L’un des premiers soucis qu’il avait rencontré deux mois plus tôt, alors qu’il sortait son matériel de cuisine de sa fameuse malle , avait été l’approvisionnement en matière première afin de fournir à Aubépine un doublon de repas qu’elle serait obligée de manger, celui là. Pas de possibilité de sortir pour trouver ne serait-ce qu’une épicerie correcte, impossible de communiquer avec les elfes pour espérer passer commande. Sycomore avait donc décider d’entrer et prendre ce dont il avait besoin dans la réserve sans demander la permission à personne (de toute façon, à qui aurait il pu la demander ? Les instructeurs ont sûrement autre chose à faire de leur journée que de penser à la gestion des stocks , le directeur … voilà . Quant aux elfes… Déjà qu’ils ne répondent pas quand on les salue alors de là à avoir une conversation et surtout un accord dans une réponse.). D’habitude, il ne venait qu’une à deux fois par semaine , avec son menu et sa liste. Il avait toujours trouvé ce dont il avait besoin, mêmes les épices un peu improbable. Il s’attachait, par respect pour les elfes, à laisser une liste de ce qu’il avait pris et à toujours ranger impeccablement l’endroit après son départ.

Seulement … Seulement , en ce moment, rien ne se passait vraiment comme prévu. D’abord, le mois avait particulièrement mal commencé avec l’hospitalisation d’Aubépine. Même pas pour son poids, non, juste un prof de botanique  incompétent et des plantes dangereuses. Puis, samedi dans la nuit, un type avait complètement chamboulés ses réserves en tapant dedans pour se faire un non sens culinaire. Si bien qu’on était lundi et qu’il se retrouvait déjà à devoir refaire ses réserves. Il avait aussi repensé le menu pour coller aux températures, caniculaires, du lieu. Il fallait qu’il fasse de quoi manger froid, sinon Aubépine se trouverait une excuse pour ne pas manger sous prétexte de chaleur. C’était pour cela qu’il s’était rendu en début de soirée jusqu’au réserve, sa liste inscrite dans son carnet, les pensées ailleurs. Se pensant seul, il entre avec sa discretion habituelle dans la pièce. Sauf qu’il n’est pas seul. Non, ça aurait été trop, trop facile. Comment le sait il ? Déjà, il manque des choses, des sacs de riz. Et il en a besoin de ces sacs. Aussi retrouvé un homme en équilibre dessus le fait hausser un sourcil

«Qu’est ce que tu fais .»

Sycomore hausse un sourcil pas convaincu. Plusieurs choses l’intriguent, sans que cela n’altère cependant son regard froid et circonspect devant la scène qu’il s’offre à lui. Il pensait, peut être à tort, retrouver un univers où le sorcier , protagoniste de cet endroit, ne se pose aucune autres questions que «quel est le sort qui me servira à arriver à mes fins». Il lui aurait suffit d’un coup de baguette et d’un sort de niveau «Je sors de la fin du fond du classement de promotion des premières années de mon école de sorcier perdue dans une lande quelconque.» Un seul coup de baguette tout court même , à condition qu’elle soit suffisamment longue, même pas besoin de magie. Non, ce type avait décidé de faire preuve d’un manque de discernement des plus élémentaires. Il avait préféré se casser le dos à tirer des sacs de riz … Là encore …et la magie? Un sort pour alléger le sac, un pour le porter. Fa-cile. Deuxième année peut être. Bon, début de troisième si vous avez dormi pendant tout vos cours de sortilège les années précédentes. Il s’était compliqué la vie pourquoi au fait ? Une tablette de chocolat. Et pas n’importe lequel ..

«C’est du chocolat de cuisine.»

Trop amer pour être mangé seul, mais délicieux en cake, mousse, gâteau ou râpé sur une pannacotta. Mais ça, Sycomore ne lui dira pas. Si le type devant lui ne semble pas plus que ça amateur de fourneau et de recettes, il ne se serait pas trompé sinon, ses connaissances en cuisine à lui et surtout ses activités nocturnes ne doivent être connues que de lui seul. Et d’Aubépine mais c’est normal, c’est sa soeur jumelle, il sait tout d’elle, elle sait tout de lui. Bon, il y a aussi Vyasa , arrivé au mauvais moment dans la cuisine le mois dernier (franchement, qui a un creux à trois heures du matin ?)  et Cormoran qui avait pillé ses reserves pour le plat du lendemain pour faire un truc presque plus infâme qu’un bortch raté, brûlé , cuit et recuit. Et Pivoine … Bon d’accord, son secret était un peu éventé. Sa seconde pensée avait été qu’une tablette de chocolat , même entierre n’avait jamais nourri un homme.  En même temps, s’il ne faisait rien, ce type allait gâcher peut être un futur ingredient dont il aurait besoin….Poire Belle Hélène. Ca avait fait pouf , comme ça dans son esprit. Aubépine ne pourrait pas refuser une poire belle hélène, même en plein été . Poire belle hélène … été …Réfléchir … Penser trop haut.

«Laisse le tranquille j’en ai besoin pour mes poires.»

Oups. A ce rythme là, dans six mois , toutes la secrète université aura connaissance de ses activités nocturnes. Attends un peu que ça remonte définitivement aux oreilles de l’équipe professorale et des morfales. Sycomore grogne contre lui même, tape du pied. En même temps, comment expliquer sa présence en ces lieu par une autre raison . Il lui prend la tablette en soupirant , le privant ainsi de toute bêtises culinaires.