Le dernier sous les toits est un immense grenier au sol de parquet grinçant rempli de malles et de cartons. Des araignées peuplent les trous sous les combles et dans la pièce mal isolée souffle parfois le vent d’hiver. Il n’est pas rare, au printemps, de remarquer des nids d’oiseaux ou des œufs de serpencendre. Une famille de Gnome s’y cache également des chats et charretiers. On dit qu’il y a dans les malles des vêtements d’époque qui ont appartenu à des rois et des reines des temps passés et des artefacts maudits aux effets mystérieux. On dit aussi qu’un monstre les garde. On sait surtout qu’il est interdit de s’y rendre.

Au sous-sol, sous les celliers et autres caves naturelles se trouvent naturellement les cachots du château. Des cages de fer enchantées, de plus ou moins grandes tailles, des instruments de torture d’un temps passé, d’autres dont on ne veut pas imaginer l’usage, des fers qui bloquent la magie et le souvenir de cris incrustés dans des murs recouverts de salpêtre. Le sol y est de terre que les piétinements et le temps ont rendu plus dur que de la pierre et la lumière y est verte et inquiétante. Une odeur de pourriture et d’humidité rappellent que les douves n’étaient pas toujours vides. Heureusement, les cachots sont vides aujourd’hui. Le resteront-ils est une question impertinente mais logique.

Enfin, hors limite toujours mais non protégée vient la toute dernière aile. Désaffectée, elle n’est pas habitable et ressemble aux deux autres si ce n’est que les tableaux et les bibelots qui s’y trouvent restent inertes. Les tapis et tapisseries ont leurs couleurs fanées par le temps, le soleil, l’humidité et les mites. Parfois, le toit révèle le ciel, le vrai. Les portes de bois gonflé s’ouvrent pas ou mal, grinçant sur des gonds non huilés, révélant des pièces vides, des meubles recouverts de draps. Un piano à queue prouve qu’il y a eu une pièce de musique, ailleurs un baldaquin laisse penser qu’une princesse avait pu vivre là. Il y a aucun livre, aucune merveille, aucune vie, aucun confort, rien que du vieux et de l’abandon.