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Les mains vides
Dim 2 Juin - 21:57
Muguet
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Les mains vides Patron10
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25/05/2019En provenance de la Cour.

Passer la porte changeait l’ambiance ; la lumière s’atténuait, de même que les bruits de l’extérieur, remplacés par une multitude de sons plus feutrés ponctués, de temps en temps, par des échos plus inattendus. L’état d’esprit de Muguet, en revanche, n’avait pas évolué d’un iota maintenant qu’il suivait l’elfe en intérieur plutôt que dans la cour. Il s’efforçait tout à la fois de surveiller les alentours, d’envisager ce qu’il allait dire et de chasser de ses pensées les échos de Sa voix. Rien de tout cela n’était évident et, s’il avait été sous forme féline, nul doute que ses oreilles et ses moustaches se seraient agitées en tout sens, trahissant ses émotions plus sûrement que son visage humain. C’était une des choses qu’il n’avait pas perdu pendant sa captivité : sa capacité à masquer ses sentiments, au moins physiquement. Le problème, c’était qu’ils ne s’étaient pas contentés du physique… et qu’il était très mauvais pour se protéger mentalement.

Sur le qui-vive, il suivit néanmoins l’elfe au gré de ses tours et ses détours, à peu près certain que le but n’était pas de lui faire visiter le château mais plutôt de l’égarer. Et ça fonctionnait. En félin, il aurait peut-être été capable de retrouver le chemin à l’odorat, mais en humain c’était mission impossible. Son guide finit toutefois par s’arrêter devant une porte, toujours sans un mot. Muguet en déduisit toutefois que c’était là qu’il devait s’adresser et s’approcha donc pour frapper deux coups sur le battant de bois. Deux coups suffisamment forts pour être entendus sans peine de l’autre côté, mais pas trop de façon à ne pas ébranler la porte et à ne pas se montrer autoritaire. Comme lorsqu’il frappait à la porte de son père ou de son grand-père, il demandait audience, ce qui permettait à la personne de l’autre côté de ne pas répondre si elle n’en avait pas envie, voire de prétexter n’importe quelle occupation qui l’aurait empêchée d’entendre. Ça aussi, ça revenait vite.
Re: Les mains vides
Lun 3 Juin - 15:12
Mr Le Directeur
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
La paperasse était rangée, pour une fois. Le bureau, propre. Mr Le Directeur avait décidé de s'accorder une petite pause. Les instructeurs étaient tous là, les enrôlés arrivaient les uns après les autres et étaient le problème des instructeurs... Il y avait encore fort à faire, bien sûr, mais il n'y avait plus la moindre urgence. Une pause était donc aussi méritée que bienvenue.

Il s'étira un peu, faisant craquer ses os, et se rendit dans son petit bureau. Là, il scanna des yeux sa bibliothèque de loisirs, et après quelque hésitation, choisit un ouvrage de science-fiction moldu. Ce qu'il y avait de fascinant dans ces ouvrages, c'était la façon dont les moldus espéraient pouvoir reproduire la magie, sans même avoir conscience qu'elle existait, en utilisant la physique et les mathématiques. Ils n'entraient jamais dans les détails, bien sûr, parce que les auteurs ne comprenaient pas plus les concepts qu'ils exploitaient que la magie réelle, mais cela convenait parfaitement à Mr Le Directeur. Après, il n'était besoin ni d'une baguette ni d'élever la voix pour lancer un sort, et c'était à peu près toutes les explications nécessaires à faire comprendre qu'un sort avait bel et bien été lancé. Alors si le Transplanage était possible via un appareil spécial ou si la poudre de cheminette pouvait être remplacée par de l'électricité et une équation, qui était-il pour se plaindre ?
Il prenait même parfois inspiration dans ces ouvrages pour développer de nouveaux sorts.

Son livre en main, il avisa le bar. Smeagol était absent, sa présence n'ayant pas été requise. Pour lui aussi, c'était l'heure de la pause. Le Directeur posa l'ouvrage sur une petite table et se prépara son whisky lui-même. Il n'avait pas l'expertise de l'elfe, mais il savait au moins ce qu'il aimait.

Le verre prêt, il s'installa conformément dans son fauteuil. Il posa la boisson sur un dessous-de-verre aux armoiries de Salazar Serpentard, ouvrit le livre à la première page, posa les yeux sur le premier mot, et commença à lire. C'est uniquement à la troisième phrase qu'il entendu les deux coups sur la porte. Il pinça le nez. Évidemment, c'était le genre de truc qui ne ratait jamais. Ça, et le bain (même si le bain restait le moment de prédilection de Lancelot, allez savoir pourquoi). En se retenant de soupirer, il referma le livre et le reposa sur la petite table près de son fauteuil, tandis que la porte s'ouvrait d'elle-même.

Il se leva de son fauteuil et tourna le dos à son invité pour se diriger de nouveau vers le bar.

"Entrez donc, Jean-Galant, installez-vous et dîtes-moi tout. Qu'est-ce que vous buvez, et qu'est-ce qui vous tracasse ?"

Un deuxième fauteuil, dans le petit bureau, attendait Muguet.
Re: Les mains vides
Ven 7 Juin - 9:32
Muguet
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La porte s’ouvrit sans intervention extérieure apparente, ce qui n’avait rien d’étonnant. Que l’occupant de la pièce lui ait donné ordre de laisser passer le visiteur ou que le battant ait pris l’initiative parce que l’occupant était prêt, ça revenait au même. Muguet se contenta de répondre à l’invitation silencieuse en franchissant le seuil du bureau, avec une fugace impression de déjà-vu. Il n’avait jamais visité ce bureau ni rencontré son occupant, évidemment, mais il avait souvent toqué à la porte de Père – ou, auparavant, de Grand-père – sans vraiment savoir à quelle sauce il serait mangé derrière. Là, l’inconnu était encore plus grand puisqu’il ne savait même pas le nom ou le rang de son interlocuteur aussi Muguet adopta-t-il, sans même s’en rendre compte, la démarche souple et prudente de son félin en entrant dans la pièce.

« Bonjour Monsieur, » salua-t-il simplement.

Il ne broncha pas au nom que lui donnait l’homme. Il ne savait pas si c’était une façon de montrer qu’il ne se souciait pas de l’identité de ses subordonnés – Grand-père était comme ça – ou si ça signifiait autre chose, mais ça n’avait aucune importance pour ce qui l’amenait. Et les pseudonymes étaient de règle au Domaine, de toute façon. Malgré les protestations de son puma – il valait mieux rester debout pour pouvoir se défendre et fuir en cas de besoin – il s’assit dans le fauteuil qu’on lui indiquait. Parfois, les bonnes manières devaient primer sur la sécurité… sans toutefois baisser complètement sa garde.

« Un peu d’eau serait très bien, s’il vous plaît. »

Un nouveau compromis. Il avait envie de refuser, tout comme il avait refusé la pâte de fruit un peu plus tôt, mais ça ne se faisait pas. Et, s’il ne savait pas exactement qui était son hôte, il était évident qu’il s’agissait de quelqu’un de haut placé dans la hiérarchie du Domaine. Peut-être un Intendant, peut-être même Le Directeur que le Rêve avait mentionné et que le Règlement qualifiait de Maître de Maison. Dans tous les cas, quelqu’un de suffisamment important pour disposer d’un bureau personnel confortable et qualifié pour gérer son problème. Mieux valait se comporter correctement... même si Mère aurait sans doute argué qu’un verre d’eau n’était pas correct. Mais étant donné sa situation – et la méfiance du puma – l’eau restait le choix le plus sage. Ça ne coutait pas trop cher, ce ne serait pas un gros gâchis s’il ne la buvait pas et, surtout, ça ne masquait pas facilement le goût d’une quelconque potion. En tout cas, moins facilement qu’une autre boisson.

Muguet attendit que l’homme se tourne vers lui, voire s’asseye en face de lui, avant d’aborder ce qui l’amenait.

« On m’a remis une baguette à mon arrivée – et je vous en remercie – mais je n’ai aucun bagage et pas une Noise. J’aurais aimé savoir s’il était possible d’obtenir le nécessaire et ce que je pouvais faire ou offrir en échange. »

Il allait droit au but, son enfance lui ayant appris que les gens importants étaient souvent très occupés et n’avaient pas de temps à perdre. Mais il s’exprimait calmement, ni contrit, ni arrogant. Ce qui, il en avait bien conscience, ne changeait rien à sa demande. Il mendiait. S’il l’avait su, son grand-père en aurait sans doute fait une crise d’apoplexie – à condition d’avoir survécu à celle qui avait dû suivre le départ de son fils, sa bru et son petit-fils pour la Résistance, évidemment – mais Muguet ne partageait pas vraiment l’opinion de son aïeul sur la grandeur de leur sang si pur.
Re: Les mains vides
Mar 11 Juin - 19:39
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Muguet s'installa à reculons sur son fauteuil. Pas ce reculons auquel sont condamnés tous ceux qui n'ont pas appris à maîtriser la Manœuvre Riker, et qui doivent donc se placer devant un fauteuil et reculer pour s'installer dedans, mais bien ce reculons qui dénote une envie claire de faire n'importe quoi d'autre mêlée à la réalisation que faire n'importe quoi d'autre n'est pas, n'a jamais été une option. Mr Le Directeur n'avait pas encore interagi avec Muguet, aussi soupçonnait-il que cette réaction était primale plus qu'autre chose. Cela n'arrangeait pas ses affaires, il ne voudrait pas avoir à euthanasier un puma énervé par mégarde.

Il soupira intérieurement en entendant la commande. Il détestait les buveurs d'eau, parce que depuis le début du projet Rementor, ceux qui demandaient de l'eau demandaient aussi des faveurs absurdes, et s'imaginaient pouvoir garder tous leurs sens en éveil en évitant l'alcool. Ceux qui buvaient de l'alcool, par contre, venaient pour une discussion ou un débat franc, voire pour taper dans sa réserve. Il avait plus de respect pour ceux qui venaient taper dans sa réserve que pour ceux qui venaient demander quelque chose. Il n'avait donc, à ce moment précis, aucun respect pour Muguet.

Il lui donna néanmoins sa "boisson" avant de se rasseoir et de lever un sourcil inquisiteur, poussant Muguet à répondre à l'autre partie de la question qui lui avait été posée. Il hocha la tête avec un semblant de sympathie lorsque les remerciements pour la baguette furent mentionnés, et son regard s'assombrit aussitôt en entendant la suite. Il laissa Muguet finir - ce qui, fort heureusement, ne pris pas longtemps - puis, les narines grandes ouvertes de fureur, il but d'un coup sa boisson et fit un geste de la main, empêchant Muguet de bouger. Il se leva et se pencha sur son hôte avec une fureur non dissimulée.

" Vous voulez des Noises, Jean-Galant ? Des bagages ? Et pour quoi faire, je vous prie ? Pour nous quitter ? Est-ce là le plan ? Venir, regarder un peu partout, fouiner, puis plier bagage et utiliser vos NOISES " il cracha le mot, cracha littéralement à la figure de Muguet " pour vous acheter un ticket le plus loin possible et tout raconter aux Mages Noirs ? "

Ah, il cherchait des noises ? Il allait en trouver.

" Évidemment, c'est ma faute d'avoir fait confiance à un vil sang-pur, élevé dans les vieilles valeurs, de l'avoir amené chez moi ! Rementor est une force secrète et doit le rester, sombre crétin, et vous croyiez que vous pouviez juste venir me voir directement et me demander poum là comme ça si je pouvais pas vous aider à nous trahir ? À décarrer ? Ai-je l'air si stupide, ou bien est-ce vous qui n'avez pas l'effort d'un instant de réflexion avant de toquer à ma porte ? "

Il porta un coup de pied au centre du poitrail de Muguet, le faisant basculer en arrière avec son fauteuil. Il était toujours immobile.

" Sérieusement, je vous le demande : qu'est-ce que vous voulez faire avec des Noises ? Supposons un instant que le but ne soit pas de nous trahir : est-ce que quelqu'un a ouvert un marché dans la cour et oublié de me prévenir ? Est-ce que les Elfes monnayent leurs services ? Est-ce que Jean-Télémaque vous a fait crédit pour votre baguette ? Est-ce que vous voulez aller vous payer une Bierraubeur au village voisin lors de vos prochaines vacances ? "

Il donna un nouveau coup de pied dans le fauteuil, ce qui le fit se retourner.

" Répondez ! À quoi vous serviront vos putains de Noises de merde, sombre débile ?!? "
Re: Les mains vides
Mer 12 Juin - 12:21
Muguet
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Il paraissait qu’un simple battement d’aile de papillon pouvait parfois déclencher un ouragan. Muguet n’y croyait qu’à moitié – même si certaines petites actions qu’il avait pu mener avec la cellule de résistance avaient dû causer quelques désagréments au parti des Mages Noirs, du moins l’espérait-il – mais il allait devoir revoir son jugement. Il prit le verre que l’homme lui tendait avec un « Merci », sans pour autant y tremper ses lèvres, et attendit que son interlocuteur soit assis avant d’expliquer la raison de sa venue. Et là, même le puma méfiant ne s’attendait pas du tout à la réaction qui en découla.

Toujours sur ses gardes, Muguet sentit ses muscles se raidir et sa baguette glisser vers sa main lorsque l’homme fit disparaître d’un trait son breuvage, mais il n’eut pas le temps de réagir qu’il se trouvait immobilisé. Le puma siffla de rage dans son esprit – il savait qu’il n’aurait pas dû s’asseoir dans ce maudit fauteuil – et une pointe de panique fit son apparition entre deux pensées cohérentes. Il était coincé. Prisonnier. La panique s’accentua et ses pupilles se dilatèrent lorsque l’homme se pencha vers lui, agressif. Ses oreilles entendirent la série de questions furieuses sans queue ni tête, mais son esprit ne les analysa pas. Et s’il vit venir l’attaque, il bascula avec le fauteuil, incapable de bouger. Le choc du fauteuil – et du verre d’eau – contre le sol dut rompre le sortilège qui le maintenait enchaîné, et les réflexes acquis pendant un an de captivité sans baguette reprirent le dessus. Ce fut un puma furieux qui roula sur lui-même pour se redresser, l’antérieur droit posé sur sa baguette, et faire face à son agresseur.

Crocs dénudés, oreilles aplaties sur le crâne, Muguet banda ses muscles, prêt à se ramasser et à bondir à la gorge de l’homme qui se tenait devant lui et s’attaquait encore au fauteuil. La fraction de seconde nécessaire pour recalculer son saut maintenant que le meuble était revenu se mettre entre lui et sa cible permit à l’humain d’intégrer les paroles de l’homme et de réaliser qu’il l’accusait de vouloir trahir la Cause. Ils étaient donc du même côté.

La silhouette du puma se brouilla pour laisser place à l’humain, baguette à la main, tous les muscles bandés de l’effort qu’il faisait pour contrôler la rage et l’instinct de son félin.

« Mes Noises de merde, commença-t-il, la voix basse et grondante, tremblante sous l’effort de maîtrise de soi, si je les avais eues, m’auraient permis de dédommager le Domaine et les Elfes de maison pour tout ce que je n’ai pas pu amener avec moi. »

Il prit une grande inspiration pour conserver son calme apparent, alors qu’il n’avait qu’une envie, au fond, sauter à la gorge de l’autre. Il n’avait pas imprimé tous les mots prononcés mais quelques bribes avaient réussi à se frayer un chemin jusqu’à son esprit, à travers la panique et la rage. L’autre l’avait invité chez lui, c’était donc le Directeur. Ô joie. Et lui reprochait d’être un sang-pur et de vouloir trahir. C’était normal. Il était un sang-pur même s’il aurait donné n’importe quoi pour avoir un parent moldu quelque part dans son arbre généalogique. Et il avait déjà trahi. Il L’avait trahie, Elle, en manquant de la protéger. Il avait trahi la Résistance en se faisant capturer vivant, en échouant à protéger leurs secrets, en se laissant manipuler par les Mangemorts.

« J’ai prêté serment en arrivant et je le respecterai, » parvint-il tout de même à articuler.

Il avait mis son cœur et son âme au service de la Cause, même si les deux ne valaient pas grand-chose. Son cœur s’était brisé quand Elle avait explosé. Son âme était pleine de haine, de rage et de dégoût. Mais il tiendrait parole. Même si ses doigts restaient serrés sur sa baguette, le long de sa cuisse. Il ne se laisserait pas attaquer une nouvelle fois.
Re: Les mains vides
Ven 14 Juin - 15:11
Mr Le Directeur
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La silhouette de l'humain se floutait, non à cause de la rapidité des mouvements de ce dernier - qui était pourtant exemplaire, ce dernier ayant échappé à l'emprise du sort de Mr Le Directeur -, mais bien à cause d'une transformation non maîtrisée. Un travail d'animagie qui n'était ni fait ni à faire. L'humain se faisait contrôler par une autre volonté en-dedans de lui, l'animal voulant sortir malgré lui. Pour le moment, il avait plus de volonté que le félin - et c'était heureux, car Mr Le Directeur aurait été sans pitié -, mais pour combien de temps ? L'animal avait sa patte sur la baguette de son autre moitié, ce qui était étonnamment cocasse. Qu'espérait-il en faire sous cette forme ?

Finalement il se calma, et l'humain revint, au prix d'un effort semblait-il colossal. C'était minable. Il faudrait trouver quelqu'un pour enseigner à Muguet qu'on est pas son animagus, en aucune circonstance. Muguet, justement, prononça quelques mots, la voix basse et grondante, comme si c'était encore l'animal qui était là en train de grogner. Il était question de payer les Elfes de maison ou un truc du genre. Un rictus s'empara de la figure de Mr Le Directeur. Muguet pris une grande inspiration et mentionna le serment prêté, voulant insister sur sa volonté de le respecter. C'en était trop.

Mr Le Directeur éclata de rire. Un rire puissant, jovial, une réaction normal à la routine comique hilarante dont il venait d'être le témoin. Tout, dans la démarche de Muguet, dans sa façon d'être, de faire, de s'exprimer, dans ses motivations et ses excuses, était hilarant. Et peut-être était-ce dû à la tension qui allait de paire avec la gestion du Domaine, mais Mr Le Directeur n'avait pas rit depuis quelques temps, et maintenant ne se voyait pas s'arrêter. Après quelques moments, il dû s'attraper les côtes, ces dernières commençant à lui faire mal à cause de la façon dont il les malmenait. Il hoqueta, perdant sa respiration, ou la ratant, ou peu importe. Il finit par prendre une grande inspiration sifflante et se calmer. Il resta debout, tête penchée vers le sol, et pris deux autres grandes inspirations. Puis il releva la tête vers Muguet et son rire repris aussitôt tandis que les souvenirs les plus récents lui revenaient. Finalement, il se traina vers le bar et avala un grand verre d'eau avant de reprendre le contrôle de lui-même.

" Vous êtes hilarant, Jean-Galant. " Ça allait sans dire, il en était sûr, mais il fallait que ça sorte de son système. Comme on disait, ça allait mieux en le disant. " Et vous ne réalisez même pas à quel point, parce que vous êtes trop con pour ça. "

Il ramassa et redressa le fauteuil, ce dernier le mordant violemment au passage. Il laissa échapper un petit "tch" de douleur entre ses dents serrées, mais il l'avait cherché et de toutes façons ça l'aidait à se calmer.

" Allez, rasseyez-vous. Et rassurez-vous, vous n'êtes pas plus con qu'un autre. Jean-Télémaque a été le premier à faire l'exacte erreur que vous êtes en train de faire. Non pas de venir me voir-- " Il adressa un sourire carnassier à son invité; " -- mais bien de croire que vous devez quoi que ce soit à qui que ce soit ici. Croyez-vous vraiment que des gens qui mettent en place une telle structure, et dans un tel but, veuille de l'argent ? Je veux dire, ça fait tourner la machine, bien sûr, mais ce n'est pas ce que l'on demande à nos enrôlés ou nos instructeurs. "

Il se rassit dans son fauteuil et fit un geste de la main à Muguet pour l'inviter à faire de même.

" Allez-y, il ne mord pas. Enfin-- " Il se lécha la main. " Pas vous. Pour en revenir aux sorciers du coin, eux on leur demande de prêter serment et de nous confier leur vie pour une cause plus grande qu'eux, que le domaine, que la nourriture qu'ils mangent, pour les habits qu'ils portent et que quelques vulgaires noises. Vous serez logé, nourri, blanchi, instruit, mais vous ne serez pas payé. Personne, ici, n'est payé. Et si quelqu'un s'attend à l'être, il ou elle va avoir une très mauvaise surprise. "

Il se renfonça dans son fauteuil et pencha la tête sur le côté, pour s'assurer que Muguet intégrait bien tout ce qu'on lui disait.
Re: Les mains vides
Mer 19 Juin - 1:35
Muguet
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Il n’était peut-être plus en prison, il avait peut-être une baguette à la main et l’homme qui lui faisait face n’était peut-être pas un Mangemort, mais Muguet n’en restait pas moins sur la défensive. Son interlocuteur n’était soi-disant pas un partisan du Seigneur des Ténèbres mais il ne l’en avait pas moins immobilisé et attaqué sans raison, et sans lui donner une chance de se défendre ou de s’expliquer. Directeur ou pas, c’était un adversaire – un ennemi, même, d’après son félin qui, bien que sous contrôle, sifflait toujours de colère dans un coin de son esprit. Et même si Muguet était suffisamment réaliste pour se douter qu’il s’agissait d’un adversaire bien au-delà de ses capacités, puisqu’il avait réussi à jeter un sort sans verbe ni baguette, il était bien décidé à ne pas se laisser de nouveau surprendre. Il avait une baguette, il s’en servirait si l’autre…

… éclatait de rire ?!

Incrédule, il garda le silence et les doigts crispés sur sa baguette, sans qu’un seul de ses muscles ne se détende, tandis que le Directeur s’esclaffait. Était-ce une ruse ? Pour lui faire baisser sa garde ? Sauf qu’il se tordait vraiment de rire. Il se moquait de lui, réalisa soudain le félin, en se hérissant. Il le coinçait, l’attaquait, puis se moquait ! Le puma n’avait plus qu’une envie : bondir sur l’agresseur, l’ennemi, le moqueur. Mais il n’était pas en danger. Pas apparent, du moins. Et, de toute manière, il avait une baguette pour se défendre en tant qu’humain, à présent. Muguet se contenta donc de carrer les mâchoires, aussi raide et immobile qu’une statue pendant que le Directeur se servait un verre d’eau. Avant de l’insulter. De mieux en mieux.

Une bouffée de satisfaction fugace l’envahit lorsque l’homme se fit mordre par le fauteuil qu’il avait maltraité. Ce n’était que justice. Sa part féline aurait aimé en faire autant – voire plus – mais l’humain s’en contenterait. Néanmoins, si l’adrénaline qui refluait permettait à Muguet de retrouver son empire sur lui-même et de repousser son fauve intérieur dans les profondeurs de son esprit pour écouter ce que racontait le Directeur, il n’était pas du tout prêt à se rasseoir. Quoi qu’en dise l’autre, il n’avait pas fait qu’une seule erreur. Penser que son manque d’argent était important en était peut-être une, mais se laisser piéger dans le fauteuil en était une autre, sans compter le fait d’avoir franchi la porte de ce bureau. Et peut-être même la Porte du Domaine. Mais il était capable d’assumer ses erreurs, et d’autant plus si ça lui permettait d’atteindre l’objectif qu’il s’était fixé.

Et il était également capable de faire des efforts, même s’ils allaient à l’encontre de son instinct félin. Une fois que son interlocuteur eut réintégré son fauteuil et reprit la parole d’un ton calme et presque normal – si tant est qu’il soit capable d’être normal – Muguet tâcha donc de prendre sur lui pour répondre à l’invitation et retrouver son siège. Il n’était clairement pas plus enthousiaste que la première fois mais ce n’était pas à cause de la morsure. Ce n’était pas du meuble dont il se méfiait. Et, cette fois, sa baguette n’était pas cachée dans sa manche, elle était bien serrée entre ses doigts et posée sur sa cuisse. Il ne se laisserait pas de nouveau surprendre. Il n’avait pas la moindre confiance en son vis-à-vis, mais il avait suffisamment de manières pour rester poli et répondre puisqu’il semblait que c’était ce qu’on attendait de lui.

« Je n’ai jamais imaginé être payé, » émit-il simplement, en s’efforçant d’infuser bien plus de calme à sa voix que ce qu’il ressentait réellement.

La seule rétribution qu’il espérait était de pouvoir se battre à nouveau, plus efficacement qu’auparavant. Pour mettre un terme aux horreurs qui se tramaient dehors et surtout, surtout, pour venger Sa mort. L’argent ne lui servirait à rien pour ça.

« Je vous remercie de ces précisions, ajouta-t-il, prêt à se lever et à prendre congé. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. »
Re: Les mains vides
Mer 19 Juin - 13:13
Mr Le Directeur
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Mr Le Directeur hocha la tête, un rictus déformé s'affichant sur son visage tandis qu'il essayait de se retenir d'exploser à nouveau de rire. Muguet n'avait aucune idée de ce qu'il faisait là, pourquoi ou comment, et cette simple idée était hilarante pour le maître du Domaine de Rementor. Cependant, c'était là qu'il allait devoir mériter sa soupe, pour ainsi dire. Il fallait aiguiller ce jeune homme qui était dans l'erreur la plus complète et totale.
Il étendit une paume en avant, à la fois en symbole de paix et comme signe de ne pas bouger pour le moment à Muguet.

" Je vous en prie. Il me semble que des précisions sont effectivement plus que nécessaires. "

Il soupira et leva les yeux au plafond un instant, avant de les plonger droit dans ceux de Muguet. Son regard était rigide, presque froid, mais avec une expression qui se voulait chaleureuse sans toutefois parvenir exactement à la hauteur de ses ambitions.

" Vous n'avez jamais imaginé être payé, mais vous avez imaginé payer autrui. Et maintenant vous vous imaginez me déranger, ou même pouvoir quitter mon officine sans mon accord. Vous, mon cher Jean-Galant, avez beaucoup d'imagination, mais tout comme votre puma, vous la laissez vous dépasser. "

Il attrapa un carnet qui se trouvait à côté du livre qu'il avait posé. Le carnet était complètement vide, mais il servait pour des situations comme celle-là, où la théâtralité lente et dramatique prenait le pas sur la démonstration de sa mémoire. Il fit mine de fouiller dedans, avant de s'arrêter sur une page qu'il parcouru rapidement du regard.

" Je lis ici que vous envisagez de joindre notre corps d'infanterie, est-ce correct ? Est-ce par facilité ? Par lâcheté ? Parce que vous n'arrivez pas à vous imaginer dans un autre rôle ? "

Il ferma le carnet dans un claquement sec.

" Si c'est le cas, votre imagination vous joue bien des tours. Tiens, d'ailleurs-- " Il afficha un air honnêtement étonné, réalisant soudain une des implications de leur conversation et de la réponse qui venait de lui être donnée vis-à-vis le salaire et l'imagination. " Est-ce parce que vous n'imaginez pas que les Elfes sont des personnes que vous imaginez devoir les payer ? "

La question était honnête, et Mr Le Directeur attendait une réponse honnête. Contrairement à la plupart des autres questions qui cherchaient à bousculer le jeune homme en face de lui, celle-ci cherchait à mieux cerner son état d'esprit vis-à-vis de son éducation.
Re: Les mains vides
Ven 21 Juin - 22:03
Muguet
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L’éducation de Muguet lui avait appris à paraître calme et poli, presque détaché, quelles que soient les circonstances et son état d’esprit, mais les derniers mois avaient un peu écaillé son beau vernis… et les dernières minutes avaient clairement mis ses nerfs à vif. Lorsque le Directeur leva la main vers lui, il se raidit instinctivement et sa main droite se crispa sur sa baguette qu’il souleva de quelques centimètres, avant de réaliser que son interlocuteur ne se montrait pas agressif cette fois-ci. La baguette retrouva sa place sur sa cuisse et ses muscles se détendirent imperceptiblement. Il allait conserver sa place assise et écouter les précisions qu’on avait à lui donner, puisque ce n’était visiblement pas fini… tout en faisant taire son félin qui, des tréfonds de son esprit, ne souhaitait rien d’autre que quitter la pièce.

Il ne broncha donc pas pendant le manège du Directeur. L’homme pouvait soupirer et lever les yeux au ciel, comme pour bien lui faire comprendre à quel point qu’il était stupide – des fois que l’insulte précédente lui ait échappé, on ne savait jamais – aucun trait du visage de Muguet ne bougea. Malgré le regard direct, qui fit siffler le puma, il ne se sentait pas menacé. Du moins pas plus que depuis qu’il s’était rassis. Les insultes, méritées ou non, il pouvait les encaisser en silence. Il se contenta de hocher la tête, affirmativement, en réponse à la question rhétorique sur son affectation, avant de froncer légèrement les sourcils. Il était lâche et faible, c’était un fait. Il avait fui le combat quelques instants – minutes ? heures ? – plus tôt, au moment de son évasion. Il n’avait pas su lutter pour La protéger, protéger ses informations et son esprit ou résister à leurs manigances. Mais il ne voyait pas en quoi aller se battre en première ligne pouvait être qualifié de lâche ou de facile.

Il n’eut toutefois pas le temps de répondre que son interlocuteur enchaînait déjà sur une autre question.

« Parce que, selon vous, le fait de payer un elfe de maison lui dénierait le droit d’être une personne ? »

Aucun signe d’agacement ne transparaissait dans le ton de sa voix, mais la forme interrogative de sa réponse le trahissait sans doute. Certes, il était un sang-pur. Certes, il était lâche et faible et indigne de confiance. Mais il n’était pas hautain et dédaigneux envers les sorciers de sang mêlé ou moldu et les créatures magiques. Il n’était pas complètement comme ses grands-parents.

« Tout travail mérite salaire et l’elfe qui m’a guidé jusqu’ici est libre. J’ai simplement supposé – il se garda bien d’utiliser à nouveau « imaginé » puisque le Directeur semblait faire une fixette dessus – qu’il était payé pour son travail autrement qu’en étant simplement nourri, vêtu et logé. »

Et bien-traité. Ses parents n’avaient jamais brutalisé leurs elfes de maison et les avaient même libérés lorsqu’ils avaient rejoint la Résistance – une sorte de pied de nez à Grand-père, sans doute. Pour le reste, Muguet ne savait pas vraiment comment ils les dédommageaient. C’était Mère qui gérait tout ça, aussi bien à la maison qu’à l’école clandestine. Peut-être, effectivement, que les elfes libres n’étaient pas payés avec de l’argent, mais il n’en avait honnêtement aucune idée.

« Quant à votre première question, je ne vois effectivement pas ce que je peux faire à part combattre. »

Sérieusement. Il n’avait aucun talent médical. Il était indigne de confiance et infoutu de prendre des décisions correctes. Et il était incapable de garder son esprit sûr. Qu’est-ce qu’il pourrait bien faire à part aller taper sur la gueule des Mangemorts ? Rien. Et il le ferait avec plaisir, même si Elle n’était plus là pour l’accompagner. Son cœur se serra. Parce qu’Elle n’était plus là pour l’accompagner.
Re: Les mains vides
Sam 22 Juin - 13:13
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Mr Le Directeur haussa les sourcils. Un grave, très grave problème de communication était en train de se produire. Lui-même étant comme toujours concis et direct, parfois douloureusement, il était persuadé que le problème venait de Muguet. Ce n'était pas étonnant étant donné son rang, sa nature, et son éducation - il était difficile de sortir de codes aussi rigides pour penser par soi-même. Mais c'était aussi pour cela que le projet Rementor avait une dimension éducative : parce que presque personne n'arrivait sur place en étant déjà formé pour ce qui l'attendait. Muguet ne faisait pas exception, et c'était tout.

Le problème - le vrai problème, le reste n'étant qu'une partie émergée d'un iceberg qui avait pour vocation de couler le SS Muguet, qui l'avait probablement déjà coulé par le passé - était que dans cette rigidité, il n'arrivait pas à sortir de son carcan. On en revenait à son manque d'imagination. Il n'avait même pas réussi à imaginer une excuse convenable pour sa lâcheté.

" Bien au contraire, mon cher Jean-Galant. Voyez-vous, je rebondissais sur votre propre défense. En analysant notre discussion, je vous ai dit que 'personne n'était payé', et vous avez immédiatement pris la défensive en indiquant que vous n'imaginiez - pardon, ne supposiez, il me semble que nous avons changé de vocabulaire, et je m'en voudrais de ne pas suivre le mouvement, fusse pour en prouver la futilité et la stupidité - que vous ne supposiez donc pas devoir être payé, au contraire de l'elfe lui-même. Nous avons donc d'un côté les personnes, qui ne sont pas payées - vous, moi, n'importe qui d'autre - et de l'autre les non-personnes, qui devraient supposément être payées. Et que vous identifiez, encore maintenant, encore à ce stade de notre conversation, devoir payer. Ergo, vous ne supposez pas qu'il s'agit d'une personne. "

Il fit une petite pause pour laisser la rhétorique s'infiltrer dans l'épais crâne de son invité.

" Les mots ont un sens, mon cher. Tous, jusqu'au dernier, disposent d'une signification précise dans un contexte précis. Et je suppose que je n'ai pas à vous dire que certains mots ont également un grand pouvoir. Je ne parle bien sûr pas que des sorts, mais de longues listes de mots qui, mis bout à bout, peuvent détruire une personne, insidieusement. Lui inculquer un racisme ou un spécisme, des valeurs que cette personne déteste de tout cœur, et honnêtement, au point de n'être même pas capable de supposer qu'elle les porte en elle-même, inconsciemment, et les applique dans la vie de tous les jours. "

Il pointa du doigt vers Muguet, nonchalamment.

" Vous, Aodhagán, êtes une de ces personnes. Vous ne le savez pas et vous supposez le contraire et votre fureur contre moi grandit à chaque mot qui sort de ma bouche, mais c'est vrai : vous êtes un sang-pur, avec une éducation de sang-pur, et des réflexes mentaux et linguistiques de sang-pur. Vous n'êtes pas conscient de cela, vous pensez consciemment que les elfes sont des êtres comme les autres - et vous avez raison - mais votre inconscient, les leçons et les règles qui vous ont été inculquées sont telles que vous ne parvenez pas à le dire. Quel que soit votre choix de mot, vous démontrez vocalement un dédain pour les créatures magique qui vous échappe complètement. "

Il baissa son doigt et se pinça l'arête du nez.

" Ah, et vous ne voulez pas combattre, vous voulez mourir, parce que vous ne supposez pas votre potentiel mais vous supposez que tout ce que vous méritez c'est de mourir pour vos erreurs passées. C'est le cas de beaucoup trop de gens qui arrivent jusqu'ici avec un lourd passif et aucune idée de leurs capacités réelles, parce qu'ils ne leur ont jamais donné - ne se sont jamais donné - la moindre chance. "

Il se leva, se dirigea vers le bar.

" Je vous ai parlé du pouvoir et de la signification des mots. Dites-moi ce que vous évoque la phrase 'Il y a douze instructeurs à même le domaine pour parfaire ou développer vos compétences dans un domaine précis', et dites-moi ce que je vous sers. Et ne dites pas 'de l'eau', où je vous jette la carafe à la figure. "
Re: Les mains vides
Mer 26 Juin - 17:11
Muguet
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C’était fou comme certaines habitudes revenaient vite. Il sortait à peine d’un an de prison mais il avait suffi à Muguet d’échanger quelques mots avec l’elfe qui l’avait accueilli puis Odysseus pour retrouver un semblant de civilité. Le Directeur l’avait mis à rude épreuve mais chaque seconde qui passait lui permettait d’ajouter une nouvelle couche de vernis sur ses bonnes manières. Aussi parvint-il à conserver un visage impassible devant la condescendance de son interlocuteur. Celui-ci avait certes dit que « personne n’était payé » mais sa phrase précédente mentionnait « les sorciers du coin » qui étaient, entre autres, « instruits » ; rien n’indiquait que les elfes de maisons et les personnes chargées de l’intendance étaient concernés. Mais Muguet n’argumenta pas. Comme Grand-Père, son hôte était persuadé d’avoir raison, de tout savoir mieux que tout le monde. Il ne servait à rien de répondre, l’autre trouverait toujours une parade ou un procédé rhétorique pour retomber sur ses pieds.

L’agacement, qui croissait lentement mais sûrement, commença toutefois à mettre à mal son masque poli. Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils quand il fut question de racisme et de spécisme, bien conscient que le Directeur parlait de lui, même avant qu’il ne prononce son nom. Enfin, la variante celtique de son nom. Muguet serra les dents, et pas seulement parce qu’il se trouvait à nouveau avec un doigt pointé vers lui. L’homme connaissait clairement son identité – il s’en doutait déjà depuis un moment – mais n’utilisait volontairement ni son nom exact ni le pseudonyme qu’il venait de choisir. En soi, ce n’était pas grave. Ça s’ajoutait juste à tout le dédain affiché et aux insultes proférées jusque-là. Et ça commençait à faire beaucoup, même si certaines insultes étaient méritées.

Et ça continuait. Le puma siffla de colère au fond de son esprit, tandis que Muguet se retenait de grincer des dents, quand il fut question de vouloir mourir. Il ne voulait pas mourir. Du moins pas tout de suite. Il voulait vraiment combattre et vaincre le Seigneur des Ténèbres et ses sbires. Il ne voulait pas mourir. Il n’en avait juste rien à faire, du moment qu’il pouvait servir la Cause. Mais là encore, quelle que soit sa réponse, il était persuadé que le Directeur trouverait moyen de tordre les mots, les tourner et les retourner pour qu’ils finissent par dire ce qu’il souhaitait leur faire dire et non ce que lui airait dit. Encore une fois, mieux valait encaisser et garder le silence.

En revanche, la question de la boisson était moins susceptible de faire débat – même si le félin gronda silencieusement à l’idée que l’autre ose imaginer lui jeter quelque chose à la figure – et ne nécessitait pas tant de précaution.

« Je ne dirais pas non à une bière, si vous en avez, » se contenta donc de répondre Muguet dans un premier temps.

C’était une phrase polie, facile, qui permettait de se reprendre et de repasser une couche de vernis. Et puis, bien que moldue, la bière restait une de ses boisson préférées, surtout celle qui venait de chez lui. Mais il n’allait pas pousser le vice jusqu’à demander une marque en particulier. Il attendit juste que son hôte ait fini de s’occuper du bar et semble de nouveau prêt à discuter. Enfin… à asséner les vérités qu’il tenait pour acquises sans même prendre la peine de considérer une seconde qu’il puisse avoir tort. Mais bon, ce n’était pas le premier à fonctionner comme ça qu’il rencontrait.

« Je vais donc pouvoir apprendre à faire autre chose que combattre. Et à quelle spécialité serai-je le plus adapté, selon vous ? »

Puisque son interlocuteur avait visiblement un avis sur tout, savait tout mieux que tout le monde et en particulier ce qui le concernait, autant le laisser s’exprimer, non ?
Re: Les mains vides
Lun 15 Juil - 18:30
Mr Le Directeur
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Grand Manitou
Étant donné l'agacement visible de son hôte, Mr Le Directeur fut presque surpris de ne pas se voir demandé une eau, comme un défi ou une excuse pour déclencher une bagarre en bonne et due forme. Presque. Si Muguet se laissait volontiers contrôler par son côté animal, il n'avait pas tenu jusqu'ici pour soudainement tout lâcher. Cette retenue, fut-elle simple politesse ou véritable volonté - différencier l'un de l'autre restait à faire -, était recommandable. Et, pour le coup, méritait sa bière.

Mr Le Directeur n'en avait pas. Malgré tous ses défauts, qu'il affichait et avouait volontiers, il n'était pas un gros beauf Irlandais, et donc ne gardait pas la moindre pinte de lager, d'ale, ou de stout dans son officine. En cuisine, par contre... Il souffla sur un petit morceau de papier qui s'envola, et se retourna vers son interlocuteur, qui commençait vaguement à comprendre ce qu'était Rementor.

" Toutes mes excuses, votre bière arrive tout de suite. En attendant, un point pour Snidget : vous allez effectivement pouvoir apprendre à faire quelque chose d'autre. Quelque chose de mieux. "

Un elfe de maison se matérialisa devant le bar, portant une pinte fraîche et mousseuse sur un plateau d'argent. Il leva un sourcil interrogateur à l'attention de Mr Le Directeur, qui pointa du doigt vers Muguet. Un hochement de tête, et l'homme était servi. Le temps que Mr Le Directeur se rassoie, l'elfe avait disparu.

" J'espère qu'elle vous conviendra. C'est un terme tellement vague, 'bière'... Enfin, je dis ça, ça aurait pu être pire : vous auriez pu me demander 'de l'alcool'. "

Il sourit, un sourire vil, mesquin, moqueur.

" Ne vous inquiétez pas, nous avons des cours visant à vous apprendre à prendre une commande un peu plus précise que 'un breuvage au hasard parmi 21 variétés, chacune avec ses infinies déclinaisons'. Et comme ça, si vous n'aimez pas celle-là, peut-être que si vous écoutez attentivement en cours la prochaine sera plus à votre goût. "

Il attrapa à nouveau son petit carnet, et l'ouvrit à la première page.

" Nous proposons quatre grandes spécialités : l'infanterie, la médecine, l'intelligence, et le commandement. " Il regarda Muguet par-dessus le carnet, sans bouger. " Je sais ce que vous pensez, mais je vous assure que l'intelligence ça s'apprend. Votre cas n'est pas désespéré. " Il reporta son regard sur le carnet dont il fit tourner les pages jusqu'au même point qu'il avait utilisé plus tôt. " D'ailleurs, et puisque nous en parlons, je vois ici que vous êtes un Sang-Pur, et avait été élevé en tant que tel avant de trahir vos petits camarades. Je ne vais pas vous jeter la pierre, bien sûr, ça sert mes intérêts... mais avec votre éducation de base, votre physique somme toute banal et votre sang amer, vous feriez un espion des plus acceptables, par exemple. "

Il lui sourit.

" Il suffirait que vous appreniez à être intelligent. "
Re: Les mains vides
Lun 29 Juil - 18:59
Muguet
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Il n’avait pas de bière. Autant pour ses efforts et la politesse. Muguet n’avait pas spécifié de marque particulière dans sa demande afin de laisser toute latitude à son hôte... pour rien. Il n'eut toutefois pas le temps de s’excuser ou de changer sa « commande » puisque le Directeur enchaînait sur sa réponse suivante. Et la couche de vernis que le sang-pur avait repassée sur ses manières n’était pas de trop. Quelque chose de mieux que combattre, hein ? Quelque chose de moins lâche et de moins facile que se battre en première ligne et risquer de se faire tuer à chaque sort jeté par l’ennemi ? Soit le Directeur n’avait pas le même dictionnaire que la plupart des gens, soit c’était un beau salopard – et Muguet n’hésitait pas une seconde – qui ne comptait pour rien la vie de tous les Résistants tombés au combat. Sa vie, à Elle.

Heureusement, un Elfe avec un plateau apparut soudain dans la pièce, empêchant Muguet d’exprimer le fond de sa pensée à son interlocuteur qui, lui, ne se gênait pas. L’australien remercia poliment la créature en acceptant le pinte qu’elle lui tendait, avant de revenir au Directeur qui se rasseyait et réussissait à être insultant même en changeant de sujet. Le puma siffla à nouveau de rage au fond de son esprit, mais l’humain se contenta de serrer les doigts sur son verre et de carrer les mâchoires pour se contenir. L’autre explosait ses couches de vernis plus vite qu’il pouvait les repasser, mais il était décidé à ne pas s'emporter. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Il allait le laisser finir d’exposer toutes ses idées et ses insultes et répondre de façon correcte, même s’il n’avait qu’une envie : lui balancer sa bière à la figure. Ce qu’il ne ferait pas, par respect pour l’Elfe qui la lui avait apportée – et pas grâce à son instinct de survie qui, lui, avait disparu, noyé par la colère.

« Je crains que ce ne soit sans espoir, » répliqua donc Muguet, en s’efforçant de s’exprimer sur un ton le plus neutre possible.

Il ne cherchait plus à donner le change, seulement à garder le contrôle sur ses émotions en commençant par maîtriser sa voix.

« Je serai un très mauvais espion, ajouta-t-il. Même en admettant que je ne rencontre jamais quelqu’un qui me connaisse ou qui connaisse mes parents… ou un de ceux qui ont tenté de me convertir pendant un an – doux euphémisme – je ne serai pas capable de garder mon calme et ma couverture face à leurs horreurs. Et toutes vos formations n'y changeront rien. »

Il suffisait de voir comme il avait du mal à rester calme, là, face à l’autre, alors qu’ils étaient censés être du même côté – la bonne blague ! Une petite voix raisonnable aurait pu lui souffler qu’il aurait dû se mettre au service de la Cause sans discuter, en allant là où on le jugeait le plus utile, mais la rage du félin et sa colère propre l’étouffaient complètement. Là, tout de suite, il aurait préféré crever que donner satisfaction au Directeur. Qui, en plus d’être un beau salopard, était un pur hypocrite.

« Mais je suis si stupide que vous n’aurez aucun mal à me laisser en infanterie, la spécialité des lâches et des crétins conclut-il avec un demi-sourire ironique. Et vous êtes si parfaitement anti-raciste et anti-spéciste que votre mépris des combattants prouve bien qu’ils ne servent à rien dans votre armée. Ce sera donc parfait pour quelqu’un d’aussi inutile et faible que moi, j’en suis certain. »

Sérieusement. Puisque les soldats étaient si nuls, Muguet était curieux de voir à quoi ressemblerait sa magnifique armée de Médics, Espions et Officiers, sans chair à baguette pour aller combattre en première ligne.
Re: Les mains vides
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