Cela aurait dû être une week end comme les autres, durant lequel je passe mon temps à lire, à étudier, et peut-être à donner un cours d’Espagnol à Aubépine. Bref, rien de casse-pieds ou d’anormal. Cependant, j’aurais dû savoir que dans ma vie, rien ne se passe réellement comme je le prévois.

Je suis assise sur le rebord d’un muret dans un couloir, le nez plongé dans un bouquin sur l’animagie – sujet qui me fascine beaucoup en ce moment comme il semblerait que beaucoup de personnes ici la pratique. Depuis l’incident Granit, rien de bien surprenant ne m’étais arrivée, mais aujourd’hui, cette même personne se trouvait à quelques pas de moi, avec un de ses amis, assis sur un banc, semblant juste discuter de la pluie et du beau temps. Cependant, je sens leurs regards se poser sur moi de plus en plus régulièrement, et un sentiment d’inconfort me traverse, puis s’installe, alors que les deux commencent à hausser la voix, comme s’ils voulaient que je puisse les entendre.

« -abusé que les instructeurs n’aient rien fait, alors que t’étais pratiquement innocent. » L’ami dit. Mes poils de bras se redressent, comme si j’étais un chat. Je me masse la nuque de la main gauche, prétendant avoir toujours le nez dans mon livre. Je dois rester calme. « Tout ça à cause de cette garce de Pluie. Si elle veut pas qu’on l’emmerde, alors elle devrait garder ses préférences sexuelles déviantes secrètes. » Granit répond. Mes doigts se crispent sur la page du livre, que je finis par froisser un peu. Je ferme le livre et le pose à côté de moi, sans pour autant me lever pour aller les voir. « T’façon la Pluie est tellement faible qu’elle n’est pas capable de se démerder sans sa petite copine Aubépine. » Je fronce les sourcils. Sois pas con, Granit, me provoque pas. « Et celle-là, elle est incapable de faire quoi que ce soit sans son amant de frère. »

« Ferme-la. » Je tonne, à présent debout, près d’eux. Mon poing est serré, quelques gouttes d’eau coulent le long de mon front. On pourrait penser que c’est de la sueur, mais c’était en réalité mon élément qui s’éveillait. Granit lève ses yeux vers moi et me sourit de ce sourire insupportable. « Quoi, tu vas réussir à te battre sans ton imbécile d’Aubépine. » Mes ongles s’ancrent dans la paume de ma main. « Je te conseille vraiment de pas m’énerver une seconde fois. Ma patience a ses limites. Si tu veux dire dire du mal de moi, j’m’en ballance. Laisse les autres en dehors de ça » Il éclate de rire, ne me prenant pas du tout au sérieux. Grosse erreur. « Oh, regarde la, elle essaie de défendre sa petite copine ! » Il se lève pour se mettre en face de moi, essayant de m’intimider. Ce n’est pas parce qu’il est plus grand que moi qu’il me fait peur.

La colère grandit en moi, et l’eau devient bouillante, prête à s’échapper. « Bah quoi, t’as rien à dire ? Tu veux pas aller te plaindre à ta prof préférée ? Miss Morrigan ? » Il s’approche encore de moi, son ami plié de rire derrière lui. « On m’a dit que tu lui faisais des avances. J’ai toujours su que c’était une femme facile. En même temps à son âge on doit prendre ce qu’il nous - » Je perds le contrôle. En quelques secondes à peine, mon apparence entière est changée, et n’est faite que d’eau, agitée, trouble. La partie qui me sert de bras et de main s’enroule autour du visage de Granit, l’empêchant de respirer. La colère m’empêche de parler. Ma puissance le rend sans défense, même s’il essaye de se débattre. Il ne peut pas attraper sa baguette. Son ami tente de venir m’attraper, mais il ne fait que traverser l’eau. De mon autre main, je le pousse contre un mur opposé, pas tendrement. Mes yeux sont sur Granit. Il se débat. Bientôt il voudra respirer. Il respirera de l’eau. Il allait se noyer. J’en m’en contre fiche. L’océan se déchaîne, je n’y vois plus rien, perdue dans les vagues de ma rage.

Vendredi soir, le moment où les enrôlés commencent à se détendre, à se dire qu’ils sont en week-end. En cette période estivale, le soleil brille encore longtemps après les cours et ils sont nombreux à profiter de la fontaine non loin qui rafraîchit l’atmosphère. De mon côté, c’est un endroit que j’évite plus ou moins, principalement pour ces raisons. Les jeunes sont plein de vie, d’avenir, de force et j’ai du mal à supporter leurs joies et leurs petits chagrins, la lumineuse jeunesse de leurs esprits pas encore (trop) frappés par les horreurs de la vie. Je l’avais dit à Lancelot. Vivre, c’est souffrir. Il est donc ridicule de s’interdire des choses pour tenter d’échapper à cette douleur. J’avais essayé de fuir la vie, justement pour cela. Je n’avais pas pu. Mais je ne m’appliquais pas mes propres conseils et tentait de vivre le moins possible dans le rêve impossible de ne pas trop avoir mal.

Cette fois, je n’ai pas le choix. Je sors de mon atelier de cuir où je confectionne de mon mieux des étuis à baguette pour les bras, les jambes et les ceintures selon les préférences des enrôlés. Mis à part, mes cours, je passe une grande partie de ma vie dans ces locaux que j’aime tant à me perdre dans le travail mécanique de la matière. Je crée, et cela me fait du bien, me rappelle que je ne suis pas que destruction malgré la guerre dans laquelle je me suis engagé, mi par désespoir, mi par amour. Je ne veux pas regarder ceux que l’on va envoyer au front alors que je resterais dans cet antre de paix et d’harmonie…qui le sera d’ailleurs bien plus lorsque ses habitants les plus remuant seront justement occupés à se battre ailleurs. Je me déteste pour ces pensées, je n’arrive pas à ne pas les avoir. Qu’est ce qui cloche chez moi ? Probablement beaucoup de choses. Tant pis. Quelle importance au fond.

Mon pas, comme toujours, est mesuré et c’est par habitude que je me tiens droit dans ma longue robe de sorcier gris-bleu laminée d’argent. J’entends des bribes de conversation sur mon passage. La plupart ne me regardent pas et je les ignore. Des moqueries, des plaintes, des peines de cœur ou des rires de joie. Et, en fond, des insultes d’un pseudo-mâle alpha et de sa bande sur une femelle isolée. Je laisse faire. Il faut bien que les sorciers aussi fassent leur parade nuptiale. Seulement la jeune femme ne semble pas réceptive. C’est son droit. Et elle le montre avec une impressionnante démonstration d’Elémagie. Je m’arrête. Je regarde. Se contrôle-t-elle ou pas ? Je n’aimerais pas interrompre une « discussion » qui ne me regarde pas si elle est voulue. L’eau monte. L’alpha devient rouge. Presque bleu. Je me dis que Lancelot n’apprécierait pas d’avoir une bande de jeunes en rut dans son infirmerie. Nous devons nous voir ce soir. Bon. Je ferme les yeux, j’appelle le vent en moi. Je ne le fais pas souvent, surtout ici. L’air n’est pas un élément facile à maîtriser. Par essence, il est volage mais je fais mes méditations et cela fait très longtemps que je m’entraîne alors. Le vent tourbillonne au creux de ma main, je le « lance » dans le bras d’eau. Son tourbillon sépare les molécules, petit à petit. Je le laisse grandir. En pointe. Jusqu’à ce que le « bras » soit fendu. Dans le même temps, j’ai fait un mur de vide entre la petite et les coqs au cas où elle voudrait en lancer d’autres. Mais je me suis mis de son côté. Normalement, Granit devrait avoir retrouvé son souffle. Ma barrière de vide (l’inverse de l’air) devrait nous protéger de toute attaque. Cependant, j’attrape ma baguette et lance un Protego informulé autour de nous. On ne sait jamais. Puis je la regarde. Pluie. Gentille. Timide. Ma brigade. Elemage eau donc. « Tout va bien ? » J’ai toujours un peu de vent au creux de ma main libre. Au cas où.

La rage m’aveugle, et le reste devient un décors flou et distant. Granit à lui tout seul vient de ruiner un mois entier de méditation, et mon élément est à nouveau agité, et dans la banquette arrière de ma pensée, je me voyais déjà recommencer à méditer tous les jours pendant des heures. Perdue dans ma rage, je ne vois pas arriver le cône d’air qui vient briser mon bras. La confusion se lit sur mon visage dégoulinant l’espace d’un instant, avant de voir une autre personne, que je n’arrive pas vraiment à discerner à cause de l’eau couvrant mes pupilles. Mon élément se charge du mécanisme d’auto-défense pour moi et projette un puissant jet d’eau qui vient s’exploser sur la barrière de l’enseignant, alors que je me bats contre mon élément pour reprendre le dessus. « ÇA SUFFIT ! » Je cris, et mon élément commence alors à se disperser alors que je reprends lentement mon apparence normale.

Granit a l’air terrifié. Je ne m’en veux pas pour ça. « Elle est folle, professeur, un danger pour tous le Domaine, elle et l’autre qui m’a pétrifiée ! » Dit-il avec des trémolos dans la voix. En revanche, je me tourne vers l’enseignant, l’air coupable. « Je… Je ne voulais pas vous attaquer. Il… Il m’a énervée et mon élément… Mon élément s’est mis en auto pilote. » J’avoue péniblement, embarrassée. Je ne sais pas ce que je fais ici si je n’arrive même pas à maîtriser la seule chose qui me rends spéciale. Ça m’ennuie. Je me demande si je mérite réellement d’être ici. « Mais je ne m’excuserai pas pour lui. » Je dis l’air confiant, les sourcils légèrement froncés. « Il mérite ce qu’il lui ait arrivé, et peut-être qu’il me laissera finalement tranquille. Ce n’est pas la première fois qu’il vient me chercher des noises, et je n’ai fait que lui donner une leçon. » Je baisse mon regard sur le sol. « Si cela veut dire que je suis renvoyée, ainsi soit-il. De toute façon, si je ne sais pas bien me contrôler, je ne sais pas trop ce que je fais ici. Je ne vous suis pas d’une grande utilité si je tourne berserk dès que je suis en colère. »

Un sourire de victoire apparaît sur le visage de Granit. Il se réjouit déjà de mon renvoi. « Je l’avais dit qu’elle était un danger. Et elle ne veut même pas s’excuser ! On a pas besoin de personnes comme elle dans le Domaine, qui sait ce qu’elle fera une fois en pleine bataille. Pour ce qu’on sait, elle pourrait très bien tuer l’un d’entre nous sur un coup de tête. »

Si je regrette d’avoir perdu le contrôle, et possiblement d’avoir déçu un homme pour lequel j’avais beaucoup de respect; je n’ai aucun remord vis-à-vis de Granit, et mon élément bout encore en moi, voulant se débarrasser de lui pour de bon. Mais je devais réussir à apprendre à mon élément que l’on ne pouvait pas se débarrasser de tous les idiots de la planète, sinon il ne resterait sûrement plus tant de monde que ça. « Je suis prête à recevoir les conséquences de mes actions. »

Pendant un moment, il semble que le temps s’arrête, bloquant les molécules en suspens. Son coup part soudain, s’écrasant sur ma barrière magique. Je n’ai pas bougé et si mon bouclier avait cédé, je me le serais pris en plein sur le plexus solaire. Malgré son manque de contrôle, elle vise bien et est efficace. Derrière moi, Granit a, en effet, récupéré son souffle qu’il utilise a bien mauvais escient, pour se plaindre et chercher l’approbation d’autrui. Je l’ignore pour le moment. S’il parle c’est qu’il va assez bien. Ce n’est pas lui qui m’intéresse. La voix de l’enrôlée de ma brigade est bien différente. Elle semble atterrir, comme sortir d’une transe et en être gênée. J’abaisse le bouclier magique, je garde la barrière de vide et le tourbillon dans ma main gauche. Je ne dis rien. J’attends. Elle reprend du poil de la bête, devient plus agressive, s’explique. Je la regarde, neutre, ni répro ni approbateur. Elle, de son côté, semble remettre en doute toute son utilité pour le Domaine. Et Granit ne laisse pas une pareille ouverture sans ajouter du sel sur ses plaies. Après ce qu’il vient de vivre, c’est presque fair-play de le laisser répliquer mais ses bruits sont désagréables et je n’aime pas le demi-cercle qui commence à se former autour de nous. Je soupire.

« Granit. Allez à l’infirmerie vous faire soigner. Dites à Lancelot que j’aimerais qu’il vous garde en observation pendant vingt-quatre heures. » Ce sera toujours autant de temps sans devoir l’écouter parler. J’aurais honte d’infliger l’homme à mon camarade si je ne savais pertinemment qu’il était capable de l’endormir durant le temps voulu pour avoir la paix. Et comme je ne suis pas certain qu’il accepte de quitter le champ de bataille alors qu’il à l’avantage, je me retourne vers ses « amis » qui, par ailleurs, n’avaient rien fait pour le sauver lorsqu’il était en réel danger. Voilà l’aune des amitiés forcées. « Accompagnez-le. »

C’est alors seulement que je retourne mon attention vers la jeune femme.

« Quant à vous, Pluie, venez avec moi. »

Je fais un pas vers elle, puis deux, puis, m’assurant qu’elle me suive, je marchais jusqu’à ce que l’on soit assez éloignés des curieux. Seuls, au milieu de la plaine, j’appréciais la sérénité d’un grand vide naturel, peuplé de millier de choses invisibles pour nos yeux trop humains.

« Vous ne serez pas renvoyée pour cela. Pas même punie. Vous n’êtes pas une enfant, Pluie. Granit non plus. Vous connaissez les conséquences de vos actions. Lui aussi. Nous ne sommes pas là pour faire la police, nous sommes ici pour vous aider à apprendre comment survivre et remporter la guerre à l’extérieur. Il est clair que vous ne l’avez pas attaqué pour son sang, son rang ou par traîtrise. Il s’agissait simplement d’un différent personnel. » Et c’est tout ce que j’ai besoin de savoir en ce qui me concerne. Cependant. « S’il devait dépasser les bornes, je vous conseille de vous en ouvrir à Boudica. C’est une instructrice de sa brigade et la responsable de la sécurité ici. Morrigan également peut vous écouter et vous conseiller. » Je ne me nommais pas et à dessein, je n’étais pas ce qu’il fallait pour la résolution des conflits. J’en avait bien trop peur. Ils suintaient la destruction, la colère et la violence. J’aimais créer, faire vibrer, faire remonter le beau en chacun. Pas gérer la destructivité inhérente à tout être humain.

« Ce que je peux faire, de mon côté, c’est vous donner des clefs et des conseils pour mieux contrôler votre élément afin que, la prochaine fois que vous attaquiez quelqu’un, vous ne lui fassiez subir que ce que vous aurez voulu. C’est pour cela que vous êtes là, finalement. Et pour cela que nous avons été choisis pour vous encadrer. Le Domaine vous préparera à devenir la jeune femme qui participera à la libération. On ne vous demande pas de l’être déjà. Vous comprenez ? »

J'étais persuadée que Odysseus allait me renvoyer. Ma seule expérience d’un endroit comme celui-ci était l’école dans laquelle j’avais étudiée la magie en Espagne, et dans laquelle mon comportement aurait définitivement terminé en renvoi. Mais comme le disait l’instructeur, nous n’étions plus des enfants, et j’avais mes raisons pour avoir agit de la sorte. Je ne m’attendais pas à tant de support, mais ce n’était pas une mauvaise surprise. Après avoir été seule pendant tant de temps, avoir des personnes qui se soucient assez de vous pour vous diriger vers des personnes compétentes afin de régler vos problèmes, c’était presque un luxe. « Je ne pense pas vraiment avoir besoin d’en parler. Granit est juste un idiot. Je ne compte pas lui porter plus d’attention, ça pourrait lui donner le sentiment d’être important. Mais merci du conseil. Si je change d’avis, au moins je saurais où aller. »

Je l’écoute avec grande attention. Il semble plein de connaissance, et quelque chose en lui que je ne peux pas vraiment expliquer, m’inspire confiance, ce qui est rare pour moi puisque la confiance n’est vraiment pas mon fort. Je n’ai pas eu affaire à lui beaucoup depuis mon arrivée, mais chaque interaction avait eu quelque chose de positif, et semblait m’avoir apprit quelque chose.

Je hoche la tête, un maigre sourire aux lèvres. C’est donc encore normal pour moi de faire des erreurs ? L’idée d’avoir quelqu’un ici pour me conseiller et me guider me rassurait. Après mon apprentissage au Kenya, mon élément était calme, et lorsque je vivais seule également. Mais depuis mon arrivée ici, j’avais commencé à ressentir des troubles dans ma paix internes. Probablement le stress, la peur, l’inquiétude, et tout le reste. Quoi qu’en soit la cause, il était devenu plus difficile pour moi de garder le contrôle lorsque mes émotions débordaient.

« Ça serait un honneur d’apprendre de votre expertise. » Je réponds enfin, sincèrement. Ainsi je n’étais pas inutile. Je devais juste franchir la prochaine étape de mon entraînement. « J’ai une question à vous poser, si ce n’est pas trop indiscret. » Je pose un moment, puis continues. « Quel âge aviez-vous lorsque vous avez enfin maîtrisé votre élément ? »

C’est normal pour moi de me battre avec, encore ? Là était vraiment ma question, mais bien entendu je n’allais jamais formuler ma phrase ainsi. Je suis peut être timide et réservée d’apparence, mais je suis fière.

Je regarde la vie revenir à ses joues alors qu’elle comprend ce que je lui explique, qu’elle intègre qu’elle ne sera pas renvoyée – renvoyée où d’ailleurs, je me demande. Monsieur le Directeur n’irait pas laisser gambader d’anciens enrôlés gênants dans le monde d’où nous venons. Je pense sincèrement que le seul renvoi possible est la mort. Le Projet semble certes puiser directement dans les coffres de Gringott’s mais de là à nourrir des bouches inutiles sur encore un autre plan ou des geôles…au fond je l’ignore et préfère ne pas creuser la question. Je hoche la tête gravement lorsqu’elle me remercie mais repousse mes conseils. A sa convenance. Je propose, elle choisit. Elle sait, c’est le plus important. Granit n’en est en effet pas à sa première incartade seulement il est un peu tard pour la jeune femme pour « ne pas lui donner d’importance ». Presque tuer quelqu’un a tendance à avoir un effet contraire sur les gens. Ils l’oublient rarement et ne pardonnent jamais. Surtout pas lorsqu’ils ont montré, au préalable, une tendance à l’intolérance et à la rancune.

Son choix de mot suivant, pourtant, me surprend et je ne cherche pas à le cacher. Mon…expertise ? Je suis expert en flûte traversière. Je ne suis pas mauvais en histoire des artefacts et je me débrouille pour en fabriquer, les baguettes étant de loin ceux pour lesquels j’ai le plus d’expérience mais en élémagie ? La vieille était une experte. Moi… je fais de mon mieux je pense. Elle a l’air sérieuse. Elle a, au fond des yeux, comme cette lueur d’espoir qu’ont les enfants. La même qu’avait ma petite sœur quand elle me demandait de lui faire de la magie. La même qu’avait ma fille quand je lui faisais ses lacets. Je retiens un soupir. J’ai horreur de décevoir cette lueur-là.

« Je ne considère pas avoir maîtrisé mon élément. » Même si, clairement, il ne me contrôle pas non plus. « Les éléments sont nommés ainsi parce que ce sont des entités fondatrices. On ne peut pas les décrire en utilisant des comparaisons. Le feu est le feu. Pour comprendre le feu, il faut le voir. La terre est la terre. Pour imaginer la terre, il faut vivre dessus. L’air est l’air, pour sentir l’air il faut le laisser passer autour de soi, en soi. Et l’eau est l’eau. Pour connaître l’eau, il faut aller à son contact. Evidemment, je pourrais dire que c’est deux atomes d’hydrogène pour un d’oxygène mais cela ne sont que des mots, ils n’ont pas de substance. Avec de l’hydrogène et de l’oxygène je peux faire des milliards de choses. Votre eau fait partie de vous. A quoi pensez-vous lors de vos séances de méditation ? »

Les éléments sont la base de beaucoup de concepts. Artefacts et elémagie en sont les plus important et ma discussion avec Pluie me rappelle celle que j’ai eue avec Arcturus à la forge. Je ne comprends pas comment l’on peut grandir sans avoir appris ces réalités fondamentales. Ma femme disait que j’étais trop ésotérique pour ce monde. Cela la faisait rire et ce sont me manque encore aujourd’hui.