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    Clair de Lune
    Mar 28 Mai - 21:45
    Odysseus
    Odysseus
    217
    Clair de Lune X5ed
    43 ans
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    https://rementor.forumactif.com/t109-odysseus-instructeurhttps://rementor.forumactif.com/t136-dans-la-pensine-d-odysseus
    La nuit n’était pas encore tombée. En cette fin de mai, l’approche du solstice se faisait sentir par des soirées de plus en plus longues, les rayons du soleil frappant de façon oblique la mer d’herbes qu’était la Plaine du Domaine. Je n’en avais pas encore fait le tour, pas plus que je n’avais eu le temps de m’aventurer dans la forêt (qui pourtant regorgeait d’arbres à baguette) ou de m’approcher du lac, ma destination pour ce soir. Doucement, je sentais l’air qui se rafraichissais sur mon visage et mes mains tandis que je me rapprochais de la source d’humidité. C’était normal. Autour de moi, le silence de la nature, c’est-à-dire une cacophonie de bruits d’insecte et de petits animaux, les échos de leur fuite au passage de mes pieds, le bruissement de cachettes que l’on rejoint tard. Je ne chasserais pas. Même pour mes artefacts, je préférais de loin prélever des morceaux qui ne demandaient pas la mort de la créature. J’avais d’ailleurs recueilli un certain nombre de fleurs, de poils, et autres ingrédients disséminés sur mon chemin que j’avais précautionneusement rangés dans une petite sacoche multipoche que je portais en bandoulière sur ma longue robe brune.

    J’inspirais. Le vent me portait déjà l’odeur des marécages que je devinais plus loin. A l’horizon, quelques saules pleureurs laissaient tomber leurs larmes de feuille sur le miroir argenté qu’était le lac. Je me rapprochais du ponton, m’assit sur la balançoire, doucement. Le vent faisait grésiller les moucherons. Je ne regrettais pas mes manches longues malgré la chaleur, elle allaient m’éviter d’être dévoré. Si je ne craignais pas la mort, j’appréciais peu le harcèlement constant des suceurs de sang. J’expirais. Et l’air du soir s’empara de mes souvenirs. Elles auraient été heureuses, les femmes de ma vie, sur ce pont. Je les imaginais jouer dans l’eau, ma sœur enseignant à ma fille, deux princesses au nom et au destin identique. Toutes deux sacrifiées sur l’autel de l’intolérance et de la haine. Je fouillais dans mon sac pour attraper une plume et un parchemin et commencer à écrire des idées pour un de mes premiers cours. L’heure de la rentrée approchait. Pourtant, ce fut ma flûte que mes doigts trouvèrent en premier et, mus d’une volonté propre, ils s’en saisirent, la portèrent à mes lèvres.

    Le premier son fut maladroit. Long et poignant, il fit se taire la faune environnante. J’avais gêné. Je fermais les yeux pour laisser la nature m’envahir. Faire partie de moi comme je faisais partie d’elle. Le son suivant ne dérangea pas les oiseaux. Puis un autre, toujours aussi long accompagna une brise qui faisait bruisser la surface de l’eau. Quelques ombres s’approchèrent, restant cependant à l’extérieur du cercle de bougies. Mes paupières s’étaient relevées quelque part dans le processus et je pouvais voir leurs formes humanoïdes rester à l’écoute. Petit à petit, la mélopée s’installa, au rythme de mon inspiration, répétitive parfois, jamais lassante, moderne, étrange. Je n’essayais pas de jouer de la musique. Je voulais être la musique. Me fondre dans le son et disparaître.
    Re: Clair de Lune
    Mer 29 Mai - 19:22
    Polaris
    Polaris
    36
    Médic
    Incertaine, voilà comment se sentait Polaris. Elle avait longuement hésité, regardant à droite, puis vers la gauche, cherchant le meilleur chemin. Probablement qu’il n’y avait aucun chemin qui était meilleur que l’autre et finalement, la jeune rousse, haussa des épaules avant de prendre vers la droite.

    Polaris regardait ses pieds. Marcher, lentement, faisant bien attention pour ne pas trébucher en chemin, parce que ça, elle en serait tout à fait capable. Après tout, le soleil allait éventuellement se coucher et peut-être que sa balade de fin de soirée, allait se terminer en balade nocturne. Polaris s’arrêta, levant la tête. Voilà qu’elle se mettait à réfléchir. Encore. Sa sœur aurait tellement apprécié l’endroit. Toutes les deux grandes amatrices de la nature et des bêtes extraordinaires, son aînée aurait été ravie de voir toute la beauté entourant le domaine.

    Cependant, c’était la cadette qui en profitait. Polaris finit par secouer la tête, embêtée. Non, ce n’était pas sa sœur qui y était, mais bien elle. La jeune rousse devait en profiter, pour elles. Le regard de la demoiselle fut attiré par le lac. L’eau, cet élément purifie, peut-être qu’il pourrait chasser les idées noirs de la jeune médic.

    Ses pas suivirent son regard. Un pas traînant, nullement pressée de découvrir cet étendu d’eau qu’elle avait déjà observé auparavant, Polaris s’approcha. Elle avait remarqué une forme qui était posée sur la balançoire. Elle l’examina durant un court moment cette masse, avant que celle-ci ne fasse un premier son.

    Une musique. Un son qui n’appartenait pas à la nature. Un son… Il n’était pas doux, ni fort. Polaris n’arrivait pas à mettre les mots sur le son qui fut produit. Chose certaine, c’est qu’il avait piqué la curiosité de la jeune femme, du moins, assez pour s’approcher de la personne qui semblait bien s’amuser. Enfin, c’était l’impression que Polaris avait. Après tout, la silhouette avait continué ces sons afin de les faire découvrir à la nature ambiante.

    Cette musique n’était pas mélodieuse. La jeune femme n’y connaissait pas grand-chose à la musique, par contre, elle savait que les grands musiciens ne se permettaient pas de choser quelque chose comme cela. Toutefois, la demoiselle préférait ne pas juger et plutôt s’approcher doucement pour venir s’installer non loin de la personne. Elle s’assit directement sur l’herbe fraîche, se déchaussant dans le mouvement. Polaris ajusta sa jupe beige, la déplissant alors qu’elle se laissait envahir doucement par la musique, préférant, pour une rare fois, ne pas déranger.

    Pour une fois, elle écoutait plutôt que de parler.
    Re: Clair de Lune
    Ven 31 Mai - 16:19
    Odysseus
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    Clair de Lune X5ed
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    Je ne la vis pas tout de suite. Je n’entendis pas son souffle qui se mélangeait à la brise ambiante, j’étais trop pris dans le son de mon instrument et du plaisir simple que je ressentais à juste jouer, mettre de moi dans quelque chose d’immatériel, pour une fois, et qui disparaissait immédiatement dans le monde autour de moi. Et puis, je ne sus pourquoi, je la vis. Elle était jeune, ils étaient tous jeunes, trop jeunes. Elle était rousse, elle avait les yeux clairs et était habillée d’une jupe qui cachait ses jambes. Elle aurait pu être ma petite sœur. Elle aurait pu être ma fille dans de nombreuses années. Et le son de mon instrument s’interrompit alors que ma gorge se serrait d’un coup. Je détournais les yeux pour qu’elle ne les voit pas s’emplir de larmes. La perte était toujours là. Elle ne cicatriserait jamais car cela voulait dire oublier. Accepter. Et je ne voulais pas, je refusais de vivre dans un monde où ces morts pouvaient être considérées comme normales. Personne ne devait avoir le droit de faucher des vies comme certains fauchent les blés au début de l’automne. Je forçais mon larynx a se détendre en avalant une gorgée d’eau de ma gourde. J’aurais préféré de l’alcool. Seulement j’avais promis. Inspiration, expiration. Je ne voulais pas qu’elle croit qu’elle me gênait. Je portais à nouveau mon instrument à mes lèvres, dirigeant doucement mon souffle.

    Cette fois, je jouais une mélodie, un morceau triste et calme que j’avais composé juste après la mort de ma sœur, comme pour l’accompagner dans le monde des havres gris où les émotions sont anesthésiées et où les purs attendent le moment de vivre à nouveau. Il y avait, dans le refrain de cette ballade les échos d’éclats de rires enfuis et quelques moments un peu plus dansants qui rappelaient la bulle de joie qu’elle avait été, ma petite. C’était mon mea culpa, l’écho de ma culpabilité. J’aurais dû veiller sur elle. J’avais promis aux parents qu’il ne lui arriverait rien en ville. J’avais été jeune, présomptueux, et d’autres en avaient payé le prix. Cela manquait de violons. Dans la partition originelle, j’en avais écrit deux dont les échos grinçants se faisaient voix de la mort qui courait après l’Innocence personnifiée. Le morceau se termina, je descendis mon instrument et me tournais vers mon audience. Grenouilles, poissons, peuples des eaux et une jeune femme rousse.

    « Connaissez-vous Pierre et le Loup ? »
    Re: Clair de Lune
    Sam 1 Juin - 11:12
    Polaris
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    Médic
    L’homme s’arrêta une première fois. Polaris, ne sachant que faire exactement, préféra ne rien dire, donnant cette impression, peut-être, qu’elle cherchait une suite, un autre morceau. Son silence était patient, calme. Les émotions étaient fortes, ça se sentait, mais ne connaissant pas l’homme, elle ne pouvait se permettre de lui faire un câlin, ainsi, sans aucune raison. Peut-être que c’était un instructeur, ce qui rendrait la chose encore plus malaisante.

    Il finit par se mettre à jouer un autre morceau.

    Cette fois-ci, le nouveau morceau était triste.

    Émotive, Polaris avait les larmes aux yeux. Elle ne savait pas comment exprimer cette tristesse, elle ne savait pas comment la verbaliser, elle n’arrivait qu’à la ressentir, la déchirant, lui rappelant ses douleurs passées et imaginant les douleurs futures. Son coeur battait plus fort, il semblait vouloir fuir, prendre ses jambes à son cou, aller se mettre dans une cage de fer, où il n’aurait plus à subir les douleurs extérieures. La jeune femme ne se sentait pas du tout bien en ce moment.

    Remuant le nez, elle faisait de son mieux pour rester calme, mais les larmes étaient persistantes et l’une d’elle se faufila le long de sa joue, bien suivit d’une deuxième qui l’opposa. Ses deux larmes, faisant la course, terminèrent leur chute sur la jupe de la demoiselle. Détournant le regard, Polaris ne souhaitait plus entendre cette musique qui chavirait son coeur et son être. La rousse secoua de la tête, chassant tous les souvenirs qui venaient a elle.

    Pas maintenant.

    La mélodie s’achève, s’évanouit dans la nature ambiante, puis un silence. L’homme se tourne vers la demoiselle qui évite son regard. Elle ne veut pas qu’il voit ses yeux rougis et les larmes rebelles qui continuaient de tomber paresseusement, formant des masses foncés sur sa jupe.

    Des mots prononcés. Calmes. Une question simple. Polaris n’en comprend pas le sens.

    Inévitablement, Polaris le regarde, fronce des sourcils. « Pierre et le loup » ? Elle chercha dans sa mémoire à savoir si elle connaissait une telle chose. Cependant, il semblerait que cela ne lui disait strictement rien. C’était peut-être une fable, peut-être un conte ou encore peut-être le nom d’une musique. Ce qui serait plutôt probable, puisqu’il venait de terminer un morceau avec sa flûte.

    - Non, je…

    Polaris se tut un instant, sa gorge était rouillée, elle n’aimait pas entendre sa voix de cette façon. Détournant les yeux, elle toussa légèrement avant de reprendre. Elle ne voulait pas paraître faible, elle ne voulait pas que l'on s'inquiète pour elle, il y avait des choses beaucoup plus importante que sa douleur sourde qu'elle tentait de calmer.

    - Je ne connais pas. Qu’est-ce que s’est exactement? Une pièce de musique? À moins que ce ne soit une histoire ou une peinture?

    Incertaine de sa réponse, la jeune rousse ramena ses jambes contre elle. Ses doigts s’égarèrent dans l’herbe haute, enroulant certains morceaux autour de ses doigts, mais tout en faisant bien attention pour ne pas en arracher.
    Re: Clair de Lune
    Dim 2 Juin - 23:08
    Odysseus
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    217
    Clair de Lune X5ed
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    Lorsque je jouais, je m’imprégnais sans le vouloir de tout ce qui m’entourait. Le bruit du vent, le rythme de l’eau, les réactions de mon public. Ma musique n’était jamais figée, elle vivait et, comme toute chose vivante, elle s’adaptait à l’audience pour répondre aux messages inconscients que je percevais dans mon corps. Dans mon âme. J’avais pu jouer pour des mangemorts, pour des puissants, pour des pauvres, pour des êtres à l’âme déchirée par la guerre, torturés à l’intérieur par la cassure entre leurs actions et leurs croyances. J’avais toujours pu sentir. Je ne savais pas vraiment comment. Ce n’était pas magique, je ne lisais pas les pensées, je crois que je lisais d’autres sens, comme le bruit des respirations, l’éclat de la lune sur un visage mouillé. Une seule personne consciente m’écoutait ce soir là, elle pleurait. Je le savais sans le voir. Je le savais comme je savais que le soleil se couchait, que les insectes trouvaient refuge dans les feuilles, que quelques créatures se tenaient non loin du cercle de lumière et qu’il y avait une feuille morte que le vent faisait jouer sous mon pied. Lorsque je m’arrêtais de jouer, je décidais de lancer une conversation. Peu importe laquelle au final, ce n’étaient pas le sens des mots qui avait de l’importance mais qu’ils soient là, comme un pont entre deux cœurs meurtris. Il était rare que je fasse pleurer si vite quelqu’un qui n’avait rien perdu. Je ne voulais pas tirer de conclusions hâtives cependant. Doucement, je posais mon regard triste sur elle, ma flûte toujours à la main. D’un geste, il fit voler jusqu’à la jeune femme pour qu’elle sèche ses larmes.

    « C’est un conte musical russe où chaque personnage est représenté par un instrument, Pierre est un enfant représenté par un quatuor à corde. Il a un oiseau pour ami, qui se joue à la flûte traversière. » Je pris ma flûte et jouais l’air gai et léger de l’oiseau. Puis, j’enchantais mon instrument pour rendre le son des différents protagonistes. Le chat à la clarinette et son thème posé, pépère, le basson du grand-père, grondant mais chaleureux. Les trois cors du loup, inquiétant par leur métal prédateur… J’aimais cette musique qui reprenait la véritable vocation du conte, celui d’instruire et d’avertir. « Ca va mieux ? »
    Re: Clair de Lune
    Lun 3 Juin - 21:02
    Polaris
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    36
    Médic
    Polaris hésita. Elle regarda le mouchoir de soie venir jusqu’à elle, mais elle ne savait pas si elle souhaitait le prendre. C’était peut-être une question d’orgueil, qu’elle était capable de se remettre sur pattes sans problèmes. D’un autre côté, elle avait cette impression qu’elle en avait besoin. Elle le prit donc dans le creux de ses mains.

    - Merci.

    Elle essuya rapidement ses joues ainsi que ses yeux, d’un geste plutôt rapide, écoutant la réponse de son interlocuteur.

    - Qu’est-ce que ce conte raconte exactement?

    Malgré la présentation des différents sons, la jeune femme restait tout de même curieuse de savoir ce que ce conte russe pouvait bien raconter. La rousse n’avait jamais réellement eu l’occasion de voyager, bien qu’elle ait une grande connaissance dans certains domaines, notamment dans la botanique, les potions ou encore l’art, sa grande sœur avait toujours aimé l’amener voir divers musées moldus, elle ne connaissait pas réellement les contes, sauf les classiques. La demoiselle se demandait si ce conte avait quelque chose de particulier, est-ce que c’était le préféré du monsieur qui se tenait en face d’elle? C’était une possibilité, ou c’était peut-être une histoire qu’il connaissait sur le bout des doigts; Polaris ne saurait dire.

    La demoiselle ne put s’empêcher d’être émerveillée en entendant les divers sons. La magie avait toujours quelque chose de fascinante pour Polaris, s’étonnant toujours sorts auxquels elle n’avait jamais pensé auparavant. Bien qu’elle aurait voulu demander comment il avait fait une telle chose, la demoiselle se ravisa, lorsqu’il lui demanda plutôt si elle allait mieux. Elle ne put s’empêcher de soupirer.

    - Je ne sais pas si ça va mieux, on peut dire que ça va. C’est une réponse facile, c’est une réponse que l’on utilise pour ne pas embêter les autres. Si je vous demande comment vous allez, qu’est-ce que vous répondez?

    Ce n’était pas dit sur un ton provocant. C’était une constatation, une réflexion qui se perdait tranquillement dans les airs, une réflexion que Polaris avait eu souvent. Si elle connaissait un peu plus l’homme sur la balançoire, probablement qu’elle lui aurait répondu comme quoi elle avait déjà connu des jours plus joyeux. En fait, ce qui lui avait fait mal, c’était toute l’émotion qui avait été mis dans la chanson. Encore en ce moment, Polaris ne savait pas exactement quels mots elle devait employer afin de parler de ces émotions. Elle aurait bien aimé que sa sœur soit présente, tout aussi émotive, elle avait toujours été capable de nommer ces choses-là.

    La jeune rousse étendit ses jambes, se demandant ce que l’homme pourrait lui répondre. Probablement qu’une telle question pourrait ne pas lui plaire.
    Re: Clair de Lune
    Mar 4 Juin - 12:35
    Odysseus
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    Je ne réponds pas. Je regarde. Je soupire. Je laisse un petit peu de ce que je retiens en moi ressortir et, souvent, l’autre est assommé par cette réponse trop directe, au-delà des mots. Si cela ne suffit pas, je joue de la flûte. Il n’y a pas de langue humaine assez puissante pour exprimer cette douleur et cette attente en moi. Mentir avait longtemps été une option. Répondre le « ça va » de politesse, exactement comme le faisait l’enfant à mes pieds. Seulement, la deuxième fois, à quoi bon. Pourquoi s’ennuyer à vouloir absolument rentrer dans le moule de la bonne humeur forcée. Personne n’allait toujours bien. Pourquoi serait-ce impoli que d’avouer ses incertitudes ? Pourquoi toujours sourire ? Pourquoi toujours éviter à l’autre de se poser des questions sur la réalité des sentiments ? Je n’avais plus envie de faire cet effort. Je n’avais pas envie de faire partie de la masse joyeuse. Je ne voulais plus me fondre avec mes camarades humains. J’avais cette peine en moi, qui était trop forte pour être contenue, qui prenait toute la place, toute l’envie, toute la vie. Qu’ils détournent les yeux s’ils le voulaient. Moi, je ne voulais pas la perdre. La perdre, ce serait les perdre. Encore.

    « Pierre est un enfant. Il joue avec ses amis animaux. Le Grand-Père lui dit de faire attention au loup. Pierre décide d’aller chasser le loup. Le canard se fait manger mais Pierre arrive à attraper le loup avant les chasseurs et celui-ci est raccompagné triomphalement au zoo. » C’était peut-être un peu plus complexe que cela, finalement mais je n’avais pas envie de décrire à l’envie les relations entre le chat – que j’avais laissé totalement en dehors de mon explication malgré un rôle prédominant dans l’affaire, l’oiseau volage mais fidèle, le canard insouciant et les quelques humains finalement totalement secondaires. La victoire de l’intelligence humaine sur la nature, le courage et la débrouillardise qui étaient des vertus très russe et, malgré tout, un certain respect de la vie. Il n’était pas même certain que le canard n’en réchappe pas. « Le conte a été composé et écrit en 1936 en Russie. Qu’est-ce que cela te révèle ? » J’attrapais ma flûte, ponctuant ma question d’une petite phrase musicale au basson, l’instrument du grand-père, celui qui est le « roi » des autres contes puisque c’est à cause de lui que les choses arrivent. S’il n’avait pas voulu prévenir son petit-fils, celui-ci ne se serait jamais sauvé et serait resté en sécurité derrière les portes closes. La connaissance était dangereuse.
    Re: Clair de Lune
    Mar 4 Juin - 21:28
    Polaris
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    36
    Médic
    Polaris n’avait pas eu de réponse. Qu’un soupir. Cela ne voulait pas dire grand-chose, peut-être était-il las de sa réflexion, ce qui était fort possible après tout. Peut-être qu’il n’allait pas bien non plus. C’était quelque chose de fort probable. Les gens étaient présents, ici pour une bonne raison, chacun avait la sienne et dans tous les cas, c’était quelque chose de sensible, de douloureux.

    En fait, le changement de sujet plaisait bien à Polaris, elle n’avait pas non plus envie de parler de ses propres malheurs, c’était tellement facile de s’apitoyer sur son sort, sur le sort des autres, il fallait être sage parfois. Changer de sujet, parler de quelque chose de léger, de simple. Du moins, en théorie. La pratique était quelque fois plus difficile, comme en se moment. Bien que l’homme lui ait parlé du conte avec quelques détails, il semblait souhaiter la piéger.

    - Est-ce qu’il y a une bonne réponse? Demanda spontanément Polaris.

    N’attendant pas une réponse de la part d’Odysseus, la jeune rousse se mit à réfléchir à voix haute, ce n’était pas le moyen plus optimal afin de donner des réponses claires à son interlocuteur, mais c’était le seul moyen que Polaris voyait pour donner une réponse qui pourrait s’approcher de la bonne réponse…

    Si bonne réponse il y avait, bien entendu.

    - Je ne suis pas certaine de l’avoir dans ce cas. Je ne crois pas être douée dans ce genre d’exercice. Par contre… Mmmh. Je ne sais pas… J’ai envie de dire que l’on peut quand même faire de bonnes choses malgré le fait que l’on n’écoute pas toujours ce que les autres nous conseillent. Dans ce cas-ci, si Pierre n’était pas parti chassé le loup, peut-être que cela aurait prit plus de temps aux chasseurs avant de le rattraper. Sinon…

    Polaris, perdue dans ses pensées, laissa ce début de phrase en suspend, cherchant elle-même la suite. Elle devait avouer qu’elle ignorait ce que l’homme souhaitait lui révéler avec un tel conte. Soudainement, elle se trouvait particulièrement bête, cherchant quelque chose de pousser. Peut-être que la réponse était beaucoup plus simple que ce ne l’était en réalité?

    Soucieuse, Polaris se gratta la joue en regardant l’homme. C’était avec une légère gêne, qu’elle ajouta finalement :

    - Je dois avoir tort, ça doit être idiot ce que je viens de dire. Je serais bien curieuse de savoir ce que cela révèle finalement, peut-être que cela sera plus simple.
    Re: Clair de Lune
    Mer 5 Juin - 12:34
    Odysseus
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    Clair de Lune X5ed
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    Une bonne réponse ? Ce n’était pas un test, rien qu’un axe de réflexion pour diriger les pensées de la jeune femme vers autre chose que quoi que ce soit qui ait été la raison de ses larmes. Je n’aimais pas la tristesse d’autrui. La mienne me suffisait et j’aurais aimé qu’elle puisse faire comme un mur entre ce que je ressentais des ressentis d’autrui. C’était trop espérer, bien évidemment et j’étais toujours aussi sensible qu’à l’époque où le rire de ma sœur suffisait à éclairer ma journée. Je n’eus pas le temps de répondre qu’elle réfléchit à voix haute. Elle se dépréciait la pauvre. Personne n’était doué ou mauvais à ce jeu, c’était une question d’entraînement, de logique et de bon sens, trois qualité dont l’histoire manquait grandement. Je ne dis rien, je voulais lui laisser son espace pour dérouler doucement ses pensées mais elle s’auto-censura très rapidement. Mes yeux se posèrent sur elle pendant qu’elle me regardait, gêné.

    « Il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. En 1936, en URSS, la patrie de Prokifiev, l’auteur, se prépare la guerre. La première guerre mondiale, la révolution russe, l’arrivée du communisme, la grande famine de 1921 et la répression des intellectuels a tourné l’attention vers les campagnes. Sont glorifiés la sagesse paysanne représentée par le grand-père mais également, comme tu l’as fait remarquer, l’audace et le bien-commun qui sont attribués à Pierre, plus jeune, image du progrès par rapport au passéisme trop prudent du grand-père. En effet, s’il n’avait pas eu peur, Pierre n’aurait pas su pour le loup et aurait été mieux protégé. Mais au final c’est ce dernier qui triomphe, avec l’aide de ses amis, note. Pierre n’arrive à rien seul et c’est là la base du communisme. Avec ses amis et son intelligence pratique à opposer à l’intelligence livresque des intellectuels méprisés par le régime, il arrive non seulement à vaincre le loup mais l’attraper vivant ce que n’auraient pas fait les chasseurs. Pierre est la représentation de la russie rêvée du régime. Il est gai, léger, courageux, il n’utilise pas vraiment de moyens, il est débrouillard, travaille en équipe pour le bien commun. C’est à opposer au consumérisme des pays occidentaux de l’époque, surtout avec l’émergence des Etats-Unis. » Je quitte un moment la jeune rousse du regard pour me perdre dans les eaux sombres devant nous. « Tout conte, toute histoire s’ancre dans la grande histoire autour de nous. Ce n’est pas forcément voulu par l’auteur qui ne le fait pas toujours exprès mais c’est ainsi. Même nous sommes influencés dans nos goûts par nos valeurs, notre histoire de vie et la politique de ce qui se joue autour de nous. » Une courte pause. « Vous avez un bon instinct. Faites-vous confiance »
    Re: Clair de Lune
    Mer 5 Juin - 19:20
    Polaris
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    36
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    Polaris écoutait l’instructeur avec attention. Elle avait immédiatement été soulagée de savoir qu’il n’y avait ni de bonnes, ni de mauvaises réponses à cette question. C’était de demander son avis, tout simplement. La demoiselle était bien curieuse de savoir ce que pourrait lui apprendre l’homme en ce qui concernait la Russie, elle avait quelques notions de base, notamment en ce qui concerne l’histoire générale, mais sans plus. Le point de vue historique lui paraissait pertinent et intéressant, ce qui faisait qu’accroître sa compréhension. Peut-être irait-elle chercher un peu plus d’informations concernant ce conte?

    La rousse s’imaginait bien les personnages, que ce soit Pierre, qui ne respectait pas les règles dictées par son grand-père… Enfin, il avait tout de même été dans cette forêt. Polaris s’identifiait à lui, elle n’était pas le genre de personne qui allait respecter les règles. C’était un peu pour cette raison qu’elle était ici, après tout. Sinon, elle serait tout simplement entrée dans le moule de ces crétins de Mangemorts et de ce monsieur sans nez. La demoiselle hocha tout simplement de la tête aux explications de l’homme qui répondaient aux questions qu’elle n’avait pas eu besoin de poser.

    Polaris ne put s’empêcher de rougir alors qu’Odysseus lui dit qu’elle avait un bon instinct, cependant, le compliment lui fit grandement plaisir, démontrant qu’elle pouvait, malgré tout, se faire confiance et avancer des théories plutôt nébuleuses… Ou du moins, cela ne dérangeait pas l’homme de l’entendre réfléchir sur un concept ou un autre. Polaris l’aimait bien.

    - Ici, nous sommes tous des Pierre, d’une certaine façon. Nous avons un peu tous décidé de ne pas suivre ce que les gens mieux placés. Enfin, c’est ce que je crois. D’un autre côté, les instructeurs peuvent jouer dans un certain sens le rôle du grand-père, après tout, ce sont eux qui vont nous enseigner, après, il reste à voir si nous souhaitons suivre ou non leurs conseils et leurs enseignements.

    La demoiselle fit une pause, détaillant l’homme sur la balançoire. Elle se demandait s’il partagerait son opinion ou non. Après tout, c’était quand même une réflexion assez logique en soit, elle se demandait même si c’était là qu’il souhaitait aboutir. Peut-être que c’était le cas dans un certain sens. Ce n’était pas garantis, mais probable.

    - Il va nous falloir être astucieux et nous serrer les coudes si l’on veut attraper notre loup, ajouta Polaris finalement, se laissant tomber doucement dans l’herbe, gardant la tête tournée vers Odysseus.
    Re: Clair de Lune
    Jeu 6 Juin - 15:36
    Odysseus
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    217
    Clair de Lune X5ed
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    Ils auraient dû être l’oiseau. L’intelligence joyeuse et taquine, l’innocence de l’enfance. Libre de s’envoler, de narguer le canard, d’ennuyer le chat, celle qui se met en danger pour détourner l’attention du loup. Mais je n’étais pas forcément impartial quant à cette analyse. Le volatile était représenté par mon instrument, celui dont j’aimais le son par-dessus tout même si j’appréciais également la clarinette, le basson et même le hautbois nasillard du canard, pauvre proie qui n’échappe au chat que pour atterrir dans la gueule du loup. J’appréciais moins les chasseurs et leurs corps militaires, ni les bois représentant le petit Pierre. Impassible, je laissais le jouet me balancer au rythme inconscient de mes longues jambes. Je devais les replier pour éviter de toucher terre et de me faire mal au dos dans une position inconfortable. Je n’aimais pas ma taille dont je ne voyais que les inconvénients. A être trop près du soleil, l’on se brûle les ailes. Mes yeux suivirent pensivement deux petites chauves-souris chassant les insectes qui avaient oublié de se cacher sous les joncs.

    « Et ne pas oublier l’oiseau qui détourne l’attention du prédateur pendant que vous l’attrapez. Mais attention, il est des animaux que l’on ne peut pas mettre en cage. Une fois que vous aurez le loup par la queue, qu’allez-vous en faire ? Le ramener en fanfare dans votre village, comme Pierre ? » Le Mage Noir avait déjà été arrêté une fois, possiblement détruit mais, comme les instructeurs, il avait trouvé un moyen de tromper la mort. Allait-il réussir la même prouesse une seconde fois ? Etait-il plus sage de le détruire ou de le confiner ? Qu’adviendrait-il du monde ensuite ? La vie ne s’arrêtait pas à un seul objectif même si je me voyais mal survivre à cette simple mission. Les enrôlés étaient l’avenir. Aussi bruyants, destructeurs et malavisés soient-ils.

    « Je pense que l’on peut assimiler le grand-père au domaine. Il garde la porte fermée et ne laisse pas entrer le loup, pensant que tout est bon si celui-ci reste à l’extérieur. Il protège Pierre mais il ne peut pas le protéger éternellement et ce sont ses enseignements qui déclenchent le combat final. » J’utilisais beaucoup de mots, comme lorsque j’enseignais une théorie. Cette jeune fille qui avait pleuré pour les femmes de ma vie semblait aimer réfléchir aux choses même si elle manquait de confiance en elle et, malgré tout mon amour pour les arts manuels, je restais un universitaire avec un diplôme d’histoire de la magie.
    Re: Clair de Lune
    Dim 9 Juin - 14:48
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    Je réfléchis tranquillement, alors que mes doigts caressent légèrement l’herbe, mes yeux s’étant retourné vers le ciel. Je regarde les nuages, ces nuages qui sont peu soucieux, qui dansent paresseusement dans le ciel. Tout est calme, si calme. Le Domaine est tellement douillet que son aspect peut paraître déroutant lorsqu’on le regarde après la vie qu’on a pu y mener à l’extérieur. C’est si… difficile, si étrange. Je ne sais pas si, un jour, je pouvais apprécier la douceur et cette tranquillité.

    Je ne crois pas que ce soit possible. Je suis certaine que des gens seront là pour nous rappeler qu’une bataille se prépare, que tout n’est pas rose, bien au contraire. À part au domaine, tout est noir, si noir, à son image. Je pousse un doux soupir, finissant par fermer de nouveau les yeux, préférant pour l’instant me plonger dans le conte de Pierre, me concentrant sur les paroles de l’homme. Si je pouvais, je pourrais l’écouter indéfiniment, me laissant bercer par le son de sa voix. J’aime bien le timbre de sa voix, c’est probablement ridicule, mais dans tous les cas, ça réussissait à me calmer, m’apaiser. Ça m’évite de poser trop de questions, d’angoisser sur le futur, bien que…

    Quoi faire lorsque nous aurions le loup par la queue? En vérité, je n’en avais aucune idée. C’est une question particulièrement délicate, une question qui va demander une grande réflexion et encore une fois, je ne suis pas du tout certaine qu’il y ait une bonne réponse. Comment pouvait-on l’attraper d’abord? Et il y a quelque chose qui me tracasse encore plus que tout le reste.

    Je ne peux pas m’empêcher de donner mes réflexions haute voix. Peut-être serait-il capable de me donner des réponses, peut-être aurait-il une opinion, une solution que je n’aurais pas encore pensée. Je ne fais pas partie de l’intelligence, ce n’est pas pour rien. Je préfère me soucier du bien-être des combattants plutôt que de réfléchir aux prochains mouvements et aux tactiques.

    - Je ne pense pas qu’il soit possible de le ramener en fanfare, je crois que beaucoup de gens seront mécontents de la chute du loup. Certains sont très avantagés par la puissance du loup et du coup, je ne crois pas qu’ils se laisseront faire. Ça sera une tâche très ardue, qui va demander beaucoup de temps, de la minutie également. Je ne sais pas si « minutie » est le terme exact, probablement pas.

    En disant tout cela, ma réflexion se pousse encore plus loin. Une inquiétude. C’est peut-être risible, peut-être que tout le monde pensent que nous allons gagner, que ce n’est qu’une question de temps avant que tout cela soit terminé. Je ne peux m’empêcher de me demander… À quel prix?

    - Je me demande si c’est réaliste… Non pas que je ne suis pas pour cette cause, bien au contraire, mais je m’interroge sur les répercussions… Tout ça peut paraître effrayant jusqu’à un certain point…

    Effrayant, ce n’était qu’un minimum, plus qu’effrayant. Le domaine était bien là pour nous rassurer, nous réconforter jusqu’à un certain point… Mais…

    - Le domaine, comme le grand-père, a quelque chose de rassurant. Cependant, il faut quand même s’en méfier, il nous coupe du monde, il nous permet d’oublier ce qui se passe à l’extérieur, enfin, momentanément.

    Il ne faut pas être idiots. On n’a pas le droit d’oublier ce pourquoi nous sommes ici, ce qu’on a perdu, ce qu’on perdra également.  Il est certain que malgré tous nos bons soins, certains d’entre-nous tomberont au combat.
    Re: Clair de Lune
    Mar 11 Juin - 20:03
    Odysseus
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    La pensée est un chemin qui se fraye entre réflexions et questions. Comme tout voyage, ce n’est pas tant le but qui compte que la façon dont on l’atteint. On peut très bien arriver au sommet d’une montagne en hélicoptère, dirigeable ou portoloin. Ou bien l’on peut décider de l’escalader seul, de se mesurer à son immensité de pierre et de la vaincre. Tout dépend de la vue que l’on veut avoir et de la raison de notre acte, simplement. Je n’aime pas les questions trop fermées, celles qui ont déjà des réponses. Est-ce que tu as mangé ce midi, comment tu vas, quel âge as-tu. Ce sont des questions de grandes personnes ; Malgré mes presque deux mètres, je n’ai jamais grandi. Je préfère essayer de trouver quel composant appelle quel matériaux, me demander ce qui pousse les nuages et qui a donné sa première teinte aux violettes. En politique, c’est la même chose. L’on peut réfléchir en idéaux ou en nuances. Le Mage Noir est le Mal, il faut le Détruire, c’est la Guerre pour la Survie. Et tous ces mots en majuscules dont je me méfie comme la peste. Je ne remets pas en question les évidences. Pour la survie de ceux que j’appelle les miens, c’est-à-dire tous les êtres doués de magie quelle que soit leur origine, pour celle aussi du peuple que je côtoyais et qui n’en avait pas, il est indispensable de détrôner cet homme. Mais ensuite ? Le monde est gouverné d’une main de fer qui presse les faibles et les exploite. Mais une fois cette main d’œuvre éteinte, et puis quoi ? Chaque pays retourne à son indépendance et oublie le quart de siècle qu’il s’est écoulé ? Que fait-on des familles ? Ces jeunes, ils vont devoir détruire le monde mais aussi le reconstruire et si nous n’enseignons pas officiellement cette seconde partie, je pense important que nous en semions les graines, à chaque fois que cela est possible.



    « C’est sain d’avoir peur. » cela veut dire que l’on est conscient des risques que l’on prend et du prix à payer. Les inconscients, ceux qui n’ont pas peur, ne font jamais que détruire, encore et toujours et rien de bon ne peut en sortir, jamais. « Mais s’il avait écouté la peur, Pierre n’aurait pas vaincu le loup. Il aurait fait comme le Grand-Père. Fermé la porte. Et tant pis pour le chat, le canard, l’oiseau, qui ne savaient pas qu’il fallait avoir peur. » En réalité, les animaux savaient très bien se méfier des prédateurs même si, pour les besoins du conte, le canard avait été écrit extrêmement naïf, le chat gourmand et l’oiseau volage. « Il aurait pu le faire. Monsieur le Directeur, il aurait pu garder pour lui le Domaine. L’ouvrir aux seules créatures. Personne ne l’aurait ennuyé ici. Il aurait pu profiter de toute cette beauté pour avoir sa famille, ses amis. Comme le Grand-Père cherche à garder Pierre dans l’enclos de sa maison. » Je la laisse réfléchir à cette simple affirmation. Si logique que personne n’y pense. Alors certes, je sais moi qu’il n’y a pas que Monsieur le Directeur dans cette affaire. Qu’il y a aussi le Projet Rementor, cette organisation dont on ne sait rien, à commencer par le nombre de ses membres. Seulement ce n’est pas encore la question. Peut-être y viendrons-nous. Peut-être pas. Je me dis que le voyage que je propose à la jeune fille pourra continuer même lorsque nous ne parlerons plus. Dans le silence de son esprit.
    Re: Clair de Lune
    Ven 14 Juin - 1:09
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    - Avez-vous peur? Ou…?

    Ou avez-vous perdu tant de choses, que maintenant cela vous importe peu? J’avais eu envie de continuer. J’ai cette impression d’avoir perdu beaucoup à cause d’un être ignoble qui a décidé de dominer le monde probablement uniquement pour une soif de pouvoir. Si j’avais perdu beaucoup, je n’ose pas imaginer à quel point certaines personnes, plus âgées, comme l’homme non loin de moi avait pu perdre.

    Je décide de ne pas terminé ma phrase. J’espère qu’il ne me demandera pas de le faire. Ce n’est pas nécessaire d’une part et de l’autre, il serait souffrant pour lui comme pour moi de la terminer. Peut-être pourrais-je la changer en disant « ou vous n’avez plus rien à perdre? » se qui résume fort bien ce que j’avais voulu dire.

    J’ai cette impression de suivre un cours. Ce n’est pas un cours ennuyant par contre, loin de là. Je le trouve intéressant, je le trouve pertinent. Il me permet d’en apprendre un peu plus autant sur moi, que les autres et même sur le domaine en tant que tel. C’est un peu cela qu’il m’explique le monsieur. C’est vrai que Monsieur le Directeur aurait pu garder le domaine pour lui et les créatures. Il aurait été fort bien ici, entouré de cette si belle nature… Même si d’un autre côté, il a de forte chance qu’il se serait ennuyer après un moment. Je ne sais pas en vrai, je ne connais pas Monsieur le Directeur, pas du tout, je pourrais penser des choses alors que ce n’est pas du tout comme cela qu’il est. Par contre, si ça avait été moi qui avait été seule sur le domaine avec des créatures, je me serais ennuyée. J’aurais voulu plus de compagnie, j’aurais voulu parler à des gens, bien que l’on peut aisément parler à certaines créatures, mais d’un autre côté, les humains sont également des créatures du coup, c’était comme s’il en manquait un peu au final. Tout ça pour dire que finalement, c’est mieux d’être avec des gens. Même si on ne les connaît pas, pour le moment, ça ne saurait tardé.

    - Mmh.

    Voilà ou en était rendu ma réflexion à un simple « mmh » qui n’avait rien d’autre à ajouter. Je me tourne dans l’herbe, je dois donner cette impression comme si j’étais un chat, un chat qui cherche une nouvelle position confortable dans l’herbe, je suis sur le ventre, mes coudes appuyé sur l’herbe, tandis que mes mains retiennent ma tête. Mon regard se pose sur mon interlocuteur, je le détaille, je l’observe de nouveau. Et puis soudainement, je lui dis, sans gêne :

    - J’aime bien votre compagnie.

    Oui, ça ne va pas avec tout ce dont nous venions de parler. Cependant, c’était vrai. Je lui fais un doux sourire, pensive encore aux nombreuses choses dont nous venions de discuter. Pierre et le loup… Je me demande s’il y a des informations à ce sujet dans la bibliothèque.  

    Comme je disais, je l’aimais bien ce monsieur. Il était agréable à entendre, j’aime bien me laisser bercer par ses propos.
    Re: Clair de Lune
    Ven 14 Juin - 20:01
    Odysseus
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    Peur ? Non. Je n’ai pas peur. Et en même temps si. Comme la plupart des instructeurs, probablement, j’ai peur de m’attacher, de souffrir. Je crois que la mort ne nous a pas guéris de notre humanité. Nous sommes conscients de cette seconde chance, nous ne voulons pas la gâcher mais, en même temps, nous savons notre vie terminée. Je sais ma vie close. Je n’ai plus rien qui m’attache à aucun monde ; Ainsi, je partirais sans regret lorsque la faucheuse viendra enfin réclamer son dû. Je me trouve à penser qu’il en est de même pour Lancelot. Et en même temps, oui, je crois que j’ai un peu peur. De laisser ma sensibilité prendre le pas sur mes résolutions. De vivre, en somme. Elle ne termine pas sa phrase, comme frappée par l’implication qu’elle vient de faire naitre. Mots et pensées, concomitants et indissociable. Rien n’existe qui n’ait été pensé d’abord. Rien n’a de corps qui n’a été nommé. Même notre magie agit sur le même principe du Vouloir et du Verbe (une belle expression que j’ai lue dans un livre moldu de « fantasy »). Les mots silencieux passent entre nous. Je respecte sa pudeur, je ne les dit pas, je hoche la tête simplement. Qu’elle en comprenne ce qu’elle voudra, je n’ai pas d’explication à donner. Je n’ai pas envie de bavarder sur ce genre de sujet. Je crois qu’elle le sentira.

    Un silence s’installe entre nous. Il n’est pas gêné et j’en profite pour regarder le vent tracer des rigoles dans l’eau du lac. Il commence à faire sombre. D’un geste de baguette et d’un informulé, je fais naitre de petites boules de lumière dans l’air autour de nous. Flottantes comme des lucioles qui seraient portées par le vent mais immobile. Leur couleur chaude fait de tous petits reflets sur l’herbe humide et étire les ombres. On se croirait dans un conte de fée, dans un livre d’image. Il suffirait de rajeunir un peu l’enfant près de moi, allongée sur l’herbe, les pieds battant, presque. Une Alice sans le côté pervers de Lewis Caroll. Et là, une déclaration. Je la regarde. Surpris. Ne sachant que dire. L’esprit vide. Je comprends pourtant qu’elle le fait sans arrière pensée, exactement comme l’enfant que je l’imaginais être. Seulement…

    Je ne suis pas digne d’un tel éloge. Je ne suis pas fait pour être une compagnie agréable. Je n’essaie même pas vraiment. Et je ne sais absolument pas ce que je suis sensé faire de ce genre de déclaration.

    « … »

    J’ai ouvert la bouche, pour mieux la refermer. Baissé les paupières, inspiré, rouvert les yeux. Elle est toujours là. Je sens l’émotion qui monte. Ma sœur aurait pu dire ça. Ma femme également. Ma fille, elle, ne parlait pas encore aussi bien. Suis-je condamné, maudit à m’attacher à des femmes spontanées dont les flammes s’épuisent trop vite ? Sa vie est-elle dores et déjà comptée puisqu’elle apprécie ma compagnie ? Ce sont ces peurs là qui me hantent. Pas celle de souffrir ou de perdre la vie. Je baisse les yeux. Je réfléchis. Je décide de ne rien dire. Finalement, ce n’était pas une question. Mais comme je veux répondre quand même, sans pensées, sans mots, je colore les lumières de dizaines de nuances de bleus, de vert et d’or et les envoie papillonner autour de la jeune femme. Le noir m’enferme aussitôt. Ce n’est pas plus mal. Je suis plus à l’aise dans les ombres.
    Re: Clair de Lune
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