Comme convenu, Écume était revenu chercher Sitelle après leur dernier cours pour guider ses roulettes jusqu'à la bibliothèque. "Alors, ce cours de poison ?" Demanda-t-elle pour occuper leur trajet. Le point de vu du nouveau qui ne mâchait pas ses critiques et préférait apprendre dans les livres qu'en classe ne devrait pas manquer de saveur.

Quand leurs camarades furent partis vaquer à leurs occupations sérotinales, elle conduit l'oiseau en dehors du bâtiment Zouwu, traversa avec lui la cours, passa devant la sculpture automnale qui trônait en son centre, rejoint la bâtisse principale et parcouru les longs couloirs jusqu'aux massives portes de bois qui marquaient l'entrée de la bibliothèque. Elle en poussa une et s'écarta pour laisser passer le fauteuil.

La salle était immense. Elle rivalisait sans pudeur avec les plus belles de ses consœurs. Celles que l'on décrit dans les romans ou que l'on trouvent dans les manoirs anciens, les demeures les plus riches, les universités de prestige. Autant de lieux qu’Écume n'avait jamais fréquentés, bien que les Prewett possède une bibliothèque de taille très correcte pour leur fortune. Des rangées de meubles imposants, couverts d'ouvrages de haut en bas, s'alignaient séquentiellement. Les murs eux mêmes en été ornés. Des elfes se promenaient dans les allées, affairés à remettre de l'ordre, faisant disparaître la poussière sur leur passage. Des enrôlés étaient installés aux grandes tables de bois bruts pour lire ou étudier. Certains travaillaient seul ou en groupe. D'autres s'étaient isolés dans des espaces prévus à cet effet, un livre à la main, la baguette brandie dans l'autre, et s'exerçaient au lancement de sorts tout juste découverts. De grandes fenêtres baignaient la bibliothèque de lumière, de même que le plafond enchanté sur lequel un ciel bleu-gris était parsemé de nuages.

"Voilà, c'est là." L'espace était calme, mais pas silencieux pour autant. Le bruit des pages que l'on tourne, évidemment. Les plumes qui grattent contre le parchemin. Egalement, des murmures indéchiffrables provenant des groupes de travail. Parfois venant d'enrôlés solitaires mais incapables de réfléchir sans marmonner. Rien de dérangeant. Le lieu était suffisamment grand pour que les bribes de conversations discrètes se perdent dans l'espace. Écume, qui avait ouvert la porte à Sitelle, en profita pour observer sa réaction. Les livres avaient beau la laisser de marbre, le lieu n'en était pas moins somptueux. Difficile de ne pas le reconnaître. L'odeur du bois, de la cire, du papier usé et de l'encre. Le contraste du tumulte extérieur avec la sérénité ambiante. Le chahut des conversations animées qui laissait place à la douceur des chuchotements. Tout, ici, semblait comme effleuré. Il y avait quelque chose de magiquement apaisant et la belle respectait ça. S'il n'y avait pas eu tant de monde, elle serait sans doute venue de temps à autre.

D'un geste de tête aimable, elle invita Sitelle à continuer de la suivre. Elle serpenta entre les allées, dont la largeur permettait sans encombre au fauteuil de passer. Le domaine s'était naturellement adapté aux besoins du nouvel enrôlé. Ils passèrent les sections histoire, astronomie, ichtyologie, les fables, la théologie moldue, la littérature autrichienne et argentine. Et enfin, ils arrivèrent devant un meuble, ajouté semble-t-il pour l'occasion, à proximité des bureaux. Chaque étage correspondait à une matière. Elle étaient organisées par spécialité. Y étaient déposés différents manuels de références et plusieurs rouleaux de parchemins manuscrits, résumant les cours passés.

Sitelle avait passé la moitié du temps à se demander ce qu’il faisait là, l’autre moitié du temps à se demander pourquoi on ne leur faisait pas passer des tests pour savoir quelles connaissances ils avaient pour adapter les cours. Le temps lui avait paru long et il avait péniblement attendu d’être le dernier pour pouvoir sortir, constatant que personne ici ne laissait rien traîner ou n’oubliait rien, ce qui était bien dommage.

Son seul point stable pour le moment, était Écume, étant donné qu’elle était bien au rendez-vous qu’ils avaient fixés. Il eut un petit soupir à la question de la jeune femme et répondit d’un ton neutre « il s’est passé. ». Il se demanda un instant s’il allait ou non poser en retour la question sur le dernier cours d’Écume, mais n’étant pas intéressé par la réponse, il préférait être considéré comme quelqu’un de froid, plutôt que d’être hypocrite. Il laissa avancer son fauteuil qui n’avait qu’une envie, aller rouler là où il ne connaissait pas encore. Sitelle enregistrait dans son esprit le chemin qu’ils faisaient au fur et à mesure qu’ils le parcouraient. Fort heureusement, il n’y eut pas d’escalier à aplanir et Sitelle se faufila dans les allées sans souci.

Lorsqu’il pénétra dans la bibliothèque, Sitelle prit d’abord une seconde pour avoir une vue d’ensemble. Puis, il inspira doucement pour sentir s’il ressentait ou non ce frisson. Les odeurs lui rappelèrent les bibliothèques de Beauxbâtons. Il n’y avait pas à dire, les Français étaient quand même connus pour avoir ce qu’il y a de meilleur dans la littérature. Écume avait l’air d’être déjà venue. Il la suivi jusqu’au meubles des cours passés. « Voyons voir… », murmura Sitelle en se concentrant.
Sitelle activa sa baguette et demanda aux livres d’étiquettes de venir. Il récupéra sur ses genoux deux volumes. Puis il fit de même pour les autres matières en regardant uniquement les tables des matières, concentré. Au final, il ne garda que quelques ouvrages. Les autres possédaient des connaissances qu’il estimait avoir déjà.

- J’ai l’impression que ce que l’on enseigne ici, hormis quelques cours que je n’avais pas à l’école, n’est pas bien plus avancé que ce que l’on pouvait trouver dans nos bibliothèques…

Il avait parlé en relevant la tête pour chercher le regard de la jeune femme.

- Est-ce que tu sais s’il y a une zone d’archive du domaine, ou un endroit où nous ne sommes pas autorisés à aller ? C’est qu’en général, les choses les plus intéressantes sont par là…

Il désigna les bouquins qu’il avait sur les genoux

- Et pour les emprunts du coup, est-ce qu’il y a un registre quelque part pour les garder avec sois quelques temps ?

Il songeait qu’il devait y avoir quelques exemplaires en doubles et que les prendre pour une semaine ou deux le temps de tout ingérer ne dérangerait pas…

- Tu en as déjà emprunté d’ailleurs ? De ceux-là ou d’autres ?

C’était l’occasion de savoir si elle lisait, aimait lire, prenait de l’avance, se documentait : bref : si elle avait ce seul aspect que Sitelle appréciait chez les humains : la soif de connaissance.

Forte des bonnes manières qui lui avait été inculquées, Écume avait poliment invité Sitelle a meubler leur trajet d'anecdotes sur ses deux dernières heures de cours. Mais ce dernier n'en fit rien. Il se contenta d'éluder la question et de les plonger dans le silence. Soit. S'il ne souhaitait pas discuter, cela convenait parfaitement à la belle qui, en écho de son interlocuteur, n'émit plus le moindre son jusqu'à leur arrivée à la bibliothèque.

Le parole n'était nullement l'unique moyen d'expression de la Selkie, dont chaque parcelle du corps était dessinée pour inviter au dialogue. Elle se tint donc bien droite sur leur trajet, devançant légèrement la jeune recrue de manière à lui laisser tout le loisir d'apprécier la cambrure de ses reins, le hâle de sa peau nue, le mouvement de ses fines nattes, la souplesse de sa démarche, les courbes de ses fesses, la silhouette de ses longues jambes. Se tenant sur le côté droit du fauteuil, l'angle permettait également d'apercevoir le galbe de ses seins, l'arrête de sa mâchoire et l'ombre de ses lèvres. L'ensemble avait été parfaitement travaillé, des années durant, pour paraître naturel et éveiller le désir de posséder un tel atout dans sa main, faire miroiter la fierté de se faire voir en aussi plaisante compagnie, susciter le besoin sinon l'envie de découvrir la douceur de cette peau.

Une fois arrivée, elle laissa le sourire attendrit qui lui vint s'afficher sur son visage, à l'insu de Sitelle, alors qu'elle l'observait s'émerveiller à la vue du lieu. Aucune bibliothèque ne lui avait jamais fait un tel effet, celle-ci y comprise, et elle aurait presque pu se montrer envieuse de voir son compagnon baigné d'un tel ravissement, l'eusse-t-il exprimé sobrement. Cela n'était pas, pourtant, sans lui rappeler ces mêmes regards qui s'étaient si souvent posés sur elle et auxquels elle avait dû répondre d'un intérêt pudique soigneusement élaboré. Elle haïssait ces hommes qui l'avaient déshabillée du regard, l'avait publiquement dénudée par leur lubricité non contenue, l'avait exhibée en trophée, réifiée, jubilant à l'idée qu'elle était leur et se plaisant à se faire eux-même languir, à s'aguicher de la jalousie des convives, avant de la dévorer la nuit venue.

Sa rage des injustices passées ne l'avait pas quittée quand ils arrivèrent devant l'étagère dédiées aux cours. Mais elle n'en montra rien, habituée à afficher une façade aimable, saupoudré d'un charme certain. Tout en ressassant, elle garda son regard braqué sur Sitelle, détaillant ses moindres gestes. Les livres qu'il sélectionnait, le soin qu'il mettait à les parcourir tous, avec respect pour l'objet mais détachement envers son contenu, puis le tri sélectif qu'il en fit. Quand il eut terminé, elle lui adressa un sourire, comme pour tourner la page de cet exercice fastidieux et lui offrir de démarrer un chapitre plus enivrant. Et Sitelle répondit à l'invitation en prenant la parole, glaçant l'atmosphère déjà bien austère de son acidité et son arrogance. Loin de s'en offusquer - elle venait de se trouver une distraction, elle n'allait pas la rejeter -, Écume s'en amusa. Après tout, un homme restait un homme. Sa remarque n'appelant aucune réaction, elle n'y réagit pas mais leva légèrement les sourcils lorsqu'il l'interrogea, pour marquer l'attention qu'elle lui portait. Malheureusement, elle n'avait pas de réponse à apporter au jeune homme.

Des archives ? Pas à ma connaissance, non. Mais sa connaissance, justement, sur le sujet était bien maigre. Les instructeurs devraient pouvoir te répondre, si tu demandes subtilement. L'idée n'était pas de demander leur accord pour aller fouiller des informations cachées, ce serait stupide, mais bien de percer à jour l'existence ou non de ces informations, d'obtenir si possible quelques détails au passage, pour pouvoir tranquillement les chercher ensuite. Et pour ce qui est des emprunts... heu... Je ne sais pas s'il y a un registre. Ils étaient adultes, non ? Et enfermés dans un espace clos. Les livres ne risquaient pas de disparaître, à quoi bon inventorier les emprunts ? Et puis il y avait une quantité grotesque de livres pour le nombre d'enrôlés qu'ils étaient. Un ou deux en moins ne devraient pas déranger. Même dix. Je pense que tu peux te contenter de les prendre, non ?

A sa dernière question, elle secoua la tête, délicieusement contrite. Je n'en ai jamais emprunté, non. Inutile de développer les raisons qui faisaient qu'elle ne lisait pas. Écume n'était pas de celles qui se livrent à des inconnus. Qui se livrent tout court, d'ailleurs. Du moins, pas depuis qu'elle était libre d'en décider. Cependant, son dédain pour la lecture n'indiquait rien de sa soif de connaissance. La jeune femme compensait son incapacité à faire confiance par une accumulation démesurée d'informations. C'était sa manière de se rassurer sur sa capacité à avoir le dessus sur les hommes qui l'avaient tant et tant soumise. Ça, et son pouvoir de séduction dont elle avait repris le contrôle pour l'utiliser dans son propre intérêt désormais.

S’il y avait bien une chose que le jeune homme n’aimait pas, c’était ne pas connaître les règles. Cela signifiait ne pas savoir les détourner. Ne pas les connaître, c’était synonyme d’impuissance. Mais ce n’était qu’un obstacle mineur. Il n’allait pas se faire du mauvais sang s’il empruntait quelques livres et qu’il ne les déclarait pas. En plus, il n’était pas sûr que des exemplaires ne réapparaissent pas magiquement à tout emprunt pour que les suivant en aient aussi. Sinon, comment expliquer que toutes les matières et tous les enseignements sur lesquels il voulait s’avancer, l’attendait sagement. Ou alors, aucun enrôlé de sa brigade ne prenait la peine de s’instruire sur des choses qui pourraient effectivement leur servir en mission ? Peut-être bien…

La réponse de la jeune femme déçue un peu Sitelle. A la fois parce qu’elle ne lui apportait pas plus de connaissance sur les archives ou le lieu, mais aussi parce qu’elle n’avait elle-même jamais emprunté d’ouvrage. Qui, dans un lieu comme celui-ci, passe ses journées sans lire, sans s’instruire grâce à tout ce qui était à disposition ?

- Oh.. et bien je vais faire comme cela…répondit-il dans un demi-sourire. Il faudrait que je me trouve un sac pour pouvoir mettre des choses et les transporter avec plus de faciliter d’ailleurs, songeât-il à voix haute, observant les livres sur ses genoux.

Il releva la tête et songea qu'il demanderai plus tard à un elfe de maison de pouvoir lui en fournir un. Il plongea son regard dans celui de la jeune femme et questionna

- Tu as mentionné plus tôt que tu ne voulais pas prendre de retard dans les cours. Est-ce qu’il y a des cours plus difficiles que les autres ? Tu as déjà prévu un planning de révision, ou peut-être existe-t-il un groupe de révision ?

Il avait véritablement l’impression d’être à l’école, avec ses deux seuls amis, à faire leurs devoirs dans leurs coins. Il ne manquait plus qu’une victime, comme Cendre, à protéger et à admirer de loin et il aurait l’impression de replonger dans son adolescence, avec ses premiers émois tenus secrets.

- J’ai rencontré un homme de ma section disant qu’il n’avait jamais fait de mission car il n’était pas prêt, et je crois qu’il associait ce délai au fait qu’il n’était pas très intelligent. Je ne fais que le citer. Mais j’aimerai autant être prêt à passer n’importe quel test, donc…

Il afficha un sourire plus franc et un regard presque pétillant

- S’il y a un groupe d’étude, j’aimerai l’intégrer et au pire, s’il n’existe pas, peut être que j’en monterai un. Dans ce cas-là, serais-tu intéressée ?

Il aimait à travailler seul, mais l’esprit de compétition et de groupe était un moteur qui s’adapterai parfaitement dans la machinerie de cet endroit, où ils étaient déjà tous en compétition. Et puis, la jeune femme avait été parfaitement amicale avec lui, alors pourquoi pas lui proposer ?

Le regard de la jeune femme paru lui échapper un instant, alors qu'il parcourra l'équipement de Sitelle pour confirmer qu'il ne possédait pas de sac. Voilà qui parut étrange à l'africaine, qui se demanda s'il ne transportait jamais d'affaire sur lui, alors qu'elle même n'en détenait pas non plus. Cependant, son propre cas, n'avait rien de surprenant pour elle. Déjà, parce qu'il constituait son quotidien, son univers. Ensuite parce qu'elle n'avait rien possédé pendant des années et que, depuis sa libération, ses biens restaient maigres. A l'inverse, elle s'était attendu d'un homme aussi élégant que son interlocuteur, qu'il possède de nombreux biens, et un sac lui semblait être un accessoire de base.

- Si tu as besoin d'un sac, tu peux demander aux Elfes. Ils se débrouillent pour nous trouver ce qu'on veut en général. Rien d'illicite, d'inconvenant ou de trop extravagant. Mais Écume ignorait ce détail pour ne pas avoir eu besoin de tels objets. En attendant, je peux t'aider à les transporter jusqu'à ta chambre si tu veux.

L'ancienne exclave ne se formalisait pas des espaces privés. Ils lui avaient longtemps été ouverts d'avance, elle ne les imaginait donc pas comme des lieux interdits ou retreints. La notion même de barrière personnelle lui était toute relative. Bien que, depuis quelques années, un besoin toujours plus pressant de protection de son propre environnement grandissait. D'ailleurs, au domaine, elle tenait au respect de son espace, si petit soit-il, comme une lionne veille à ce qu'aucun intrus approche sa progéniture.

La question que lui adressa Sitelle la fascina. Quel personnage surprenant ! Jamais elle n'aurait imaginé concevoir un planning de révision. Le terme lui-même, bien qu'elle en compris le sens plutôt explicite, lui était étranger. Un planning de révision ! L'amusement marqua son visage d'un petit sourire tandis qu'elle imaginait avec malice le type d'homme qui faisait des plannings de révision. Elle le dépeignait pleins de règles, de normes, de principes. Ce qui, de son expérience, allait souvent avec le pouvoir car ces personnes ne supportaient pas que le monde puisse exister en dehors de leur vision et le modelaient donc à cette image. Bien entendu, il existait aussi quelque sous-fifres, quelques gratte-papiers bien ordonnés qui partageaient ces caractéristiques. Mais Écume les connaissait mal car ils n'avaient pas les moyens de se payer sa compagnie. L'accoutrement de Sitelle incitait la Selkie à éliminer cette catégorie.

- On a tous des cours qui nous semblent plus facile, des préférences, non ?, demanda-t-elle en retour à défaut de répondre et en haussant les épaules. Elle ne pu s'empêcher une pensée mêlée d'angoisse aux cours de magie offensive qui nécessitaient l'usage de sa baguette. Les leçons d'étiquette manquaient d'épice et pouvaient paraitre rasoir, mais au moins elle était dans son élément et ne risquait pas de se ridiculiser à chaque démonstration. Elle éluda la question farfelue du planning et ajouta, contrite une fois de plus de ne pas pouvoir répondre : Oui, il existe sans doute des groupes de travail. Mais je n'en connais pas. Souvent il y a des enrôlés qui se retrouvent dans ma brigade pour travailler ensemble. J'imagine que ça doit être pareil chez toi.. L'occamy était décidément bien curieux. Et surtout bien peu à même de se débrouiller seul.

En ce qui concernait les missions, elle se sentait prête à en effectuer. Plus que cela même, elle se savait prête. Des missions, elle en avait déjà faites. Sa vie n'étant pas un bien suffisamment précieux à ses yeux, elle ne s'inquiétait pas de la perdre et, comme il n'y avait ici personne à qui elle accordait sa confiance et son affection avec suffisamment d'intérêt, elle ne tenait plus à la vie de quiconque d'autre.

Un groupe d'étude semblait ennuyant à mourir. La proposition paraissait d'autant plus rebutante que le désir faisait flamber le regard de l'estropié. Il semblait trouver dans les révisions un plaisir jouissif qui échappait complètement à l'africaine. De plus, quand bien même ce groupe ne serait pas dépourvu d'utilité, il faudrait encore lire et écrire et lancer des sorts. Elle risquait de passer pour une incompétente et ne voulait sûrement pas prendre le risque de nuire à son statut social. Mais comment refuser sans perdre l'intérêt de son camarade et les avantages qu'il pourrait lui apporter ? Après tout, elle pouvait toujours essayer, et refuser plus tard. Elle pourrait également faire usage de stratagèmes pour éviter les situations embarrassantes. Cela avait fonctionné avec Cormoran.
- Si c'est toi qui le crée, alors je viendrai avec plaisir, répondit-elle en laissant bien entendre que sa motivation ne venait pas tant de l'objet du groupe que de la compagnie qu'elle lui apporterait.