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Flûte alors
Sam 25 Mai - 0:22
Odysseus
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Deux jours sans musique sont deux jours qui ne valent pas la peine d’être vécus. Je peux supporter beaucoup de choses. Le manque de sommeil et de nourriture, l’absence de confort, les potions immondes de mon collègue médicomage puisque je sais au fond de moi qu’elles sont pour mon bien. Je peux supporter d’affronter la réalité sans opium ni drogue magique. J’ai appris à contrôler mon sommeil, à l’utiliser pour la Cause, à abandonner mes créations à d’autres qui en avaient vraiment besoin. J’ai pu dire adieu au monde d’en bas pour le domaine et je sais que, bientôt, d’autres viendront fouler ces terres où nous étions que trois humains jusqu’à présent. Mais sans musique, sans jouer moi-même, je ne le peux pas, c’est impossible. Chaque heure est comme un pétale de rose qui tombe et se fane. Et je n’ai pas le talent pour forger les clefs permettant de faire une flûte fonctionnelle. Un autre que moi essaierait peut-être, pensant que cela ne peut pas être difficile mais il oublierait qu’un instrument ne ressemble à aucun autre. Qu’on ne peut pas tromper une sonorité. Et qu’il faut une vie pour apprendre à créer une vraie flûte. Pas les bêtises en métal que l’on trouve chez les mauvais marchands. Une vraie.

J’ai donc pris mon courage à deux mains en cette chaude matinée d’avril. Ce n’est pas que le Directeur m’impressionne. Au fond, que peut-il faire à part me tuer, ce que je voulais déjà m’infliger à moi-même ? Me torturer ? Mais chaque seconde vivant est déjà une torture, alors… non, mais je n’aime pas demander. C’est pour cela que je suis devenu si bon pour créer des objets de mes mains. Ainsi, ils sont à ma disposition, pour peu que j’ai les matériaux de base, ceux que l’on trouve partout. Devant la porte, je prends une seconde pour remettre bien ma tenue et frappe deux coups secs sur le bois.

Et si...et si il ne voulait pas me fournir de flûte ?
Re: Flûte alors
Sam 25 Mai - 21:19
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Le Domaine était prêt à accueillir les troupes. Son Directeur, lui-même, était prêt. Il avait d'ailleurs déjà commencé à recruter le corps enseignant - les enrôlés viendraient après. Il était déjà agaçant d'avoir à les supporter alors qu'ils ne seraient pas fondamentalement prêts pour la tâche qui les attendait, mais alors sans babysitter, c'était impensable. Cependant, ce processus était long et épuisant. Il ne pouvait recruter qu'une personne par soir, et la veille, la personne avait refusé. Préféré mourir. Quel débile. Et c'était la deuxième fois de suite.

Est-ce qu'il avait seulement été chanceux en tombant sur Lancelot et Odysseus ? Un preux chevalier imbu de lui-même et de sa propre superbe, trop heureux de pouvoir sauver la veuve et l'innocent, et un inconnu par choix, bien content de rester dans l'ombre tout en faisant sa part pour le grand œuvre, motivé seulement par l'image de sa femme et la promesse de la retrouver une fois que tout serait fini. Un médecin d'exception et un bourreau de travail qui se trouvait également être, heureux hasard, un nirimage. Alors oui, peut-être le Directeur avait-il été trop chanceux lors de ces premières séances de recrutement. Mais quand même. Il manquait une dizaine d'enseignants, et peu d'options se présentaient. Il faudrait peut-être qu'il fasse quelque chose pour accélérer le processus. Pour réduire les probabilités qu'on lui dise non, pour être sûr de pouvoir faire une tentative chaque soir.

Deux coups secs résonnèrent sur la porte, dans le bureau. Odysseus. Le Directeur observa les papiers en désordre sur son plan de travail : ébauche de plans, profils de candidats, etc. Il savait que Lancelot ne devait en aucun cas voir ces informations, mais Odysseus...? Cet homme était un bourreau de travail qui avait décidé de le laisser tomber l'espace d'un instant. Dans un but précis. D'un simple revers de baguette, le Directeur se contenta de rendre toutes les feuilles temporairement blanches. Ça, et une invitation dans le petit bureau adjacent, là où résidaient fauteuils, bar à whiskies, et sélection d'ouvrages de loisir, devrait suffire à son hôte.

C'est donc en direction de ce petit bureau qu'il se dirigeait lorsque la porte s'ouvrit et qu'il accueillit Odysseus d'un chaleureux :

"Vous êtes venu m'accompagner pour boire un verre, cher ami ? Quelle charmante attention. Asseyez-vous, je vous en prie."

Un des fauteuils du petit bureau faisait face à Odysseus.
Re: Flûte alors
Dim 26 Mai - 15:52
Odysseus
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La porte s'ouvrit d'elle-même, son mouvement souple ne rencontrant qu'une indifférence calme de ma part. J'ai toujours vécu dans les deux mondes, le sorcier et le moldu et aucun des deux ne m'émerveille encore. Cette capacité, je la vois dans les yeux des jeunes, pas encore détruits par la vie, et dans certains de mes auditeurs lorsque je me laisse emporter par ma musique. Elle faisait briller le sourire de ma femme, elle qui disait que garder intact l'amour des miracles de la vie était le tout premier acte de rébellion contre le pouvoir en place. Je pense que politiser l'innocence est au contraire sa première victoire. Nous en discutions le soir, lorsque les volets étaient clos sur cet amour tout neuf que nous partagions à trois.

Une porte qui s'ouvre est une autre qui se ferme. Je ne pouvais plus reculer. Quelle que soit la réponse, elle était déjà inscrite. J’avançais d’un pas, alors que le mouvement du Directeur accrochait mon regard fatigué. Il se dirigeait vers un bureau plus petit, plus intime. Bien. Je ne jetais pas un regard ailleurs, laissant à cet homme plein de mystères le loisir de garder ses secrets. Je n’étais pas de ceux qui prenaient de force les informations que l’on voulait cacher. Au contraire. J’aidais chacun à défendre et protéger son jardin. Comme il m’y invitait, avec un « cher ami » qui me fit marquer une légère seconde de surprise parfaitement visible sur mon visage, je le suivis dans son antre. Boire. Une nouvelle addiction qui, par chance, ne me touchait pas. Je m’assis sur le petit fauteuil que l’on me désignait, lissant ma longue robe de sorcier avant pour ne pas qu’elle fasse de plis disgracieux. Il allait me demander quel poison j’allais vouloir ingurgiter. Pouvais-je, seulement, consommer de l’alcool avec la potion que m’imposait mon collègue ? L’idée que tout ceci puisse être un test ne m’effleura qu’alors. Je retins un soupir.

« Merci. » La tentation de s’arrêter là était grande. Même lorsque je nageais en plein bonheur, je parlais peu. Je savais pourtant que mon nouveau métier allait me demander des torrents de mots et qu’il allait falloir que j’ouvre un peu les vannes mais…cette idée ne me remplissait pas d’une joie sans fond, je devais l’avouer. « J’ai promis à Lancelot de me tenir loin de toute drogue. Je doute qu’il apprécie me voir toucher à de l’alcool. » Et, malgré tout, je devais m’avouer tenté par l’oubli provisoire qu’il distillait. A une époque, j’avais été un fervent adorateur de la fée verte. La vraie, pas celle politiquement correcte que l’on commercialisait encore. « Mais si vous en avez, je prendrais volontiers une eau pétillante avec une rondelle de citron et un peu de menthe. » On se trompe comme on peut. Je soupirais. La musique. La musique serait ma porte de sortie, ma fuite de la réalité. J’en avais besoin. Et je pourrais l’espace d’un instant, distiller mes merveilles dans l’esprit de ceux qui m’écouteraient. Une échappatoire purement sensorielle, sans effet secondaire, sans gueule de bois, juste soi et l’art qui vous tourne autour et vous emporte. Vous fait rêver.
Re: Flûte alors
Dim 26 Mai - 17:24
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Le coin des lèvres du Directeur s'éleva doucement et élégamment lorsqu'il nota la surprise dans le visage de son hôte. C'est en s'installant nonchalamment dans son fauteuil qu'il y répondit.

"Allons, ne faites pas cette tête. Sans compter le... petit... personnel, nous ne sommes guère nombreux ici. Si je ne puis vous appeler mon ami, alors qui me reste-t-il ? Soit dit sans vous offenser, Jean-Gollum."

Un elfe de maison, discret jusque-là, était en train de préparer un verre de whisky dans le coin de la pièce. Il haussa les épaules sans se retourner. Cela sembla suffire au Directeur, qui reporta son attention sur Odysseus. L'homme semblait aussi joyeux qu'une porte de camp d'insémination, et chaque mot semblait lui demander une énergie épouvantable. Son premier cours risquait d'être cocasse. En attendant, il fallait le dérider. L'elfe de maison avait fini de préparer le whisky et s'était à demi-retourné vers son "maître", un sourcil levé. Il était grand temps de demander à son hôte quel serait son poison.

Mr Le Directeur fut cependant pris de cours. Il n'avait pas spécialement eu l'intention de droguer quiconque, du moins pas avant le coucher du soleil, mais puisque l'alcool était considéré comme interdit par le musicien, qui était-il pour désapprouver ? Il nota la commande et se tourna vers l'elfe.

"Vous avez entendu notre hôte, Jean-Gollum. S'il-vous-plaît."

L'elfe s'exécuta dans le silence le plus complet, le Directeur jaugeant l'attitude et l'état mental de son hôte. Quelque chose lui trottait dans la tête, c'était sûr... mais quoi ? L'elfe brisa le silence en amenant les verres sur un plateau.

"Ah, merci beaucoup."

Mr Le Directeur attendit que son hôte ait pris sa boisson avant de récupérer la sienne, qu'il porta immédiatement à ses lèvres.

"Mmmh, parfait, comme toujours. Vous pouvez disposer, mon cher, nous nous débrouillerons nous-même si le besoin de se resservir se fait sentir."

L'elfe s'inclina quelque peu. Il portait d'assez beaux habits, et présentait très bien. Il posa le plateau dans un coin, puis réajusta ses manches. Il portait des boutons de manchette en argent, et semblait se soucier de son apparence. Avec un dernier regard en direction d'Odysseus, il disparu.

"Et donc ? Si vous saouler n'est pas une option, comment puis-je vous aider ?"
Re: Flûte alors
Lun 27 Mai - 11:47
Odysseus
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J’écoutais l’homme parler. Il avait un langage précis qui s’attardait sur le mot juste plutôt que sur la sonorité générale de la phrase. Son ton était posé, d’une politesse précise, presque chirurgicale. Je ne sentais pas vraiment de chaleur dans ses phrases en dépit des termes pourtant amicaux utilisés. Etait-ce parce que j’étais avant tout musicien et avais besoin de la musique des paroles pour les sentir ou bien parce qu’il n’en mettait pas, je ne saurais le dire. Mon hypersensibilité, pour utile qu’elle était parfois se révélait le plus souvent un handicap. Les gens ne savaient pas comment faire passer leurs intentions correctement et je me trompais au moins aussi souvent que je visais juste. Une autre corde abîmée à mon arc.

Doucement, mes yeux suivirent les siens sur la créature près de nous. Sa laideur conjuguée à la beauté de ses atours avait quelque chose de misérable, mais, au final, qui étais-je pour juger. Je le laissais faire, donc, retenant le nom composé dans un coin de mon esprit. Il y avait, dans ce mélange exactement la même cocasserie triste que dans ses atours. Le Jean pour la partie humaine et aprêtée, le Gollum qui ressemblait à une toux tuberculeuse pour l’apparence réelle. Il aurait été beau, cet être, s’il avait embrassé sa nature et n’avait pas cherché à la cacher.

« Merci » fis-je donc simplement en prenant le verre que je portais également à mes lèvres. A défaut d’être alcoolisée, ma boisson était exactement telle que je l’avais demandée et je hochais la tête, appréciateur, au cas où l’elfe se sentirait un besoin de validation. J’en doutais. Je ne les avais fréquentés que peu de mon vivant mais si l’on m’avait asservi pour m’occuper des tâches ménagères, je n’aurais que mépris pour les idiots incapables de les faire eux-même. Je suppose. Enfin le Directeur lui rendit son temps libre, à son soulagement, je suppose, mais aussi au mien. Je savais que ceux qui travaillaient ici étaient libres, probablement payés et traités en tout cas avec les apparences du respect mais j’avais une trop grande répulsion pour l’esclavage pour me sentir parfaitement à l’aise en sa présence.

Déjà qu’en celle du Directeur, je n’étais pas vraiment détendu…

Je croisais mes jambes, pris une nouvelle gorgée et attendit. Presqu’immédiatement, l’homme en vint au fait. Une particularité que j’appréciais chez lui. Il semblait toujours parfaitement savoir jusqu’où il pouvait aller ou pas. Moi pas.

« J’aurais aimé savoir s’il était possible d’obtenir des objets personnels ou au moins venus du monde extérieur, si l’on en ressentait le besoin. » Beaucoup de mots. Il me faut au moins ça pour tenter d’arriver là où je veux en venir…


Re: Flûte alors
Mer 5 Juin - 9:35
Mr Le Directeur
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Deux gorgées, jambes croisées. Quelqu'un devait avoir besoin de quelque chose très fort pour se mettre exprès dans une position aussi inconfortable. Cela avait quelque chose de fascinant, et Le Directeur se demanda si la demande serait, de surcroît, complètement fantaisiste. Il s'en doutait un peu - une demande simple ne provoquerait pas une telle gêne chez un individu normal. Mais, à sa décharge, Odysseus n'avait rien de normal - au contraire, même - et était bien capable de se mettre dans de tels états pour demander que son déjeuner lui soit servi dans ses appartements pendant qu'il travaillait, par exemple.

Hélas, ce n'était pas là qu'il voulait en venir. Mr Le Directeur fronça les sourcils. Non qu'il ne s'était pas attendu à ce genre de résistance, bien sûr, mais pas si tôt, et pas de la part d'Odysseus. L'homme ne lui disait pas tout. Il ne désirait pas "des" objets personnels, et il n'avait que faire "d'objets venus du monde extérieur". Il lui avait fallu une grande force de caractère, un courage certain, pour faire cette demande - cela se voyait clairement, affiché partout sur son corps -, et une déduction logique était qu'il ne voulait qu'un seul objet en particulier. C'était problématique.

Odysseus était le type qui était ici pour fabriquer les objets que la nature même du projet Rementor interdisait de ramener de l'extérieur. Cela signifiait que ce qu'il voulait, quoi que ce soit, dépassait ses capacités artisanales. Ou être un effet vraiment "personnel", comme son premier nounours ou la photo d'une amoureuse ou peu importe quelle babiole sentimentale il avait été obligé de laisser derrière lui à sa mort. Et s'il y avait toujours un moyen d'obtenir un objet nouveau, il était impossible et strictement interdit d'obtenir le moindre objet lié à sa vie d'avant.

" Non. "

Le ton était clair, posé, et sans équivoque, mais en évitant d'être sec, pour indiquer qu'il y aurait une suite dès qu'il aurait fini de boire une gorgée de sa boisson.

" Si rien ne vous empêche de posséder des choses au sein de Rementor - par exemple, à part Jean-Galahad, personne ne vous arrachera vos slips, du moins j'espère -, le Domaine est complètement fermé de l'extérieur. Il est impossible d'en sortir, et plus encore d'y ramener quelque chose de l'extérieur. Sans compter que vous êtes mort, mon cher, et que vous ne pouvez toucher votre propre héritage. "

Il posa son verre sur une petite table près de son fauteuil et se pencha un peu en avant, coudes sur les genoux, mains jointes devant lui. Il regarda Odysseus par en bas, et pourtant de haut.

" Si vous voulez mon aide, Jean-Télémaque, il va vous falloir articuler une demande précise. Vous ne désirez pas n'importe quel objet, vous voulez quelque chose en particulier. Quoi ? "
Re: Flûte alors
Mer 5 Juin - 14:15
Odysseus
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Non. Il l’avait dit, c’était terminé même si j’avais bien compris qu’il y aurait d’autre mots. A quoi bon me répétait mon esprit attristé par la simplicité avec laquelle ma demande avait été repoussée. Je pris une gorgée d’eau, en miroir, et posais mes yeux clairs sur mon vis-à-vis. Il m’avait écouté, il méritait que j’en fasse autant, même si cela prenait sur le temps de travail qu’il me restait. Posséder, en général, ne m’intéressait que peu. Je n’avais pas besoin d’avoir des choses à moi. Je les créais s’il le fallait, et pour le reste, qu’importait, finalement. Seule ma flûte m’était nécessaire. Comme d’habitude, je ne réagis pas à l’allusion sur mes relations avec Lancelot. Cette idée semblait l’amuser terriblement. Les amuser, j’avais vu le médicomage sourire. Personnellement je ne dissertais pas sur mes intérêts romantiques, ils ne regardaient que moi.

« Une flûte. » Il y avait une légère lueur d’espoir dans ma voix. Pas grand-chose, je ne voulais plus me laisser aller a ces élans stériles. Comme Monsieur le Directeur l’avait souligné, j’étais mort. Tout ce que je pouvais espérer c’était de souffrir le moins possible. Je décroisais mes jambes, posais mes coudes sur mes cuisses pour m’avancer un peu. J’étais trop grand pour le fauteuil et j’avais toujours cette impression stupide que mes genoux allaient me rentrer dans le menton. « Pas forcément une des miennes. Je sais que ma mort est irréversible, j’avais fait le nécessaire avant mon geste. Le passé est passé, il ne reviendra pas. Mais une vraie flûte, pas une de ces imitations produites en usine pour musiciens sans oreille. Je n’ai pas les connaissances suffisantes pour en créer une qui ait un son acceptable. » Je ne savais pas ce qu’il savait sur ma vie. Je n’avais pas été avec lui pour ce Voyage précis. Il devait quand même avoir fait le lien avec le musicien que j’étais ? Alors, j’avais cinq ou six instruments avec des différences minimes de son que j’utilisaient selon l’effet voulu. Pour moi, il n’y avait presque aucune différence entre une flûte et une baguette si ce n’était le type de magie. Je fis tourner pensivement mon verre d’eau dans la paume de mes longues mains.

« J’en ai besoin pour me reposer. »

Puisque même mon sommeil était offert en cadeau au Domaine, puisque chaque respiration lui était dédié, il me fallait au moins cette échappatoire. Je pouvais vivre sans amour. Sans alcool, sans hypnotiques, sans dragon à chasser, sans opium, sans LSD, sans médicaments, sans rien de tout ce que j’avais pu prendre, avant, pour oublier ma peine, oublier de vivre. Toutes ces choses qui m’attiraient encore, qui m’attireraient toujours mais que j’acceptais d’oublier pour le bien commun, pour tous ces jeunes pleins d’espoir, pleins de bruits, pleins de cette lumière qui me blessait l’âme par étourderie. Par hasard. Je supportais le bruit, les couleurs, l’insouciante destructivité de la jeunesse. Je voulais même bien leur parler, les accueillir, surveiller leurs rêves, leur donner mes artefacts et même, chose plus précieuse encore, un peu de mon savoir. Mais si je ne voulais pas devenir fou, il allait me falloir une soupape. La musique était la seule à laquelle je pouvais penser. Et j’y pensais tellement que je n’arrivais plus à me concentrer comme je l’aurais voulu.
Re: Flûte alors
Mer 5 Juin - 15:06
Mr Le Directeur
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Il avait écouté jusqu'au bout, brave petit, même si une ombre était passée sur son visage. Et finalement, il répondit. Il voulait une flûte. Cela aurait presque fait sourire Mr Le Directeur s'il n'avait pas perçu le changement d'intonation, étrange et étranger à Odysseus. La simple évocation du mot le remplissait d'une émotions qu'il n'avait encore jamais démontré au su du Directeur du projet Rementor, et c'était très intriguant. Il se renfonça en arrière dans son fauteuil, droit et poli, lorsque l'autre se pencha à son tour... et s'épancha. Tout comme le sentiment émis dans le mot, cettte volubilité était extraordinaire. Odysseus la voulait, cette flûte, du plus profond de son être et du plus profond de son âme. Cela cachait quelque chose de sinistre, forcément. Personne ne voulait quelque chose aussi intensément sans qu'au moins une vie soit en jeu, voire plusieurs. Pour le coup, Mr Le Directeur compatissait presque au malheur du musicien infoutu de faire une flûte.
Presque.

Finalement, le couperet tomba et Mr Le Directeur sourit. Le repos. Il n'était pas difficile de comprendre ce que son invité entendait par là. Il était un junkie, un drogué, une épave misérable de la société qui ne vivait maintenant que pour son talent indéniable et sa servitude totale. Mr Le Directeur n'était pas assez stupide pour être dégoûté par ce comportement, suicide à part - la solution des lâches, une option qu'il avait tuée dans l'œuf avec délectation -, mais il manquait de compassion pour ceux qui souffraient de défauts ou de maux qu'ils s'étaient infligés eux-même. Et si Odysseus ne trouvait le repos, c'était bien parce que son sevrage imposé le torturait, et il allait de soi qu'il méritait tout ce qui lui arrivait. Il devait s'en tenir au régime strict et aux potions données par Lancelot, et il en était réduit à boire de l'eau de peur que peut-être l'alcool puisse être une drogue. C'était pathétique.

Ce junkie avait alors cherché une drogue qui pourrait soulager ses symptômes de manque, une drogue qui serait peut-être accessible, et à laquelle personne ne trouverait d'objection. Mr Le Directeur avait bien envie d'objecter pour le principe, mais décida de ne rien en faire. Il fallait savoir donner un peu de mou à la laisse.
Juste un peu.

" Je vois. Je comprends. Au risque de me répéter, il est cependant interdit de se rendre à l'extérieur du Domaine et impossible d'en faire ramener quoi que ce soit. Ce fait est immuable. "

Il prit une nouvelle gorgée. Il fallait ménager ses effets, enseigner la patience et la récompense qui venait avec.

" Ce qu'il vous faut, donc, c'est trouver un facteur de talent, sur le Domaine même. Je puis déjà vous annoncer que je n'ai guère de talent pour ça, et qu'il en va de même pour Lancelot. Et à ce que je sache, il n'y a que nous trois sur le Domaine. N'est-ce-pas ? "

Ce qu'Odysseus allait faire ou répondre maintenant en dirait long sur son caractère. Le Directeur cacha son anticipation derrière une dernière gorgée, finissant son verre et renversant sa tête en arrière comme pour donner un point final à la conversation.
Re: Flûte alors
Jeu 6 Juin - 12:29
Odysseus
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J’avais compris. J’avais été optimiste et présomptueux de penser qu’il serait possible de faire venir un artefact et je dû me retenir de ne pas baisser la tête. Mes yeux, moins dociles exprimèrent un regret docile. Je n’insisterais pas plus, cela été inutile et contre-productif. Et pourtant, après une nouvelle gorgée, le Directeur reprit, tentant visiblement de me mener quelque part. Je fronçais les sourcils. Contrairement à la croyance populaire, ce n’était pas parce que je parlais peu que j’étais stupide et je comprenais sans peine ce qu’il tentait de faire. Me faire réfléchir plus loin que le bout de mon nez. Il n’avait peut-être pas compris la vraie démarche que j’avais entreprise à moins qu’il ne veuille absolument me la faire avouer à voix haute. Ils étaient nombreux, même de mon vivant, à aimer me « faire parler ». Et pourtant, il ne semblait pas disposé à continuer la conversation. Le silence s’installa entre nous. J’aurais donné beaucoup pour être légilimens et savoir ce qu’il pouvait penser. D’habitude, j’étais plutôt habile à comprendre les sentiments de mon public et à lui offrir ce qu’il voulait. Cet homme, lui, était autrement plus complexe. Il pouvait, en même temps, se montrer exquis et odieux. Il jouait avec cette image qu’il donnait de l’homme sans cœur et pourtant il traitait son elfe avec plus de politesse que ses instructeurs. Peut-être n’aimait-il pas les sorciers. Je ne pouvais lui donner tort. Moi non plus je n’appréciais que rarement la compagnie de mes semblables.

Je pris une inspiration et mon courage à deux mains.

« Le Domaine est peuplé. » Gobelins, elfes de maison, géants, animaux en tout genre, probablement également d’autres créatures conscientes que je n’avais pas encore eu le loisir de croiser lors de mes pérégrinations. Les premiers pouvant facilement, a mon avis, me faire un instrument à la beauté probablement jamais égalée. Le plus dur étant de les convaincre de ne pas y mettre de magie. Mais ils n’étaient pas là pour ça, ils étaient à l’intendance et n’avaient aucune raison de m’aider moi, vil porteur – et même fabricant – de baguettes. Je me redressais. « Mais il me faut votre aval. » Lui seul avait la légitimité de décider si ma requête, somme toute personnelle, pouvait être demandée aux habitants de l’endroit. « Je n’ai pas à leur ordonner quoi que ce soit. » Ils n’étaient pas à mes ordres. Ce n’étaient pas esclaves. « Et rien à offrir en échange. » Rien d’autre, donc que ce que je donnais déjà au projet.

Jamais je n’avais considéré qui ou quoi que ce soit avec moins de respect que moi-même. C’était une notion profondément ancrée dans mon être que ni l’éducation, ni la politique, ni les horreurs que j’avais pu vivre n’avait émoussée. Chaque vie devait être respectée et chérie. Elles étaient, trop souvent, coupées dans leur fleur. Je restais là, penché sur mes jambes, regardant mes genoux. Il me fallait cet instrument. Je ne réussirais pas à supporter l’absence, le calme du Domaine, le souvenir de mes échecs si je ne pouvais pas, au moins, exprimer tout ça via mon art. Malgré tout, je n’arrivais pas à désespérer totalement. Il avait terminé par une question. C’est qu’il n’avait pas encore fermé tout dialogue. Il y aurait d’autres phrases à ce morceau que nous composions ensemble.
Re: Flûte alors
Jeu 6 Juin - 12:59
Mr Le Directeur
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Un sourire ourla les coins des lèvres du Directeur du Projet Rementor. Il n'avait jamais douté qu'Odysseus comprendrait - les junkies savaient se montrer extrêmement intelligents et dotés de ressources insoupçonnées lorsqu'il s'agissait de trouver leur came -, mais il s'était demandé si l'homme aurait l'humilité de considérer les créatures non-humaines. Ou s'il les oublierait, par habitude stupide, pour se rendre les choses plus simple, pour une peur déplacée envers les Gobelins. Rien de tout cela. Odysseus était bien conscient de ne pas être seul, mais il se méprenait gravement sur la hiérarchie en vigueur sur le Domaine. Cela dit, il était naturel que le dernier arrivé se croit tout en bas de l'échelle. C'était même plutôt sain. Mr Le Directeur décida donc de ne pas être trop sec au moment de le remettre à sa place.

" Je n'ai pas d'aval à vous donner. "

Il attrapa le menton du flûtiste pour le relever et le regarder dans les yeux.

" Il est parfaitement vrai que vous n'avez pas d'ordre à leur donner, et rien à leur offrir, ceci dit. Ce qui est tragique, et ne vous arrange pas. "

Il laissa retomber le menton et se leva pour se resservir un whisky.

" Quand on y pense, comment allez-vous payer votre loyer ? Votre nourriture ? Vos habits ? Qu'avez-vous à m'offrir, à moi, en échange de tous les matériaux que je vous donne pour bricoler dans votre coin ? Vous croyez peut-être qu'une baguette finie vaut plus que la somme de ses ingrédients ? Que la somme des ingrédients de deux baguettes et de votre petit déjeuner et de l'entretien de votre chambre ? "

Il se retourna, verre à la main, et tendit un doigt accusateur vers celui que tenait Odysseus.

" Dites-moi, Jean-Télémaque, je suis curieux. Qu'avez-vous bien pu faire qui mérite un verre d'eau pétillante au citron et à la menthe ? Plus le travail nécessaire pour le laver ? Qu'avez-vous bien pu offrir à Jean-Gollum en échange ? "

Il pris une gorgée avant de reprendre. Malgré l'accusation évidente, le ton était calme, posé.

" Vous l'avez vu, vous avez vu ses habits, même si vous avez détourné le regard. Vous le savez libre. Vous ignorez la relation qui le lie à moins mais savez rien ne le lie à vous. Il n'avait nulle obligation de vous servir un verre. Vous n'avez rien fait pour mériter qu'il vous serve un verre. "

D'un geste imperceptible du doigt, il envoya voler le verre d'Odysseus. Un Expelliarmus imprononçé.

" Et maintenant vous avez cassé le verre ! Répandu de l'eau partout ! Qui va payer pour la vaisselle ? Qui va nettoyer ? Vous, peut-être ? "

Il s'approcha et susurra doucement à l'oreille de son invité.

" Qu'avez-vous fait pour mériter de vivre ? Qu'avez-vous à offrir, à quiconque, en échange d'une quelconque tranquillité, d'un hypothétique repos ? "
Re: Flûte alors
Jeu 6 Juin - 16:09
Odysseus
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Un sourire puis une avalanche de mots. Le menton relevé, je plongeais mes yeux dans ceux de mon vis-à-vis, laissant passer tour à tour la compréhension, l’acceptation, la tristesse et le sentiment de ma propre inaptitude. Ce qu’il disait était vrai. Je laissais ma tête retomber à la place qui était la sienne tandis qu’il se servait un whisky et que je laissais le silence l’inviter à continuer. Donner quelque chose en échange aux gobelins ? Mais quoi ? Il s’agissait de créatures déjà très intelligente et tellement puissantes que la congrégation des sorciers refusait de leur donner de baguette de peur, clairement, qu’ils l’utilisent pour les surpasser. La suite rajouta des couches aux couches, faisant la liste de tout ce que je prenais au domaine par ma seule existence. Au début, chaque mot était un poignard dans mon cœur et mon esprit se rebella. Je n’avais pas demandé à être ici. J’avais voulu mourir, quitter cette existence, et ne plus déranger personne, oublier le monde que je laissais derrière moi. J’avais fait ce qu’il fallait pour être certain que rien ne viendrait me déranger. Mes parents n’étaient plus. Ma femme et ma fille non plus, mon professeur avait rendu son âme de feu et de flammes, et ma sœur…ma sœur ne survivait plus que dans mon souvenir et il me peinait de me dire qu’avec ma disparition, elle n’avait plus d’existence…et puis il y avait eu cette visite, le choix et j’avais suivi la lumière, j’avais décidé de…non pas de me battre, ce n’était pas dans ma nature mais de supporter de vivre, encore pour éviter d’autres drames comme ceux que j’avais vécu.

Je donnais à cet idéal chaque seconde de mon être, même endormi, poussant les portes des rêves pour aider la direction à trouver d’autres âmes innocentes à envoyer au combat à ma place. Et cela me faisait mal. Et je m’en voulais de manipuler ainsi de jeunes idéalistes. Qu’est ce qui leur disait qu’un nouvel ordre serait meilleur que l’ancien ? Mais j’avais promis. Je m’étais engagé. Parce que je ne pouvais pas accepter celui qui était établi. Parce que ma femme avait donné sa vie à la Cause. Parce que ma petite en avait payé le prix. Parce que tant que je serais vivant, je n’avais rien d’autre à faire. Rien d’autre à perdre.

Le verre parti de mes mains sans que je ne fasse un geste pour le retenir. J’étais au moins aussi bon en informulés que mon interlocuteur mais là encore, je ne vis pas l’intérêt d’intervenir dans sa manifestation. Clairement, il essayait soit de voir à quel point j’étais assez fort pour supporter ses insultes sans mettre fin à mes jours, soit de réveiller une once de fierté en moi pour le contredire. Je décidais de lever la tête pour fixer calmement son regard, lui rendant ma tristesse au centuple. Je ne jouais pas. Je ne jouais jamais.

« Il m’a servi un verre parce que j’étais votre invité. Ce verre, l’eau, le nettoyage, la réparation des brisures, c’est à vous qu’il l’offre, pas à moi. Parce que, pour une raison qui m’échappe, il a décidé de passer une partie de cette liberté à vous servir, vous. Les habits que je porte, les ingrédients que j’utilise, la nourriture que je prends, c’est sur votre ordre parce que vous m’avez fait venir ici. Le Domaine me fournit ce dont j’ai besoin pour travailler correctement parce que vous l’avez convaincu que vous aviez besoin de moi. Ce que je pense ou ne pense pas sur cette opinion n’a aucune importance. Je n’ai pas souvenir d’avoir jamais adressé une quelconque requête pour des vêtements particuliers, une nourriture spéciale, ou un ingrédient supplémentaire. Je n’ai pas trouvé de flûte. Je vous la demande donc, simplement. » Je ne pensais pas en effet faire quoi que ce soit pour mériter le repos, la tranquillité ni même la vie que l’on me donnait ici. Je ne méritais même pas un oubli salvateur. C’était ainsi.
Re: Flûte alors
Ven 7 Juin - 9:19
Mr Le Directeur
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Mr Le Directeur se redressa pour mieux écouter et/ou observer la réponse d'Odysseus. Ce dernier releva la tête à son tour, pour fixer son interlocuteur dans les yeux. Une once de fierté sembla passer dans son regard tandis qu'il débitait sa diatribe. À défaut d'avoir pu mener son interlocuteur à bon port - au moins on allait dans le bon sens et les récifs étaient encore loin, c'était déjà ça -, le Directeur était parvenu à ouvrir les vannes du barrage à paroles qu'était son nirimage préféré. Mr Le Directeur écouta la longue harangue en silence et en souriant calmement. Il regrettait de ne pas disposer de pop-corn ou d'un autre petit snack dans le genre. Tout cela était fascinant.

" Me faire cette demande était votre première erreur. Cela devrait être clair, maintenant. "

Il se redirigea vers le bar et commença à préparer un nouveau verre d'eau gazeuse.

" Mais ce n'est pas une erreur grave. Ce n'est pas une erreur mortelle. C'est une erreur dont il faut tirer des leçons pour pouvoir aller de l'avant. "

Il tendit le nouveau verre à son invité et s'installa de nouveau dans son fauteuil. Il ne s'était rien préparé.

" Vous employez le bon vocabulaire mais à mauvais escient. J'en conclus que vous êtes arrivé au bout de vos capacités de réflexions et au bout de votre compréhension de ce qu'il se passe ici. "

Il lui adressa un sourire chaleureux.

" Cela signifie que c'est à moi qu'il revient, pour cette fois, de faire un cours... magistral. "

Il se pencha en avant et posa sa main sur l'épaule du géant.

" Voyez-vous, il est vrai que Jean-Gollum offre ses services. Contrairement à vous, il est libre de partir à tout moment - il est impossible de retenir un Elfe qui décide de transplaner -, mais il ne le fera tout simplement pas. Parce qu'il a décidé de passer non pas une partie, mais l'intégralité de sa liberté à servir. Mais pas moi. "

Il posa sa deuxième main sur la seconde épaule.

" Tout ce dont vous disposez, tout ce qui vous est fourni, habits, ingrédients, nourriture, ce verre, votre vie, l'est effectivement sous mon ordre. Sous mon autorité. Parce que vous ne pouvez vous voir confier votre propre vie - on a vu ce que ça donnait -, j'en suis responsable. Je suis votre adulte attitré. "

Il lui fit une petite tape sur la joue avant de se renfoncer dans son fauteuil.

" Et il est presque vrai que le Domaine vous fournit tout cela parce que je l'ai convaincu que j'avais besoin de vous. Voyez-vous, le Domaine n'est jamais qu'un lieu, habité par diverses créatures réunies pour une seule et unique raison. Non, ce qui est important ici, l'entité qui tire les ficelles, si vous voulez, c'est le Projet Rementor. "

Il marqua une pause. Il pensait que c'était le bon moment pour un effet dramatique.

" Le Projet Rementor m'a nommé Directeur parce que je dispose de capacités inégalées - et dont vous avez fait les frais, je suppose -, mais mon autorité s'arrête aux instructeurs et aux enrôlés. Une hiérarchie très précise est en place, et ne s'applique qu'aux humains, du moins pour la partie qui vous concerne vous directement. Les créatures magiques, comme on les appelle, sont absentes de cette hiérarchie. Je n'ai aucun ordre à leur donner, ni plus d'autorité pour leur faire une demande que vous. Et si j'apprécie que vous preniez la décision de ne pas passer dans mon dos, elle est inutile. "

Son visage se fit instantanément plus sombre, plus dur, et son ton plus sec.

" Il n'y a rien - rien, vous m'entendez ? - que vous puissiez me cacher. Il vous est physiquement impossible de faire quoi que ce soit dans mon dos. Allez voir les Elfes et les Gobelins directement, demandez-leur ce que vous voulez, soyez poli pour qu'ils considèrent la possibilité de vous rendre ce service par pure bonté d'âme - car ce sont des êtres bons et généreux, et sensibles à une politesse sincère -, remerciez-les chaleureusement, mais ne pensez jamais que votre démarche ou son résultat me sera inconnu. "

Son visage s'adoucit tout aussi soudainement qu'il s'était assombri.

" En résumé, allez vous trouver un facteur, et laissez-moi en dehors de vos conneries. Si j'ai besoin d'intervenir, je suis assez grand pour le faire tout seul. "
Re: Flûte alors
Ven 7 Juin - 19:33
Odysseus
Odysseus
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Flûte alors X5ed
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Elemagie (Air)
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J’aurais dû m’adresser directement aux gobelins et leur demander leur prix. En effet, le message était limpide à présent, tellement que je ne voyais pas l’intérêt de le répéter à voix haute. Il se dégagea de notre regard, se mettant en devoir de me resservir un second verre. J’utilisais cette interruption pour récupérer les morceaux du précédent, reconstituant l’objet et le déposant sur un support à proximité. Au passage, je séchais le tapis et jetait les restes de nourriture. J’acceptais alors la boisson offerte avec un mot de remerciement, remarquant que le whisky manquait dans la main de mon vis-à-vis. Peut-être deux était son maximum d’alcool en pleine journée. Peut-être était-ce une façon de nous mettre sur un pied d’égalité, deux boissons chacun, je l’ignorais. Je n’étais pas aussi sensible que l’homme aux non-dits et aux manières. J’avais eu une éducation très simple, heureuse, saine. Je l’écoutais cependant, car, avant tout, j’étais poli et je savais qu’il y avait, dans ses mots, des perles de sagesses. Impassible, je le regardais me sourire avec chaleur, poser une main, puis deux sur mes épaules. Il entrait ainsi dans mon espace personnel ce qui aurait pu rendre nerveux n’importe qui, je suppose mais s’il décidait soudain de m’étrangler, cela m’était égal. Vivre n’avait aucun gout si l’on ne pouvait pas s’évader dans des mondes imaginaires. J’étais capable de mettre beaucoup de côté pour obtenir ma flûte. Et il parlait. Et j’écoutais attentivement. La petite tape sur la joue alors qu’il me disait être mon tuteur était probablement un autre test. Je retins un soupir. Je n’étais évidemment pas totalement d’accord avec son analyse de la situation. Certes, ma vie était un échec monumental et je ne savais clairement pas quoi en faire et s’il avait été décidé qu’elle devait être sous la responsabilité d’un autre, qu’il en soit ainsi. Je n’y avais pas renoncé sur un coup de tête. Et je ne m’étais pas détourné du repos sans réfléchir, malgré tout. J’avais abandonné mon existence, on me l’avait rendue dans un but précis, je m’en servirais dans ce sens, prêt à disparaître à n’importe quel moment, pour n’importe quelle raison. Je ne manquerais à personne. Je n’étais rien qu’un souvenir vague dans l’esprit de quelques anciens amis d’école, rien que du vent. Je n’avais jamais été autre chose. Je retiens un soupir alors qu’il se redressait dans son fauteuil.

Par mimétisme j’en fis autant.

Et voilà qu’il me parlait du Projet Rementor comme quelque chose qui le dépassait, une entité dont il était le visage et qu’il devait représenter. La partie émergée de l’iceberg, exactement comme je le pensais. Mais, à mon sens, et c’était là, semblait-il, mon erreur, il était la personnification du Projet, ou du Domaine ou peu importait comment l’on l’appelait. Il me corrigeait. Le Directeur n’était responsable que des sorciers. Et bien c’était plus clair et bien plus simple. Je hochais la tête pour indiquer que j’avais compris la leçon… et d’un coup, il devint plus froid, plus cassant, me menaçant d’une idée qui ne me serait jamais venue.

Je n’avais rien à cacher au Directeur parce que je le respectais et que je ne voyais pas l’intérêt de lui mentir, simplement.

Je ne doutais absolument pas de sa capacité à tous nous surveiller, ni même de sa paranoïa, n’avait pas de velléité d’intimité ou autre concept dépassé. J’étais mort. Ce qu’il restait de l’existence que je pouvais vivre était là, dans ce domaine, à faire de mon mieux pour aider une cause que d’autres avaient servie mieux que moi. J’appliquais mes talents divers où je pouvais et je ferais de mon mieux pour enseigner ces théories que je m’étais forgés toute ma vie. Parfois, je me laisserais aller à jouer, si je le pouvais, parce que j’avais besoin d’équilibre, même précaire, pour ne pas devenir fou et donc inutile. Et c’était aussi simple que cela. Je posais mon verre, intouché, sur le guéridon près de moi.

« J’irais leur demander. » Poliment, parce que j’étais toujours poli envers mes camarades vivants. « Je vous remercie pour le temps que vous m’avez consacré. » Pas d’ironie ni de sarcasme là-dedans. J’étais sincère. J’avais beaucoup appris. « Ma loyauté va au Projet Rementor, vous n’avez pas à vous inquiéter à ce sujet... » Même si l’autre camp m’offrait les drogues dont j’avais envie ou même le repos qui me faisait tellement rêver, je n’irais jamais le rejoindre. Il méprisait la vie quand je ne désirais que la voir fleurir autour de moi. « ... et je vous suis reconnaissant d’avoir cru en moi. »
Re: Flûte alors
Ven 14 Juin - 10:50
Mr Le Directeur
Mr Le Directeur
46
Grand Manitou
Il encaissa la diatribe sans broncher, posa son verre sans y toucher, et répondit sans grande émotion.

C'était un curieux personnage qu'Odysseus, et un qu'il faudrait garder à l'œil. Si Mr Le Directeur voulait bien entendu que tous ses éléments soient prêts à mourir pour la cause, Odysseus était encore un peu trop suicidaire à son goût. Mourir, oui, mais pas pour rien. Jamais pour rien. Et jamais de sa main. Peut-être une relation semi-romantique pourrait-elle lui donner suffisamment de volonté pour éviter de chercher à blesser autrui en précipitant sa propre mort ? Mr Le Directeur considéra son invité, mais même avec deux verres d'alcool dans le sang il ne se voyait pas s'impliquer de la sorte avec quelqu'un qui avait laissé sa colonne vertébrale Merlin savait où. Le seul autre choix était bien sûr Lancelot. Le Directeur avait fait une boutade à double-sens érotique sur les traitements du médicomage et les besoins qu'une visite médicale impliquait sur le plan vestimentaire, mais... ils étaient littéralement seuls depuis quelques jours, et des tests avaient déjà eu lieu. Ils étaient intimes, au moins d'une certaine façon. Il n'y aurait sans doute pas grand chose de plus à manipuler pour en faire quelque chose de concret...

Mr Le Directeur rangea cette pensée dans un coin de son esprit pour mieux répondre à son invité du moment.

" Je vous en prie. Il me fait toujours plaisir de m'entretenir avec mes collaborateurs. " Malgré les apparences, c'était vrai. C'était un défouloir bienvenu, quelle que soit la tournure que la discussion pouvait prendre. " N'hésitez pas à repasser me voir pour tout autre problème que vous pourriez avoir, ou même pour papoter. "

Il se contenta de sourire lorsqu'Odysseus essaya de le rassurer sur sa loyauté. Il n'en doutait pas une seconde. Après tout, ce n'était pas comme si le nirimage avait le moindre choix.

" Écoutez, Jean-Télémaque, pour ce qui est de croire en vous, il fallait bien que quelqu'un le fasse, et il était très clair que vous aviez lâché l'affaire. J'étais au bon endroit au bon moment avec le bon sort de résurrection, rien de plus, rien de moins. Ne me le faîtes pas regretter bêtement, c'est tout ce que je vous demande. "

Et sur ces mots, il l'escorta en-dehors de son bureau. Ayant posé son verre avant ces déclarations gnan-gnan, et ayant lui-même fermé la conversation, il n'y avait nul doute que le junkie n'avait déjà plus qu'une idée en tête : aller demander - poliment - sa dose à qui de droit. Et Mr Le Directeur n'y voyait aucun inconvénient.
Re: Flûte alors
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