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    Mati
    Ven 22 Mai - 22:50
    Soumaworo
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    Il avait connu cette plage bien des années avant qu'on ne l'affuble du pseudonyme non mérité de Soumaworo. Elle était très prisée des surfers et des touristes. Ce n'était pas une de ces côtes abruptes où on amarrait les bateaux et encore moins un coin à crocodiles. C'était un repaire à moldus. C'est pourquoi il s'y était toujours rendu la nuit, ou dans un endroit désigné et protégé contre les intrusions. Cependant, les rêves faisaient fi de tout réalisme. Le Soleil se couchait, la plage était vide de tout moldu ou sorcier, et Soumaworo y marchait les pieds dans les vagues qui venaient recouvrir ses pieds pour ensuite glisser sur sa peau et reculer vers l'onde bleutée. Ses orteils nus n'écrasaient aucun coquillage égaré, seul le sable se laissait marquer d'empreintes de pas. L'air était doux et avait l'odeur de la forêt de Rementor, une odeur de forêt tempérée qui n'avait rien à faire ici. Autant de détails qui auraient indiqué à un rêveur lucide expérimenté que rien de tout cela n'était réel. Soumaworo n'étant pas adepte des rêves lucides, il ne s'en rendit pas compte.

    Il portait la tenue de plage de son adolescence: un pantalon ample, de couleur brune, serré à sa taille par un cordon, et une longue chemise qu'il ne prenait pas la peine de fermer. Son torse était vierge de toute cicatrice en forme d'étoile du chaos. Dans ses rêves, aucune corne n'avait jamais transpercé son buste de part en part. Parfois la trace de sa "presque mort" réapparaissait juste avant son réveil. Pour l'instant, elle n'était pas là. Il marchait doucement, cherchant quelqu'un sans savoir de qui il s'agissait. Mais il était seul, à perte de vue. Pas l'ombre d'une trace de présence humaine à l'horizon. Pas de maison, pas de bateau, pas d'ordure abandonnée dans le sable par des moldus. Même les animaux semblaient absents de ce tableau. C'était comme si on l'avait enfermé dans un terrarium géant, dans lequel on avait reconstitué un habitat dans lequel il pourrait vivre. Comme si une créature titanesque avait agi avec lui comme il comptait agir avec l'animal qu'il voulait installer dans le terrarium de sa chambre. Il avançait, cherchant du regard une paroi de verre, quand quelque chose sortit de l'eau.

    Une genette grise jaillit de la mer et croisa son regard l'espace de quelques secondes avant de repartir en courant sur le sable. Soumaworo la suivit. La genette était son guide, il le savait sans comprendre pourquoi. Ses pieds quittèrent le sable mouillé pour fouler la partie sèche de la plage, celle qui rendait chacune de ses foulées plus fatigante que la précédente. Il courait, de toutes ses forces, mais n'avançait pas. La genette filait et disparaissait avant de réapparaître et de filer dans une autre direction. Il essaya encore de l'attraper. Mais plus il tentait de courir, plus ses jambes semblaient lourdes. La genette le narguait.

    Alors? Suis moi, suis moi!
    piaillait-elle d'une voix aiguë. Mati a besoin de toi!

    Mis en échec par le sable, il transplana près de la genette qui poussa un cri d'encouragement.

    Enfin! C'est pas trop tôt!

    Il la suivit en transplanant jusqu'à un arbre tellement haut que sa cime se perdait dans des nuages. Il la chercha mais la genette avait disparu. Avait-elle escaladé le tronc de l'arbre qui n'était pas plus à sa place sur une plage qu'une genette n'était à la sienne dans la mer?

    Quelqu'un avait cloué un morceau de papier sur le tronc de l'arbre. Sur ce papier était inscrite la phrase suivante:
    Attends Mati ici

    Alors il s'assit au pied de l'arbre et attendit. Quelqu'un s'approchait. Etait-ce Mati? Dans la réalité, il ne connaissait personne portant ce prénom. Mais dans son rêve, Mati existait et il l'attendait...
    Re: Mati
    Sam 23 Mai - 11:06
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    D'abord, elle n'est rien.

    Tout son être n'est plus qu'idées, n'est plus que pensées. Des notes de musique qui pianotent sur des particules de vide, sur des particules de rien.
    La partition n'a aucun sens, quelqu'un a dû égarer la clef. Un ut, quelque part, doit battre des courbes pour faire ainsi tanguer les arpèges. Elle se sent voler en croches.

    Et puis d'une molécule, en naquit deux.

    Il y a une explosion, quelque part. Comme si les noires étaient percutées pour former une blanche. Puis deux. Puis quinze. Les têtes de notes s'agglutinent, faites d'ébène et de jaspe. On dirait de la poussière qui remonte le temps, et les poussières s'accumulent, un amalgame de cendres qui s'effrite en sable.
    Une bise fait rouler les grains, ils dessinent les courbes d'une silhouette qu'elle devine être la sienne. Pas vraiment réelle, pas vraiment irréelle. Elle lève le bras, le regarde avec curiosité tandis qu'une impulsion musicale fait plier ses doigts. Travailler sa chair dessine ses muscles, ils se sculptent puis se confondent au gré du vent. Au delà de ses doigts, il y a les flots.

    Le ressac est une mélodie qui l'accompagne, de nuit en nuit, de rêve en rêve. C'est un fil d'Ariane que ses doigts frôlent, un garde-fou avec lequel son bassin valse. Autour du vide, autour du sable, elle tangue, comme une poupée danseuse sur une boîte à musique rayée. Toujours face à la mer.

    Cette fois-ci, il fait chaud. Le soleil cogne sur un vent lourd et sec. Elle regrette d'avoir mis un pull, et un pantalon, et des chaussettes.

    Elle tourne la tête. À perte de vue, il y a de l'indigo, de l'ivoire et de l'or. La plage s'étend jusque l'infini, déserte. S'il n'y avait pas eu les empreintes imprimées dans le sable humide à quelques pas d'elle, elle se serait crue exploratrice perdue en terre inconnue.
    Elle décide de suivre les traces qui remontent jusque l'horizon. Le soleil est si haut qu'elle serait incapable de déterminer la direction qu'elle prend, de ne pas pouvoir s'orienter lui déplaît.  

    Un arbre gigantesque finit par dessiner un phare au milieu de cette terre inconnue. Il est si haut que son feuillage se confond en nuages. Elle doit marcher encore un moment avant d'apercevoir, cachée dans son ombre celle d'un homme.

    Ce qu'il dégage lui semble familier. C'est une prestance qui aussitôt, lui impose un profond respect. C'est familier, est pourtant différent, comme si cette prestance n'avait pas encore tout à fait modelé cette silhouette que le soleil l'empêche encore de nommer.

    « Excusez moi, vous n'auriez pas un peu d'eau ?»

    Elle s'en rend compte en le disant. Elle a soif. Vraiment soif. Sa langue est lourde pour former des mots, elle rappe contre son palais et la moindre déglutition est douloureuse. Comment a-t-elle pu avoir l'idée de venir ici sans prendre avec elle quoi que ce soit ? Ni eau, ni couteau, ni fiole, ni baguette ?
    Re: Mati
    Dim 24 Mai - 11:27
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    Une femme arrivait jusqu'à l'arbre. Etait-ce Mati? Non, ce n'était pas elle. La femme ne ressemblait ni à lui ni à Seyna. Mati leur ressemblait forcément puisqu'il s'agissait de leur fille. Il ignorait d'où venait cette certitude soudaine, lui qui à peine quelques minutes plus tôt savait juste qu'il devait attendre Mati sans savoir qui elle était. Mais c'était désormais une évidence: il attendait sa fille.

    Dans le monde réel, Soumaworo et sa défunte épouse n'avaient jamais pu avoir d'enfant. L'un d'eux était peut-être stérile, mais ils n'ont jamais eu l'occasion de s'en assurer. Seyna était très prise par son travail, et ne semblait de toute façon pas si enthousiaste que ça à l'idée d'avoir un enfant. Lui, en revanche, avait voulu en avoir un. Un seul, comme lui qui était fils unique, ou toute une fratrie comme certains de ses cousins et cousines. Chaque fois que Seyna savait qu'elle n'était pas enceinte, elle le consolait en disant qu'ils étaient déjà une famille, que le monde tel qu'il était ne méritait pas d'enfant de toute façon. Mais il avait choisi les prénoms de leurs futurs enfants, seul et en secret. Pour une fille, il avait choisi Mati. Un prénom simple, court, que personne dans les dernières générations de sa famille ou celle de Seyna n'avait porté.

    Cette femme, qui ne pouvait être Mati, cherchait de l'eau.

    Je n'en ai malheureusement pas, dit-il. Mais je crois que cet arbre en a...

    Il avait entendu parler de ces arbres sur d'autres continents dont le tronc renfermait de l'eau. Tandis qu'il cherchait sa baguette, il regarda autour de lui et vit qu'il était à présent à l'orée d'une forêt pleine de ces arbres. Cela ne le surprit pas. Dans les rêves, on peut changer de lieu en un battement de cils sans en éprouver la moindre surprise.

    Diffindo

    Il coupa l'écorce de l'arbre en un petit cercle de la taille d'un bouchon de bouteille de vin, puis le détacha. Dans le monde réel, pour faire sortir de l'eau d'une plante qui en contient, il ne suffit pas de creuser un trou dedans. Il faut utiliser un outil spécifique, en forme de tube, ou utiliser un sort spécialement conçu pour cette situation. Mais Soumaworo n'en savait rien, et son rêve le démontrait. Le flot qui coulait de l'arbre était semblable à celui d'un robinet. L'eau avait une forte odeur végétale, une odeur fraîche qui donnait à quiconque l'inhalait l'impression de déboucher ses voies respiratoires. Mais elle avait l'apparence d'eau ordinaire. Il en recueillit un peu dans ses mains et goûta.

    Allez-y, servez vous!

    Il s'écarta pour laisser passer la femme. Elle portait bien trop de vêtements pour cette chaleur! Mais c'était une autre bizarrerie typique des rêves, tout comme l'absence de sa cicatrice.

    Auriez-vous vu une jeune fille par hasard? Elle doit me rejoindre ici
    Re: Mati
    Lun 25 Mai - 0:24
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    Il fait tellement chaud, et toute cette eau qui s'écoule du tronc comme d'un robinet.
    Quel gâchis.
    Elle aimerait colmater le trou. Cette sève qui pourrait la désaltérer, il y en a trop qui inonde le sol désormais couvert de mousse. C'est gâcher. Elle doit bouchonner.

    Quand l'homme lui laisse la place, elle ne se fait pas prier. Elle a soif, et le liquide translucide s'écoule, comme une ressource inépuisable qui viendrait du ciel.
    Mais elle sait.
    À faire saigner l'arbre, elle va le tuer.
    Alors elle se dépêche. Elle creuse sa main pour y recueillir le flot de larmes, sa langue lape pour en finir au plus vite.
    Ça ne lui fait aucun bien. C'est comme de boire de l'air, avaler des notes. L'eau s'estompe sous ses lèvres, elle a la sensation d'essayer de se désaltérer avec de la fumée. C'est vide et vaporeux, ça n'a aucun goût et sa gorge est toujours aussi rêche.
    Pourtant, elle a l'intime conviction qu'il y a bien de l'eau. De la vraie eau. Là, sous ses phalanges qui ne ressentent qu'à peine le soulagement d'une fraîcheur inespérée.
    Le problème, c'est elle.
    Peut-être qu'elle ne sait plus boire.
    Peut-être qu'elle ne peut plus.
    Est-elle morte ?
    Elle n'est pas tout à faire normale, ça, c'est une évidence qui s'impose.
    Elle doit faire comme si elle l'était. Ça aussi, c'est une évidence qui s'impose. Sinon, elle s'évaporera, sinon il l'éjectera.
    Elle en a assez d'être éjectée.
    Elle se sent comme un ballon, remplie de vide qu'une claque envoie valdinguer, sans jamais l'exploser. Abasourdie, gonflante, pesante.
    Elle en a assez de valdinguer.

    « Une jeune fille ? »

    Elle réfléchit. Oui. Des filles, il y en a eu, des dizaines, des centaines. La gamine aux cauchemars. Le petiote aux gerbilles. La femme au topaze. La toute blanche. La culottée. La toute timide.
    Elle n'aime pas les filles. Elle n'aime pas les hommes non plus. Les humains en fait. Ceux qui ont de la magie dans les mains et ceux qui la pointent du doigt. Jamais contents, jamais d'accords, sauf sur un point : à qui aura le plus tort.
    Elle en a assez de ces disputes, ces guerres, et ces combats.

    Elle secoue la tête. L'air est devenu poisseux, elle se sent transpirer sous son pull, sous son pantalon et ses chaussettes.

    « Comment est-elle ? Je peux peut-être vous aider à la trouver ? »

    Elle a chaud, maintenant. Encore plus qu'avant. Une chemise ce serait bien, plutôt que cet épais pull en laine centenaire. Une grande, comme il avait. Légère, faite de carreaux rouges bordés de noir, avec les manches qui tombent plus bas que terre, qu'elle remonterait sur ses avants bras pour y faire percer une peau qu'il a toujours jugée trop pâle.
    La chemise est là. L'envie de la remonter la démange, mais il faut qu'elle se protège des moustiques. Il y a forcément des moustiques. Des petites bestioles qui vont lui sucer le sang, lui refiler des boutons qui vont la démanger. À moins que s'en soient des grosses, de bestioles, avec des canines aiguisées et une soif inassouvissable.

    Re: Mati
    Mer 27 Mai - 19:06
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    La jeune femme qui lui rendait visite n'allait pas bien. Elle avait trop chaud, et l'eau ne la désaltérait pas.

    Il ne faut pas simplement en boire, lui conseilla-t-il. Il faut aussi en mettre sur vous. Regardez, comme ça!

    Il lui montra comment faire en s'aspergeant le visage de l'eau parfumée. Il aurait agi de même avec Mati, si elle avait existé ailleurs que dans ce rêve. Quelle âge avait-elle, d'ailleurs? Pour l'instant, il s'attendait à voir une enfant de dix ans. Il l'imaginait avec les tresses que portaient sa mère, et une robe simple décorée par quelques perles brodées. S'il se souvenait de ce rêve une fois de retour dans le monde réel, il ferait le rapprochement avec la photographie de la fille de son supérieur lorsqu'il travaillait comme diplomate, un homme dévoué à ses enfants qu'il gâtait comme s'ils étaient de futurs rois et reines. Ni ses enfants ni ses femmes n'avaient la moindre idée de ce qu'il ourdissait pour servir les intérêts de Nzinga. Ils n'avaient vu qu'une face de cet homme, et c'est cette face que Soumaworo voyait à présent dans ses rêves sans le réaliser.

    Vous devriez retirer ce vêtement bien trop chaud! Nous ne sommes pas au sommet d'une montagne. Vous avez bien quelque chose de plus léger? Sinon, je peux vous prêter ma chemise

    Il la retira, la plia et la porta sur son bras de la manière dont un majordome aurait porté une serviette. Et le moment était venu de décrire Mati, cette fille imaginaire dont son rêve n'avait pas encore dévoilé tous les secrets.

    Elle s'appelle Mati. Elle doit me retrouver ici. Elle a des yeux comme les miens.

    Le songe venait de donner un nouvel indice. Mati avait hérité de ses yeux, de leur forme et de leur couleur très sombre. Mais elle ne pouvait pas changer leur couleur comme lui le pouvait. Elle n'avait pas hérité de cela. Il s'empressa de le préciser à la jeune femme.

    Est-ce que c'est vous?

    Les yeux de celle qui l'avait rejoint près de l'arbre ne ressemblaient en rien à ses propres yeux. Mais il s'était peut-être trompé. Ce genre de chose arrive souvent dans les rêves.

    La connaissez vous, peut-être? A moins que vous n'attendiiez quelqu'un vous aussi?


    L'arbre était peut-être un point de rendez-vous pour ceux qui cherchaient quelqu'un. La genette avait peut-être envoyé la jeune femme ici pour attendre, tout comme elle l'avait fait pour lui. Et si l'arbre était un portail entre le monde dans lequel ils se trouvaient et celui où se trouvait Mati?
    Re: Mati
    Dim 31 Mai - 14:44
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    « Vous devriez retirer ce vêtement bien trop chaud! Nous ne sommes pas au sommet d'une montagne. Vous avez bien quelque chose de plus léger? Sinon, je peux vous prêter ma chemise. »

    Elle aurait dit non.
    S'il avait attendu son avis.
    Elle aurait dit non.
    Sauf qu'il ne l'attend pas.
    Pas vraiment.

    Elle n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que déjà, il fait glisser sa chemise de ses épaules sombres.
    Elle n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà, il la fait couler jusque ses poignets, jusqu'à ce que ses mains.
    Elle n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que ses doigts la replient, et la cintrent, pour la présenter sur un avant bras galant.
    Elle n’a pas le temps d’ouvrir la bouche, et puis elle n'a pas le coeur de dire non à tant d'efforts.
    Ou pas le coeur a se battre pour un geste pourtant si négligeable.
    Elle a chaud. Juste très chaud.
    Et cette chemise, c'est mieux que de mourir d’hyperthermie.

    Le vêtement l'habille aussitôt que, involontairement, elle accepte la proposition.
    Il est un peu grand, un peu large. Il tombe presque jusque mi cuisses. Nues. Elle doit avoir autre chose en dessous, un maillot de bain peut-être, elle ne sait pas trop. La vêtement est terriblement plus léger, et tellement plus doux contre sa peau. Le col frotte contre sa nuque, étranger, il y applique une odeur qui n'est pas la sienne. Plus chaude, plus masculine, empreinte de fragrances qui lui sont inhabituelles. Agréables, désagréables, qu’importe. Ce sont tout autant de corps étrangers qui lui griffent l'épiderme. Elle a la sensation d'avoir volé l'intimité de cette homme et les avantages qu'il aurait dû réserver à d'autres.
    Elle n’aime pas ça.
    Mais elle a moins chaud.

    Il reprend. Une gamine avec des yeux comme les siens. Elle accorde une seconde à les détailler, à les disséquer. Ils sont doux, d’un brun noir intense mais vacillants. Depuis combien de temps attend-t-il ? Est-ce de l’attente, ou de l’espoir ?

    « Est-ce que c'est vous ? La connaissez vous, peut-être? A moins que vous n'attendiiez quelqu'un vous aussi ?»

    Attendre quelqu'un ?

    « Oh non, je n'attends personne moi. »

    Elle ne sait plus. Et pourtant elle sait.
    Il n'y a personne.
    Il n'y a plus personne.
    Ils se sont tous évaporés.

    Un regard lui brûle les omoplates. L'envie de se retourner la démange soudain, impérieuse et tétanisante à la fois. Derrière elle, s'il y quelqu'un, qui que ce soit, il n'est pas vraiment là. Et elle n'est pas certaine de vouloir le voir.
    Elle cligne des yeux et la sensation disparaît. Elle se souvient de la discussion, elle se souvient de la question, et elle se souvient n’avoir croisé personne.

    « Je n’ai vu personne avant vous. Et je ne m’appelle pas Mati.»

    A-t-elle un nom ? Un identité ? Elle se sent vaporeuse, irréelle. Elle n’est pas Mati, elle en est certaine. Elle n’a pas ses yeux.
    Elle est peut-être le fantôme qu’elle a craint de croiser, une seconde plus tôt.

    « Et si elle ne vient pas ? »
    Re: Mati
    Mer 3 Juin - 20:02
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    Il se retourne face à la forêt d'arbres géants le temps que la jeune femme puisse se changer. Il ignorait si la jeune femme portait quelque chose sous ses vêtements trop épais, et ne voulait pas risquer de la mettre mal à l'aise en la regardant se dénuder. La seule femme qu'il avait jamais vue retirer ses vêtements, c'était la maman de Mati. Oh, à vrai dire, il y en avait bien eu quelques autres avant. Mais il les avait oubliées. Elles étaient tout autant de souvenirs vides d'émotions, de simples expériences comme celles qu'il avait pratiquées par la suite avec la magie. Il avait connu des "hommes à femmes", mais n'en avait jamais été un lui-même. Lui, il était un homme à failles: celles qu'il exploitait, dans le droit magique et dans les règlements. C'était son talent. Pour le reste, il pouvait se permettre d'être médiocre.

    Lorsqu'il se retourna, il vit la jeune femme vêtue de sa chemise. Elle semblait mal à l'aise, mais son corps allait bientôt pouvoir respirer sans ce fardeau textile dont elle l'avait chargé. Cependant, la jeune femme semblait abriter une autre forme de malaise. Quelque chose de plus profond, quelque chose qu'elle seule pouvait connaître. Pourrait-il l'aider? Il fallait d'abord que Mati arrive. S'il détournait son attention de Mati, il risquait de la rater, et il ne la trouverait plus jamais. Il en était certain, sans savoir pourquoi. La genette le lui avait peut-être dit?

    La jeune femme n'attendait personne, et n'avait vu personne avant lui. Elle ne lui disait pas son nom, mais lui révélait qu'elle n'était pas Mati.
    Peut-être que quelqu'un vous attend, dans ce cas?
    C'était logique. Que ferait-elle ici, dans le cas contraire?

    Il s'apprêtait à lui poser d'autres questions afin d'éclaircir ce mystère. Mais il entendit un son provenant de la forêt voisine. Un bruissement de feuilles. Il se tourna vers l'origine du bruit mais ne vit rien. Ses yeux scrutaient le feuillage à la recherche de Mati ou de la genette. Les contours des végétaux se perdaient dans leurs propres nuances de vert sombre. Il égara son attention dans ce qui ressemblait de plus en plus, à mesure qu'il cherchait, à un nuage vert. Il secoua la tête et la forêt reprit son aspect. Il ne fallait donc pas regarder les végétaux trop longtemps, sous peine de ne plus les voir du tout. Il cessa de les regarder et tendit l'oreille.

    Pour ne pas se faire avoir à nouveau par les feuillages, il se tourna vers la jeune femme qui n'était pas Mati. Et la question qu'elle lui posa était essentielle. Il ne savait pas pourquoi elle l'était, mais elle lui semblait plus "réelle" que tout ce qu'ils avaient pu dire jusqu'ici. Comme si leurs paroles étaient retranscrites dans un livre et que cette question était surlignée. Non. Comme si leurs paroles n'avaient été que des mots et que cette question était un souvenir sorti tout droit d'une pensine...

    Si elle ne vient pas?
    répéta-t-il, perplexe.

    En écho à ses paroles, le feuillage bruissa à nouveau. Cette fois-ci, la genette en sortait. Bondissant jusqu'au sable, elle ouvrait la voie à une fillette âgée d'environ dix ans. Son visage ovale et ses grands yeux noirs reflétaient ses propres traits. Ses cheveux, en revanche, étaient tressés comme ceux de Seyna. Elle fit un pas en dehors des feuilles puis devint translucide.

    Mati?

    Il voyait la forêt à travers elle. Lorsque son pied toucha le sable, elle n'était plus qu'un reflet sur du verre invisible. Et un pas supplémentaire la fit disparaître complètement.
    Elle était là!
    Les yeux écarquillés et le front plissé, il prit la jeune femme à témoin.
    Vous l'avez vue?

    Sa voix avait vieilli. Lorsqu'il montra l'endroit où Mati avait disparu, il vit que la peau de sa main aussi avait vieilli. Il baissa les yeux en direction de son torse. Une cicatrice rose en forme d'explosion le recouvrait.

    Oh non, gémit-il. Rien n'a changé...
    Re: Mati
    Mer 10 Juin - 17:10
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    « Peut-être que quelqu'un vous attend, dans ce cas ? »

    Le son qui provient des bois souffle sur l'ébauche de ses pensées, les mots se dissolvent, et de cette hypothèse il ne reste qu’une abstraite sensation d’absurdité.
    Comme si qui que ce soit pouvait avoir besoin d’elle.
    Son attention détournée, ses yeux se décrochent aussitôt de la mâchoire de l’homme pour se porter au delà de son être. Son propre corps s’est tendu dans un réflexe qu’elle ne se souvient pas d’avoir acquis, sa main refermée sur du vide est orpheline de sa baguette tandis que ses yeux fouillent chaque brin de feuille à la recherche d’elle ne sait quoi.
    Et elle ne trouve rien.
    La forêt s’étend derrière eux jusqu’à un horizon abyssal de nuances de vert et de brun qui frémit à chaque courant d’air, hypnotisant. Et plus elle observe, moins elle cherche. Les couleurs se diluent les unes dans les autres, les détails s’estompent, elle a l’impression d’observer un tableau remonter le temps.

    Des mots la tirent de sa sensation, un nouveau réflexe lui fait tourner la tête, couper le contact. Le monde redevient tangent, fait de formes solides, de perspectives et de détails. L’homme est réel lui aussi, avec son immense cicatrice qui lui explose le torse, faite d’un brun pâle qu’un relief inaltérable dessinera à jamais. Elle craint que les couleurs lui jouent un tour, alors elle cligne des yeux, comme pour chasser les étoiles d’un vertige aveuglant, mais rien ne change.
    Il a l’air moins différent désormais, avec ses éclats gris disséminés dans la barbe et ses esquisses de rides autoritaires. Elle ne les avait jamais remarqué jusqu’alors, et plus elle les regarde, moins elle les voit. L’effet d’optique est troublant.

    Bruissement. Genette. Enfant.
    Les traits de la gamine se dévoilent à mesure qu’elle s’approche, dans une transparence qui la dissout à son tour. La fillette s’évapore, en un clin d’oeil c’est son existence toute entière qui est remise en question. Comment ne peut-on pas survivre à la lumière du soleil ?

    La détresse de l’homme l’atteint en pleine poitrine. L’émotion se diffuse, comme un poison dans ses veines, tétanisant de douleur, ça lui broie la gorge, brise sa voix, lui coupe le souffle. Ça dure une seconde, fourbe et imprévisible seconde où son corps tout entier s’imprègne d’une émotion qui n’est pas la sienne, jusqu’à ce qu’elle se souvienne comment s’en débarrasser.
    La peine disparaît, la sienne qui n’est pas la sienne, mais elle est toujours là, prégnante, nul part et partout à la fois.
    Retrouver Mati s’impose comme une nécessité.

    Elle fait un pas. Le sable sous ses pieds nus est chaud et humide. La frontière avec les feuilles s’estompe, l’effet de la lumière sur la poussière qui filtre de la frondaison diverge. Elle se fait la réflexion que le sable n’est peut-être qu’un prisme, qu’il dévie les souvenirs comme la lumière. Curieuse métaphore d’un temps qui s'égrène, inexorable, en déformant les réminiscences les plus précieuses.

    Elle se tourne vers l’homme, la version âgée.  

    « Venez, elle ne reviendra pas ici. »

    Elle n’attend pas de réponses. Il faut se dépêcher, cette idée aussi s’impose.
    Elle s’enfonce dans la sylve, dans les nuances de vert et de brun qui se confondent en une aquarelle qu’on aurait noyée. Les couleurs se changent, les fragrances elles-même se métamorphosent.

    Nouvelle peinture.

    Re: Mati
    Sam 13 Juin - 14:16
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    Elle ne reviendra pas ici...
    Sur ces mots cruels, la femme s'enfonçait dans la forêt. Il la suivit, oubliant la peur que lui inspirait cette étendue verte compacte. Et s'il se perdait là dedans? Et si les feuillages l'étouffaient, ou se changeaient en marée de serpents? Et s'ils empêchaient la genette de le retrouver?

    Il s'élance à la suite de la jeune femme, et inspira une bouffée d'air empli de chlorophylle. Etait-ce seulement de la chlorophylle qui donnait à l'air des forêts cette odeur si caractéristique? En tout cas, c'était ce qu'elle lui évoquait: une brume tiède dans laquelle on aurait dissout des plantes tropicales. Tandis que le parfum de la forêt effaçait dans son esprit celui de la plage, il se remémora rapidement les noms des végétaux qu'il lui évoquaient. Broméliades, hévéa, cacao, passiflore,...

    Mati n'existe pas, j'en ai bien peur, lâcha-t-il, défait.

    La tête basse, il avançait à quelques pas derrière celle qui le guidait à présent. Il jeta un rapide coup d'oeil à son torse. Non seulement la cicatrice avait réapparu, mais elle était fraîche. La peau n'avait pas encore perdu sa rigidité, ni cette sensation de tiraillement. Comme si sa propre peau était un costume trop petit pour son squelette.La jeune femme se hâte. Il fait de même, sans conviction. Ses jambes ne voulaient pas le porter. Plus il se fatiguait, moins il parvenait à se dépêcher comme il le voulait.

    Je n'arrive pas à suivre!

    Il n'avait pas rattrapé la genette. Il avait laissé filer Mati. Maintenant, cette mystérieuse personne allait partir elle aussi. Il serait à nouveau seul. Comment pourrait-il se sortir de là? Il songea à laisser des traces de son passages sur les troncs des arbres, pour guider un éventuel et improbable explorateur jusqu'à lui. Il pensa à grimper à un arbre pour mieux voir où il se trouvait. Mais même avec un équipement d'alpiniste, il doutait d'y parvenir. L'escalade n'avait jamais été son fort. Il continua sa marche difficile. Pour l'instant, sa guide restait dans son champ de vision. Mais pour combien de temps?

    Son pied se retrouva du mauvais côté d'une racine qui traversait un tapis de buissons feuillus, et il perdit l'équilibre. Sa chute fut amortie par le matelas de feuillage. Il se débattit, désorienté par toute cette verdure. Lorsqu'il parvint enfin à s'asseoir, il sentit la peau de son torse doucement se déchirer. Sa cicatrice se rouvrait sur quelques millimètres, une simple égratignure. Mais c'est toute la surface du motif en étoile qui semblait aussi fragile qu'une bulle de savon...
    Re: Mati
    Mer 24 Juin - 12:29
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    « Mati n'existe pas, j'en ai bien peur.»

    Idée absurde.

    « On vient de la voir. »

    Alors bien sûr que si, elle existe. Sous une forme ou une autre, intangible, spectrale ou projetée, qu'importe. Elle était là. Et de fait, elle le sera encore, s'ils arrivent tous deux à la rejoindre.

    Elle presse le pas, obstinée. Sous ses pieds, la végétation écrasée bruisse une plainte qui se confond dans le chant de la canopée. La mélopée s'élève et résonne jusque la cime qui bruit à chaque expiration. La forêt semble vivante, son coeur parait se contracter et se dilater au rythme de sa respiration. Ses racines se joignent puis s'éloignent comme des vaisseaux qui se gonflent et, d'une seconde à une autre, le chemin devient alternativement praticable ou sauvage.
    Elle n'a aucune idée de la direction qu'elle prend. Le soleil a cessé de lui indiquer le nord, et elle serait bien incapable de remonter jusque la plage. Ses pieds pourtant semblent savoir ce qu'ils font, ils bifurquent sans qu'elle n'ai commandé le moindre changement de direction. À moins que son inconscient ai pris le relais, et qu'il sache intuitivement quel signe interpréter pour les guider au mieux.

    « Je n'arrive pas à suivre ! »

    Ce n'est pas le moment !
    Elle ralentit le pas le temps de lui adresser un rapide regard en biais. D'un coup d'oeil, elle jauge la distance qui les sépare et le temps qu'il mettra à la rattraper. Ça lui semble trop long, ça se répercutera sur une partie du chemin à parcourir.

    « On va la perdre ! »

    Pressée par le sentiment que la moindre pause influencera drastiquement leurs probabilités de retrouver la gamine, elle maintient le rythme. Mais le temps file, et le bruit soudain de la chute du retardataire la pousse à faire volte-face de nouveau.
    La végétation brouille sa vue. L'aquarelle se noie de nouveau, les feuilles pleurent leur chlorophylle, l'homme familier a disparu de son champ de vision. Cette fois-ci, la sorcière sans baguette rebrousse chemin, d'un pas rapide elle remonte ses propres pas jusqu'à apercevoir un pied, une jambe, un buste se dessiner dans les racines que la végétation masquait.

    « Vous n'êtes pas blessé ? »

    Ce n'est pas avec une cheville tordue qu'ils rattraperont Mati.
    Elle tend une main bienfaitrice pour l'aider à se relever sans remarquer la minuscule égratignure qui griffe la cicatrice du sénégalais. Elle se confond avec les autres, gagnées durant sa chute.

    Le temps qu'il se redresse, elle se convainc que leurs chances frôle zéro. Il ne manquerait plus que la nuit tombe.
    Changement de stratégie.

    « N'y a-t-il pas un endroit où elle pourrait être ? Vous semblez la connaître, peut-être est-elle liée à un lieu particulier ? »

    Une sorte de point d'encrage peut-être ? Ca justifierait que ce qu'elle prend pour une simple projection ai disparu après quelques pas, dépassant ainsi une frontière invisible ?

    Re: Mati
    Dim 28 Juin - 0:07
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    S'il avait été éveillé, il aurait cru à un bouleversement du temps et de l'espace. Car sa vieille blessure avait disparu, puis était réapparue, et se rouvrait à présent. Il avait vu Mati qui n'avait jamais existé, excepté dans un de ces univers parallèles où les choses se passaient autrement. Et il se retrouvait étouffé par une jungle alors qu'il était au bord de la mer à peine quelques instants plus tôt. Mais les rêves donnaient une suspension d'incroyance aussi puissante que le plus efficace des lavages de cerveau. Il se contenta donc de répondre aux questions de celle qui l'accompagnait, comme si tout ce qui se passait était normal, puisque rien ne déclenchait aucune de ses alarmes cognitives.

    Ma cicatrice risque de se rouvrir. C'est une vieille blessure qui a failli me tuer. Mais seule la peau semble fragilisée.

    Ce qu'il ajouta n'avait aucun sens, mais il l'affirma pourtant comme une évidence.

    C'est mon corps qui essaie de remonter le temps.

    Il se releva, avec précaution. Il calibra chacun de ses mouvements pour exercer aussi peu de traction sur le tissu cicatriciel de son torse et de son dos. Il sentit qu'un filet de sang coulait le long de son échine. Et sur l'autre face, il pouvait constater une déchirure superficielle, d'un centimètre. Il ne pouvait le vérifier, mais il savait que les deux coupures étaient au même endroit, comme si quelque chose l'avait à nouveau transpercé.

    Pendant ce temps, la jeune femme cherchait Mati. Il ne l'avait pas vue, il ne la voyait plus. Quant à elle, avait-elle pu l'apercevoir? Il pouvait peut-être encore tout arranger. Il pouvait peut-être retrouver sa femme, sa fille, vivre la vie de famille qu'il avait toujours voulu vivre. Il pouvait peut-être vivre la vie que les partisans du mage noir lui avait interdite.

    Il pressa la coupure sur son torse en y appliquant son pouce. Comprimer une plaie permettait d'arrêter les saignements. C'était quelque chose que même les moldus savaient.

    Mati est ma fille, expliqua-t-il. J'avais toujours voulu avoir une fille, pour qu'elle soit comme sa mère: intrépide et combattante. J'avais peur qu'un fils veuille trop me ressembler. Notre monde n'a pas besoin de davantage de gens derrière les bureaux, mais de plus de personnes devant les lignes de front.

    Encore une fois, la suspension d'incroyance propre aux rêves l'empêcha de réaliser la bizarrerie de ce qu'il expliqua ensuite.

    Ma femme et moi n'avons jamais réussi à avoir d'enfant. Alors j'ai imaginé la fille que je voulais, faute de pouvoir faire sa connaissance. Vous imaginez donc ma surprise quand la genette m'a conduit à elle! Je me suis dit que peut-être tout s'était passé autrement que dans mes souvenirs. J'ai cru que Mati existait et que je n'avais jamais été blessé. Mais...

    Il regarda tristement son torse, dont la cicatrice en étoile avait pris la couleur rose sombre de la peau meurtrie fraîchement réparée. Et la fin de son explication resta en suspens.
    Je ne sais pas où la trouver. Excepté peut-être à la maison? Mais comment y retourner?
    Pour qu'il retrouve sa maison, il lui fallait sortir de cette jungle. Et pour en sortir, il fallait trouver un point de repère dans cet enfer tropical...
    Re: Mati
    Dim 28 Juin - 12:03
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    Une vieille blessure ? La chair encore rosée d'une cicatrice récente semble indiquer tout l'inverse. Sa fragilité même pourrait signifier que le tissu vient à peine de se refermer, qu'il est encore sensible à tout geste brusque, au moindre choc, ça expliquerait d'ailleurs qu'il se rouvre alors. Son corps qui remonte le temps ? Les rides qui se sont incrustées dans son épiderme, et les poils blancs qui parsèment désormais sa barbe l'ont plutôt encombré d'années supplémentaires. 
    Le temps, s'il agit, semble aller et venir comme il lui sied manipulant l'homme comme un artiste choisirait de malmener sa création. Le temps, cependant, ne parait pas avoir la moindre prise sur elle, qui se tient toujours là, inaltérée. 

    L'absurdité de cette constation ne la fait même pas tiquer. Il s'agit d'une curiosité qui lui traverse l'esprit, qu'elle tourne et retourne brièvement dans sa tête pour y chercher une logique qui n'aurait, à terme, pas plus de sens, sans d'ailleurs en trouver aucune. les confessions de l'homme - qui n'est qu'homme à l'instant, et rien de plus, de moins, de variable, qui est d'une constance relative qui, oui, lui semble incohérente. Aussi incohérente que la disparition de sa baguette - ses confessions ne l'étonnent pas davantage. Il semblerait qu'elle ai ce visage qui pousse aux confidences, des oreilles, grandes oreilles, qui savent écouter, et une langue qui, à défaut de dispenser les bons mots, sache les taire. Tout ça est devenu habituel. 

    Mati n'existe pas ? 
    Encore une fois, son esprit réfute cette possibilité, et ce en dépit des explications contées par le blessé. Si l'enfant n'est jamais venue au monde, son essence subsiste, née de projets mêlés d'espoir, d'un amour certain dessiné dans une douleur qu'elle se permet de deviner dans les entrelacs de rides et de cicatrices qui racontent les instants volés de cet homme abandonné. Sa solitude la frappe soudain quand elle le regarde, perdu dans une forêt qu'il doit pourtant connaître bien plus qu'elle, alors qu'il avoue ne pas avoir la moindre idée de comment rentrer chez lui. de le vouloir ne parait pas être suffisant, alors peut-être que, au détour d'un arbre, sa demeure se dévoilera ?
    Non, ce serait un coup à se perdre. Elle n'a aucune envie d'être avalée par une peinture, et de toutes façons, il n'y a que les représentations des morts qui peuvent voyager de portraits en portraits pour se déplacer. Elle n'est pas morte elle. Mais qu'en est-il de lui ? En avisant la large cicatrice qui avale le buste du sénégalais, les perles rouges qui pleurent sur ses phalanges, elle en vient à se demander comment il a pu survivre à cette blessure. Elle se trompe peut-être, est-elle devenue fantôme ? Les fantômes ont-ils soif ? 
    Là voilà qui divague. Bien sûr qu'il n'est pas mort, il ne peut donc pas voyager dans l'aquarelle.
    Autre stratégie. 

    « Comment êtes vous arrivé jusqu'ici ? La plage n'y mènerait pas ? Un portoloin peut-être ? »

    Ce serait bien ça, un portoloin. Mieux encore ! Transplaner. Elle se sent idiote de ne pas y avoir pensé plus tôt. 

    « Ne vous suffirait-il pas d'y penser ? Transplaner ? »

    Re: Mati
    Jeu 2 Juil - 13:41
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    Transplaner! Comment n'y avait-il pas pensé? Il n'avait pas à rester coincé dans cette jungle vide de toute présence humaine, sans genette et surtout sans Mati. Il n'avait qu'à sortir de là, tout simplement.

    Oui, bien évidemment. C'est ce que je vais faire. Transplaner jusque chez moi

    Il se concentra et quitta la forêt tropicale. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était dans une pièce aménagée en bureau-bibliothèque. Suspendues aux murs étaient des cartes du monde et des photographies encadrées. La mère de Mati les avait prises elle-même à chacun de ses reportages. Elle avait refusé qu'il les affiche dans des pièces susceptibles de recevoir des visiteurs, de peur d'agacer des personnes suffisamment haut placées pour lui mettre des bâtons dans les roues. Il les avaient donc exposées dans ce lieu privé. Tandis qu'il retrouvait tout ce qui faisait que ce lieu lui était familier, la couleur vert sombre de la tapisserie, le parquet que ne recouvraient pas les immondes tapis que leurs deux familles leur avaient offert, le bazar sur le bureau qui contrastait avec l'ordre méticuleux de la bibliothèque, il commença à respirer à nouveau. Il ferma les yeux et inhala l'odeur de parchemins et d'encre qui avait imprégné la pièce. 

    En silence, il avança vers le bureau. Il avait posé une photo de Mati, protégée par un petit cadre en bois. Il ne pouvait en être autrement. Quel père digne de ce nom ne gardait pas de photographies de sa famille sur son lieu de travail? Une idée traversa son esprit à la manière d'une flèche passant à travers une cible: était-il réellement un père digne de ce nom? Ce qu'il savait de la paternité, il l'avait appris de son propre père. S'il se basait sur cet exemple, alors être un bon père n'était pas très différent d'être un bon diplomate. Il suffisait d'être bon dans son travail et de faire en sorte que sa famille ne manque de rien, et laisser son épouse, son personnel et les elfes s'occuper du reste. Mais cet exemple, Soumaworo le rejetait. Il voulait être un peu plus comme le père d'un de ses amis à Uagadou, celui qui l'aidait dans ses devoirs de magie et lui apprenait toutes sortes de choses inutiles mais amusantes, comme cette série de blagues idiotes sur les éléphants.

    Il passa derrière le bureau et trouva un cadre avec une photo à demi effacée d'une petite fille qu'il reconnut tout de suite.
    Je l'ai trouvée!
    Son coeur battait à tout rompre. Il n'avait pas regardé si la mystérieuse femme qui portait encore sa chemise l'avait suivi jusqu'à sa maison, mais il s'adressait à elle tout de même, sans lever les yeux de la photo:
    Elle existe! Le reste n'était peut-être pas réel après tout
    Mais la photo continuait de s'effacer, à la vitesse d'une plante qui pousse...
    Re: Mati
    Mar 14 Juil - 16:06
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    « Oui, bien évidemment. C'est ce que je vais faire. Transplaner jusque chez moi. »

    Je. 

    Pourquoi ça ne la surprend pas ?

    L'homme ferme les yeux. Cendre a aussitôt la certitude qu'il s'apprête à transplaner sans faire le moindre cas d'elle. Qu'il va la laisser ici, toute seule, au milieu d'une forêt inconnue, et sans sa baguette.
    L'idée ne l'étonne ni la révulse même pas. Tous ceux qui ont un jour marché à ses côtés ont fini par la dépasser et ne plus se retourner. 
    Elle ne pense pas à lui saisir le bras pour disparaître avec lui, ni à le retenir d'un mot. Elle serait restée là plutôt que chercher à imposer son existence. Pourtant, l'instant suivant et sans qu'elle n'ai entreprit quoi que ce soit, elle a quitté les bois, et est toujours auprès de lui. Ni lui ni elle n'ont disparu pourtant, c'est le monde qui s'est métamorphosé en un clignement de paupières. 

    Le nouveau monde est cloisonné. Ici, il n'y a plus un brin d'air pour faire chanter les feuilles, et moins d'humidité. 
    Le bureau est la première chose qu'elle aperçoit. Le désordre qui y règne est dessiné par les rayons de soleil qui filtrent des fenêtres fermées, lorsque les rideaux ne les éclipsent pas tout à fait. Le sol et le mur opposé - la bibliothèque qui s'y adosse - sont striés d'éclats de lumière, certaines reliures semblent ainsi désignées par l'astre qui, d'ici quelques instants, aura porté son dévolu sur d'autres. Le contraste qu'offre le bureau et le reste de la pièce la saisit d'une familiarité déconcertante. Chez elle aussi pouvait régner cette même dualité, mais à l'inverse : sa mère refusait que quiconque approche de son office, elle même ne passait jamais la porte pas plus que l'elfe de maison qui nettoyait le reste du logement, la pièce était toujours désordonnée, mais le bureau sur lequel elle travaillait était toujours immaculé. Si ménage il devait y avoir, sa génitrice s'en chargeait elle même. Au contraire de sa famille toutefois, jamais personne n'approchait à moitié vêtu. Second contraste percutant. L'homme aurait pu sembler décalé, pourtant Cendre a la certitude que la place de ce dernier est - était ? - derrière ce bureau. 

    « Je l'ai trouvée ! »

    Trouvée ?

    Cendre cherche dans la pièce, le temps d'un bref coup d'oeil panoramique, la silhouette de la gamine aperçue plus tôt. Elle ne voit rien de plus que ce qu'elle a déjà aperçu. Les bibliothèques saturées jusqu'au plafond d'ouvrages tous plus épais les uns que les autres, des tapis d'un goût particulier -enfin, c'est une autre culture, difficile d'avoir un avis objectif - et les tableaux qui sont suspendus aux murs. Elle pense un instant que la fillette est peut-être masquée par le bureau, jusqu'à ce qu'il prenne la photo, et qu'elle la voit s'estomper sous ses yeux. Existe-t-elle ? Au sens dont l'entend le sénégalais, ou bien n'existe-t-elle pas ? 

    « N'est-elle pas en train de cesser d'exister ?  »

    Sa théorie est peut-être absurde. Mais une projection qui s'estompe, des photographies qui se figent et s'effacent, une peinture qui se dilue. Quel signe faudrait-il de plus ? Que le bâtiment dans lequel ils se trouvent désormais tombe en ruine ?
    Prise d'un doute, la sorcière fait quelques pas jusque la plus grande fenêtre, celle qui dessine des ombres et des lumières sur le bureau. Ses phalanges se referment sur le pan du rideau, qu'elle écarte légèrement pour observer l'extérieur. 

    Re: Mati
    Mar 14 Juil - 18:31
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    Il rêvait encore, et pourtant la partie de son esprit qui avait attrapé cette phrase au vol se croyait toujours dans la réalité. La suspension d'incroyance des songes semblait révolue. Les gens ne cessaient pas d'exister, simplement, comme l'on cesse de fumer ou de parler. La photo qui s'estompait devait être le signe d'autre chose.

    Il baissa les yeux sur sa cicatrice, qu'il ne sentait plus. Elle était désormais telle qu'il la connaissait depuis son arrivée au Domaine: de la peau rose sombre en forme d'impact d'explosion, sans inflammation et sans aucune fragilité. Elle ne saignait plus, et ne lui donnait plus l'impression d'être à quelques secondes de se déchirer. Au contraire, il s'agissait désormais d'une plaque protectrice à l'aspect rigide et épais, une armure qui serait dérisoire s'il devait à nouveau subir ce qui avait failli le tuer, mais une armure tout de même. La vue de la cicatrice lui rappela l'impact, la sensation de tous ses os se fracturant en même temps. Avant cela, il y avait eu la fuite. La cavale, longue et chaotique, à travers les villes, la brousse, les plages comme celle où la genette l'avait perdu. Et encore avant, il y avait eu sa disparition. Pas celle de Mati, mais celle de sa mère. Celle qui lui avait ouvert les yeux, celle qui avait fait de lui celui qu'il avait fini par devenir.

    Deux réalités s'affrontent, réfléchit-il tout haut. Une réalité dans laquelle Mati existe, et une dans laquelle elle n'existe pas.
    Il se tourna vers la jeune femme qui l'avait suivi, et pointa du doigt sa cicatrice.
    Dans une des réalités, j'ai cette blessure. Dans l'autre, je ne l'ai pas. Quant à vous, vous n'êtes peut être pas affectée par tout ça. Je ne vous ai pas vue changer.

    Il plissa les yeux, pensant pouvoir enfermer aux oubliettes une larme qui coula sur sa joue. Il s'effondra sur la chaise de son bureau. Alors qu'il jetait un regard distrait à la fenêtre, son esprit décida de jouer au sadique et de ressasser les pensées qui lui faisaient mal. Il n'y avait pas de Mati. Pas de Mati, parce que plus de Seyna? Non, pas de Mati parce que Seyna n'en avait pas voulu. Il n'avait jamais voulu l'admettre, mais leur mariage avait été asymétrique, aussi déséquilibré que la justice de Nzinga. Son rêve de vie tranquille, de vie de famille avec des enfants à qui transmettre son héritage, Seyna ne l'avait jamais partagé. Elle avait tout fait pour que Mati n'existe pas. Et grâce à cela, elle avait pu parcourir le monde à la recherche de tout ce que le monde avait de plus laid, de tout ce que les puissants voulaient que leurs sujets continuent d'ignorer, et elle l'avait exposé dans ses articles, dans ses écrits et ses photos. Elle avait fini par en mourir. Bien des années plus tard, c'était à son tour à lui d'y passer.

    Si Mati avait existé, serait-il encore dans son bureau, à chercher comment exploiter des accords diplomatiques et à étudier toutes sortes de bizarreries magiques pendant son temps libre? Serait-il au service des sbires de Nzinga? Porterait-il la responsabilité de toutes ces morts, de toutes ces tortures? Ou serait-il mort avec sa femme et sa fille pour avoir gêné les ambitions des dirigeants?

    Rien de tout cela n'a de sens, gémit-il, la tête renversée en arrière et les mains agrippant ses cheveux.

    Et pourtant tout avait du sens, s'il acceptait de faire face aux idées qui lui faisaient du mal. Celles qu'il gardait enfouies dans des endroits de son esprit où même ses rêves ne se rendaient pas. Celles qui choisissaient pourtant ses rêves pour revenir le tourmenter. Il n'y était pas prêt. Alors il se redressa et se tourna vers la jeune femme qui l'avait suivi dans tout ce périple. Il réalisa qu'il la connaissait. Elle faisait partie de la réalité dans laquelle il était seul et blessé.

    Vous êtes...
    Il claqua des doigts, cherchant à se souvenir de son nom.
    ...je vous connais. Du Domaine. La mauvaise réalité. C'est bien ça?
    Re: Mati
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