La réaction ne se fit pas attendre : la porte décocha un crochet du gond droit dans la mâchoire de l'impudent, avant de se remettre fermement en place dans un bruit ressemblant à s'y méprendre à un "HMPH" d'indignation.

La cheminée, de son côté, crépita, crapota. Un visage s'y dessina bientôt, un visage à la fois familier - car tout le monde l'avait déjà vu - et étranger - car personne ne le connaissait bien. Le visage de Mr Le Directeur. Il jeta son regard en direction d'Ortie.

"On est prié de ne pas insulter le mobilier avec des sorts minables, merci beaucoup. Et avec une incantation prononcée, de surcroit ?"

Son regard roula sur les deux instructrices de la brigade Selkie avant de revenir sur le jeune homme.

"J'en connais qui vont avoir du boulot. Et sinon, oui, un règlement. Mais à rédiger ensemble. Il peut être aussi permissif que vous tous serez confortables avec, dans la mesure où vos vies dépendent les uns des autres. Eh oui, c'est fini la vie de connard égoïste, mon petit Jean-Gazon ! Vous faites maintenant partie d'un groupe, d'une entité sur laquelle vous pouvez vous appuyer et qui peut s'appuyer sur vous. Et si ça vous emmerde, vous pouvez aussi prendre l'ordre du jour dans l'ordre au moment de suivre les ordres qui vous sont donnés. Vous verrez - c'est plus simple au final, et on se fait moins tabasser par des portes."

Il se tourna de nouveau vers les instructeurs.

"Sans rire, faut que ce soit moins lamentable très rapidement, cette affaire. Au travail !"

Sur ces mots, la cheminée reprit son apparence normale.

Un pas, deux, trois…

Non, elle avait dû se tromper. Elle tourna sur ses talons et laissa pousser un soupir de frustration. Cassiopeia avait pourtant parcouru autant du Domaine qu’elle le pouvait ces derniers jours, l’extérieur comme l’intérieur. Elle était bien entendu loin d’avoir découvert tous ses secrets, mais elle avait assez marché pour avoir une bonne vue d’ensemble de là où elle se trouvait, des classes dans lesquelles elle devrait se rendre, des coins qui pouvaient être intéressants à explorer…

Et elle n’arrivait plus à retrouver son dortoir. Ce qui, en sachant qu’ils étaient tous convoqués dans celui-ci, laissait tout de même à désirer. Pressant le pas, elle fit tournoyer sa baguette afin de s’assurer de l’heure qu’il était - sa montre lui avait été prise avant qu’elle arrive du fait de son apparence totalement banale et moldue, et elle lui manquait grandement. Elle prit à gauche, puis à droite, revint sur ses pas encore une fois avant de repérer une tignasse verte familière qui entrait dans une des pièces et se précipitant à sa suite, le souffle court.

Victoire! C’était bien le dortoir des Selkies. Elle avait déjà repéré le jeune homme qu’elle avait suivi qui pestait souvent dans son coin sans jamais oser l’approcher. Au moins, sa couleur de cheveux distinctive l’avait aidé ce soir.

Alors qu’elle reprenait son souffle, la porte se ferma derrière son dos. Signifiant qu’elle était donc enfermée dans une pièce avec des inconnus, et qu’on attendait d’elle qu’elle réussisse à leur parler suffisamment longtemps pour mettre en place un règlement et une… décoration? La jeune femme grimaça intérieurement. Bien. Première épreuve. Elle pouvait le faire. Avec juste un peu de courage. Alors qu’un léger brouhaha s’éleva, elle tenta d’esquisser une phrase.

“Peut-être qu’on pourrait… Comme nous avons tous des définitions-, enfin, comme nous trouvons tous un certain réconfort dans des choses différentes, peut-être pourrions nous faire une liste et…”

Voix fluette, à peine audible. D’ailleurs, personne n’avait tourné la tête, personne ne semblait l’avoir entendu ou avoir prêté attention. Elle se mordit la lèvre.

“Non… Rien, en fait.”

Rien, c’était mieux. Rien n’attirait pas d’ennuis. Peut-être pouvait-elle s’en sortir en se proposant de copier les propositions des autres? Ça au moins, elle devrait en être capable. Elle s’écarte prudemment alors que la chevelure verte (quel était son nom, déjà? elle l’avait entendu auparavant, elle était sûre… une plante qui poussait dans le jardin…) passa devant elle pour se diriger vers la porte, sortant sa baguette.

Et se prenant un poing monumental de la part de ladite porte.

Très vite, une voix se fit entendre provenant de la cheminée, fustigeant l’action et les paroles de l’autre Selkie, distillant quelques conseils qui ne sonnaient pas comme tels et disparaissant tout aussi vite. Elle n’avait eu qu’un très bref aperçu du visage qui avait prononcé ces mots, et pas tellement de théories sur son identité au vu du peu d’indices à sa disposition. Sa préoccupation pour le moment était ailleurs.

“Est-ce que tu vas bien? Ta lèvre saigne, je crois.” Grimaça-t-elle en s’approchant doucement de- Ortie! Elle l’avait eu sur le bout de la langue. “Je dois avoir un mouchoir quelque part, si tu veux... Tiens. À moins que… Quelqu’un dans la pièce connaît probablement un sort pour te rafistoler, mais un mouchoir peut aider si tu… Enfin, pour le moment.” Elle lui tendit avec un léger sourire contrit sur le visage. "C'était une bonne idée d'essayer d'ouvrir quand même, je trouve. Au cas où... Si c'était un test."

(Pour Cassiopeia, autant de mots à la suite alors qu’elle n’avait jamais parlé à son interlocuteur, c’était presque un monologue. Son inquiétude et son envie d’aider avaient clairement pris le dessus.)

"Miss Cassiopeia a une proposition à faire pour commencer rapidement les choses, si je ne m'abuse. Miss?"

Non.

Oh, non. Non, vraiment pas, tout mais pas ça. Cassiopeia se figea comme un cerf pétrifié par les phares soudainement braqués sur elle, comme le disent si bien les anglais. Son dos était encore tourné à l’instructeur qui venait de l’interpeller, et ses yeux se posèrent sur Ortie qui avait accepté son mouchoir malgré l’air courroucé sur son visage et le grommellement de sa réponse. Le regard de la jeune femme se fit presque suppliant pendant les quelques secondes de silence qui régnèrent, comme si elle espérait, priait même, qu’il réagisse et prenne la parole à sa place. S’ils avaient été amis, peut-être l’aurait-il compris. Comme elle n’avait jamais vraiment eu d’amis, enfermée dans cette grande maison pendant trop d’années pour savoir comment s’y prendre une fois confrontée au monde extérieur, elle ne savait pas si c’était le genre de choses que des amis pouvaient faire.

Elle se releva lentement avant de se tourner vers l'intimidante Boudica, essayant d’esquisser un sourire qui tenait plus de la grimace timide et peu assurée qu’autre chose. Le silence et les regards qui s’étaient désormais posés sur elle étaient pires que tout, et elle se força à parler pour y mettre fin.

“Je… J’ai juste pensé que nous avions tous des idées différentes de ce qui fait un endroit-, accueillant ou réconfortant. Si c’est le but de l’exercice, une décoration en elle-même n’a pas vraiment d’importance tant que nous-, tant que nous regroupons des objets qui font que l’on se sente un peu plus chez soit.” Longue explication pour celle qui d’habitude réduisait ses phrases à de petites choses inaudibles.

Elle secoua la tête, consciente que son idée était bancale, sans doute stupide et inutile, déjà prête à trouver le premier trou de souris pour que tout le monde puisse l’oublier. Comme les regards ne s’en iraient pas et que le silence continuait de peser (quelques secondes à peine, le temps de digérer cette idée foireuse, mais c’était déjà bien trop pour elle), la jeune femme sortit la baguette et prit une profonde inspiration.

De toutes les matières qu’on lui avait enseigné, la métamorphose avait été celle qu’elle appréciait le plus. Pouvoir changer la structure même d’un objet et le transformer en quelque chose dont elle avait besoin l’avait toujours fasciné. Bien sûr, il y avait des limites. De temps, parfois, mais rarement - cela dépendait du sort employé. Les vivants protestaient bien plus souvent, aussi, elle en avait fait l’expérience de nombreuses fois. Mais ici, dans une pièce remplie d’objets inanimés, le stress qu’elle aurait pu ressentir à l’idée d’effectuer un sort devant ses petits camarades se dissipa presque immédiatement. Elle l’avait déjà utilisé maintes et maintes fois.

“Cathedra verto.”

Un sort si simple. Le fauteuil qu’elle avait pointé se modula doucement pour prendre une couleur plus ancienne et vieille, un tissu plus doux et ouvragé, une forme plus arrondie laissant présager un confort certain. Même les coussins y passèrent, plus moelleux. Elle avait triché puisqu’ils étaient déjà là, et que la métamorphose avait donc été plus facile, mais bon. C’était déjà ça.

Un sort inutile, une contribution inutile, des joues empourprées et une baguette rapidement rangée là où elle se devait de disparaître. Ses yeux trouvèrent le sol. “Enfin… C’était juste un exemple.”

Réunion de Brigade. C’est drôle, ça sonne comme quelque chose de militaire et donc c’est intrigant. Pas que je sois un grand amateur de la discipline martiale et de ce genre de stupidités, mais je sais reconnaître une obligation quand j’en vois une et “réunion de Brigade”, ça sonne beaucoup comme “repas de famille”.
Ca veut dire qu’il faut y aller.
Donc j’y vais. Je tiens à mes fesses.
Je ne dis rien quand la porte se ferme, je m’en éloigne juste très doucement pour aller de l’autre côté de la pièce en balançant un sourire à qui veut le voir, parce que… Oui, ben je tiens à mes fesses, encore une fois. Et je me dis que j’ai bien fait de me sortir de là quand la porte décide de prendre Ortie -je crois ? On va dire Ortie- pour un punching-ball. Vérification rapide… Je suis hors de portée. Théoriquement. Ca ne m’empèche pas de me mettre un doigt entre les dents pour ne pas me gondoler en entendant le type dans la cheminée -le Directeur ? Allez, va pour le Directeur- taxer la plante verte de Jean-Gazon. Je crois que ça marche : personne ne se tourne vers moi. J’suis un génie, bébé !
Ou c’est que tout le monde est trop occupé à regarder la jolie -Cassiopeia ? Je crois que c’est ça. J’ai bien fait de retenir les noms et les faces- essayer d’aider l’ingrat vert. Puis se faire alpaguer par l’instructrice -Boudica. Facile, ça, je me pose pas la question-.

La pauvre.
Cassiopeia, pas Boudica.
Elle a l’air au bout de sa vie la jolie, quand elle lance son sort et qu’elle donne l’impression de se rétracter sur place.
Tu sais quoi ? C’est un job pour moi, ça. Super-Moineau à la rescousse, nanananaaaaa ! Je commence par sortir mon doigt de ma bouche. Puis je me redresse. J’agite mes cheveux histoire qu’on me voie. Trois, deux, un… Action.

"C’est un bon exemple."

Paaardon, excusez-moi, je passe. Voilà. Allez, on fait de la place pour que je puisse pointer mes fesses au milieu de la pièce.

"Mais peut-être que c’est pas un exercice et que le but, c’est qu’on trouve l’endroit joli. Si on doit vivre là dedans tous ensemble, il faut ne pas avoir envie de se tirer une balle…"

Ouais ouais ouais, une balle. J’suis un vrai Moldu avec une baguette, mes chatons, il va falloir s’y faire.

"… tous les deux matins. Je propose donc de mettre un veto sur la couleur jaune, parce que c’est moche, et de faire un tour de ce qu’on aime pour trouver au moins un truc. Deal ?"

Je vois bien que Cassiopeia aurait préféré que je lui demande de mettre sa tête dans la cheminée pour essayer d'y trouver des nargoles, mais je n'ajoute rien et lui laisse le temps de formuler sa réponse. Son côté réservé et sa facilité à passer inaperçu sont de grandes qualités pour une recrue en Intelligence, mais c'est justement pour cette raison qu'elle a attiré mon attention et que je ne rate pas ses interventions. Elle doit également apprendre à assumer ses idées et se faire confiance. Rien n'est moins dangereux sur le terrain que l'hésitation.

Aussi, lorsqu'elle répond enfin et pousse même la chose jusqu'à en faire une démonstration - usant de métamorphose en plus, si ce n'est pas pour me faire plaisir, je ne sais pas ce que c'est! - je lui offre un de mes rares sourires en coin et hoche la tête avec approbation. Elle ne me fait pas regretter de déjà mettre beaucoup d'espoir en elle, an nighean bheag, c'est bien.

Lorsqu'un nouvel enrôlé s'avance pour prendre le relais de l'idée, je détache mes yeux un instant de la scène pour sortir mon cahier de mon sac. Je tourne les pages un instant, puis retrouve les notes que je cherche : Moineau, Infanterie. C'est tout ce que j'ai sur lui, aussi je manque de claquer de la langue avec agacement, mais reste impassible en retournant mon attention sur le centre de la pièce. Au moins, ce sera l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce Moineau.

Mmmphm. Utilisation d'humour, référence moldue, fait preuve d'initiative... intéressant.

Je note le tout rapidement dans mon cahier avant de le refermer et sortir négligemment ma baguette. D'un mouvement précis et gracieux au-dessus de ma tasse de thé vide, j'y fais apparaître le liquide chaud et ambré qui attendait depuis ma théière sur mon bureau, quelques salles plus loin. Pas question que je passe cette réunion emprisonnée ici sans une bonne réserve de thé. J'ai déjà connu la torture, et non merci pour répéter l'expérience.

Devant le silence qui s'étire un peu trop longtemps après les dernières paroles de Moineau, je lève un sourcil en lançant un regard aux enrôlés. Plusieurs semblent hésiter à se lancer, ou carrément faire la gueule, et je pousse un nouveau soupire de frustration.

"Qu'est-ce que vous attendez? On n’a pas toute la journée. Suivez l'exemple et les directives de vos deux collègues ici."

Traduction:

Calée par terre sur un minuscule pouf juste assez grand pour accueillir mes petites fesses, j’observe mes petits camarades. Je les laisse dire, faire, surtout faire des bêtises – n’est-ce pas Ortie –, j’observe et je réfléchis en silence. Esprit de groupe. Se mêler. Parler. Former une seule belle grande unité. Plus facile à dire. J’ai envie de proposer un très ironique "un seul grand lit et on dort tous en tas comme une portée de chatons ?" mais quelque chose me souffle qu’il vaut mieux la fermer.

"Il est chouette ton fauteuil Cassio." je commente gentiment, sans lever mes fesses de mon petit pouf rond. "Il a l’air super confort. Moi je proposerais des coussins. Des tentures. Des poufs. Un peu de bordel et pas mal de douillet. J’ai rien contre le jaune…" J’ai grandi dans un pays où plus les couleurs sont vives mieux c’est hein, ils ont pas la même notion que moi de ce qui pique les yeux. "… et j'aime bien les couleurs neutres, ocre tout ça. Mais si on veut rester raccord avec le nom de la brigade, on pourrait envisager de partir sur du bleu et du vert ou du violet. Avec du marron ou du gris et des touches d’argent. Attendez je tente un truc, accio coussin." je demande poliment en pointant ma baguette, très alerte depuis le geste vindicatif de la porte mais rassurée par l’absence d’agression de la part du fauteuil.

La cible, sur un fauteuil à l’autre bout de la pièce, saute dans ma main sans essayer de m’étouffer. Bon, donc les portes fermées veulent pas se rouvrir mais les fauteuils veulent bien se laisser bichonner et les coussins acceptent de tenter l’aventure.

"Amplificatum."

Il triple de taille.

"Pingo."

Un motif de deux cercles concentriques apparaît, puis se sème en suivant les mouvements de ma baguette. J’ajoute une large raie de chevrons sur un côté.

"Caeruleus. Argenteum. Caesius. Hm. Amplificatum."

Un coup de baguette à chaque mot sur une zone précise, et je me retrouve avec un coussin d’un bon mètre, d’un bleu très sombre aux motifs argentés et vert d’eau, et définitivement plus épais qu’au départ.

"Quelque chose comme ça par exemple ? Ca j'aime bien, ça allait plus vite que d'expliquer."

J'aurais préféré ocre et marron, ou carrément vert, jaune et orange, mais pas de jaune il a dit Moineau alors bon. Je fais léviter le coussin tranquillement jusqu’au centre de la pièce où je le dépose pour que ceux qui veulent puissent voir ou changer des choses. On a pas tous les mêmes goûts et je m’attends pas à ce que les miens soient majoritaires.

"Hésitez pas à proposer, modifier. Niveau règlement visiblement va falloir songer à quelque chose quand même. Eviter les blagues de gamins type lit en portefeuille, respecter la vie privée des copains tout ça, pas fouiller dans leurs affaires, pas mater sous la douche, ça me semble tellement évident que ça devrait même pas être dans un règlement ?" je demande, balayant l’assemblée du regard en quête de quelqu’un qui oserait prétendre le contraire. Le vol est déjà dans le règlement général, le reste, me concernant, règlement ou non ça passera pas. "Vous y mettriez quoi d'autre, vous ?"

Le coussin:

Au prix d'un effort surhumain de maturité, l'enrôlé ne leva même pas les yeux au ciel à l'ordre de s'activer. Ni quand la question du règlement revint sur le tapis. Tout au plus finit-il d'essuyer le sang qui commençait à coaguler, foudroyant du regard la porte responsable et le stupide ordre du jour.

"Autant le marquer. C'est évident mais ça nous fait un règlement."

Comme s'il y avait besoin d'un règlement en plus du règlement intérieur. Il ravala de justesse le « et on nous foutra la paix » probablement écrit en toutes lettres sur son expression renfrognée et considéra la pièce. La porte n'avait pas voulu s'ouvrir, mais les autres meubles semblaient coopérer. Une vigilance hérissée de fierté froissée à fleur de peau, il pointa sa baguette sur les rideaux aux fenêtres et, d'une poignée de syllabe, changea leur teinte pour les faire miroiter entre le vert et le bleu nuancé de gris, couleur de la mer sous ses fenêtres, il y avait de cela à peine quelques semaines. Une pointe de nostalgie l'effleura, et il l'étrangla immédiatement et referma la porte dans son esprit qu'elle avait ouverte - celle qui sentait le sable et l'écume et le vent dans les ailes des sternes, le sang sur ses lèvres et la sauvagerie de l'adrénaline dans ses veines.

Cela fait, vérifiant vaguement que les teintes ne juraient pas avec celles choisies par ses petits camarades, il appliqua la même métamorphose aux autres sets de voilage avec méthode à défaut de bonne grâce.

"Peut-être qu'en s'y mettant à plusieurs, on peut enchanter le plafond pour le rendre transparent. Ça fera plus de lumière, et de toute façon, on dort pas là."

D'ailleurs, à propos de dormir... Il était presque certain qu'ils étaient aussi censés décorer les dortoirs. Cette fois, il leva les yeux au ciel. Ou du moins au plafond ne laissant pas encore voir le ciel.

"Et pour les dortoirs, chacun fait ce qu'il veut de la déco de son lit et de sa malle."

Ca a l’air de marcher. Tant mieux, j’ai qu’à continuer comme ça alors : faire l’imbécile tout en donnant des pistes de décollage. Et puis après j’ai qu’à les regarder prendre leur envol. La toute pâle -Pivoine, c’est elle- et son confort, les autres et leur volonté de suivre ses idées de couleur. C’est bien. Ca fait de quoi être tous d’accord.
Et puis ils sont tous occupés à s’agiter dans tous les sens avec leurs sorts, alors je fouille pour trouver un parchemin et une plume. Au moins je serais utile. C’est pas que je ne tiens pas à enchanter le plafond pour en faire une verrière, hein… C’est juste que ça ne servirait à rien que j’essaie. J’agite donc mon matériel à qui veut le voir.

- J’écris le brouillon du règlement, comme ça je suis sûr que ça sera lisible.

Et je me fiche sur le coussin géant de Pivoine pour le faire, le papier au sol. Alors, elle avait dit…

+ Pas de blagues idiotes
+ Respect de la vie privée

Mon écriture est propre, parfaitement compréhensible par tout le monde, les lettres bien formées. J’étais sérieux quand je disais que ce serait facile à lire. Je tire sur une mèche de cheveux en me relisant. Ca fait léger… Je vais rajouter ce qui me semble pertinent pour avoir habité en colocation quelques fois avant de finir ici. J’aurais qu’à le faire relire par tout le monde après.

+ Ranger ses affaires
+ Demander avant d’emprunter quelque chose
+ Maintenir les parties communes propres
+ Une douche par jour MINIMUM
+ Ne pas laisser de nourriture ou de boisson traîner
+ Maintenir un niveau sonore correct

Ca devrait suffire, non ? Je crois que j’ai fait le tour de toutes les situations idiotes auxquelles j’ai eu le droit avec ce règlement : les cafés renversés, les affaires disparues, les maisons en bazar, et les collocs qui puent. On va dire que c’est bon.
Je me relève et je pose le parchemin sur la table la plus proche avec la bouteille d’encre -rebouchée- et la plume.

- Si vous voulez lire, c’est là. Est-ce qu’on peut éviter les posters de dauphins dans les dortoirs ?

La dernière question est une blague, tout à fait. Ou pas. J’aimerai éviter les dauphins et les pin-ups, pour être honnête, mais j’ai déjà dit non au jaune. On ne peut pas tout avoir.