D'espoir et d'exaspération
Ven 16 Aoû - 22:21
Ortie
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Le plan était sans faille : des alibis, des excuses, des plans de secours (littéralement pour secourir ceux qui en auraient besoin)... et des Patronus pour communiquer entre eux. Des Patronus corporels. Ortie, bien entendu, n'avait aucun souci avec le concept du Patronus. Il avait été à l'école, dans une très bonne école de magie, même, où il avait obtenu de très bons résultats, par ses propres moyens de peste élitiste.

Conséquence logique et de son éducation et de son ego, le brun n'aurait avoué pour rien au monde que, si ni la théorie ni techniquement la pratique du Patronus ne posaient problème, la partie corporelle, elle, si. Ça n'était pas censé porter à conséquences : la brume épaisse comme de la vapeur de mercure suffisait à repousser un détraqueur. Et le mélange de technique pure et de volonté suffisait à produire cette brume.

Mais pas à porter un message.

Contrarié, le brun s'éloigna des bâtiments des Enrôlés sans un regard en arrière. Le bâtiment Selkie était trop rempli de gens qu'il connaissait et dont il n'avait aucune envie qu'ils le croisent. Les autres aussi, en fait. Et pire, le repaire des Occamys abritait Vyāsa. Pas question de prendre le risque de croiser qui que ce soit en plein entraînement secret.

Les combles avaient fini par s'imposer comme un choix raisonnable. D'accord, elles étaient pleines de bestioles plus ou moins identifiées (araignées, bestioles à plein de pattes...) et techniquement interdites d'accès, peut-être. Ortie n'en était pas sûr. Il s'en foutait, aussi. Si l'information était parvenue jusqu'à ses oreilles, elle était rentrée dans une pour ressortir presque immédiatement par l'autre.

La trappe par laquelle il avait accédé au grenier se referma derrière lui avec un claquement sourd quand il la laissa retomber. Le nuage de poussière suscité, lui, s'éleva. La lumière du soleil couchant peignit les volutes d'or et de cuivre. Imperméable à la beauté de l'instant, il examina les lieux pour s'assurer qu'ils étaient aussi vides que possibles – à savoir sans êtres humains, les bestioles et trucs non identifiés n'étant pas expulsables.

Inspirant une bouffée de maussaderie désuète, il rassembla ses connaissances sur le sujet. Se concentrer sur un souvenir heureux. S'en infuser. Incanter.

"Spero patronum."

Le mouvement pratiqué en cours lui revint aisément, le geste fluide entravé par la raideur de son irritation. Il n'aimait pas échouer. Il n'aimait pas ne pas réussir. La vapeur d'argent comme des rayons de lune filés s'enroula devant lui, vaporeuse. Et clairement incorporelle, à moins que les nappes de brouillard ne constituent une forme de Patronus corporel. Brièvement, une forme comme un félin bougea, du coin de son œil. Il l'ignora pour foudroyer du regard les écharpes brumeuses qui se dissipaient au même rythme que sa bonne humeur déjà limitée. Il grogna comme s'il pouvait expulser avec le son son irritation, inspira, et releva sa baguette.
Re: D'espoir et d'exaspération
Jeu 2 Jan - 15:56
Lancelot
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Le soleil se couchait.

Il était assez rare de voir le félin à six pattes loin de son hôte, ce dernier ayant la fâcheuse tendance à trouver des ennuis là où l'on s'y attendait le moins. Dans leur vie d'avant, celle des plantes et des hommes sans magie, Circa ne s'était jamais éloignée. Lancelot avait trop peur, bien qu'il ne l'aurait pas admis à voix haute. Cette peur insidieuse qui n'était pas la peur d'une chose tangible, d'une action, d'une personne, mais l'appréhension des minutes qui s'écoulaient lentement autour d'eux, des fantômes du passé qui peuplaient leurs nuits, et de ce futur qu'il ne voulait plus contrôler. La peur de vivre. La peur de devoir souffrir. La peur de répéter ces mêmes réflexes qui le gardaient éveillés, s'accrochaient à son ventre jusqu'à ce que même sa respiration ne soit plus qu'un murmure presque oublié.

Cette peur-là, Circa ne pouvait pas la combattre. On ne pouvait donner de coups de griffes à la peur. Alors elle était restée tapie dans les tatouages mouvants de son porteur à attendre le moment où quelque chose bondirait sur eux, quelque chose qu'elle pourrait mordre, attraper. Au final, ça n'avait pas servit à grand chose. Depuis leur arrivée au Domaine cependant, la peur n'était plus aussi souvent présente, et Lancelot occupait son temps entre les plantes, l'infirmerie, et un nouveau groupe de personnes que Circa tolérait.

Elle n'était pas jalouse, et savait que son rôle était tout aussi important que la compagnie et la chaleur que lui procurait les autres. Elle serait là jusqu'à son dernier souffle, comme la magie qui les liait l'avait voulu. Aujourd'hui cependant, le médicomage se trouvait dans un endroit auquel Circa n'avait pas eu accès, chose étrange mais qu'elle comprenait. Elle pouvait toujours l'écouter, partager ces émotions qu'ils échangeaient si facilement. Il était frustré, inquiet, et détendu à la fois. Elle s'inquiétait pour lui, s'inquiétait de cet endroit sans lumière qui lui rappelait bien trop ce qui avait brisé son porteur, tout en sachant que cette nouvelle jungle qu'ils habitaient le protégeait quelque peu. Ces autres, aussi. 

Elle s'était donc réfugiée dans les combles, souvent dépourvues de bruit ou de personnes. Il n'y avait pas de proies mais il y faisait chaud, les derniers rayons du soleil ayant chauffé le toit à la perfection. L'endroit idéal pour s'allonger dans un coin et écouter les bruits alentours en attendant que Lancelot finisse sa tache. Tout du moins, c'était ce qui avait été prévu avant qu'on ne vienne la déranger. Elle avait observé, intriguée, les pas brusques du jeune homme qui avait pénétré son territoire du jour, sa démarche tendue, le regard qu'il avait lancé autour de lui. Elle connaissait ce regard, celui qui servait à s'assurer qu'on n'était seul. Il ne l'était pas; il avait été assez idiot pour ne pas la voir. 

Le womatou soupira, l'équivalent félin d'un soufflement par les narines, avant d'étirer ses larges pattes et de se redresser. Ses pas bousculaient la poussière qui s'était déposée au sol, laissant des traces qu'elle aurait préféré couvrir, mais qu'importe. Les cheveux verts de l’intrus ne lui étaient pas familiers, mais elle reconnaissait la silhouette des souvenirs de Lancelot, un esprit turbulent qui avait toutefois réussit à impressionner son acolyte. Il devait donc être surveillé, et puisqu'elle n'avait rien de mieux à faire et que le médicomage n'était pas en danger immédiat, s'approcher et observer semblait être la chose à faire. 
Re: D'espoir et d'exaspération
Lun 3 Fév - 19:37
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Tap tap tap tap. Le bois blanc refléta l'argent des dernières volutes qui se dissipaient. Tap tap tap. Le staccato d'agacement pianoté contre sa cuisse s'interrompit quand Ortie releva sa baguette, traçant de la pointe le geste associé à la formule, comme si le problème pouvait provenir d'un manque technique. Comme s'il ne savait pas parfaitement où était le souci.

Un souvenir heureux.

Quel concept foireux.

Il n'y avait même pas de définition du bonheur qui ne renvoie pas au fait d'être heureux, lequel dans sa propre définition renvoyait au fait d'éprouver du bonheur dans un cercle qui ne menait nulle part. Il n'y avait pas de recette, pas de mode d'emploi, pas de manuel d'assemblage. De quel droit le stupide sort avait-il décidé que ses souvenirs n'étaient pas assez bien, d'abord ? Qu'en savait-il ?

La checklist était pourtant parfaite : enfance facile, famille riche ayant pourvu à tous ses besoins, fratrie présente et aimante, talent nourri de tous les privilèges qu'on avait pu lui trouver. Peut-être que c'était simplement qu'il n'avait pas choisi le bon souvenir. Pinçant les lèvres jusqu'à ce qu'elles ne soient plus qu'un trait pâle dans son visage, le brun inspira brièvement.

"Spero patronum."

Le souvenir d'un match de Quidditch gagné et de l'exaltation du vent dans sa crinière s'effilocha en lambeaux brumeux alors que les félicitations de son frère résonnaient au fond de sa mémoire.

Au-delà des volutes vaporeuses, une paire d'yeux brilla dans le clair-obscur de la soupente. Loin de s'en inquiéter, le Selkie ne ressentit que la satisfaction du mauvais perdant face à une diversion. Il avait un prétexte. En plus, ce n'était même pas une plante. Probablement pas.

Sa prise sur sa baguette s'assouplit, de même que la tension colérique qui avait gagné ses épaules, la fausse nonchalance trompeuse arborant une souplesse que tout combattant sait reconnaître - prêt à parer, prêt à défier. Le souvenir qu'il n'était ici qu'un habitant parmi d'autres arrêta cependant son réflexe premier de baigner la pièce de lumière aveuglante.

De toute façon, la créature se montra. Une forme de félin s'arracha aux ombres avec le calme total des créatures qui se pensent maîtresses de l'univers. L'observa. Sur ses gardes, le brun attendit les premiers signes d'une attaque qui ne vint pas, les yeux rivés sur les pattes puissantes pour éviter de se faire piéger par le regard censé pouvoir hypnotiser. D'ailleurs, est-ce qu'une bestiole qui lisait les pensées pouvait comprendre le langage ?

"Qu'est-ce que tu fabriques là, toi ?"

La bestiole ne pouvait pas être un Animagus, il le savait : le womatou faisait partie de ces quelques créatures qu'il était capable d'identifier. La question de savoir s'il était envisageable de récupérer une moustache lui vint avant celle de ce que pouvait bien vouloir la créature magique.
Re: D'espoir et d'exaspération
Sam 29 Fév - 19:46
Lancelot
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Elle lisait les émotions mieux que la plupart des humains. Lancelot était observateur, et elle voyait à travers ses yeux; à son contact, elle avait compris les concepts de frustration, d'agacement, de découragement. Elle les ressentait aussi, parfois, sans avoir besoin de les nommer. Lorsqu'une proie s'échappait. Lorsqu'elle restait enfermée dans un endroit trop étriqué, trop sombre, et que l'envie de courir la faisait parcourir ces petits murs d'un pas constant et las. Lorsqu'il la repoussait, lorsqu'il s'éloignait, jamais physiquement mais parfois d'une autre façon, et qu'elle ne pouvait plus l'atteindre. Ses façons à elle d'exprimer ces émotions étaient souvent plus ténues que les humains, qui portaient leurs humeurs sur leurs traits, qu'elle ressentait rien qu'en respirant l'air autour d'eux.

Il était frustré. Le geste incessant du bout de bois - sa baguette - ne produisait pas grand chose d'autre qu'une fumée blanche que Circa croyait pouvoir reconnaître, mais qui ne la préoccupait guère. Ce n'était pas dirigé contre elle. Ça n'avait pas l'air dangereux. Ni étincelles rouges qui empêchent d'avancer, ni feu ardent, ni étincelles vertes qui annoncent le pire. Les couleurs étaient trompeuses de toutes façons, et sa perception de ces dernières différait selon qu'elle observait au travers des souvenirs de Lancelot ou de ses propres yeux. Elle était prête, quoi qu'il arrive.

Mais Lancelot n'était pas là, il n'était pas menacé - tout du moins, pas par les cheveux verts - et elle pouvait observer à sa guise.

Enfin, il la remarqua. Elle pensa à s'offenser brièvement qu'un élève de Lancelot n'ait pas remarqué avant une potentiellement menace, qui plus est elle, plus menaçante encore que d'autres, avant de décider que ce n'était pas important. Elle le fixa. Il dit de même. Ou, plutôt, il dirigea son regard plus bas que ses yeux. Bien, il savait que défier une créature telle qu'elle était n'aurait pas été très sage. Pourtant, il fit une erreur, et dirigea son regard vers ses armes. Elle l'étudia. Respira l'air. Tendit ses muscles, aux abois. Questionneur, la frustration baignant toujours l'atmosphère autour de lui. Sa voix avait pris une inflexion de curiosité. Elle ne s'embêta pas à traduire; elle le pouvait, Lancelot l'y aidait, il connaissait les sons des hommes et ce que chaque modulation signifiait, mais Circa ne le faisait que lorsque la conversation l'intéressait, lorsqu'elle sentait les réactions de son porteur. Ici, Lancelot était loin.

Quelque part dans le Domaine, il releva d'ailleurs la tête, fronça les sourcils. Repris contact pendant un moment, reconnectant ce lien qui les unissait toujours mais qui pouvait parfois passer en arrière-plan, ne pas occuper toutes ses pensées, laissant de la liberté à la créature qui le protégeait tout comme à ses propres pensées. Il vit Ortie, devant Circa. Il sentit les muscles se tendre, la limite ténue entre menace et questionnement. Soupira, mit fin à son expérience, et rebroussa chemin.

Elle pouvait s'approcher. Elle en avait envie. Cheveux verts devait être surveillé, elle le savait; il était doué, avait pensé Lancelot après quelques cours, et de nombreuses fois où le jeune - on ne pouvait décemment pas l'appeler cub, et pourtant, dans ce lieu, il lui semblait tout de même tout aussi perdu qu'un jeune chat - avait tenté s'infiltrer sur leurs territoires. Lancelot laissait faire. Elle avait été un temps agacée, avant de s'en désintéresser et de ne retenir que le fait de garder un œil sur lui.

Elle fit un pas en avant. Et un autre. Un troisième - les six pattes aidaient beaucoup à parcourir des distances rapidement, même si le geste lui semblait lent. Jusqu'à être juste devant son bout de bois.
Re: D'espoir et d'exaspération
Lun 2 Mar - 20:39
Ortie
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Il se tendit - reflet sur deux pattes du félin sur six. N'attaqua pas non plus, prédateur en chasse de curiosité et de quelque chose de plus subtil que la mort ou un sort. Téméraire trop tête brûlée pour ne pas regarder avancer un incendie, aussi. La créature avait assez de griffes pour ne pas avoir à choisir entre sauter et attaquer - l'attaquer. Lui pas vraiment. Ce constat ne poussa pas pour autant Ortie à reculer. D'abord, la bestiole avait avancé en premier... et il voulait savoir où elle s'arrêterait.

Tout au plus pivota-t-il - un pied au sol, fermement ancré, l'autre glissant en arrière pour présenter son profil à l'animal, réduire la surface à attaquer. La pointe blanche de sa baguette, elle, ne bougea pas alors que l'imminence d'un choix décisif marchait à sa rencontre au pas de six pattes. L'exaltation que tout face à face produit glissa le long de son échine en promesse d'adrénaline. Reculer ? S'écarter ? Pour faire quoi, ensuite ? Chipper à la volée un poil ? Attaquer ? Se protéger ? Mentalement, il repassa les sorts d'immobilisation, tria ceux trop longs à prononcer, ne garda que les plus brefs. La pointe de sa baguette était au bon endroit pour le coup sec nécessaire au sort. L'idéal aurait été un sort à retardement, à condition, une rune peut-êt... une rune. Un héritage de nordique, en traits simples et en magie prête à se faire bouclier.

Le womatou était à portée de bond, maintenant, à moins qu'il ne l'ait été depuis le début. La pointe de la baguette blanche bougea enfin, avec une indolence maîtrisée, pivota vers son maître. Une créature magique capable de lire des pensées savait forcément qu'une baguette non pointée vers elle n'était pas une menace, estima Ortie, un oeil sur l'ombre en approche.

"Scripto."

L'agitation et l'agacement et l'agressivité devinrent un souvenir distant. Il savait ce pour quoi il était là - pour vivre, pour vaincre. La certitude infusa l'unique mot d'un calme total, alors qu'il esquissait les traits d'une rune protectrice à même l'intérieur de son avant-bras, la pointe de tremble prête à tout instant à rebasculer et transformer le sort bénin d'écriture en défense de la dernière chance.
Re: D'espoir et d'exaspération
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