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1190 €

Six pieds sous mer
Mer 7 Oct - 14:59
Odysseus
Odysseus
217
Six pieds sous mer X5ed
43 ans
Baguette, artefacts et enchantements
Sang mêlé
Nirimage
Elemagie (Air)
Instructeur
https://rementor.forumactif.com/t109-odysseus-instructeurhttps://rementor.forumactif.com/t136-dans-la-pensine-d-odysseus

Octobre souffle sa mélancolie et dans les ors et les gris de l’automne tombe une pluie de souvenirs qui se collent à mon esprit, me gênant aux entournures. Si l’éclatant soleil de la fin septembre n’a pas réussi à brûler les souvenirs du Bal, je doute que les prochaines semaines arrivent à les noyer. Tout au plus les moisir.

Il ne fait pas beau ce jour, il ne fait pas moche. Les heures dominicales se trainent, lentement, laissant une trace humide sur leur passage. Tout est collant. Les bois, poisseux, ne parlent guère et le ronflement de la forge n’arrive pas à réchauffer les cœurs. Je laisse tomber mon ouvrage, un peu de couture sur cuir, pour la troisième fois sur mes genoux. Lorsque l’esprit vagabonde, les mains n’ont plus de force. A quoi bon s’obstiner. Je sais déjà que je n’arriverai à rien.

Il est quatre heures, on dirait qu’il est sept. Le ciel obscurcit par les nuages joue à cache cache avec mes espoirs d’un temps qui se serait écoulé sans que je ne le remarque. Je marche, un peu au hasard, ma robe brune frôlant l’herbe de la prairie. Une légère brume monte du lac. Chez moi, les eaux sont bleues. Ici, depuis quelques jours, elles sont devenues grises. C’est triste. Suivant une impulsion soudaine, je me transforme, vole, me mêle au brouillard, tentant de le faire monter, descendre, au rythme des courants inexistants que j’essaie de faire bouger.

A quoi bon. Cette question me hante. Elle me paralyse. Je ne sais plus pourquoi je fais les choses. Pourquoi je me lève le matin, pourquoi je me couche le soir, pourquoi je respire, je vis. Rien n’a d’importance. Rien d’important ne fonctionnera. Jamais. Mon empreinte est déjà laissée et s’efface dans l’indifférence. La force qui me faisait travailler, avant, qui m’animait, me poussait hors du lit le matin, faisait la différence entre éveil et sommeil, cette force m’a quitté il y a tellement longtemps. Et aujourd’hui je n’ai plus même l’énergie artificielle de ma fuite en avant. Je ne sais pas pourquoi je fais ce que je fais. Pourquoi je m’obstine à me forcer, jour après jour, heure après heure, à un effort énorme pour un produit dérisoire et dont je ne suis pas même sûr de l’utilité. A quoi bon. Je me sens happé par un courant. Je recule, je monte et…rien.

Je tombe. Par réflexe je reprends ma forme humaine, ma forme de naissance. Je n’ose pas penser ma forme « normale ». Plouf. L’eau m’entoure, me pénètre. Je sens sa main glacée saisir jusqu’à mes os. Je me laisse couler. Je sais pourtant parfaitement nager et les courants du plan d’eau ne sont pas trop violents pour moi. A quoi bon. J’ai juste eu le temps d’entendre un cri. Une voix. Je ne serais pas le musicien que j’ai été si je n’étais pas capable de reconnaitre chaque timbre de chaque enrôlé. Surtout celui-ci. Pivoine. C’est vrai qu’elle vient de sortir de l’infirmerie. La pauvre. Lancelot m’en voudrait si je la traumatisais encore plus qu’elle ne l’est déjà. Je soupire. M’étouffe. Remonte à la surface. Quelques secondes à peine me sont nécessaires pour rejoindre la berge. Je sors. J’ai froid. Au moins, dans l’eau, je n’étais pas mouillé. A quoi bon ? Je ne sais pas. Mais au moins je tente de ne pas faire de mal ?

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