En fait, elle avait une idée. 
Cette idée lui trottait dans la tête depuis plusieurs jours, transitant très vite de l'état de pensée à l'état de projet. D'abord abstrait, ce dernier devient bientôt ébauche, puis dessein. Le temps passant, les cours filant, Scorpion avait eu, parfois, lorsque le sujet abordé par l'instructeur n'attirait pas suffisamment son attention pour qu'elle ne soit distraite, tout loisir d'étudier la faisabilité de sa théorie. Enfin, tout, ou presque. Il vint, évidemment, et bien vite, un moment où la réflexion seule ne pu se montrer suffisante. Il lui fallait des études sur lesquelles s'appuyer afin d'affiner ses hypothèses, concrétiser, réfuter, barrer, approfondir le tout. La bibliothèque, amie à temps partiel, le fut de nouveau durant cette période, tantôt le temps qu'elle emprunte quelques ouvrages -plus rares qu'elle le croyait- tantôt le temps d'étudier. Il fallait, bien sûr, concilier ses recherches personnelles aux devoirs qu'on ne cessait de leur donner. Joyeux retour aux années adolescentes, plus appréciable qu'il n'y parait dès lors qu'il prend la forme de pratique. L'irlandaise a toujours aimé travailler, rechercher, farfouiller. Les cours théoriques l'ennuient vite, elle les enregistre sans vraiment de difficulté. La pratique a au moins l'avantage de dérouiller ses neurones. 

Enfin, donc, en était-elle venue aux expérimentations. Une étape considérable qui rendait son entreprise un peu plus amusante. Du moins, qui allait la rendre plus amusante. 
Il lui manquait un objet, le seul dont elle ai besoin pour ses expérience, essentiel donc, pour pouvoir commencer. Elle aurait pu le choisir parmi un large panel d'accessoires, mais le fait est que Scorpion aime peu se fondre dans la masse. Prendre le premier bibelot venu pour le changer en arme, c'est idéal au milieu d'un champ de bataille, ou l'action prime sur le style. Au domaine, elle peut se permettre de se montrer capricieuse. 

Capricieuse, donc, elle chercha mais ne trouva l'objet de ses désirs nulle part. Il lui fallait se l'approprier autrement. 
Cloporte fut la solution évidente. La première qui lui vint à l'esprit, la première qui viendrait à l'esprit de n'importe quel brigadier normalement constitué d'ailleurs.
Elle se mit à sa recherche dans la soirée qui suivit afin de lui soutirer un précieux qu'elle soupçonnait, finalement, pas si difficile à dénicher pour un insecte tel que lui. 

Elle pensait trouver le demi sorcier dans le dortoir Occamy, solution facile, bien sûr, qui l'aurait été un peu trop. Il n'y était pas. Ni là, ni à l'étable, ni à la forge. Il devait se trouver ailleurs, à l'évidence, ceci dit, elle peinait à déterminer où. Le vivant et ses mouvements aléatoires, quelle plaie. Un cadavre est plus facile à dénicher. 
Elle fini par le trouver, par hasard, alors qu'elle avait décidé de reporter à plus tard son enquête, le temps d'effectuer, comme chaque matin et chaque soir, une balade bi-hebdomadaire pour entraîner sa patte. Sa non patte. Ce qu'elle avait désormais en guise de jambe, du moins. 

Aperçu, par véritable hasard -qu'elle idée d'être si petit dans cette semi obscurité ?- elle s'approcha bien sûr, saisissant l'occasion. 

« Bonsoir. »

Parait' que c'est plus poli. Et que c'est mieux pour demander un service. Un troc. Enfin, ce genre de chose.

« Es-tu capable de me procurer un monocle et que souhaiterais-tu en échange ?»

Tout a un prix, parait-il.