25 mai 2019

Comme souvent depuis son arrivée, Corneille faisait du sport. Elle supportait de moins en moins l'inactivité et commençait un peu a devenir chèvre. Elle comprenait l’utilité d'attendre l'arrivée de tous les enrôlés avant de commencer les cours, mais elle vivait une vie bien remplie depuis toujours et elle etait assez étrangère au concept de vacances. C'était la guerre, qui avait le temps de prendre des vacances?

Alors elle faisait ce qu'elle pouvait pouvais pour s'occuper utilement. Elle lisait des livres qui lui semblaient convenir au programme et elle s’entretenait physiquement.

A cet instant, elle courait dans la cours. Espérant peut être aussi que l'épuisement physique lui permette d'oublier les questions lancinante qui la gardaient éveillée la nuit. Etait-Il vivant? Ou? Comment? Comment allait la résistance australienne? Sa cellule en particulier? Étaient ils mieux ou moins bien sans la tête brûlée qu'elle etait? Avait elle fait un bon choix? Serait-elle plus utile au Domaine qu'au camp?

Elle etait en train de forcer pour exorciser ses questions angoissées quand elle les vit. Elle leur jeta a peine un coup d’œil au premier regard. Un homme accompagné d'un elfe, ce devait être un nouvel enrôlé. Puis quelque chose lui fit regarder une seconde fois.

Elle piqua un sprint. traversa la cours comme si elle avait une escouade de Mangemorts au cul.

Cette silhouette, cette démarche, elle les aurait reconnue entre mille Il lui manquait son bronzage, mais elle en avait rien a foutre de son bronzage. C’était Lui.

Hein?

"Hss... Hss... Mon... Mon amour... C'est .... hss... C'est toi?"

Personne ne le lui avait dit, elle elle sentait bien qu'elle n'aurait pas du parler avec un enrôlé avant qu'il soit emmené a une salle commune. Mais ce n'était pas n'importe quel enrôlé.

C'était son Mari.

Pas vrai?

L'elfe ne laissa pas son protégé s’arrêter. Il envoya un coup d’œil réprobateur à la Snidget et continua son chemin vers l'aile administrative. Très vite, la sorcière se retrouva seule dans la cours.

La tête résonante d'espoirs rugissant, elle tituba vers le perron du bâtiment principal et s’assit sur la marche du perron. Bien décidée à attendre qu'il ne sorte.

Il avait une baguette. Sa baguette. Et il avait signé le Registre. Malgré les réticences de sa part féline. Il avait accepté de son plein gré de se faire de nouveau enfermer, mais pour la bonne Cause, pour se battre, pour lutter. Dire qu’il était tranquille, en accord avec lui-même et certain d’avoir fait le bon choix, aurait été un mensonge. Mais il avait fait un choix et il comptait s’y tenir. Et, pour ça, la première chose à faire était de régler les détails de son arrivée. Aussi suivait-il l’elfe à travers les couloirs du château puis dans la cour en se dirigeant vers une autre aile du bâtiment.

En traversant la cour, les sens toujours aux aguets, il nota sans mal la femme qui courait. De là où il se trouvait, il voyait qu’elle portait des vêtements couvrants et un voile, mais elle ne venait pas dans sa direction et ne semblait pas agressive, il n’avait donc aucune raison de lui prêter plus d’attention que ça. Juste ce qu’il fallait pour réagir en cas de besoin mais le reste de sa concentration trouvait à s’occuper. Surveiller les alentours et, bien sûr, repérer l’architecture du château et des bâtiments environnants, pour être capable de s’y retrouver. Et suivre l’elfe qui, malgré sa taille, marchait d’un bon pas.

Il se raidit toutefois, en entendant le bruit de la course s’accélérer et s’approcher, et ses doigts se crispèrent sur sa baguette. Il ne ralentit toutefois pas son allure, toujours calquée sur celle de son guide, mais ouvrit grand ses oreilles, sur la défensive, prêt à réagir si la femme semblait s’approcher trop près dans son dos. L’elfe, lui, ne broncha pas et continua sa progression. Il atteignait la porte de l’aile administrative au moment où Muguet crut entendre autre chose que le son de la course. Des mots. Prononcés par Sa voix. Il hésita. Il allait se retourner mais l’elfe pénétrait dans le bâtiment et lui faisait signe de le suivre. Il serra les dents et carra les épaules, avant d’obtempérer. Elle était morte. Sa voix résonnait toujours dans son esprit mais il ne pouvait pas – il ne devait pas – croire qu’il L’entendait chaque fois qu’un son inattendu frappait ses tympans. Elle était morte et il allait La venger. Mais d’abord, il devait régler les détails de son arrivée.

[HJ - Et direction l'aile administrative avec Les mains vides]

Même pas un regard.

Même pas un regard.

Même pas un regard.

Il ne s'était même pas retourné, ne lui avait même pas jeter un regard.

Pouvait elle s’être trompé? Après tout, elle ne l'avait pas vu depuis longtemps, et tout le monde peut avoir un sosie.

Non. C'était lui. Les sosies, ça existe, mais les sosies avec la même démarche? Y a des limites, quand même.

Non, c'était lui. elle n'avait pas de doutes sur la question.

Mais alors, pourquoi il ne s'était pas retourné?

La vérité la frappa froidement.

Il lui en voulait.

Elle s'était stupidement fait explosé et Dieu savait ce qui lui etait arrivé à lui, seul contre six foutus mangemorts.

Ô mon dieu.

Il lui en voulait.

Et il avait parfaitement raison de lui en vouloir. Elle avait tout gâché. Si elle s'était pas stupidement fait explosé, ils auraient eu une petite chance de fuite. Là, il s'était retrouvé seul...

Elle revécu l'espace d'une seconde son réveil au camps. Et surtout la colere froide de son beau-père lui expliquant que quand les renforts étaient arrivé, ils n'avaient trouvé que ce qui semblait être son cadavre. Aucune trace de l'artefact qu'ils devaient récupérer, ni de... de Lui... Un médicomage particulièrement obstiné avait réussis a attiser la petite étincelle de vie qui restait en elle et elle s'en était sortit.

Quel genre de réveil avait-il eu?

Sur une table de torture?

Dans une cellule?

Une cellule où?

Dans un centre de reproduction?

Dans un centre de torture?

OooOoooooh... Pas étonnant qu'il la déteste. C'était sa faute.

Grand Dieu, c'était uniquement de sa faute.

Assise sur une marche du perron, elle fondit en larmes.

Il restait une semaine tout pile avant juin.

De quoi mettre les bouchées doubles sur les planifications de cours, essayer de structurer un peu la matière, faire un tri dans le bordel et péter les plombs avant que ça soit fini pour se barrer dehors en disant qu’il ne reviendrait plus.

Vyāsa en était à la dernière étape. Celle où il avait grogné d’énervement avant de bondir sur ses pieds en faisant pas mal de bruit sans obtenir pour autant beaucoup plus qu’un sourire en coin de la part de Morrigan qui l’avait cerné beaucoup trop bien et vite.

Et il était parti.

Enfin, ça devait faire une bonne heure de tout ça, de quoi avoir eu le temps de se calmer, d’avaler deux tasses de café et boulotter quelques cookies. Vyāsa poussa la porte pour sortir du bâtiment principal, commençant à envisager l’optique de retourner travailler quand son regard se posa sur une silhouette assise dans les marches, le corps secoué de sanglot.

Merde. Il n’était pas qualifié pour ce genre de trucs. Et en même temps, simplement passer son chemin, c’était… Non. Il n’allait pas passer son chemin, faire comme s’il n’avait rien vu.

Il approcha, s’arrêtant près de la demoiselle qu’il avait vu de loin quelques fois. Bon. Idéalement, il ne fallait pas se comporter en connard sans cœur en sortant une remarque complètement déplacée.

- Eh bien, mademoiselle ? Qu’est-ce qui vous met dans pareil état ?

Ok. Ça semblait okay à dire.

Vyāsa se posa sur la même marche, pas trop près, mais pas assez loin pour avoir du mal à l’entendre si elle se mettait en tête de marmonner ou va savoir. Sa posture était globalement détendue, peut-être une miette d’inconfort dans les épaules, parce que personne n’était jamais très à l’aise devant les larmes d’autrui et à défaut d’avoir un sourire sur les lippes, il avait ce regard posé et attentif avec une lueur de compassion.

Eh bah voilà, il n'était pas juste un connard. Bravo !

Corneille pleurait à chaudes larmes, comme elle n'avait jamais pleuré.

Ah oui, tiens.

Elle n'avait jamais pleuré la disparition de son époux. Jamais. Même immobilisée dans son lit d’hôpital, elle ne s'était pas laissé aller a son désespoir. Comme si reconnaître sa peur et sa détresse pouvait diminuer les chances du jeune homme de s'en sortir.

Il s'en était sortit et maintenant elle pouvait pleurer tout son soul.

Elle pleurait en partie pour ça aussi.

Mais surtout parce qu'il la détestait.

Elle pleurait son soulagement de le revoir en vie et la douleur de se voir dédaigné par l'amour de sa vie.

C'est à ce moment là qu'une tiers personne arriva. Corneille sortit la tête de ses bras une seconde pour l'identifier. Vyäsa, le prof de... Ah, elle s'y retrouvait pas dans ces libellés de cours tirés par les cheveux. Un truc en rapport avec la Faune. Elle l'avait vu nourrir les hippogriffes une fois aussi, lors d'un de ses jogging.

LA tête dans les bras, elle ferma les yeux et se concentra pour reprendre le contrôle de son corps. Elle se crispa contre les sanglots, se redressant pour les faire disparaître et s'essuya le visage du revers de sa main valide.

Elle avait envie de se confier, mais ses oreilles sifflaient encore des gentilles réprimandes de Morrigan.

"Pardon, Mr Vyäsa. Tout va bien. Ce n'est qu'une bêtise personnelle."

Elle aurait pu être crédible si sa voix ne s'était pas brisée sur le dernier mot. Et si Vyäsa ne l'avait pas vu pleurer toutes les larmes de son corps une minute auparavant.

La jeune femme jette un coup d’œil avant de retourner s’enfouir dans ses bras et Vyāsa ne bronche pas, restant simplement là à attendre. Qu’elle reprenne un peu le calme et la maîtrise qu’elle semblait chercher, qu’elle daigne dire quelque chose, peu importe. Elle l’aurait envoyé balader qu’il aurait laissé couler parce qu’on avait tous des moments où on voulait être seul et que même s’il avait un sale caractère, il aurait été capable de respecter ça et de passer outre.

Pourtant, elle ne le renvoya pas. Les excuses lui firent lever légèrement un sourcil, perplexe, avant qu’une légèrement grimace ne torde ses traits au sanglot qui vient ponctuer la fin de sa phrase.

- Vous n’avez pas besoin de vous excuser,[b] répondit-il doucement, le pensant vraiment, avant d’hésiter quelques secondes. [b] Et peu importe que ce soit une « bêtise », elle semble peser lourd et vous avez le droit de la pleurer un coup. Ça soulage et après vous serez peut-être plus à même de voir ce que vous en ferez.

Il ne sait pas de quoi il s’agit, ça ne le regarde pas. Il pourrait écouter sans soucis si elle avait envie d’en parler, mais il ne l’y forcerait pas. Chacun a sa propre façon d’épancher ses souffrances.

- Voulez vous d’un thé, café ou chocolat chaud ? À moins que vous préfériez que je vous laisse tranquille. C’est à votre convenance.

Vyāsa la regarde encore quelques secondes avant de laisser son regard vagabonder sur le domaine. Il faut beau, c’est agréable à regarder et ainsi, il lui laisse le temps de réfléchir et de se reprendre, sans la pression d’un regard sur elle.