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    Re: Mati
    Mer 15 Juil - 19:46
    Cendre
    Cendre
    135
    Cendre
    25 ans
    Infanterie
    Sang mêlé
    Nirimage
    Infanterie
    https://rementor.forumactif.com/t277-cendre-enroleehttps://rementor.forumactif.com/t317-le-feu-sous-les-cendres

    Deux réalités.
    Une avec la cicatrice, l'autre sans. Mati, ou sans Mati. 
    Elle ne comprend d'abord pas. Du moins pas complètement. Ça n'existe que dans les livres ce genre de dualité non ? Il n'y a qu'une réalité, et elle a lieu en ce moment même. Il y a la domination du mal sur le monde, il y a la guerre et il y a la rébellion. Des Avada informulés, rien que des éclairs verts qui fendent une foule d'étoffes, le sang sur les doigts et la douleur dans les mains à force de creuser des tombes. Elle le sait.
    Mais alors, que fait-elle ici ? Sans sa baguette ? 

    Son regard ne prend pas le temps de s'égarer plus en avant. Il frappe la fenêtre, puis se détourne aussitôt, soudain convaincu qu'elle ne trouvera rien au delà de la vitre. Le monde se résume à cet endroit, il y a un esprit dans un autre esprit, et c'est tout.

    Elle s'était pourtant jurée de ne plus le refaire.

    « Vous êtes .... Je vous connais. Du Domaine. La mauvaise réalité. C'est bien ça ? »

    Le coin de ses lèvres s'étire le temps d'un tic nerveux. Si son corps se souvenait comment faire, peut-être aurait-elle émit ce soufflement nasal plus évocateur encore de l'ironie que ce constat lui évoque. La "bonne" réalité du sorcier est un cauchemar à ses yeux, une tourbière dans laquelle elle s'enlise, qui s'imprègne d'elle moins qu'elle même s'en imprègne. Un véritable filet du diable onirique qui peut se montrer confortable tant qu'elle n'en a pas conscience, puis qui l'étrangle à l'instant où elle cherche à se débattre. Un jour où l'autre, ces visites finiront par la dévorer tout entier.

    « Oui. »

    Ça lui revient maintenant. Le visage familier et l'aura qui se dégage de son être.

    « Je garderai ça pour moi. »

    La plage, la forêt, le bureau, la cicatrice, les confessions à demi mots, la paternité avortée et le mariage enterré, à la fois tout et rien. Ça ne la concernait pas, elle n'aurait pas dû savoir, pas dû être là, et là voilà qui sait désormais. La culpabilité est un poids qui lui écrase les viscères, ses excuses restent coincées sur le bout de ses lèvres. Elle ne les prononce pas. Il y a fort à parier que, contrairement à elle, il ne se souvienne de rien à son réveil, mais si la mémoire lui fera défaut, ce ne sera pas forcément le cas de ses émotions. Cendre préfère que celle qui le saisisse ne soit ni le remord, ni l'angoisse. Alors ce sont les siennes qu'elle étouffe.

    Elle s'éloigne de la fenêtre. Elle ferait mieux de partir maintenant que tous deux ont pris "conscience" de son indésirable présence. Elle ne se sent toutefois pas de partir comme elle est venue, comme une voleuse. Parasite. 

    « Si je peux me permettre ... »

    Voilà, elle a déjà bien moins de certitude maintenant qu'elle sait n'être rien de plus qu'elle même. 

    « Je ne pense pas que les réalités s'affrontent. Le combat est trop inégal. L'une s'acharne peut-être sur l'autre sans que celle-ci ai rien demandé, sans qu'elle ai de véritable arme pour se défendre. Elle marque un temps de silence. Vous devriez peut-être lui en laisser une. »

    Ils ont tous besoin de quelque chose à quoi se raccrocher, aussi absurde puisse être cette chose, aussi irréalisable qu'elle soit. 

    Re: Mati
    Jeu 16 Juil - 15:04
    Soumaworo
    Soumaworo
    140
    Mati - Page 2 V5pz
    42
    Moyens de communication
    Sang pur
    Métamorphomage
    Instructeur
    Elle vient donc bien de Rementor. Il ne reconnaît pourtant pas son visage, elle doit certainement être une enrôlée de l'infanterie ou une médicomage. Ce sont ceux que Soumaworo voit le moins souvent, s'il doit oublier des visages il est plus probable qu'il s'agisse d'un de ceux-là. Il ne comprend pas ce qu'elle fait chez lui, dans la maison qu'il avait occupée dans les deux réalités. Il ne comprend pas non plus ce qu'il y fait, puisque dans la "mauvaise" réalité il n'avait plus de raison d'y revenir. Pire encore, il avait toutes les raisons du monde de ne jamais y revenir. La femme lui promet de garder pour elle un "ça" qu'il ne comprend pas tout de suite.

    "Ça"? Parlez vous de la poursuite, de Mati, de ma pitoyable chute dans la jungle?

    L'endroit où se situait sa maison était une information bien plus sensible, qui trahirait sa véritable identité, celle que le Domaine voulait que ses occupants gardent secrets. Mais son esprit rationnel dormait, c'était l'autre partie de sa psyché qui s'activait. Cette autre partie avait gardé le vieux réflexe qui consistait à définir clairement les termes d'un accord, ce qui l'avait fait poser la question au sujet de "ça". Parce que le respect des règles à la lettre afin de se disculper d'en avoir dénaturé l'esprit faisait partie de ses principes, mais aussi parce qu'on n'apprenait pas à une vieille genette à faire la grimace.

    Il écoute le conseil que lui donne l'enrôlée dont il ne parvient pas à se souvenir. Et il essaie de trouver un sens caché à ces mots qui, par intuition, lui semblent sages. Une réalité s'acharne sur l'autre, qui ne peut se défendre. Il doit lui laisser une arme. La mauvaise réalité s'acharnerait donc sur la bonne, effaçant Mati et creusant des plaies sur son corps. Il lui faudrait donc...Non, il avait tort. La "mauvaise" réalité, c'était celle qui n'avait pas pu exister. La "bonne", c'était celle où tout était allé de travers mais où il était vivant. Pas Seyna, ni Mati, mais il était en vie. Il fallait que cette réalité là se défende face à l'autre, mais il ne le voulait pas. Il voulait que l'autre soit la seule et unique réalité.

    Tout se mélangea dans sa tête, les idées tourbillonnaient dans son crâne comme une spirale déchaînée, avant de se mettre en ordre subitement comme si on venait de les discipliner par la force.Il ne savait pas comment "armer" la réalité, mais c'était armé de son pragmatisme habituel qu'il fit face à l'enrôlée, après avoir retrouvé son équilibre. Tout lui semblait aussi clair qu'il était possible de l'être au beau milieu d'un rêve particulièrement bizarre et agité. Il y avait la réalité d'un côté, et ses souvenirs fantasmés de l'autre. Ce qu'il avait appelé jusqu'ici la "bonne" réalité n'étaient que spéculations de sa part. Rien ne permettait de dire qu'il aurait eu une fille unique, au lieu de jumeaux par exemple. Rien ne permettait d'affirmer avec certitude que cette existence aurait été heureuse. Ceux qui étaient venus pour supprimer Seyna auraient pu s'en prendre à Mati. Et il y avait tout ce qu'il avait refusé d'admettre au sujet de Seyna, également. Non, mieux valait s'en tenir à une réalité morose mais certaine. Il hocha la tête et remercia la jeune femme.

    Je vais essayer.

    Il fit un pas en avant et son corps entier bascula. ll vit le parquet ciré grandir alors que son visage s'en rapprochait, et au lieu de le percuter il se réveilla en sursaut dans son lit, dans la chambre qu'il occupait au domaine de Rementor.

    Essoufflé, les yeux écarquillés cherchant le moindre signe qui lui permettrait de s'assurer que cette fois-ci il ne rêvait plus, il se redressa dans son lit. A tâtons, faute d'avoir totalement habitué ses yeux à l'obscurité, il vérifia la présence de sa cicatrice sur le torse et soupira en la trouvant à son emplacement désormais habituel. Il avait rêvé des choses étranges qui l'avaient dérangé. Il ne se souvenait plus de tout, mais se rappelait que sa blessure avait disparu, et qu'il y avait quelqu'un d'autre qu'il reconnaîtrait peut-être en voyant son visage. Et ce dont il avait rêvé le rendait à la fois fatigué et triste. Mais il avait également l'intuition, la quasi certitude qu'il devait laisser quelque chose derrière lui. Quelque chose de son ancienne vie.

    Exaspéré par son propre égarement, il se recoucha sur le dos et s'efforça de respirer avec régularité, comme à l'époque où il apprenait à maîtriser ses métamorphoses. Il fallait qu'il chasse ces bruits blancs mentaux de son esprit. Le regard perdu dans les constellations, il respirait, les poings crispés qui empoignaient les couvertures.

    Peu à peu, son visage se détendit et ses mains s'ouvrirent. Ses yeux cherchaient les étoiles tandis qu'il comptait les temps de chaque inspiration et expiration. Enfin, ses yeux se fermèrent à nouveau et il sombra dans un sommeil léger...
    Re: Mati
    Dim 26 Juil - 11:17
    Cendre
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    « Ça"? Parlez vous de la poursuite, de Mati, de ma pitoyable chute dans la jungle ? »

    Non. 
    Oui. 
    Ça désigne tout. Tout ce qui pourrait causer du tort au métamorphomage, tout ce qu'il ne voudrait pas que n'importe qui sache, que personne ne devrait savoir. Cendre a vu une enfant que personne n'a jamais rencontrée, elle a détaillé une cicatrice immense, fruit d'une blessure meurtrière qu'il a toujours su dissimuler aux yeux des enrôlés, aux siens du moins. Elle a découvert un animal symbolique et un bureau sans dessus dessous, elle a été dans sa tête. Elle a entendu, aperçu, peut-être inconsciemment, des centaines de détails qui n'auraient dû appartenir qu'à lui.
    Ça c'est tout.

    Elle ne répond rien. Les mots sont des outils, mais en rêve ils se muent en arme, à l'instar de ses gestes, de ses idées qui, parfois, par hasard, forment des choses, déforment les choses. Ce sont des armes, qu'elle ne sait toujours pas manier, et elle pourrait bien trancher quelque chose de vital.
    Plus un geste. Elle n'aura rien du dire.

    Le temps s'étire dans le silence. Le bout de ses doigt fourmille, les frontières de son esprit s'engourdissent, comme ravagées par une vague glaciale abrutissante. Elle a froid soudain, et le froid la brûle. Cette sensation lui rappelle les neiges des retranchements en altitude, les gardes nocturnes et le ciel illuminé d'instants scintillants à des milliers d'années lumière. 
    Cette fois, elle ne passera par aucune porte pour repartir. La nirimage est sur le point d'être éjectée hors des rêves de son hôte. Une intuition, et elle se sent perdre pieds, perdre la tête. Rien ne tourne, c'est son esprit qui se retourne. 

    Le réveil est brutal. Comme ces instants de quasi sommeil où votre esprit trébuche sur une marche invisible et qu'il se rattrape brusquement à la réalité, s'écorchant au passage sur ses aspérités. Elle se sent tomber, et d'une volonté elle s'agrippe à la tangibilité. Sa conscience dessine aussitôt les détails de la réalité, imprégnés au fer sur chacun de ses sens éveillés. La couette qui couvre jusque ses épaules est lourde, les draps chauds, le ciel noir. Dans le dortoir, quelqu'un ronfle fort, si fort qu'elle a l'impression d'entendre un éruptif parader pour une femelle. Contre ses côtes, elle sent un petit être se faufiler. Ses écailles glissent, s'enroulent et se déroulent, dérangés par les palpitations de son coeur qui ont dû se précipiter. De le sentir aussi près la contraint à se calmer, pourtant déjà dans son esprit, les images et les pensées se précipitent, dures et contradictoires en souvenir de ses frasques passées. 
    Elle se souvient des nuances de vert qui se troublent devant ses yeux, comme après un très vilain vertige, de la chaleur qui colle encore à sa peau et la soif qui lui assèche toujours la gorge, des sensations qui se mêlent aux mots qui résonnent encore dans sa tête. Mati, Mati .. Mati. Scandé comme une prière, ce prénom résonne encore dans la douleur d'une déchirure. Et cette douleur, elle la sent qui flirte encore avec son inconscient. Elle n'est pas sienne pourtant, alors elle essaie de se raisonner, tout en gérant la culpabilité d'un nouveau rêve. 
    D'une nouvelle nuit.
    D'une nouvelle victime. 

    Elle voudrait s'excuser.

    Ses yeux restent ouverts, figés sur un plafond qu'elle ne voit qu'à peine. Le sommeil l'a quitté, et quand bien même, elle n'est pas prête à se rendormir. 

    Re: Mati
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