Forger l'avenir

Une partie de la réponse, mais pas tout. Son positivisme le pousse toutefois à éprouver un minimum de satisfaction à avoir au moins une partie du tout qui soit juste. Arcturus n’arrête pas pour autant de manier le soufflet, de chercher à aller chercher exactement le bon geste, inlassablement. Voilà un moment que la touffeur de la forge est venue couvrir sa peau d’une fine pellicule de sueur alors qu’il se prête à cet exercice définitivement physique.

Quand Odysseus trempe à nouveau la lame, elle ne noircit pas à nouveau, gardant plutôt un aspect brillant, autrement plus convaincant que jusqu’alors. On y voit même un tracé plus pâle, fin et intriguant qui n’aurait pu s’y trouver sans que la magie habite l’objet.

Arcturus regarde l’instructeur alors qu’il lui explique ce qui lui a échappé, les notions manquantes pour pouvoir lui répondre correctement du premier coup. Seulement la chaleur permettrait de créer un objet similaire, mais dénué de cœur ou d’âme. Un simple couteau non-magique. Mais ici, il s’agissait de plus que ça.

- Vous utilisez les éléments directement pour forger, avec la magie, vous pouvez faire en sorte que ce soit les éléments eux-mêmes et non la chaleur du feu ou le froid de l’eau qui servent à forger, de sorte que la lame ait une âme. Mais vous y insuffler aussi de la magie, non ? Afin de… Comment dire… De faire réagir l’élément de feu lorsqu’on en a besoin ?

Invariablement, il se sent maladroit dans ses mots comparés à Odysseus, mais peu importe qu’il ait un beau verbe s'il n’y comprend rien.

Une question intéressante. Posée en peu de mots et sans arrêter le travail manuel. Le corps effectuant un geste répétitif et suffisamment fatiguant libère l’esprit pour autre chose ai-je souvent remarqué et je ne pense jamais aussi bien que lorsque je forge. Je suis satisfait de mon apprenti du jour. Je pense que je lui proposerais de reprendre ce genre de travaux ensemble lorsqu’il sera fatigué.

« En effet. » Et pas n’importe quelle magie. J’y met ma magie à moi, une part de mon être. Les horcruxes déchirent l’âme, les artefacts disséminent l’essence de l’être. L’un est destruction pure, magie noire et heureusement oubliée depuis des éons, l’autre est création, reproduction et essaimage. « Pour commencer, tu dois comprendre que je ne peux pas mettre de magie dans un objet qui aurait été créé par de la simple chaleur, il doit avoir connu le feu pour comprendre le feu. C’est pourquoi il n’y a pas d’usine d’artefacts. » Ca et le fait que la simple idée de fordiser un tel art me fait froid dans le dos. Les moldus et leur besoin de productivité… a faire vite, l’on fait mal. Il faut neuf mois pour faire un enfant. C’est le cas depuis l’aube des temps, et ce le sera même lorsque nous aurons trouvé le moyen d’oublier de vieillir. « Créer, c’est donner de soi. » J’ai parlé à voix basse mais assez haute pour qu’il m’entende malgré le ronflement du feu près de nous. « Une fois l’élément voulu inséré dans l’objet, il faut utiliser une magie pour lui donner assez de conscience pour apprendre ce qu’on attend de lui. Pas plus, un objet sentiens te viderait totalement de toute énergie vitale et les implications éthiques sont trop complexes. Il y en a quelques-uns mais ils sont rares et souvent trop convoités pour avoir survécu jusqu’à nous. » J’attrape la lame juste trempée et l’apporte à la roue d’aiguisage. « Lâche le soufflet. » Je lui fais signe de venir et lui montre en silence comment actionner la pédale pour faire tourner la pierre au bon rythme qui – et ce n’est pas une coïncidence – est à peu près le même que celui qu’il a trouvé pour son bras. Je pourrais le faire seul seulement je tiens à ce qu’il continue à apprendre. « Cette lame doit cautériser les plaies qu’elle forme. Comment penses-tu le lui enseigner ? »

Arcturus continue ses mouvements avec le soufflet, l’oreille attentive pour comprendre les explications d’Odysseus dans le boucan de la forge. C’est un précepte à la fois… Si simple et complexe. Il hoche du chef, en absorbant chaque parole avec intérêt. Plus l’homme à ses côtés lui enseigne de choses sur la création d’artefacts, plus son intérêt grandit, définitivement intéressé par cet art à la fois simple et terriblement complexe. Arcturus se demande vaguement s’il aura un cours concentré sur le sujet, mais il ne se permet pas d’interrompre l’instructeur avec cette question.

Simplement, créer de ses mains, de soi-même, c’est quelque chose qui lui semble terriblement satisfaisant et attrayant, quand bien même, ce serait pour réaliser des babioles à peine utilisables. Il faut toujours commencer quelque part après tout.

La suite appelle toutefois à la prudence. À ne pas avoir les yeux plus grands que le ventre. L’enrôlé a bien entendu quelques légendes sur des objets qui ont répandu le malheur, la souffrance et la mort sur les sorciers qui cherchaient à s’en emparer, attiré par leur puissance et le pouvoir qu’ils pourraient posséder en les contrôlant. Si le jeune homme se demande un instant ce qu’il ferait face à pareil artefact, Odysseus ne tarde pas à le rappeler à lui et il lâche le soufflet comme il le lui demande avant d’approcher et de regarder comment faire fonctionner la pédale. Il ne lui faut pas longtemps avant de comprendre.

« Okay, c’est bon. » qu’il souffle avant de prendre le relais avec ce rythme familier qu’il entraînait quelques secondes plus tôt.

Le regard pâle du nordique se pose sur la lame, fronçant un peu les sourcils en essayant de comprendre, de savoir quoi répondre à la question de l’autre homme, mais encore une fois, il ne trouve pas. La réponse lui échappe alors qu’il observe la lame comme si elle était en mesure de lui révéler ce secret.

« Je ne sais pas exactement. Peut-être en visualisant ce qu’on attend d’elle ? » qu’il tente, peu convaincu, mais préférant se tromper que de ne simplement pas tenter de réponses. L’artisan à ses côtés n’est pas d’une nature impatiente.

La pierre tourne au bon rythme. J’y appose le bord de la lame. Le tout crisse. Bruit désagréable qui ressemble à un hurlement. C’est normal. Je lui arrache des bouts de chair pour la rendre plus aiguisée. Cela ne fait pas du bien, c’est évident. Lorsque j’aurais assez mordu sur le gras de la lame, j’irais tapoter pour équilibrer les micro fissures et envoyer le feu suivre et remplir les failles. Ainsi il sera plus solide que du simple fer, il pourra se soigner lui-même, métaphoriquement parlant. Pour qu’il fonctionne, il doit être toujours tranchant c’est la première capacité qu’il doit acquérir.

« Peux-tu visualiser la douleur ? » C’est une question difficile. On se souvient avoir eu mal, s’être dit « j’ai mal ». On se souvient de moment de déprime mais se rappeler de la douleur, dans son corps, est quasiment impossible. Elle est omniprésente quand elle est là. Elle disparait aussi vite. L’homme n’est pas fait pour se rappeler de la douleur dans sa chair ou il ne ferait plus rien. La peur d’avoir mal est déjà un frein, celle d’être blessé aussi. J’ai mal depuis si longtemps que je n’oublie jamais mais c’est une douleur psychique. Cela n’a rien à voir, curieusement. Je sors la lame de la pierre, lui fait signe de continuer. J’ai besoin que le rythme ne cesse pas. Doucement, je fais bouger le feu dans la lame, chauffer le bout presque transparent, puis, avec un marteau de précision, je…et bien je martèle. Sans force, je n’en ai pas besoin. La forge n’est pas de taper le plus fort possible. C’est être délicat. C’est appliquer la bonne pression au bon endroit, avec la bonne température et le bon matériel. C’est ne faire qu’un avec ce ue l’on crée. On peut faire de l’à-peu-près avec le cuir, mais ce qui demande du feu, la forge, le verre, demande de la précision. Comprendre les éléments dans son corps. Visualiser ne suffit pas. J’espère qu’il le comprendra.

Le bruit de la lame qui crisse contre la pierre ne te fait pas broncher, continuant à l’actionner pour la garder au même rythme. Pourtant, la question d’Odysseus demande réflexion et le plus jeune fronce les sourcils sous la concentration, peut-être un peu sur l’effort prolongé qu’il met dans la touffeur de la forge pour aider l’instructeur dans sa tâche.

« … Non, je ne peux pas vraiment… »

Arcturus a beau chercher, se remémorer des moments où il a eu mal, il peine à avoir un réel souvenir de comment c’était. Il arrive peut-être à se rappeler vaguement des sensations, mais rien qui soit assez marqué à sa mémoire pour parvenir à visualiser concrètement.

« Est-ce une question d’intentions, dans ce cas ? »

Il tente, estime qu’il n’a rien à perdre, tout à gagner dans cet échange. Et qu’il vaut mieux tenter et avoir bon que de ne rien oser et d’avoir invariablement un échec. En attendant, ses yeux ne quittent pas la lame que l’artisan continue de travailler avec une précision à chaque fois renouvelée. Sans l’avoir éprouvé encore, le plus jeune s’avoue étonné par la force et la résistance d’Odysseus qui n’a au final, presque jamais cessé son labeur. Il comprendra mieux quand il fera lui-même, si la chance lui est offerte. Probablement que ça viendra plus tôt que tard, vu la bonne volonté et la patience dont fait preuve son professeur à lui enseigner son art.

« Depuis combien de temps travaillez-vous ainsi le métal ? »

L’intention est plus proche de la réponse réelle. En effet, le couteau cautérisant, il faut lui expliquer la bonne chaleur à appliquer ce qui, autant que la douleur, n’est pas visualisable. Seulement à partir du moment où l’objet peut apprendre, il peut comprendre, presque ressentir.

« Un médicomage travaillant cet artefact visualiserait les vaisseaux à cautériser, les chairs à chauffer sans brûler, les microbes et bactéries à éliminer. Je ne suis pas médicomage, mon enseignement à la lame sera différent. Au final, chaque artefact est unique à son créateur, parce qu’il y a sa propre énergie magique dedans mais aussi parce qu’il a une vision propre du but qu’il s’est fixé. »

J’ai parlé tranquillement, et, je le sais, sans donner directement ma réponse. Au lieu de cela, je trempe à nouveau ma lame, l’aiguise, la retrempe. Le fil me parait alors satisfaisant et l’objet a gardé une belle teinte gris clair cette fois. Le manche va être à travailler. En bois et en cuir, je pense. Mais ce n’est pas le moment, là, tout de suite. Je lève l’outil, traçant dans la paume de ma main une ligne supplémentaire, rouge sang. Les sourcils froncés, je murmure des paroles, incitant mon sang à remonter les canaux, incitant le feu à faire son office. Rapidement, la plaie –peu profonde, peu large et peu dangereuse- s’arrête de saigner. C’est ce que je voulais. Je tends l’objet à mon apprenti du jour.

« J’ai expliqué à la lame ce que j’attendais d’elle. Elle saura maintenant reconnaitre le gout du sang humain et agir en conséquence. Mon sang comme mon pouvoir sont remontés dans les petits canaux que je t’ai montrés précédemment et se sont mêlés au feu. » Je frotte mes deux mains l’une contre l’autre. Il est toujours difficile de s’infliger de la douleur à soi-même. Même à moi.

« J’ai commencé l’étude de la fabrication des artefacts après l’équivalent de mes ASPICs et ça doit faire vingt ans que je touche au métal ? Je ne suis pas professionnel cependant, loin de là. »

Mes études m’ont prédisposées à la réalisation de petites pièces. Les faux, les armes, les boucliers, les armures, toutes ces pièces pourtant banales d’un vrai forgeron me sont inconnues.

C’est… Fascinant. Cela signifie-t-il qu’il serait impossible, d’une personne à l’autre, d’avoir vraiment le même résultat ? Arcturus savait que l’art des artefacts était unique en elle-même, mais cela dépasse de loin ce qu’il pouvait imaginer. Son regard d’océan glisse sur l’objet. Deux hommes auraient beau travailler sur des lames en tout point pareilles, au final, elle serait parfaitement différente en même temps.

- Je… Crois comprendre. Et c’est… Je ne pensais pas que c’était aussi… Complexe. Même si je m’en doutais aussi en même temps.

Ça rend d’autant plus cet apprentissage précieux et utile. Arcturus continue de donner le rythme à la pierre alors qu’Odyseus fini de donner le tranchant désiré à son œuvre. Comme il semble juger que l’aiguisage est terminé, le plus jeune ralentis le mouvement avant d’approcher, curieux… Et de froncer les sourcils quand l’homme s’ouvre lui-même la main avec sa lame. Pourtant, il ne fait pas un geste pour l’arrêter, se contentant d’observer, en silence. La réaction ne tarde pas beaucoup et le norvégien peut observer la plaie qui cesse de saigner.

La lame lui est tendue et il la prend avec une certaine référence empreinte de curiosité. Ses explications finissent de t’instruire au sujet de l’artefact et s’il n’ose pas se couper de la même façon qu’Odyseus, il l’observe sous toutes ses coutures, fasciné.

- C’est… Génial. Du coup, vous allez l’offrir à Lancelot pour les besoins de l’infirmerie ?

La suite l’étonne un peu. Vingt ans de pratique. Ce n’est pas rien, quand bien même il s’empresse de rajouter qu’il est loin d’être professionnel. Peut-être pas, mais il sait assurément plus faire que la plupart des gens. Arcturus imagine sans mal que de tels talents doivent être vite réquisitionné par le seigneur des ténèbres afin de pouvoir équiper ses hommes d’artefacts autrement plus dangereux.

- quand bien même vous n’êtes pas un professionnel, j’ai beaucoup apprécié d’apprendre un peu a vos côtés.

L’Officier lui rend le couteau, veillant à ce qu’il puisse le récupérer par le manche.

Il ne se coupe pas, ce qui est une bonne chose. Un seul sang suffit à la lame et il est bon de se dire qu’un officier fait attention au sang versé. Arcturus est un jeune homme posé qui montre de grandes facultés pour l’art des artefacts. Il est intelligent, réfléchit, silencieux. Il n’a pas une seule fois fait mention du difficile travail physique de la forge. Il a la fascination qu’il faut pour ce qui se crée au fil du temps, lorsque la sueur de l’effort se mêle aux autres éléments formant l’objet.

« Oui. »

L’offrir est un grand mot, ce n’est, au fond, qu’un outil parmi d’autres, pas un cadeau. Il ira où il sera utile pour aider à la Cause car j’ai besoin de me dire que celle-ci se nourrit autant de Création que de Destruction. J’ai besoin de croire en une balance des choses. Je reprends l’arme. Je vois qu’il me la tend par le manche, ce que j’apprécie. Les doigts sur le métal créent des traces de rouilles qui n’auraient pas convenu à une lame utilitaire et médicale. Je hoche la tête à ses remerciements.

« Demain je fais l’étui en cuir. Et je finis le manche en bois. »

Ce ne seront pas des artefacts. Un objet ne peut contenir qu’une somme limitée de magie ou il se désagrège. Je ne veux pas le charger. Simplicité et unité valent mieux que patchwork. Je ne suis décidément pas intéressé par la rentabilité du monde moderne. Je regarde Arcturus dont je sens bien qu’il est sur le départ.

« Tu peux venir. Si tu veux. »

Je saurais alors si seul la forge ou le travail de la magie l’intéresse ou s’il s’intéresse aussi un peu aux mystères de la Création au sens large, par-delà les matériaux plus ou moins nobles. S’il est aussi intéressé que je le pense, ou non. Dans tous les cas, ça ne fera que préciser le tableau que je me fais de lui mais cela ne changera rien à sa valeur à mes yeux.

Arcturus aimerait presque voir Lancelot à l’œuvre avec ce nouvel artefact, mais cette envie est vite bloquée par l’idée qu’une infortunée personne doivent se blesser pour justifier l’utilisation du couteau. Rien ne presse et s’il se doute que ça viendra bien à un moment -et probablement beaucoup plus que ce qu’il ne le voudrait, vaut mieux éviter de s’hâter vers ce dernier.

La suite du processus, même s’il n’est plus vraiment axé sur la forge, mais bel et bien des domaines forts différents ne manquent pas d’attirer le plus jeune que la proposition ravie définitivement, même s’il se retient de trop le montrer.

« J’adorerais. Vous serez ici vers les mêmes heures ? »

Autant éviter à l’officier moults aller retours pour pouvoir retrouver Oddyseus. L’idée de voir la fin du projet lui plaît beaucoup. Certes, il ne s’attend pas à ce qu’il donne de propriétés particulières au manche du couteau ou encore à son étui, mais le tout l’intéresse, car il serait fort bête d’apprendre à forger sans s’intéresser un minimum à la fabrication parfois toute normal de certaines parties d’ouvrages. Globalement, même, l’idée de créer, peu importe que ce soit magique ou non, a quelque chose de ravissant aux yeux de l’enrôlé.

C’est comme s’intéresser aux habitudes et besoins d’une bête sans s’intéresser le moindrement à son alimentation. Un apprentissage incomplet. Ce n’était pas ce dont Arcturus avait besoin ou envie, au contraire, et il était heureux d’avoir trouvé quelqu’un pour l’éduquer un peu en la matière, quand bien même cela serait plus complexe à suivre en même temps que les cours et autres activités du Domaine. Il y arriverait, pour autant qu’il y mette le temps, l’énergie et la motivation.

Et nul doute que la motivation qui avait mené Arcturus en ces lieux n’avait rien de fragile ou d’incomplète.

Les mots, quand ils étaient peu nombreux, devenaient important. Si je savais que certains enrôlés qualifiaient mon cours de « blabla new age » et ne m’en formalisais pas, j’étais sensible à cette notion et j’appliquais la même restriction à mon quotidien. Ainsi, le terme « adorer » même dit d’une façon calme et contenue, montrait un enthousiasme certain. Inutile de mettre de l’intensité quand on sait ce que l’on fait. Sans faire de remarque qui aurait été soit superflue, soit offensante, je repris sur le même ton.

« Je suis ici, en face, ou dans l’atelier de baguette, tous les jours, quand il fait jour et que je ne suis pas en cours, sauf le dimanche. » Je n’ai pas précisément de routine. Comme beaucoup d’artistes, j’ai du mal avec les habitudes et n’aime pas les horaires. Les choses prennent du temps à s’affiner. Il ne faut pas les presser. La chaîne, l’automatisation, les cadences, forgent des objets, non des œuvres. Aussi modestes que soient les miennes, imparfaites, incomplètes, fragiles, elles ont chacune des spécificités uniques et je me refuse à les contraindre ou les forcer. On ne peut créer que dans la plus grande liberté de l’âme. Du moins, c’est ce que je crois. Ce que je tente d’enseigner. Il devra donc me chercher s’il souhaite me trouver. Ce ne sera pas compliqué. Il a des jambes. Je ne me cache pas.

Je ne rajoute rien. Je sais qu’avec le snidget, ce ne sera pas la peine. Nous sommes de la même brigade, nos horaires sont donc sensiblement les même et nous sommes amenés à nous revoir. Tranquillement, je prends ma baguette, fermant le clapet du four de la forge, rangeant les instruments, nettoyant l’eau aux particules de métal. Je ne fais plus attention à lui. Il peut m’aider ou partir, cela ne changera rien à la bonne opinion que j’ai forgée de son caractère, laquelle, qui sait, se ressentira dans l’artefact que nous avons créé ? Je doute que qui que ce soit s’en rende compte. Cela n’a pas d’importance. L’essentiel est peut-être invisible pour les yeux, comme le prétendait Saint-Exupery dans son Petit Prince, mais je n’avais pas besoin de le voir avec le cœur pour en sentir la chaleur.