J'suis dans mon élément. C'est à dire que je suis entouré de plantes avec des alambics et des flammes dessous, les fenêtres grandes ouvertes et le soleil d'automne qui se couche trop tôt, c'est dommage. J'ai de la chlorophylle jusque sur le front et j'ai imité la chevelure verte d'ortie. Mes yeux sont pailletés de bonne humeur, mon sweat sans capuche en coton bio et mon jean sont plein de terre. J'vais pas raconter l'état de mes pieds chaussés de sandales. Ma baguette est posée derrière, loin des flammes et je suis penché sur le truc qui permet de les grandir. Mes bracelets de cuir végétal, de pierre et de coquillages cliquettent à mon poignet. En gros, Friday Wear, quoi. Difficile d'imaginer à quel point je suis content de plus avoir à m'habiller de papier blanc moche avec liseré vert. Les sorciers ont un gout douteux pour la mode, c'est certain, mais moins que l'hôpital. Mais surtout le suis dehors. J'ai fait venir des bureaux de la salle commune qu'est en bordel du coup. Osef. La magie, ce n'est pas mon monde de base et il y a beaucoup de choses qui me manquent ici, mais, sérieux, pouvoir avoir un labo face au coucher de soleil sans les carreaux blancs des labos et les grafittis de bite au marqueur (anatomiquement corrects ou corrigés par d'autres) ça fait du bien. La flamme augmente un peu, manque d'enflammer mes tifs - Jaguar m'en foutrait une si j'abîme ça, cette fille adore me décoiffer - je me recule et j'vois passer le BG des Zouwu. Un type en intelligence - cette spé me fait toujours marrer, j'imagine si on m'y avait affecté. Tura intelligence sont pas des mots qui vont bien ensemble - qui est arrivé genre le jour du bal ou presque. J'le connais pas. Je me dis que c'est pas un plus mauvais moment qu'un autre. Zouwu c'est qu'il traîne autour de Pion. J'veux surveiller.

"Hey, Loreal !" Son vrai pseudo c'est Asphodèle et oui, je connais pas mal de choses sur cette plante mais sérieux, ça fait péteux comme choix de nom. J'attends le prochain qui va arriver avec un code en latin genre Liliopsida pour faire encore plus intello. J'préfère l'appeler Loreal, rapport à sa super tignasse. J'serais pas hétéro, je le brancherai.

"J'suis Tura. Turaco en vrai. J'te connais pas, ça te dit de venir m'aider ? J'fais des huiles essentielles pour aider à l'infirmerie. Ah ouais j'ai pas dit, j'suis médic, Occamy. On s'en branle mais comme ça c'est fait. Tu fais quoi toi, dans la vie à part Penseur de Rodin ?" Intelligence, pensée, penseur, Rodin. C'pas tiré par les cheveux pour la même raison qui fait que je ne me les crâme pas.

"Tiens, mets toi derrière moi et tire moi les feuilles de menthe poivrée. A la main steuplait, pas la peine de mettre de la magie sur un truc pareil. On ne sait jamais que ça laisse une sorte de pollution qu'on connaîtrait pas. Déjà que l'médic chef fait la tronche à la médecine alternative... faudrait que je lui fasse un peu d’acupuncture, ça le détendrait du bocal. Tu l'aimes bien toi Lancelot ?"

L’entraînement sportif l’avait revigoré. Ses muscles criaient de douleur à chacun de ses pas, mais il se sentait en vie et il avait envie de s’isoler près du lac pour danser encore et encore jusqu’à ce que ses pieds n’arrivent plus à porter son corps.
Sa vie au Domaine était encore assez solitaire. Il voyait Sycomore de temps en temps, mais leurs emplois du temps les tenaient éloignés la plupart du temps. Et Asphodèle ressentait un perfide sentiment de solitude à mesure que les jours passaient. Il n’arrivait pas à se mêler aux autres et, malgré les conseils de Soumaworo, prendre l’initiative dans une conversation restait relativement compliqué pour le demi-vélane à qui on avait fait comprendre toute sa jeunesse durant qu’il n’était pas le bienvenu.

Alors, dès qu’il avait un peu de temps libre, il s’éclipsait et faisait du sport. Bouger son corps vidait son esprit. Il n’avait alors plus qu’à se mouvoir et à apprécier ses shots d’endorphines ensuite. Facile. Sans danger. Sans implication particulière.

Ce soir-là, il se rendait donc dans son lieu de prédilection afin de danser lorsqu’une voix masculine l’arrêta. Loréal ? Cela ne pouvait sans doute être que lui. Le regard d’Asphodèle glissa autour de lui, à la recherche du propriétaire de cette voix : il devait analyser son visage pour comprendre s’il était un potentiel danger.
Il tomba sur un jeune homme au visage mutin, un brin agaçant, qui le fixait avec un air particulièrement fier de lui. Asphodèle battit des cils. Une fois. Deux fois. Le temps de graver dans son esprit cette drôle de vision d’un garçon habillé comme un moldu hippie, complètement recouvert de… chlorophylle ? Qu’est-ce qu’il fichait ici à cette heure-ci ? Et pourquoi est-ce qu’il parlait avec tant de moquerie dans la voix alors que son visage était loin d’être agressif ?

- Euh… Oui ?

Il lui avait proposé de faire des huiles essentielles. À lui. Sans doute parce qu’il avait besoin d’aide et qu’Asphodèle était le seul dans les parages, mais l’idée qu’on s’intéresse à lui pour autre chose que pour les moqueries le fit rosir de plaisir. Ce dernier eut l’air d’absorber la lumière de la pièce rien qu’une seule seconde, frémissant de ravissement. Puis, il s’avança et demanda :

- Penseur de Rodin ?

Il voyait bien la sculpture, mais pas vraiment le rapport avec lui. Puis, il tilta que Turaco, le drôle d’oiseau coloré, avait présenté sa brigade et il pensa que cela avait sans doute un rapport.
Un peu provocateur. Un peu agaçant aussi, pensa le jeune homme pour la seconde fois. Mais pas agaçant agaçant. C’était plutôt… agaçant d’une manière agréable et drôle à la fois. Un sourire amusé glissa sur les lèvres d’Asphodèle.
Il répondit :

- Danseur. Je suis danseur. Je dansais au Bolchoï.

Son regard devint rêveur alors que durant un instant : il sentait à nouveau la lumière chaude et éblouissante des projecteurs sur son corps. Sous lui, le plancher de la scène le réceptionnait à chaque saut. Et d’un coup, la slave d’applaudissements. La lumière des projecteurs s’affaiblissait et tout un public apparaissait alors devant lui.

- Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Déjà des huiles essentielles avant de venir ici ?

Puis, Asphodèle écouta attentivement les indications de Turaco. Prendre la menthe poivrée à la main, check. Il froissa un bout de la feuille et une odeur délicieuse se mit à flotter dans l’air. Ses yeux se fermèrent un instant alors qu’il inspirait un grand coup. Et il se retourna ensuite pour tout donner à Turaco.

- Tiens, la menthe. Lancelot ? Tu ne l’aimes pas ? Mh… J’aime bien ses cours. Je suis plutôt doué pour reconnaître les plantes en général. Et les animaux. Et…

Un pli amusé apparut au coin de sa bouche.

- …il a de beaux yeux.

Il était même craquant, en fait, et Asphodèle soupirait souvent lors de ses cours. Mais bon, il était un peu trop pudique pour avouer cela à un parfait inconnu.

- Mais c’est vrai que tu as raison, je ne comprends pas pourquoi la résistance ne s’inspire pas davantage de la médecine ou des innovations moldues. Cela pourrait être un avantage contre des sorciers qui méprisent et ignorent tout de ce qui n’est pas 100% sorcier... soupira-t-il en regrettant le manque d’ouverture des sorciers, ce même manque d’ouverture qui l’avait fait tant souffrir durant sa jeunesse.

"Ouais, Penseur de Rodin, intelligent quoi. Pis il est beau gosse même s'il n'a pas ta tignasse. Comme quoi la soie vaut mieux que la pierre." c'est fou le nombre de conneries que je peux sortir à la minute, je sais. Y a des gens qui se protègent en étant timides ou bien en ne disant rien, moi c'est l'inverse, je noie mon interlocuteur de tout ce qui me passe par la tête. Je trouve ça bien plus vivant. Pis j'en ai tellement marre de me cacher, de me surveiller, de faire attention. C'est comme la clope, j'ai décidé d'arrêter. Marre d'avoir la conscience qui pue. Surtout que les mentos à esprit, ça n'a pas encore été inventé. Au moins je l'ai fait sourire.

"Le Bolchoi c'est Russe, c'est ça ?" la danse, j'y connais rien. J'sais vaguement quelques pas traditionnels pour draguer aux bals et remuer moche en boite pour draguer...bah en boite. Le reste j'ai pas eu le temps. "J'étais médic urgentiste chez les moldus. En gros je recousais les gens qui se tapaient dessus bourrés, je donnais du paracétamol au petit qui a de la fievre depuis trois jours mais vous comprenez docteur, le vrai médecin il n'avait pas de rendez-vous avant et nous on travaille et parfois j'avais de vraies urgences. Pis pendant mon temps libre je faisais pareil avec un groupe de résistants, mais magiques cette fois. Les huiles essentielles j'ai appris ça durant un job d'été dans une pharmacie. La menthe ça marche génial contre les migraines. Comme ça, la prochaine fois que quelqu'un me dit que je lui fait mal au crâne avec mes conneries je lui file le remède avec le mal !"

Je chope les feuilles de menthes avec un sourire et je mets le tout dans mon alambic avant de mesurer l'eau. C'est une distillation à la vapeur, une de mes préférés parce que la source d'énergie est renouvelable. Par contre qu'est ce que ça peut demander de plantes. Je choppe ma baguette et pose un autre caisson de menthe devant le zouwu pour qu'il continue son boulot. Doucement, les fragrances fraiches et poivrées nous entourent. J'ai tellement l'habitude que je les sens plus.

"Nan, j'l'aime bien, il est cool et il sait beaucoup de choses mais j'aime bien le taquiner quand même. Faut qu'on lui rappelle de pas trop se prendre au sérieux. C'est vrai qu'il a des yeux pas mal, je suppose. J'regarde pas trop les mecs. " Mon truc c'est les filles...et même chez elles, c'est pas les yeux que je regarde. Ceux qui disent ça mentent souvent.

"En vrai y a des différences de constitution entre les sorciers et les moldus. Ils n'ont pas forcément les mêmes maladies par exemple. La dragoncelle, pour les moldus c'est la varicelle et ça se soigne pareil alors les trucs moldus faut les adapter et ça prend du temps. J'pense que la magie ça rend feignant au final. On a l'habitude de faire les trucs vite sans y réfléchir alors on ne se penche plus sur le fond des choses. Sauf que là, on a le temps donc je m'amuse sur mon temps libre." Pas qu'on en a beaucoup mais passons. "La danse que tu faisais, c'était moldu ou sorcier ?"

Ce n'est pas très fondamental comme question sauf que c'est tout ce que j'ai trouvé à part lui demander s'il était homo, rapport à sa remarque sur les yeux de Lancelot, et ça, même moi j'ose pas trop. J'ai rien contre les gens qui aiment d'autres gens en âge d'être aimé, hein mais ça touche tellement de trucs sensibles et tout que j ne connais pas et que je ne gère pas que voilà, je préfère ne rien dire. Chacun fait ce qu'il veut. S'il m'en parle de lui-même j'aurais rien contre en causer. Et pis s'il est homo, c'est de la concurrence en moins et ça c'est cool. Lui dites pas mais j'l'aime bien mon chaton et j'ai pas envie qu'un Loreal de soie me la pique.

Asphodèle lança un regard halluciné à Turaco qui lui expliquait que le Penseur de Rodin exprimait l’intelligence et que la soie était mieux que la pierre. Il avait l’impression d’assister à une pièce de théâtre de Beckett, mais en 10 fois plus bizarre et plus absurde. Il se souvenait pourtant que lorsqu’il avait regardé En attendant Godot, il avait trouvé ça franchement bizarre et capillotracté, alors réussir à battre l’œuvre de Beckett en deux phrases, c’était tout de même assez fort !

Il ne sut pas quoi lui répondre. Est-ce qu’il aurait dû lui citer du Ionesco ? Faire un solo de claquettes ? Parler du temps qui passe inexorablement ? Non, franchement, on fait quoi dans ce genre de cas ? Le manuel de Soumaworo concernant les relations entre êtres vivants disait quoi ? Sourire poliment et hocher la tête ? Ignorer ? Se mettre à pleurer très fort ?
Dans le doute, il choisit de lui sourire poliment. Un beau grand sourire éclatant. Hochement de tête en prime.

Apparemment, ce fut la bonne réaction – ou Turaco n’avait tout simplement pas prêté attention à sa réaction –, car le médic continua sur sa tirade. Cette fois-ci, il se livrait sur sa vie. Beaucoup. Vraiment beaucoup. Asphodèle n’avait même pas eu le temps d’acquiescer concernant le Bolchoï qu’il était déjà en train de lui expliquer qu’il recousait des moldus dans son ancienne vie. D’abord bouche bée, il finit par s’amuser des propos de Turaco. Il étouffa son rire entre ses doigts, puis, n’y pouvant plus, éclata d’un franc rire et secoua la tête. Des huiles essentielles pour les maux de crâne suite à ses conneries ? N’importe quoi ! Il faisait preuve d’auto-dérision, le Turaco !

Hilare, il le fixa et finit par lui répondre :

- Moldue. Le Bolchoï, c’est de la danse classique. Est-ce que tu connais vraiment de l’art sorcier, toi ? Tu as raison, ils sont trop feignants pour inventer quoi que ce soit d’autres que des sorts ou des artefacts… ou encore des manières cruelles de torturer ceux qui ne leur ressemblent pas, lâcha-t-il du bout des lèvres.

Il soupira.

- Non, je vivais aussi parmi les moldus après Durmstrang. Il faut dire que les hybrides ne sont pas très bien acceptés par la société sorcière… si tu vois ce que je veux dire.

Il évita de lui parler des massacres. Turaco devait très bien voir de quoi il parlait. Et… Il ne sut pas vraiment comment se l’expliquer, mais parler avec le jeune homme lui sembla naturel. Malgré ses terreurs habituelles et son manque de confiance en lui, il se livra à lui sans problème, tout sourire :

- Je danse encore. C’est peut-être la seule chose qui me permet de garder les pieds sur terre dans un monde où la magie facilite tout. Toi, ce sont les huiles essentielles. Moi, c’est la danse.

Il lui tendit à nouveau de la menthe, prenant très à cœur son rôle. L’odeur dans la pièce était si forte et agréable qu’elle lui fit tourner un peu la tête. Il demanda :

- Et les autres, ils utilisent tes huiles essentielles ? Ils ne te regardent pas trop de travers ? J’ai remarqué qu’il y avait une sacré bande de bien-pensants par ici…

Il n’avait pas voulu passer pour une mauvaise langue, mais tout de même, il ne pouvait s’empêcher de remarquer que certains enrôlés ne pensaient qu’au combat et en oubliaient parfois d’être humains…

Sourire poli, bof. Ah, je le voyais qui commençait à craquer. Il résistait, mettait les doigts et…UN ZERO POUR L’IRLANDE ! Il avait un rire chaleureux l’Asphodèle, très différent de la pétosité de son pseudonyme. Le genre qu’on aurait aimé se baigner dedans. Je pense que j’aurais été un peu bi, j’aurais craqué. Cal allait devenir fou avec une danseuse pareille dans son dortoir. Il allait falloir que je le briffe. Je sais pas ce que la Russie pense de l’homosexualité mais mon grand frère a de base tendance à se croire irrésistible même des pas intéressés et il aurait été injuste de penser que juste parce qu’il était danseur, Aspho était de ce bord là. Dans tous les cas, j’étais content d’avoir réussi à le détendre. Pas besoin de sortir la caisse de passiflore, mon charme personnel avait fonctionné !

« Parait que y a des groupes sorciers. L’Oncle m’en parlait parfois, généralement de trucs anglais pour nous dire que le celte il n’y a que ça de vrai. Après, j’ai rien contre découvrir hein, je me demande quelle magie on peut mettre derrière la musique en plus d’être un orchestre à soi tout seul. Odysseus devrait savoir. Tu savais qu’il était musicien à la base ? Classique en plus. Fait de la flûte je crois, y avait une rumeur qui disait qu’il y cachait de la coke mais je ne pense pas. Pour être à l’ouest comme ça faut au moins du synthétique genre LSD. La coke ne donne pas ce genre de détachement, au contraire. Et puis ses pupilles sont normales, et ses gencives pas complètement foutues. Il pourrait le prendre par intraveineuse tu me diras mais j’vois pas la décoloration de la peau au niveau des articulations. »

Des crétins défoncés au crack j’en avais vu plus que ma part et si la tronche du prof d’artefact pouvait faire penser à une descente, je ne l’avais jamais vu en phase up et ça, c’était pas possible. Puis s’il sortait avec le médic-chef, celui-là aurait remarqué quelque chose c’était évident. J’veux dire, il avait oublié d’être con, l’imbécile. Je souris.

« Oh que si ils me regardent de travers puis ils reniflent en levant le menton et tout. Murène surtout tente de me convaincre de l’inefficacité de mes méthodes et de la praticité de la magie. Ca me fait bien marrer de le faire chier et du coup j’en rajoute des caisses sur l’homéopathie et tout. J’vois bien que Lancelot aussi il y croit pas trop. J’peux te confier un secret ? Les huiles essentielles sauvent pas des vies. Elles sont là pour une utilisation locale a des petits désagréments symptomatiques. Evidemment qu’en urgence ou en combat j’utiliserai des sorts ou des molécules plus efficaces, faut pas déconner et je le fais jamais avec la vie des gens. Mais pour le quotidien, ça suffit bien, pas besoin de sortir un bazooka pour forcer une serrure. Et plus ça les emmerde, plus je le ferais. »

J’attrape ses nouvelles feuilles et remet encore une caisse. J’ai peur de rien.

« Le truc c’est qu’il y a aussi une bonne bande de gens ouverts. C’est ceux là qui méritent de profiter de mon savoir. Les sceptiques ils ont qu’à continuer à avoir mal hein, ça va pas m’empêcher de dormir la nuit. Contrairement à une bonne moitié des gens de ma brigade. Et puis si y a que moi ils auront pas le choix tu vois. Quand on est désespéré on accepte tout. Je suis sur de vaincre au final, faut juste du temps. »

Nouveau sourire.

« T’as mal quelque part ? Tu veux tenter ? »

L’Oncle ? C’était un parrain de mafia ou un membre de sa famille ? Non parce qu’on savait jamais avec les types comme Turaco. Ils avaient un sourire dévastateur, de jolies manières et cultivaient des plantes… et bim, ils se retrouvaient dans un réseau de drogue ! Hey, il n’était pas totalement ignorant, l’Asphodèle. Il avait lu des trucs sur le sujet ! Une fois. Dans un magazine moldu. Ok, peut-être pas le plus fiable des magazines moldus, vu qu’ils traitaient ensuite le sujet des possessions félines et de comment jeter des croquettes à ses chats en guise d’exorcisme…

Et bah voilà, on y retournait au sujet de la drogue ! Comment est-ce qu’il pouvait savoir tout ça ? Asphodèle écarquilla grand les yeux. Son professeur se droguait ? OK, il avait l’air un peu à la ramasse, mais c’était juste de la fatigue, non ? Ou son caractère ? Il resta bouche bée et se demanda si Odysseus se droguait vraiment. Ce n’était pas dangereux de laisser un junkie en plein milieu d’un domaine secret dont le but est de vaincre les Mangemorts ? Non parce qu’il n’était pas bien sûr que les junkies soient exactement les personnes les plus fiables au monde… Est-ce que quelqu’un était au courant de ça ? À part Turaco qui semblait prendre cela à la légère…

Mais avant qu’il ne puisse le lui demander, le jeune homme, qui avait tout juste eu le temps de reprendre sa respiration, se lançait à nouveau dans un monologue à propos des idiots qui ne comprenaient rien aux huiles essentielles.

L’écoutant patiemment, Asphodèle hocha la tête. Bien évidemment qu’il savait que les plantes pouvaient sauver la vie. Il avait appris beaucoup de choses avec son père : celles qui soignent, celles qui se mangent, celles qu’on ne doit surtout pas approcher… Après tout, la forêt était leur terrain de jeu. C’était là où il avait grandi.

- Moui, les citadins ont du mal à comprendre l’intérêt des plantes. Ils préfèrent se gaver de produits chimiques ou de magie… Pas sûr que ce soit franchement terrible pour l’organisme, surtout quand c’est pour de petits bobos…

Il hocha de nouveau la tête. Bien sûr qu’il imaginait bien que tous les profils existaient ici. Et lorsque Turaco lui proposa son aide, Asphodèle demanda :

- Tu as des produits pour les douleurs articulaires et musculaires ?

Ses pieds. Ils étaient terriblement abimés par ses pointes. Il s’était tant habitué à la douleur qu’il parvenait à l’oublier, mais parfois, elle était si vive qu’il se sentait défaillir à chaque pas. S’il pouvait les soigner un peu, cela serait toujours ça de pris !

Il ajouta :

- Et avec la grisaille qui arrive, je pense qu’il faudrait que je parfume des bougies ou que je crée une brume d’ambiance pour réchauffer un peu le dortoir. Lumos est pratique, bien sûr, mais la couleur dorée d’une bougie crépitante et les odeurs réchauffent aussi le cœur…