Le Portoloin vous a lâché. Et vous êtes tombé de quelques mètres devant cette arche de pierre qui s’ouvre dans un mur immense. Autour de vous, des objets d’apparence divers rangés dans deux paniers, chacun d’un côté de la route. Des jouets pour chien, de vieilles chaussures, un goulot de bouteille de mauvaise vodka vide, des…trucs. Vous pouvez en saisir un ou deux si vous le désirez. Ils sont inoffensifs, sans intérêt. Mais si vous les lancez hors de leur rangement, ils y retournent automatiquement. Autour de vous, une nature luxuriante mais vide d’animaux, silencieuse. Le seul bruit, à part votre existence, vient d’un léger grésillement venant du champ de force qui fait vibrer l’air passant sous le portail.

Vous savez pourquoi vous êtes ici. Quelques temps plus tôt, vous avez fait ce rêve curieux durant lequel vous avez vu défiler votre vie devant vos yeux alors qu’un « juge » invisible vous questionnait sur vos choix et vos motivations. Curieusement, vous vous êtes senti spectateur de ce film étrange. Conscient et pourtant coincé dans le présent, revivant intensément tous les sentiments que vous aviez à l’époque. Si vous avez tenté de résister, alors le rêve s’est fait plus douloureux, plus incisif. Les lumières se sont éteinte et le monde est devenu noir, votre vie seule éclairant une scène sombre et inquiétante. Vous vous êtes senti plus léger et le vent se levant vous a transporté au-dessus de rappels de batailles célèbres, d’exterminations de moldu ou de nés de moldu, de meurtre d’enfants, de torture de passants innocents. Vous revoyez jouer ce qui vous dégoûte le plus dans ce monde. Sans aucune complaisance, sans mot d’apaisement. Et si vous êtes ici, c’est qu’une haine violente vous a saisie à cette vue, la détermination de faire votre possible pour que cela s’arrête, pour que plus jamais ce genre de chose ne se reproduise, quitte à y laisser votre vie. Il est possible même que, pensant être sondés par des Mangemorts, vous vous soyez débattus pour échapper à cette emprise, récupérer le contrôle de votre corps, de votre esprit. Quelle que soit la force de votre pouvoir, de vos connaissances, vous n’y êtes pas arrivé mais, petit à petit, le rêve se fait plus doux, plus lumineux, comme une toile qui se détendrait non pour vous libérer mais pour vous laisser respirer.

Vous avez alors vu le Domaine, exactement comme vous le voyez à présent à travers la porte. Une voix silencieuse et sans timbre vous a expliqué qu’il existait à présent un lieu où l’on avait pour but de préparer la nouvelle génération à se regrouper, se connaître et affûter ses pouvoirs dans l’espoir qu’un jour, cette élite pourrait débarrasser le monde du Seigneur des Ténèbres. Qu’il recrutait des jeunes doués avides d’apprendre et de se battre. Que vous avez été choisi. Mais que cette cause ne pouvait être imposée. Que les enrôlés l’étaient de leur plein gré uniquement.

Peut-être avez-vous alors posé des questions ? Toutes n’avaient pas de réponse et dans ce cas-là, seul le silence vous a répondu. Mais quelques-unes cependant étaient autorisées. Qui est responsable du Domaine ? Monsieur le Directeur. Qui est-il ? Silence. Que m’arrive-t-il si je refuse ? Rien, un rêve noir, pas de souvenirs. Puis-je donner ma réponse plus tard ? Non. Qu’arrivera-t-il à ma famille ? On ne sait pas. Puis-je demander son avis à quelqu’un ? Non. Est-ce que d’autres ont dit oui ? Silence. Pourquoi ? Pour délivrer le monde des Ténèbres. Qu’est-ce que j’y gagne ? Rien. Est-ce que je peux changer d’avis au milieu ? Non. Qu’est-ce qui me dit que je peux vous faire confiance ? Rien.

Si vous êtes ici c’est que vous avez accepté. Et vous vous êtes réveillé au matin avec pour ordre de préparer votre départ de façon à ne pas éveiller les soupçons de vos proches et de vous rendre (à partir du 15 mai 2019 et jusqu'au temps présent sur le forum en fonction de quand vous avez eu votre Rêve) à votre Portoloin, seul. Vous avez peut-être tenté de parler de ce curieux rêve à vos proches mais dans ce cas-là, les mots sont restés coincés dans votre gorge. Vous avez peut-être voulu l’écrire mais votre main ne vous obéissait pas. Dessins, chansons, rébus, aucun moyen de communication n’a fonctionné. La voix avait dit vrai, vous n’avez pas pu leur en parler. Tendu, vous vous êtes peut-être attendu à ce qu’arrivent des mangemorts convaincus de votre trahison. Et pourtant la routine n’a pas changé. Au moment prévu, vous vous êtes retrouvés avec votre sac, votre alibi, devant le portoloin, seul.

Vous vous approchez du portail, votre sac toujours à la main. Quelque chose bouge sur le mur. Deux gargouilles qui vous regardent. Du fond de votre esprit surgit un mot de passe que vous n’aviez pas conscience de connaître. Vous le prononcez et, aussitôt, vous le voyez tourner autour de la clef de voûte et disparaître. Vous l’avez déjà oublié. Vous avancez, passez sous l’arche de pierre. Quelque chose picote. C’est un Voile de vérité particulièrement puissant. Métamorphomages, vous sentez votre physique se modifier pour vous redonner votre apparence réelle. Loup-Garous, vous vous couvrez de poils et êtes envoyé dans un autre endroit, une sorte de camps au milieu de vos pairs. Si vous êtes sous polynectar ou tout autre enchantement, potion ou artefact dissimulant votre apparence, celui-ci ne fonctionne plus. Sous le Charme, vous ne pouvez qu’être vous-même. Vous sentez un picotement là où se trouve votre baguette. Se trouvait. Elle a disparu. Le tout n’a duré qu’une fraction de seconde même si cela vous a paru bien plus. Vous êtes passé. Un géant vous regarde. Si vous lui parlez, il ne vous répond pas. Autour de vous, le Domaine. Une grande Plaine qui s’étend devant vous, et, au bout, plusieurs bâtiments médiévaux. Il fait beau et la vie, absente de l’autre côté du mur semble déborder ici.

Vous êtes toujours seul cependant. Vous comprenez bien vite que le géant est un garde et qu’il vous laisse passer. Vous avancez. Un elfe vient à votre rencontre. Il vous appelle par votre vrai nom, propose de prendre votre sac. Si vous acceptez, celui-ci disparait – il aura été posé au pied de votre lit – si non, vous pouvez le garder. Il vous explique que vous êtes un Enrôlé sur le Domaine de Rementor. Que ceux-ci sont dispatchés en quatre brigades et vous informe de la vôtre. Il vous indique ensuite qu’une nouvelle baguette va vous être fournie, l’ancienne ayant été confisquée car connue par les gouvernements. Il vous conduit alors dans un atelier. Un homme de grande taille s’y trouve, l’air fatigué. Ses cheveux châtains clairs coupés courts accentuent les traits déjà marqués de son visage. Ses yeux bleus sont tristes. Il est vêtu d’une robe de sorcier riche dans les tons pourpres et violines tissés d’argent. Autour de lui des éléments magiques, du bois, des outils et des baguettes. Il vous propose une assiette avec ce qui ressemble à des pâtes de fruits, expliquant en anglais que c’est une pâte magique à des fins de communication. Si vous la prenez et la mangez, vous vous rendrez compte que vous parlez et comprenez parfaitement l’anglais quelque-soit votre niveau dans cette langue lors de votre vie. Si vous ne la prenez pas, elle vous sera re-proposée plus tard. Vos connaissances dans les autres langues restent telles quelles.

Homme de peu de mot, il dit se prénommer Odysseus et que tous ici doivent prendre un pseudonyme. Vous-même serez invité à choisir le vôtre dans une liste lors de l’émargement. Il prend également vos mesures et vous fait essayer plusieurs baguettes jusqu’à ce que vous trouviez la vôtre qu’il note dans un grand registre. Si vous lui demandez, il vous répondra qu’il n’est en rien le Directeur mais qu’il va enseigner les Enchantements et Artefacts. Une fois cette formalité accomplie, l’elfe vous conduit dans une salle ronde pour que vous signiez le règlement du Domaine. La plume mise à disposition picote un peu et vous vous apercevez que non seulement elle s’est servie de votre sang en tant qu’encre mais également de votre essence magique. Vous êtes à présent lié à Rementor. Des bruits apparaissent ainsi que d’autres silhouettes, celles des autres enrôlés. Si vous lui demandez, l’elfe vous guide jusqu’à votre dortoir mais pas plus loin. Sinon, il disparaît alors que la porte de la salle ronde se ferme derrière vous, vous laissant le loisir de rencontrer vos futurs camarades.Halloween