et c’était un message pour les autres crétins qui se seraient crus autorisés à l’imiter.
« J’en parlerais à Sycomore, c’est certain. » Son frère connaissait toute sa vie, et inversement. Ou presque, elle commençait, doucement, à ne pas lui parler de choses sans importance comme les moments passés avec Lancelot, qui ne le regardaient pas. « Ensuite je ne sais pas. Si on m’en parle, évidemment que je dirais ce qu’il s’est passé mais nous sommes de grandes filles, je ne vois pas l’intérêt d’aller nous plaindre. Quant à son état…je ne pense pas que je serais d’humeur à le libérer avant au moins la nuit tombée alors à voir si un de ses amis veut tenter de casser mon sort… »