Event 1 : D&Co

D&Co

Team métamorphose ou DIY ?

20 Mai 2019

Aujourd'hui, sur l'emploi du temps, est apparu une nouvelle ligne sur l'après-dîner. Réunion de brigade, de 20h à 22h, dans la salle commune de chaque baraquement. Personne ne sait rien, personne n'a rien dit, il n'y a pas eu d'annonce, pas de bruit. Les Instructeurs savent pourtant que la session est obligatoire, c'est très clair dans la formulation.

En arrivant dans la salle commune, vous vous apercevez que vous êtes déjà assez nombreux mine de rien, une demi-douzaine d'enrôlés facile et les trois instructeurs. Sur la table basse, devant la cheminée allumée, se trouve une feuille.

Ordre du Jour a écrit:: 1./ Devise de la Brigade a rédiger
2./ Décoration de la salle commune à décider en groupe
3./ Décoration des deux dortoirs
4./ Rédaction en commun du Règlement Intérieur du Dortoir

Vous entendez un bruit de porte qui se verrouille. Le message est clair. Si vous voulez sortir et aller vous coucher, il va falloir remplir le cahier des charges...

[HJ : Le but de l'event est donc de discuter entre vous des points de l'ordre du jour. Vous pouvez poster autant de fois que vous le désirez en respectant les règles du forum (c'est à dire pas de double post et un texte entre 250 et 750 mots à chaque fois.). Pour laisser aux autres le temps de réagir merci de ne pas faire plus de deux (2) posts toutes les 24 heures.]Halloween

De nouveaux arrivants pratiquement tous les jours, maintenant. Lancelot ne devait pas toujours intervenir. La plupart d’entre eux n’étaient pas blessés, heureusement. Certains venaient le voir d’eux même parfois, pour des problèmes divers et variés: potions d’endormissements contre les cauchemars les plus tenaces, médication moldue qu’il fallait adapter et ajuster au besoin, cicatrices douloureuses qui nécessitaient un onguent spécial. Il n’allait pas les chercher s’ils ne venaient pas à lui, ne proposaient pas spontanément son aide. Il faisait ce qu’on attendait de lui tout en gardant une distance prudente avec les occupants du Domaine pendant qu’il cherchait encore ses marques.

Son esprit répétait jour après jour que la routine qu’il avait recréé autour de lui ressemblait à celle d’avant l’accident, l'adrénaline et la peur d’être tué à tout moment en moins.

Enfin.
Presque en moins.

Et pourtant, s’il était certain d’une chose, c’était de n’être pas complètement à l’aise avec ce rôle qui faisait de lui une sorte de figure d’autorité auprès des enrôlés de sa brigade (et des autres, aussi, mais plus particulièrement de ceux-là). Les cours allaient commencer, et il se sentait étrangement serein à ce propos. Les connaissances qu’il avait acquises pendant de longues années étaient faites pour être partagées. Bien qu’il n’ait jamais enseigné en tant que tel, il avait l’habitude de devoir transmettre des informations à une équipe de gens novices en la matière. Qu’ils acquièrent ce savoir ou ne s’y intéressent pas, ce n’était pas tellement son problème. Il ferait en sorte qu’ils comprennent, mais s’ils décidaient d’ignorer ses paroles, et bien… Les conséquences tomberaient éventuellement d’elles-mêmes.

Mais pour le reste? Prodiguer des conseils, veiller à éviter les conflits entre braves petits soldats qui se blesseraient bien assez vite à l’extérieur, avoir la patience de leur laisser le temps d’apprendre de leurs erreurs, de gérer les personnalités des uns et des autres, même celles qu’il appréciait lui-même peu? C’est ainsi qu’il s’imaginait le pendant du rôle qui lui avait été confié, et il s’en réjouissait bien moins.

Il le ferait. Le Directeur ne lui avait pas vraiment laissé le choix, et Lancelot avait implicitement accepté dès que le projet lui avait été présenté de toutes façons. Il savait ce qui l’attendait. Il ne reviendrait pas sur sa parole, ne voulait pas particulièrement le faire non plus.

Mais sa confiance en ses propres capacités pédagogiques n’était pas des plus haute, cela allait sans dire. Il espérait que ses autres collègues Zouwu viendraient quelque peu tempérer le cynisme qui pouvait parfois transparaître dans ses réactions et expressions.

Il était déjà dans la salle alors que la plupart des enrôlés commencèrent à arriver, adossé contre un des fauteuils, une tasse de thé encore fumante à la main. Observant les profils qu’il avait croisés auparavant dans les couloirs, en reconnaissant certains, ses yeux passant rapidement sur d’autres. À l’heure exacte qui avait été indiquée sur l’emploi du temps, la porte se referma dans un cliquetis significatif. Si Lancelot haussa un bref sourcil à la vision de cette enfermement forcé, il ne sembla pas plus troublé que ça.

(Il était déjà mort une fois, mourir de faim pour des questions de décorations et de règles non-écrites ne lui semblait pas vraiment être une seconde mort plausible.)

“Bien. Pour ceux qui ignorent qui je suis, je m’appelle Lancelot et je suis un de vos instructeurs. Comme vous pouvez le constater, notre première mission en tant que groupe vient de nous être confiée et il me semble que nous allons rester ici jusqu'à ce qu'elle soit menée à bien.” Sa voix était posée, pas plus élevée que s’il ne s’était adressé qu’à une seule personne. Si les enrôlés souhaitaient entendre ce qu’il avait à dire, ils devraient d’eux-mêmes tendre l’oreille et baisser le volume de leurs conversations ambiantes. “Vous allez passer beaucoup de temps dans cette salle, et beaucoup de temps ensemble, je vous conseille donc de la prendre au sérieux. Il en va de votre tranquillité mentale des prochains mois. Je vous laisse maintenant vous organiser comme vous le souhaitez puisque vous êtes les premiers concernés.”

Elle entra. Entourée d’inconnus qui formaient autour d’elle une barrière involontaire, juste à l’heure, ne se mêlant de leurs bavardages qu’avec un sourire poli et aimable mais de pure politesse. Par chance (ou bien était-ce dû à son maintien ?) ils ne la serraient pas trop. Suivant le groupe, elle s’installa au milieu du troupeau, regardant les trois instructeurs qui leur faisaient face. Un léger rire s’échappa de ses lèvres alors que ses yeux brillaient en reconnaissant Lancelot, l’homme des serres avec lequel elle avait fait connaissance quelques jours plus tôt. Le monde était décidément petit pour qu’ils se retrouvent affectés au même gros chat-lion. Deux femmes l’encadraient. Une asiatique à l’air distant et froid et une black qui semblait sympathique. Tout comme elle n’avait pas vraiment pris le temps de faire connaissance avec ses camarades (elle ne connaissait même pas leurs pseudonymes !), elle n’avait pas tenté d’en savoir plus sur ses formateurs privilégiés. Un comble vu sa spécialisation mais elle n’en avait cure. L’Intelligence était autant l’utilisation des informations qu’une curiosité mal placée. Cette dernière ayant tendance à tuer le chat, Aubépine s’en tenait autant que possible éloignée.

Une feuille sur la table basse fut saisie et passa de main en main tandis que le seul homme parmi les « adultes » présent prenait la parole. Comme lors de leur rencontre, il s’exprimait avec calme et tranquillité, son ton ne donnant aucune indication sur de quelconques émotions. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas, c’était qu’elles n’étaient pas importantes et qu’il les gardait pour lui. Et elle faisait de même. La feuille lui parvint, elle y jeta un coup d’œil et la transmis à son voisin, comme il le fallait. Elle avait bien-sûr entendu le bruit de la clef dans la serrure mais ne s’en inquiétait pas encore. Ses yeux avaient repéré les fenêtres – elles devaient bien sûr être protégées elles-aussi mais il serait toujours temps de tenter s’ils se retrouvaient en danger – et elle avait décidé de faire confiance. Consciemment. En acceptant de rejoindre le Domaine, elle avait fait un acte de foi. Si elle se mettait à se méfier de tout et de tous, elle ne serait utile à rien ni à personne.

« Partageons-nous les tâches. » Elle non plus n’avait pas parlé fort mais quelques têtes se tournèrent déjà vers elle. Sans s’en soucier, elle continua. « Je suis certaine que certains d’entre nous ont plus d’affinité avec les activités manuelles et créatives, utiles à la décoration alors que d’autres se sentent plus à l’aise avec les mots pour rédiger le règlement et trouver une devise. Autant nous organiser pour être libérés le plus vite possible. Nous pourrions par exemple nous donner une heure pour les grandes lignes des trois projets et comparer nos résultats à ce moment-là. Une fois les points approuvés, nous ne garderions que deux personnes pour la rédaction et récupérerions toutes les volontés pour la décoration proprement dite. Un instructeur pourrait chapeauter chaque groupe. Après tout, mesdames, monsieur, vous allez vivre parmi nous également, aussi votre avis compte. » Un autre sourire, cette fois amusé et avec une pointe de défi à l’attention de Lancelot. Le genre de sourire qui disait, qu’il ne s’en sortirait pas aussi facilement et qui attendait de voir le contre-argument.

Polaris était arrivée la veille. Elle avait posé ses bagages et compagnie. Elle avait posé de multiples questions aux autres personnes de sa brigade, des fois obtenant des réponses, alors que d’autres fois, de simple « mmh. » ou des haussements d’épaules, nullement intéressés à l’idée de lui répondre. Elle s’était amusée à découvrir le domaine, à s’y perdre.

Lors du dîner, il eut des murmures comme quoi il y avait quelque chose de prévu ce soir. Dès vingt heures. Polaris avait haussé les sourcils, étonnée, se demandant bien pourquoi, ou du moins, ce qu’il y avait d’important pour une telle rencontre.

Peut-être préféraient-ils devancer le début des cours? C’était l’une possibilité parmi tant d’autres. Ce n’était pas la peine de demander à autrui; personne ne savait pourquoi ils étaient convoqués. Il fallait tout simplement y aller. Une fois son repas terminé, elle avait quelques minutes afin de rejoindre ses compagnons de brigades dans leur salle commune.

Cependant, la jeune femme prit un certain moment avant de se rendre compte qu’elle n’allait pas du tout dans la bonne direction! Son esprit réfléchissant à ce rendez-vous, elle ne s’était pas concentrée sur le chemin à prendre et arriva bien rapidement à la porte d’un bâtiment qui n’était celui qu’elle cherchait.

- Zût!

Polaris regarda à droite, puis à gauche, cherchant à se reprérer. Une fois qu’elle eut compris où elle était, la demoiselle accéléra le pas afin de se rendre jusqu’à la salle commune Zouwu.

- Pardon pour le retard! Ne put s’empêcher de lancer Polaris en entrant finalement dans la salle commune.

Certains yeux, mécontents se tournèrent vers elle. Il semblerait que la demoiselle dérangeait une personne importante. Il avait vaguement parlé d’une « mission importante » et c’était pour cela qu’ils étaient présents ici. Polaris fit une petite moue, incertaine. Déjà une première mission alors que les cours n’étaient pas encore commencé? Mmh.

La rousse se faufila entre ses camarades afin de mieux voir. Une fois arrivée, on lui tendit une feuille qui circulait parmi la foule. Maintenant, elle comprenait un peu mieux la nature de cette mission.

- Ah!, ne put s’empêcher de s’exclamer Polaris en regardant la feuille.

Bien que la devise et les règlements ne soit pas des éléments qui l’enthousiasmait plus qu’il ne le faut, Polaris était bien contente de l’idée de décorer la salle ainsi que les dortoirs. En fait, déjà, elle avait quelques idées en tête, alors qu’une demoiselle proposait de faire de petites équipes afin de répondre aux diverses demandes. Une fois qu’elle eut terminée la Médic ne put s’empêcher de partager son enthousiasme a ses camarades.

- Une activité de création! Trop chouette! Je veux bien m’y mettre moi! J’adore bricoler! On pourrait, par exemple, faire un immense Zouwu que l’on pourrait accrocher vers le plafond, comme s’il veillait sur nous! Ou plusieurs petits, avec d’autres créatures… Comme des chats.

Polaris ne put s’empêcher de rougir lorsque les têtes se tournèrent vers elle à ces mots. Bien qu’elle adore bricoler, elle ne savait pas si elle serait assez douée pour faire ce qui leur est demandé. Par contre, elle souhaitait bien essayer, même qu’elle encouragerait les autres à faire de même. Ce n’était pas grave si la décoration n’était pas des plus belles, l’important, c’est que ce soit fait avec amour!

- Enfin, tout cela n’est que propositions! Il serait bien en effet de se regrouper afin de réfléchir à tout cas…

Avant que quelqu’un se mette à soupirer d’ennui à entendre ses idées, c’était probablement ce qu’il y avait de mieux.

La première voix qui s’était élevée lui sembla immédiatement familière et une expression de reconnaissance se figea brièvement sur son visage, surpris d’abord puis un tantinet rieur avant de se forcer à rester neutre. La liste des enrôlés n’était pas encore complètement figée et les profils divers et variés, Lancelot ayant pris le temps de la parcourir pour se faire une idée des différentes spécialités et habilités (lorsqu’elles étaient mentionnées) des enrôlés dont il aurait la charge. Il ne s’était cependant pas arrêté sur chaque profil et n’avait donc pas réalisé qu’Aubépine se trouvait dans la maison des Zouwu. Cette coïncidence n’en était pas vraiment une, les statistiques faisant qu’il aurait pu envisager cette probabilité mais ne s’en était tout simplement pas inquiété. Au moins, il avait la certitude d’avoir un bon élément à bord.

Elle prit la parole d’une voix claire et la plupart des enrôlés l’écoutèrent sans broncher, soit encore hébétés par la tâche qu’on leur demandait, soit sans idées eux-mêmes, soit tout simplement attentifs eux aussi. Il ne pouvait le deviner pour le moment. La petite pique à la fin (sans nul doute à son égard) lui arracha un sourire, bien qu’il fût plus fin et neutre que ceux qu’elle avait pu voir auparavant.

Une autre enrôlée parla ensuite, enthousiasmée à l’idée de s’occuper de la partie créative du projet. Lancelot la détailla brièvement, notant les cheveux rougeoyant et les taches de rousseur ainsi que la candeur qu’elle semblait dégager. Il hocha doucement la tête, plutôt satisfait de son engouement qui, il espérait, motiverait les autres à exprimer leurs propres avis, et se nota mentalement de demander à chaque enrôlé de se présenter à un moment de leur soirée créative. Si l’exercice pouvait paraître rébarbatif ou enfantin, il permettrait au moins aux instructeurs d’en savoir plus sur les habitants des dortoirs Zouwu. Il consulta ses collègues du regard avant de parler à nouveau.

“De très bonnes idées.” Dit-il en s’éloignant un peu de la table où il était adossé et perdant de sa posture nonchalante. “Si mes collègues n’y voient pas d’inconvénients, je m’occuperai du groupe attelé au règlement. Je suis plus à l’aise avec les règles qu’avec les projets créatifs.” Lorsque cette proposition ne sembla pas entraîner de protestations, il continua. “Je propose cependant un petit amendement à l’idée d’Aubépine et de laisser la devise pour plus tard lorsque nous serons tous réunis, puisque que l’exercice est pensé, il me semble, pour être le plus fédérateur. Nous devrions nous y atteler tous ensemble.”

Sa remarque était bien entendue ouverte, n’ayant pas l’intention d’imposer quoi que ce soit. Il se tourna ensuite vers Polaris. “J’apprécie ton enthousiasme et l’idée de représenter l’emblème des Zouwu me semble un très bon début. Peut-être commencer par une version plus petite afin de voir la faisabilité et l’espace qu’il prendrait avant de passer à un modèle plus grand? Avec un peu d’astuce et d’huile de coude, nous pourrions également l’ensorceler pour avoir une utilité.” Un léger sourire avant que son expression se fit plus songeuse. Il sortit sa baguette, gardant un geste assez lâche et délibéré pour ne brusquer personne, l’agitant vers un coin vide de la pièce. “Invocatio Rosée de lune.” Comme il l’avait pensé, une plante apparut là où sa baguette s’était dirigée: elle s’élevait comme de longs roseaux dorés, parsemés de fleurs blanchâtre en son sommet, arrachant un nouveau sourire léger à Lancelot. “Bien. Comme vous pouvez le voir, les sortilèges d’invocation semblent fonctionner, cela vous sera utile pour invoquer le matériel nécessaire lors de la création. Ce sortilège a cependant ses limites et nul doute que le maître des lieux s’est chargé de les placer, ne soyez donc pas trop gourmands. Et cette plante sera donc ma requête et participation à la partie créative de ce projet.”

Alors qu’il prononçait ces mots, son regard croisa directement celui d’Aubépine, lui sourit, puis se concentra à nouveau sur le groupe dans son ensemble. “Séparons-nous donc. Que ceux qui se sentent de s’occuper de la partie créative utilisent la table, qui me semble assez grande si vous avez besoin de dessiner quoi que ce soit, tandis que le groupe du règlement peut occuper les fauteuils et canapés, nous aurons sans doute besoin de moins d’espace. Si, bien sûr, cela convient à tout le monde.” Il laissa planer un autre silence avant de se diriger vers les dits fauteuils, n’oubliant pas de récupérer sa tasse de thé au passage.

Et bien voilà. Il y avait toujours des artistes qui ne demandaient que ça, de mettre en exergue leur talent pour recouvrir les murs de couleurs qui n’existaient pas comme le taupe ou le bleu canard. Aubépine jeta un coup d’œil calme à la rouquine qui avait pris la parole après être arrivée en retard (enfin vaguement, elle était tout de même entrée avant le verrouillage de la porte alors ça ne devait pas être si grave). Elle l’avait déjà vue dans les parages. Elle s’appelait Polaris, était gentille et affectueuse et très…naturelle. Le genre de personnalité enthousiaste et extravertie contre lequel elle n’avait rien mais qui la fatiguaient facilement. Une jeune fille normale quoi. Ce qu’ils devraient tous être. Sauf que non. Certains avaient vécu des choses. Des vraies choses. Pas que des ongles cassés. Enfin. Au moins cela faisait une tête de gondole dans l’équipe création alors elle n’allait pas saper son influence même si l’idée d’une piñata en papier-mâché en forme de gros lion multicolore n’était pas son idée d’une décoration zen et incitant aux études.

Et puis zut, si vraiment ce qu’ils faisaient ne lui convenaient pas, elle irait trouver refuge chez les occamy, dans les bras de son frère. Connaissant son caractère, il ne laisserait personne faire n’importe quoi dans SA salle commune, c’était évident. Alors, elle sourit à la jeune femme pour l’encourager. Lancelot prit alors la parole. Occupée qu’elle était à observer sa camarade, elle n’avait pas vu son expression lorsqu’il l’avait reconnue et s’en voulu avant de se rappeler qu’il l’avait probablement vue sur les listes.

« Je veux bien mais dans ce cas-là, qu’allez-vous faire du troisième ? » Elle hausse les épaules, pas vraiment inquiète à l’idée de laisser un de ses supérieurs s’ennuyer. Avec de la chance il irait embêter l’équipe créative et on la laisserait en paix. Elle n’aimait pas qu’on vienne voir par-dessus son épaule pourquoi ou comment elle faisait les choses. C’était aussi pour cela qu’elle avait choisi une spécialité qui lui donnait un maximum d’indépendance. Sy était un leader né. Elle était un électron libre. Elle recula cependant quand le professeur sortit sa baguette, pas encore très à l’aise avec la présence de gens armés autour d’elle. De son sort sortit cependant une plante magnifique, dorée et blanche. Le sourire de la jeune femme se fit plus amusé, un peu touché. Elle se demandait quelles étaient les propriétés de la plante. A rechercher pour plus tard. Il était hors de question qu’elle avoue ne pas savoir. Elle inspira, réfléchit.

« Invocatio Lana Erunt, textilia, bombacio et axcilia » Quelques rouleaux de tissu colorés de couleurs franches, rouges, vertes, jaunes et blanches apparurent, ainsi qu’une sélection de pelotes de laine diverses, du coton de rembourrage, des ciseaux et du matériel à coudre. Elle ferma les yeux, essayant au mieux de se rappeler de ses sorts de couture et de broderie. Elle n’aimait pas ça mais IL avait insisté. Ce savoir était indispensable à une jeune femme de bonne famille. Elle choisit un tissu d’un vert feuillage et une pelote de laine blanche. La formule était murmurée, longue et complexe mais les ciseaux commencèrent à découper la forme d’un coussin (pas très carré) qui fut correctement rembourré, fermé et brodé d’un Zouwu blanc. Enfin avec un peu d’imagination. Elle posa son « œuvre » à côté de la plante. « Voilà la mienne. » avant de rejoindre, avec un temps de retard, le groupe dans les fauteuils. Celui qu’elle choisit pour elle n’était ni à côté, ni en face de leur professeur. « Avons-nous un secrétaire de séance ? »

Une version plus petite de l’emblème, Pff! Lancelot était loin de s’imaginer des idées de grandeur que Polaris avait en ce moment. Elle souhaitait que le Zouwu soit énorme, bien que confortable dans le bâtiment. Peut-être que l’instructeur s’était imaginé toutes les idées que Polaris avait en ce moment et préférait ne pas s’aventurer dans ce terrain fort dangereux. C’était probablement mieux ainsi pour lui.

La jeune rousse ne put s’empêcher de rougir alors qu’il lui disait que ses idées n’étaient pas trop mal. Même que certains autres enrôlés de la brigade semblaient tout aussi enthousiaste qu’elle a l’idée de créer quelque chose d’aussi gros et merveilleux. Ce serait leur protecteur. Enfin, c’est comme cela que la jeune femme percevait ce projet. Pour l’instant, Polaris ne savait pas trop ce qu’ils pourraient faire avec la devise. C’était un peu dommage, mais d’un autre côté, elle avait que des bêtises qui lui venaient en tête lorsqu’elle cherchait quelque peu.

- Merci beaucoup! C'est une idée géniale que vous avez eu!Lança avec un immense sourire Polaris à la demoiselle qui venait d’invoquer de nombreux tissus, la laide, enfin tout le matériel nécessaire à la confection de leur créature mythique.

Polaris vint s’installer sur la table, accompagné d’un autre enrôlé qui semblait motivé à l’idée de venir créer de magnifiques bricolage. Polaris sourit davantage, elle avait cette impression soudainement qu’elle était de nouveau une petite fille; une petite fille qui traînait dans les pattes de sa sœur qui adorait bricoler tout et n’importe quoi.

Polaris c’était déjà mise à papoter avec ses comparses afin d’établir dans un premier temps, une idée de la grandeur du prototype, mais également comment ils allaient le représenter. Il aurait été possible de le faire avec la magique, que cela prenne quelques secondes, mais l’équipe s’était entendu pour le faire avec leur dix doigts. Ainsi, ils auraient ensuite vraiment l’impression d’avoir fait réellement quelque chose afin d’embellir l’espace. Peut-être pourraient-ils y ajouter des coussins comme la demoiselle avait fait. Et pourquoi pas des poufs géants avec l’image d’un Zouwu dessus?

Ça y est, Polaris était sur sa lancée, proposant tout cela à ses compagnons de création. Peut-être pourraient-ils ajouter des motifs de feuilles et de fleurs sur ces coussins, ce pourrait être joli… Non?

La salle commença tout doucement à s’animer et les enrôlés se divisèrent en petit groupes, certains s’installant dans les divers fauteuils où Lancelot s’était posé un peu en retrait, d’autres suivant la jeune Polaris vers la table et convergeant autour des matériaux qu’Aubépine avait invoqué. Lancelot s’était permis un léger sourire devant le sort plutôt complet et habile de la jeune femme et le coussin brodé à l'effigie de la brigade. Au moins, la pièce autorisait la magie et les enrôlés semblaient prêts à tester les limites de celle-ci, ce qui était bon signe. Il adressa un léger signe de tête à ses collègues qui se répartirent dans les différents ‘ateliers’, le même regard un peu amusé signifiant qu’ils aimeraient être ailleurs mais que, somme toute, la situation aurait pu être pire.

“Je suis sûr qu’ils trouveront à s’occuper.” Il glissa silencieusement, juste assez fort pour que l’intéressée puisse le comprendre avant que son attention se reconcentre sur le groupe. “Si cela vous arrange tous, je me propose pour prendre des notes, cela vous laissera les mains plus libres si des sorts sont nécessaires. Rassurez-vous, la légende comme quoi les médicomages ne savent pas écrire ne se vérifiera pas avec moi. Ou si c’est le cas, je ferai en sorte qu’un sort traduise mon écriture illisible” Il ajouta avec un sourire, un simple moyen de détendre un peu les postures crispées de personnes ne se connaissant pas et hésitant à prendre la parole.
Lancelot fut tenté de rendre leur travail à tous plus facile (et de tester une autre théorie) en invoquant une plume autonome, celle qu’il savait se trouver en ce moment même à l’infirmerie sur son bureau, prêt pour les visites médicales du lendemain, mais il se retint au dernier moment.

Il fallait aussi laisser aux arrivants la possibilité de tâter du terrain et chercher des solutions par eux-mêmes, et tout leur donner tout cuit dans le bec (ou les crocs, si on suivait la métaphore du Zouwu) n’était pas une solution. Alors, il formula un simple sort d’invocation, posant un bête bloc-note (le parchemin aurait été bien trop embêtant) et une plume standard dans ses mains, sa théorie poussée dans un coin de sa tête pour plus tard.

En se plaçant secrétaire de séance, les enrôlés auraient largement la place nécessaire pour s’exprimer sans qu’il ne soit tenté lui-même d’intervenir, de les brider ou de les diriger dans une direction qu’ils ne souhaitaient pas prendre. Son retrait n’était pas forcément fait afin d’éviter d’être sollicité - il était là, enfermé avec eux quoi qu’il arrive, et le temps passerait plus vite s’il les aidait, il le savait bien - mais tout de même volontaire afin que sa place reste minime pour le moment. Si le silence se faisait trop pesant par la suite, il pourrait toujours intervenir plus longuement, même si ce n’était vraiment pas son intention.

“Des idées pour commencer?”

Du coin de l’oeil alors qu’il attendait qu’on le rende utile, Lancelot pouvait apercevoir le groupe des travailleurs artistiques en pleine action. Certains semblaient argumenter sur l’utilité de faire des schémas préliminaires, une sorte de brouillon ou de prototype, d’autres voulaient se mettre directement à la création en se répartissant les tâches entre ceux qui savaient coudre, découper les formes, éventuellement les peindre ou autre. L’un des enrôlés avait invoqué en plus des rouleaux de tissu des plaques de carton, sans doute pour faire tenir certaines parties de la bestiole si le rembourrage ne suffisait pas et que la structure était trop grosse, ainsi que diverses peintures sur tissus pour le couvrir de motifs. Il entendit une remarque sur la possibilité de faire la créature en papier mâché, également, avant de se concentrer à nouveau sur son propre groupe.

Une idée géniale ? Elle n’était pas certaine d’avoir eu ne serait-ce qu’une idée, à part pour les couleurs du coussin qui avaient repris celles de la plante de l’Instructeur. Minus le doré. Si elle avait été plus douée ou plus intéressée par la broderie, elle aurait peut-être pu utiliser du fil de cette couleur pour les contours et les détails mais bon. Ce qui était fait, était fait, pour le pire bien plus que le meilleur et sans fausse arrogance, elle espérait bien que les autres seraient capables de faire bien mieux ce qui permettrait d’oublier son machin. Elle sourit gentiment à Polaris, la remerciant silencieusement de son admiration – après tout c’était gentil de sa part – et retourna s’asseoir tandis que les groupes se faisaient presque naturellement. L’apparté de Lancelot, rien que pour elle alluma une lueur vraiment amusée dans ses yeux bruns tandis que son visage restait de marbre. Le masque, une force des femmes de la famille depuis des générations.

L’instructeur reprit ensuite, se positionnant immédiatement comme scribe – une bonne astuce pour pouvoir poser sa tasse et siroter tranquille – plaisantant sur les préjugés des médicomages. Aubépine laissa dire. Les plumes enchantées libéraient autant les mains et écrivaient convenablement mais s’il voulait les détendre, elle n’irait pas l’en empêcher. A son top, donc, plusieurs voix s’élevèrent, certaines pour proposer un couvre-feu, d’autres pour donner des règles sur la musique ou le travail, d’autres encore pour discuter des lits. Elle laissa parler un moment puis, lorsqu’il y eut un creux dans la conversation, se lança à son tour.

« Je propose qu’on divise les règles en plusieurs points. En premier lieu, l’entretien. Puisqu’il a été dit que ce ne sera pas fait par les elfes et que nous avons tous une définition personnelle de l’hygiène. On pourrait par exemple définir un jour de changement des draps et du linge, voire un jour de nettoyage hebdomadaire ? Cela vous parait bien comme durée ? On pourrait peut-être le faire le samedi, afin de nous garder le dimanche entièrement libre ? Et comment s’organise-t-on ? En sous-groupes pour que tous aient un vrai week-end de temps en temps ou toujours tous ensemble pour aller plus vite au détriment de quelques heures ? » Sa voix, tranquille, calme et posée montrait bien à quel point le choix d’une option ou de l’autre lui était indifférente. C’était Sy qui s’occupait du ménage. Pas elle.

On y allait pour du papier mâché. L’idée était bonne. Ça allait être amusant de mettre les mains dans la colle, de former notre Zouwu qui allait avoir une taille plutôt réduite à ce que j’aurais souhaité au final, mais une taille tout de même respectable. Tout le groupe se met à la tâche. Un dessin provisoire a été fait, on ne se gêne pas pour que nos baguettes contribuent au travail. Nous sommes plutôt enthousiasme, parlant par le fait même des couleurs alors que nous cherchons à donner une forme convenable

L’idée d’Aupébine fait son chemin. Je ne sais pas ce que ça donnerait comme résultat, mais il faut essayer, j’en profite pour partager l’idée à mes collègues. J’aimerais bien que l’on puisse avoir des poufs, ils pourraient se déplacer facilement vers la cheminée, ça donnerait un aspect encore plus chaleureux et confortable à la pièce. Les autres semblent assez d’accord. C’est vraiment génial! En fait, j’ai l’impression que ça ne leur dérange pas trop ce que je leur propose. Je suis exubérante par moment, ça doit les embêter ? Peut-être qu’ils sont trop polis pour me dire que les embête ? Pourtant, il n’en faut pas beaucoup pour que ce soit réglé, je suis capable de survivre si l’un d’eux me dit que j’ai une mauvaise idée.

Cependant, l’un d’eux me fait remarquer qu’il serait une bonne idée de se concentrer sur le Zouwu géant. Des poufs et des coussins, ça peut attendre, ils peuvent être réaliser une autre fois si jamais cela est nécessaire. Je leur offre un grand sourire, m’excusant rapidement avant de reprendre mon travail ; mettre les différents éléments de cartons et de papiers journaux alors que quelqu’un d’autre s’applique à mettre la colle. Je ne peux m’empêcher de chantonner tout doucement alors que nous travaillons, ça donne de l’entrain et de la motivation.

La discussion débuta et s'anima rapidement, Lancelot notant dans un premier temps toutes les idées sur la feuille. Contrairement à son sous-entendu, son écriture était lisible, plutôt fine et rapide. Il n'avait aucun mal à suivre les propositions de chacun, quitte à utiliser quelques abréviations qui seraient précisées par la suite si quelqu'un insistait pour le relire. Les préoccupations des enrôlés étaient communes à ce à quoi il s'était attendu: minimiser ou réglementer le bruit pour que chacun y trouve son compte, organiser la gestion du dortoir, toutes ces petites habitudes des uns et des autres qui étaient forcément assez diverses et variées pour poser problème.

Il avait lui-même vécu en communauté au sein des Castels pour son éducation et plus tard avec sa famille, puis le groupe de résistants qu'il avait intégré. Il savait au combien ces règles étaient nécessaires dans un contexte de groupe où le conflit ne venait pas encore les frapper, pas directement dans leur lieu de vie cependant, et comment ces règles voleraient rapidement en éclat si les nerfs des uns et des autres étaient mis à rude épreuve. Ils adapteraient et apprendraient au fur et à mesure, cela allait de soit. Ils étaient voués à être ici un moment, après tout.

(Il y avait une pointe de satisfaction à savoir qu'au moins, il dormirait dans sa propre chambre. Il avait passé l'âge et le taux de patience de dormir dans un dortoir avec des inconnus sans risquer de se montrer acerbe, et les enrôlés n'en seraient que plus ravis de ne pas l'entendre se lever à l'aube et revenir en plein milieu de la nuit.)

La voix d'Aubépine s'éleva à nouveau pour tenter de mettre un peu d'ordre dans tout ça. Il la laissa faire, sourit doucement, nota ses suggestions. Quelques soupirs à l'idée de devoir faire le ménage, mais tous étaient d'accord sur le fait que cette partie devrait être faites quoi qu'il arrive. 'Pas trop tôt ou tard, le samedi. Le soir après le repas, comme ça tout le monde est là? Ça pourrait être un bon moment pour caser des soirées ensemble, aussi. Peut-être pas toutes les semaines, les soirées, mais au moins se retrouver pour parler et gérer les conflits.' Indiqua un jeune enrôlé qui se tenait à la droite de Lancelot et semblait plutôt ennuyé par l'exercice. 'Et ça serait plus facile si on le fait tous, mais faut que tout le monde s'y mette. S'il y en a qui ralentisse le groupe ou font pas leur travail, ça va faire des histoires pas possibles.'

"Mettez en place un tableau des tâches à faire." Lancelot suggera d'un haussement d'épaule. "Enchanté si nécessaire afin d'indiquer le travail de chacun, soit par choix, soit en faisant tourner les différentes tâches pour que vous participiez tous selon votre vision des choses. Comme ça, vous serez tous tenus responsables quoi qu'il arrive. Vous aurez le temps d'adapter si le système ne fonctionne pas de toutes façons."

Il était d'avis qu'utiliser les forces et faiblesses de chacun passait aussi par les tâches ménagères et que les sorts de ménages accessibles rendaient tout de même les tâches plus faciles au point qu'il n'y avait pas non plus trop à se plaindre, mais tous n'étaient pas doués pour ces derniers. À eux de voir ce qu'ils trouvaient le moins pénible.

Les Zouwus bricoleurs s'activent. Certains comme Polaris sont excités à l'idée de tout mettre en place et les idées fusent rapidement. L'un d'entre eux propose donc de les noter au fur et à mesure dans un coin pour ne pas les perdre, et la liste se retrouve donc avec des idées variées: des poufs, plus de plantes, un coin d'activité peut-être pour ceux qui veulent peindre ou écrire au calme, avec un sort insonorisant et pleins de couleurs partout? Très vite cependant et au vu de l'ampleur de la tâche, la plupart des bras et des mains se concentrent sur le Zouwu géant qui commence à prendre de l'ampleur. Bruits divers et variés fusent alors que les enrôlés luttent pour que le carton prennent la forme qu'ils souhaitent, le long corps de l'emblème de leur brigade. Ça aurait été plus simple par magie, certes, mais ils l'ont décidé ainsi: pas de magie qui tienne pour cette fois-ci! Un enrôlé pousse un petit cri victorieux alors que la tête ressemble bien à une tête de félin. "On peut au moins appliquer des sorts pour que la colle sèche plus vite et qu'on passe aux couleurs, non?"