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Franchir les murs [Comète]
Dim 11 Aoû - 20:01
Odysseus
Odysseus
217
Franchir les murs [Comète] X5ed
43 ans
Baguette, artefacts et enchantements
Sang mêlé
Nirimage
Elemagie (Air)
Instructeur
https://rementor.forumactif.com/t109-odysseus-instructeurhttps://rementor.forumactif.com/t136-dans-la-pensine-d-odysseus
La mer se retirait. Sous un ciel enfin d’encre doté d’une lune en quartier dont le lapin était caché. Cela avait pris du temps. Lorsque j’étais arrivé, c’était la tempête. Des trombes d’eau reliaient ciel et eau, s’écrasant sur terre, vomissant des horreurs avec des râles de douleur mêlés de pleurs d’enfants. Au cœur des tourmentes, d’autres angoisses, croquemitaines, monstres, malheurs. On pouvait parler dans ce rêve, on pouvait bouger. Mais personne ne nous voyait. Personne ne nous entendait. Nous étions seuls dans la multitude. Moi et l’Autre, que je ne voyais pas. C’était son rêve, il le vivait. Je l’observais. Femme, homme, enfant, vieillard, adolescents, je n’avais aucune idée de l’âge de cet inconnu dont, pourtant, je calmais les cauchemars depuis trois nuits maintenant. Une chose était sûre, il combattait quelque chose, des ténèbres dont il avait peur et qu’il pensait invincible. Malheureusement, tant que cette crainte-là ne serait apaisée, il me serait impossible de voir plus loin. Je sentais de la culpabilité aussi, et une envie d’être reconnue que l’on  voyait en sous trame. A présent, l’eau se teintait d’argent. J’avais envoyé un air de flûte dans la brise chatoyante. Elle se retourna et la reconnu. Mon cœur manqua un battement. Avant de comprendre ce qu’il se passait, j’étais sorti.

Les portes se dressaient autour de moi. Toutes fermées. Et pourtant j’étais encore sous le choc de son regard, de son sourire. Le monde des songes n’est jamais ce qu’il semble être. Il n’y avait aucune chance pour que l’inconnu aux cauchemars soit ma femme décédée, je le savais. Ce n’était que le signe que je m’étais trop impliqué dans la modification de la trame du rêve. A vouloir en modifier le dessin, j’y avais imprimé mon propre souvenir. Toujours aussi douloureux malgré les mois qui passaient inlassablement, il  ne faisait que réveiller en moi les démons que je rêvais de tuer.

Soudain, une autre impression me coupa dans mes réflexions. Je n’étais pas seul. Dans ce couloir aux milles portes, je sentais la présence d’un autre chevaucheur de rêves. Au Domaine, ce n’était pas surprenant, je n’étais pas exceptionnel parmi l’élite de deux générations mais cela restait assez rare pour me surprendre. J’attendis. Je n’avais plus rien de spécial à faire de ma nuit, nul nouvel esprit à sonder et vérifier, plus de cauchemars à apaiser. Quel réconfort pouvais-je bien apporter à qui que ce soit, moi qui n’avait jamais vécu de près l’horreur des combats ? Moi qui n’arrivait pas à surpasser ce qui, au fond, n’était que la conclusion normale d’une vie ? De trois ? Je me concentrais sur mon image personnelle. Un homme droit et calme, grand et fin malgré des muscles sculptés par la forge et les artisanats qui occupaient mes journées. Je m’imaginais une robe de sorcier mauve foncée, pas de couvre-chef, des cheveux noirs, des yeux verts, une barbe de trois jours aux reflets bruns. Je me ressemblais sans me ressembler, comme il est commun dans les songes. Un enrôlé – me voyant tous les jours – me reconnaîtrait sans peine. Un inconnu ne pourrait pas me décrire. Je n’étais pas assez idiot pour penser que les chevaucheurs n’étaient que dans notre camp. Et pourtant, j’étais sans baguette, même métaphorique. En songe ou en réalité, j’avais pour la violence et la destruction le même dégoût, la même haine.

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