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Feat. Aubépine

Les espoirs d’Aubépine sont illusoires. Le vaincre. On ne vainc pas un croquemitaine. On lui survit à la limite mais rien de plus. On le fuit au mieux jusqu’à la fin de ses jours. On est jamais assez fort face au croquemitaine, il faut qu’elle se fasse une raison. Mais si espérer la fait vivre, la fait manger, alors pourquoi pas. Pourquoi pas continuer l’illusion, lui faire croire que l’on pourra vaincre sans heurs le croquemitaine si l’on est assez fort. Il y aura heurs. Lui, Sycomore , fera tout pour qu’elle y survive et qu’elle ait une vie après lui. Après eux. La table est dressée au cordeau, rien ne dépasse, on se croirait presque dans la salle à manger d’un lord. Pour la fantaisie, pour la faire rire , Sycomore s’éclipse dans sa chambre pour revenir avec un vieux bougeoir de style art nouveau , tout de bronze doré, orné d’une statuette de femme s’extasiant devant un bouton de rose qui éclot et fait figure d’emplacement pour la bougie. Cadeau de la grand mère, quand il l’ont quitté pour se réfugier ailleurs. Il suppute que ce dernier contient quelques artefacts magiques qui permet à cette dernière des les savoir tout deux en sécurité. Il le pose au centre, y met une bougie et laisse Aubépine l’allumer.

«Je pense que si la magie nous aidera, nos savoir moldus seront des atouts. Il porte peu de cas aux sans magie, il n’a aucune idée de la richesse de leur savoir. Il ne saura donc pas à quoi s’attendre. Tu ne réalise visiblement pas le potentiel que tout ce que tu as appris. Quelle humiliation ce sera pour lui de se faire battre par des armes et des méthodes qu’il considère, à tord comme inférieur.. Ton savoir et tes études sont précieux, ne l’oublie jamais, petite soeur.»»

Il retourne en cuisine pour faire réchauffer en le chérissant et en lui sussurant des mots d’amour le Pilov préparé avec tout son savoir , humant l’odeur des épices qui embaume la pièce dès lors que la feu commence à lécher le dos de la casserole dans lequel il mijotte. Sycomore sourit, prévoit la réactions de sa soeur au fumet du plat

«Ne le maudit pas, il ne t’a rien fait. En plus, j’ai oui dire que ton chevalier à la charrette préférait les femmes avec une poitrine plutôt imposante. Cela te donne une raison de plus de manger. Le séduire. L’amour fait faire des choses inconsidérées, il parait.»

Pur mensonge, pure spéculation, histoire de la faire piquer du fard et réagir, enfin, sans serpenter devant ses questions et ses évidences. Quand à Aubéchat présente pour la nuit

«Ta présence me fera plaisir et me rendra heureux. Cependant, elle n’empêchera pas le fait que je n’aurais pas sommeil et que pour m’occuper, j’irais travailler, cuisiner , lire, m’occuper comme je le fais à mon habitude sans ta présence. Mais je pourrais protéger ton sommeil et tes rêves.»

Il revient de la cuisine avec sa marmite fumante, servant une quantité moyenne à sa soeur, veillant rammasser un peu le riz pour qu’il semble plus parsemés, deposant des fruits secs sur le dessus et un beau morceau d’agneau cuit à point, juste rosé.

«Mange maintenant.»

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Ainsi il avait emporté le vieux bougeoir de Grand-Mère. Entre combien de babioles et de jolies robes, Aubépine ne le savait pas. La grosse caisse qu'ils avaient prise avec eux avait été entièrement remplie par Sycomore. Elle lui avait toujours voué une confiance aveugle sur tout ce qui était logistique et elle n'avait aucunement l'intention de changer. Alors, elle le laissait l'entourer de beauté et ne pouvait s'empêcher de sourire à la vue de cette femme à la pose un peu suggestive devant elle. L'art avait cet impact sur elle. Elle aimait les belles choses, pas forcément clinquantes mais de bonne facture, de bonne qualité, avec de bons matériaux et donc, forcément, chères. Doucement, elle caressa le creux des reins de la jeune femme de métal et, d'un informulé tout doux, enflamma la mèche, regardant la cire doucement se rétracter au contact de la flamme.

"Je ne l'oublierais pas, Syneska. Notre force vient des deux mondes et de l'impossibilité de l'autre camp de s'adapter rapidement à ce que nous pouvons inventer. Est-ce pour autant une honte si je suis contente de pouvoir enfin être moi-même sans avoir à cacher une partie de ce qui fait de moi ce que je suis ? Sept ans sans magie, à brider mon pouvoir, c'est comme sept ans sans pouvoir danser. Je n'ai pas honte d'apprécier pouvoir être au grand jour."

Elle était évidemment consciente de se cacher, toujours. Cacher ses origines - encore qu'elle ne se donnait pas la peine de tenter de se faire passer pour une jeune fille d'une famille modeste, elle refusait d'avoir honte de son rang social. Qu'ils la croient privilégiée, ils n'en seraient que plus surpris par sa résilience pas par la suite. Cacher son pays d'origine, dans les diverses langues qu'elle parlait et en adoptant des coutumes qui n'étaient pas les siennes. Cacher le croquemitaine dans le placard pour qu'on ne le découvre pas sous le lit. Cacher, encore et toujours. C'était leur vie de fugitif. Au moins pouvait-elle s'amuser avec son pouvoir.

Elle souriait lorsqu'il revint, mais pâlit en sentant les effluves du plat déposé devant elle. Un Pilov. Oui c'est bon mais... elle n'a pas si faim et l'odeur, alléchante, lui tourne un peu le coeur. Désemparée, elle lève les yeux sur ceux de son frère qui essaie de dédramatiser en lui reparlant des goûts féminins de Lancelot. Elle, elle avait plutôt entendu dire qu'il aimait les hommes. Elle préférait ne pas y penser. L'instructeur était trop mature pour se laisser aller sérieusement à ces jeux d'adolescents. Il devait laisser courir la rumeur pour éviter qu'on ne le sollicite trop. Il n'avait pas tord. Déjà, et malgré tout, des tas de jolies jeunes enrôlées lui faisaient les yeux doux. Elle attrapa sa fourchette, polie, et commença à jouer avec un grain de riz.

"Je t'ai déjà dit que je ne cherchais pas à séduire qui que ce soit." La lassitude s'entendait. Il insistait un peu lourdement. Ce n'était pas dans ses habitudes. Généralement c'était elle la jalouse des greluches qui se laissaient avoir par ses yeux clairs. Pensivement, elle ramena le grain avec les autres, frôla un morceau d'agneau cuit à la perfection, piqua un raisin sec qu'elle souleva sans pour autant le porter à sa bouche.

"Je mange. Et je viendrais de temps en temps. Tu crois que ces soirs là tu pourras te contenter de lire dans le lit ou de travailler des cours ? Je serais plus rassurée si tu te reposais un peu. J'ai peur qu'on finisse par te reprocher tes sommeils diurnes. Tu sais que nous ne devons pas faire de vague ici non plus. Je ne suis pas certaine que nous n'avons pas d'ennemis potentiels." Il suffisait de voir cette imbécile de Pivoine et ses préjugés stupides. Merlin ce que cette fille pouvait l’énerver…

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Feat. Aubépine

Il soupire de manière explicite. C’est rare. Si pour elle, ces sept années ont été visiblement une privation de liberté, pour lui, contraire, elles ont été une bouffée d’air pur. Il est vrai qu’Il n’a jamais rien attendu d’elle magiquement. Du moment qu’elle tenait sagement son rang dans son coin et qu’elle ne faisait pas de vague, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Mais pour lui, il fallait des résultats, prouver une puissance illusoire à coups de baguette magique , afin de savoir qui serait le plus puissant. Alors, ne plus avoir à toucher ce morceau de bois sauf pour quelques menus tâches de réparation lui avait du bien. Il avait sûrement perdu , mais pas assez pour que son dossier soit refusé ou mis en attente ici. Sycomore lève les yeux au ciel de manière tout aussi explicite à la seconde remarque de sa soeur. Il n’y a que toi qui y croit ma vieille, que toi qui ne te vois pas te mettre brusquement à faire attention à ton apparence. Bon, elle n’est pas complètement atteinte, elle n’en est pas encore à rêver de lui où à se la jouer midinette devant le miroir. Quand elle en sera là, il jugera bon de s’inquiéter. Seulement là,le plus important, c’était de lui faire prendre les nutriments et les calories necessaires à sa survie en ce milieu hostile, contre son gré s’il le fallait. Voilà qu’elle commence déjà à jouer avec la nourriture. Par Merlin, cette fille lui en aura fait voir de toutes les couleurs avec la nourriture.

«Mange ce que je te prépare sans chipoter comme tu le fais. Ce grain de riz ne te mangera pas et ce morceau d’agneau ne te fera pas grossir. Si tu manges ma cuisine avec facilité, je n’aurais peut être pas tant de question à me poser sur ton alimentation et comment tricher pour ne pas que tu meurs d’inanition pendant un cours ou une mission. Ce serait une mort stupide, petite soeur.»

Il finit par s’impatienter , tape du pied , se dirige vers elle pour lui prendre couteau et fourchette des mains. Comme pour une enfant, il découpe avec soin la viande en petit morceau , préparant de toute petite portion de riz et de viande pour les mettre au creux de la fourchette et mener l’instrument une fois plein contre ses lèvres.

«Ouvre la bouche et avale. Sache que je ne ferais pas ça tous les jours. C’en devient vexant, tu sais ça ?»

Un petit silence pour la laisser mastiquer, marcher ou refuser , réfléchissant à la suite de la conversation .

«Ils jacasseront et alors ? Cela permettra d’identifier qui est fiable et qui ne l’est pas. Après tout, je suis une chouette et il se trouver que cette adorable bestiole vit la nuit. Tu imagines si quelqu’un commence à voir une chouette voler en plein jour alors qu’aucune chouette apprivoisée n’est sur le domaine ? C’est une bonne couverture. Et puis, dormir le jour, c’est dormir en sécurité. La nuit, je veille, c’est mon rôle . Tu sais que je me suis mis à imaginer quelque chose d’improbable. J’ai imaginer que ce serait les moldus qui finirait par mettre à terre Yaroslava. A force d’être trop sous estimé. Imagine. Un Mage Noir mort par balle, la mort la plus improbable pour un sorcier. Celle à laquelle ces imbéciles ne s’attendront jamais.»

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Il fit deux soupirs explicites sur deux remarques différentes. Elle laissa courir. Quand il était dans ce genre d'état, il était inutile de discuter. Ils se connaissaient si bien que leur communication passait habituellement par de micro-signes presque impalpables. Là, c'était comme s'il avait crié, même si aucun des deux n'élevait jamais la voix. Elle allait simplement attendre qu'il se calme.

"Oui, Syneska." répondit-elle docilement, fixant le plat délicieux en tentant de combattre une nausée soudaine et de se convaincre d'obéir. Elle était sincère, elle ne voulait pas le blesser, le vexer, lui faire du mal. Si seulement il voulait bien la lâcher avec cette histoire de nourriture. Elle ne le sentait pas, c'était tout. Grosse comme elle était, elle n'allait sûrement pas mourir de sauter quelques repas. C'était qu'il la voyait avec des yeux d'amour corrigés de familiarité. Elle n'avait pas cette chance. Lorsqu'elle se regardait, elle voyait bien tous ses défauts, ses fesses énormes, ses hanches trop larges, ses cuisses pleines de cellulite, ses joues grosses et rondes, tout à part sa poitrine, minuscule dans l'avalanche de gras qui pesait sur ses os. Lui était fin de nature, souple comme un saule ou l'arbre dont il avait pris le pseudonyme. Il ne pouvait pas comprendre.

Elle ne dit rien lorsqu'il s'impatienta. Lorsqu'il la traita comme une enfant pas sage. Elle ouvrit sagement la bouche à l'arrivée de l'avion. La douceur du plat ravi ses papilles mais fit monter un nouveau malaise dans sa gorge. Quelque chose d'aussi bon était forcément mauvais pour elle. Pis même, interdit. Elle dû rappeler à son angoisse que plus rien ne leur était proscrit maintenant. Qu'IL n'était plus là pour frapper son frère à chaque pas qu'elle faisait de travers. Qu'IL la tuerait quand il la reverrait, très certainement, ce qui était bien mieux qu'être capturée et envoyée en camp de reproduction. Elle mâcha longtemps. Se força à avaler. La bouillie blessa le noeud qu'elle avait dans la gorge, la faisant tousser. Elle avala une grosse gorgée de thé sans sucre pour éteindre l'incendie de son coeur. Puis, son frère reprit son discours et elle eut un léger sourire des yeux, bien rare lui aussi et très explicite. Il lui donnait raison. Il veillait pour la protéger quand elle dormait, tandis qu'elle faisait de même de jour. Le reste de ses arguments étaient fallacieux. Il n'y avait pas de chouettes sur le Domaine, de jour comme de nuit, à part son animagus de frangin.

"Ce n'est pas impossible. Repense à la Révolution de Février. Le nombre est une force. Seulement notre peuple est habitué à la tyrannie des dictatures. Il est trop malléable pour utiliser ou revendiquer le pouvoir par lui-même. S'il le fait, qui nous dit qu'il ne sera pas mené par pire encore ? Ils sont nombreux ceux qui veulent la place de la mage noire. Non, notre seule chance de réussir à accomplir notre Devoir c'est de rester ici et de tirer nous-même les ficelles. Un ennemi que l'on connait est plus facile à abattre qu'un ennemi dans l'ombre." Comme toujours, cette tirade était dans leur langage secret pour qu'aucune oreille indiscrète, même munie d'un sort de traduction ne puisse comprendre. "Mais oui, j'y ai pensé pour nous appuyer. Les moldus sont des gens intéressants et plein d'inventivité. Nous devons les prendre en compte." Pour elle, le combat qu'elle menait n'était certainement pas que sorcier et elle ne méprisait pas les sans pouvoirs - pas plus que ceux avec, finalement. Simplement elle aimait pouvoir être ce qu'elle était, entièrement et sans devoir supprimer une partie de sa personnalité. Elle comprenait le poids qu'IL avait fait peser sur les épaules de Sycomore à vouloir qu'il soit fort, puissant, viril, quoi. Tandis qu'elle devait être belle, douce et délicate ce qui ne demandait pas de magie mais au moins autant d'effort. Ce que son frère avait passé en entrainements aux sorts, elle l'avait fait à marcher avec des livres sur la tête...sans pouvoir s'aider de sa magie. Elle avait embrassé ces exercices et la danse était restée, pour elle, un plaisir. Et le souvenir d'une jeune femme bien trop belle et élégante qui avait disparu un été. La nausée revint plus forte. Elle repoussa son assiette, incapable de rien manger de plus sans vomir instantanément.

"Tu rencontres des gens intéressants, la nuit ? Tu ne dois pas être le seul à préférer les ombres à la lumière ici ..."

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Bon visiblement, les trucs d’autorité factices fonctionnent encore, c’en est presque rassurant en fait. Alors Sycomore continue, patiemment, rempli chaque fois la fourchette afin d’en faire de toute petit bouchée pour qu’elle les avales. Ne rien pressé malgré l’incongruité et l’agacement de la situation. Il était bien conscient qu’elle ne finirait jamais l’assiette copieuse dans son entièreté. D’un geste calme, il pose sa main sur celle de sa soeur pour la rassurer. Il la protège. Toujours. Tout le temps. De son ombre salvatrice. Il ne peut rien lui arrivé de grave tant qu’il est là. S’il te plait, crois moi, Aubépine. Je ne laisserais ni rien ni personne ne te faire du mal alors par pitié mange . Mange et vit. Il lui tape un peu dans le dos quand elle s’étouffe, inquiet. A crois que sa situation est encore plus grave que le cas d’école présenté dans son bouquin de diététique. Puis elle reprend sur la politique. Sycomore fronce les sourcils . Ce qui lui dit qu'il ne sera pas mené par pire encore, ce peuple? Si on part de ce constat là, autant arrêter toute rébellion, tout espoir. Ce qu’ils font finalement, c’est un pari sur l’avenir. Si Yaroslava tombe, rien ne dit que sorciers et moldus libres laisse le pouvoir à quelqu’un de bien, à un dirigeant librement élu qui respectera les droits fondamentaux de chacun. Il y a tant de dictateur en devenir dans les sociétés , surtout oppressante comme la société russe. Alors il répond tout simplement

«Mais nous, Aubépine.»

Il marque une pause pour laisser planer le doute, le questionnement.

«Je ne sais pas si tu as remarqué mais si on omet la Grande Bretagne (et encore, je suis persuadé que des instructeurs et quelques recrues doivent en être originaires), nous, les enrôlés, venons des quatre coins du monde. On nous apprend ici à faire tomber une dictature mais on pourra très bien se servir de toutes ces compétences acquises pour protéger ce nouveau pouvoirs qui se mettra en place après. Tu crois vraiment que notre mission sera terminée une fois les mages noirs déchus ?»

Elle rejoint son avis sur les moldus , c’est déjà une bonne chose . Elle sera donc là pour l’appuyer quand il la soumettra aux autres. Il est toujours bon de savoir où se trouvent nos alliés dans une organisation semblable à celle du domaine. D’autant qu’il sait qu’en politique générale sorcière, cette idée n’est pas forcément acquise par tous les sorciers. Bon nombre d’entre eux surestimes les moldus, leur capacité de nuisance et d’actions . Il suffit de voir l’Histoire Moldue pour s’en rendre compte. Après tout, les politiques eugénistes, c’est signé moldu, les premières tuerie de masse sur critère de «sang» , c’est encore eux… Franchement, dès fois, un bon cours Histoire Moldue au milieu d’histoire sorcière n’aurait pas fait de mal tant les mécanismes mis en place par, entre autre, Yaroslava et consorts.

L’assiette a finalement vaincu Aubépine. Sycomore ne fait aucune remarque, au contraire, il passe une main dans ses longs cheveux en guise de félicitation .

«La nuit est toujours intéressante petite soeur . Les gens se méfient moins, baissent leur garde et parlent beaucoup. C’est aussi pour cela que j’aime bien la nuit.»

Il range soigneusement les restes dans une boite style tupperware, inscrivant d’une écriture ronde ce que c’est et les modalité de cuisson pour réchauffer le plat. Il sort sa baguette pour coller le petit papier à la boite avant de mettre le tout dans le frigo et de commencer la vaisselle … à la main .

«J’imagine que ce moment de bravoure face à cette terrifiante assiette mérite bien une récompense, tu ne crois pas ? Je veux bien faire une sieste maintenant, avec toi . Mon lit est cependant étroit mais m’endormir ne m’empêchera pas de gratouiller le ventre d’un chat, si tu vois ce que je veux dire.»

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Le nous était l'évidence même. N'étaient-ils pas élevés pour ? Elle savait cependant que son frère comprenait ses interrogations muettes. Si nous sommes le futur, si les autorités du Domaines veulent remettre le monde entre les mains des enrôlés survivants, ne devaient-ils pas les connaître, apprendre leurs forces, leurs faiblesses, leurs leviers ? Car il était évident que beaucoup d'entre eux ne verraient pas se lever le jour de la libération. Elle ne pleurait pas d'avance ces pertes inévitables mais se demandait s'il était prudent d'ainsi entraîner une multitude pour n'en garder au final qu'une poignée qui n'aurait pas été aveuglément fauchée lors de la moisson. Les glaneurs ne récoltaient que rarement les plus beaux épis. Elle n'avait pas totalement confiance en l'entité invisible qui s'occupait du recrutement. Il y avait forcément de l'ivraie dans le lot. Ne l'avaient-ils pas enrôlée que pour servir de contrepoids au véritable stratège qu'était son frère ? Et encore, elle en était consciente. Elle savait qu'il serait de son probable devoir de jeter un dernier regard au travers d'un soupirail. Elle l'avait accepté. Elle allait au devant de cet avenir. Pour la Cause. Et plus encore car son Devoir ne s'arrêtait pas à la seule chute du Seigneur des Ténèbres. Elle soupira, L'envie de se glisser dans les bras de son jumeau la tirailla mais il s'était détourné pour faire la vaisselle, promettant une sieste féline par la suite. Elle questionna le chat en elle. Il était pour la sieste. Les doigts de Frère grattaient bien sous le menton et l'heure chaude servait à dormir. Il regrettait l'emploi d'un lit à l'intérieur mais comprenait le concept de tanière plus fraîche.

En silence et à la main elle aussi, elle essuya les couverts qu'il lui tendit, rangea le sac de victuailles. Ils travaillaient ensemble comme ils faisaient toute chose, avec une organisation naturelle, silencieuse, où chaque geste était le prolongement ou la suite du geste de l'autre. Il saurait continuer sans elle, elle en était persuadée. Une force plus impérieuse encore que le manque le tirerait vers la vie. Il fallait qu'il continue. Tant qu'un des deux respirait, aucun n'était mort. Ils n'étaient qu'un. Deux faces d'une même pièce, indissociables. Différents. Il était la tête, elle était la queue. Elle était face, il était pile. La tranche forgeait leur lien, à peine dentelé par la vie.

Ils revinrent à deux. En pleine discussion silencieuse, faite de regards, de mouvements du corps et de sous-entendu. Malgré tout, la Zouwu restait inquiète quant aux humeurs de son frère. Le monde moldu ne pouvait que lui manquer. Il avait tellement aimé ces sept années passées à ne pas être ce qu'ils étaient, à oublier leur passer. A L'oublier, Lui. Aubépine était différente, elle n'aimait pas cacher la magie qui l'habitait. C'était une part d'elle et si elle était passée maîtresse en masques, elle appréciait de pouvoir à nouveau utiliser sa magie. Elle n'avait pas eu la pression d'exceller en sorts. Au contraire. D'elle on attendait ce que Sycomore excellait faire. La cuisine. Le ménage. Deux faces d'une même pièce que l'on aurait voulu échanger.