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Murmures d'écorces
Mer 14 Aoû - 15:33
Ortie
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La forêt ne ressemblait en rien à la nature qu'Ortie connaissait. Elle n'avait pas les rangées bien entretenues des jardins qu'il avait fréquentés, pas de parterre de fleurs soigneusement choisies, pas même le soin attentif des plantations des potagers et des serres.
Mais elle lui parlait.
Une langue inconnue, incompréhensible pour le citadin qu'il avait toujours été, mais elle lui parlait tout de même.
Probablement un langage d'herbes folles et sauvages.

Les arbres bruissèrent au-dessus de sa tête alors qu'il s'enfonçait le long d'un sentier étroit. Racines et ronces tentèrent de s'enrouler autour de ses chevilles. Il se dégagea et poursuivit sa route, semant lentement mais sûrement les voix distantes des enrôlés et le bruissement du lac. Son sac pesait sur ses épaules, les lanières plus adaptées à l'université qu'à une balade en forêt lestées d'un carnet dans lequel le brun avait recopié et trié ce qui l'intéressait : des étapes de création de baguette annotées de sa main et au fil de son expérience puis des cours, des mémos sur les cœurs... et les bois. Entre chaque entrée dédiée à un bois, le Selkie avait dû se résoudre à ajouter des croquis et dessins d'à quoi ressemblaient les arbres dont ils étaient tirés. Parce qu'il n'avait pas la moindre foutue idée de ce à quoi ils ressemblaient. Mais il savait qu'ils existaient, et que les bois abritaient des arbres à baguette : les botrucs croisés lors d'excursions plus ou moins volontaires tenaient lieu de preuve.

Avec à peine plus de mauvaise foi, Ortie aurait pu prétendre y compris à lui-même qu'il ne savait pas trop ce qu'il faisait ici – citadin, infanterie, et dans la forêt avec des croquis d'arbres et de feuilles alors qu'il n'aimait même pas les plantes (avec un peu de chance, Lancelot ne l'aurait pas vu emprunter le manuel dont il les avait tirés et il n'en entendrait jamais parler).
Sauf qu'il savait. Il savait très bien. L'excuse de n'avoir fabriqué des baguettes que par nécessité ne tenait plus, plus vraiment. Plus maintenant que l'envie de recommencer sans nécessité lui brûlait les doigts.

La baguette à portée de main comme un éclair de bois d'argent, il s'arrêta au niveau d'une clairière moussue, loin des regards, sortit son carnet. La forme des feuilles était du chêne, d'accord, mais quel genre de chêne ? Il n'aimait pas tous les chênes.
Re: Murmures d'écorces
Mer 14 Aoû - 18:28
Odysseus
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Assis sur une branche, je laissais mon regard se promener vaguement sur l'écorce de l'arbre que j'avais choisi, un chêne envahi de lierre et de gui. Je cherchais, pour cette fois, l'endroit exact où les trois végétaux s'étaient croisés, où ils s'entrelaçaient, car le bois de ces baguettes étaient toujours teintés d'une magie plus subtile que l'essence brute d'un matériaux qui n'avait jamais eu besoin de se défendre. Puis, plus tard, j'irais encore plus profondément tenter de retrouver cette souche frappée par la foudre dont un enrôlé m'avait parlé quelques jours auparavant. Il faisait beau en ce dimanche 16 août, avec une lourdeur pleine d'ozone. D'en haut, l'on oubliait le peuple du Domaine, on pouvait se croire seul avec les botrucs, à ne faire que créer. J'aurais donné n'importe quoi pour être réellement mort et que cet endroit soit mon paradis. Nature, tranquillité, matériel et création. Sans la guerre dehors et les enrôlés un peu partout, j'aurais presque pu être détendu.

Je repris mon ascension vers les cimes, ma robe verte faisant bruisser les feuilles et dérangeant les écureuils. Une fois l'endroit trouvé, j'attrapais ma baguette et entrepris d'extraire le coeur qui m'intéressait, coupant les canaux de chlorophylle chaque fois que c'était possible pour ne pas faire plus de mal que nécessaire. Dans le creux, j'introduisis une petite branche du même arbre, comme une greffe pour le faire repartir. Cela fait, je sautais du haut de l'arbre, utilisant mon élémagie pour me faire porter par l'air et descendre calmement. Mon art me permettant également de ne pas laisser ma robe s'ouvrir à cause de la chute. Au passage cependant, je vis une chouette, dérangée, faire tomber un nid où reposaient deux oeufs...juste sur la tête verte d'un enrôlé sous les branches. Je sortis ma baguette, au moment où mes pieds reposaient sur l'herbe, arrêtait le nid (et son précieux contenu) dans leur chute et les renvoyais posément d'où ils venaient. J'attrapais finalement mon sac à cueillette que j'avais posé de l'autre côté du tronc, rangeant mon trésor du jour.

"Bonjour ?"

Puisqu'il semblait qu'il faille être poli... Ortie était l’un des adolescents qui avait voulu à toute force retrouver sa baguette et j’avais vu en lui un certain talent pour ma matière, talent qui s’était confirmé par la suite. Il était sensitif, avait un bon instinct et une compréhension fine des choses mais il semblait sans cesse se battre avec le monde entier. Il était connu parmi les professeurs comme une tête brûlée plutôt indisciplinée et les histoires de ses chasses aux nargoles faisaient partie des anecdotes les plus prisées en salle des instructeurs…
Re: Murmures d'écorces
Mer 14 Aoû - 21:37
Ortie
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Si les TP de botanique et sa rencontre avec une certaine plante dans la baignoire avaient appris à Ortie quelque chose, c'était bien que la flore était vicieuse. Le bruissement des branches et l'envol de la chouette détournèrent son attention de ses schémas instantanément. Le carnet tomba au sol, abandonné au profit de sa baguette. Sous ses doigts, le tremble frissonna, coup de tonnerre silencieux et minuscule à même sa peau.

La vision d'Odysseus le figea, des sortilèges sur le bout de sa langue, défensifs et offensifs mêlés en syllabes n'attendant que d'être prononcées. Une ombre de brindilles tressées l'effleura brièvement, avant que le nid ne reparte dans l'autre sens. Pas de lianes à épines. Pas d'acide ou de pus ou de sève bizarre, de pollen soporifique. Le qui-vive du Selkie descendit d'un cran. Les arbres à baguettes eux, au moins, avaient le bon goût de ne pas agresser les gens. Pas qu'il sache, du moins.

"Accio."

Le carnet qu'il avait laissé chuter entre les feuilles mortes bondit dans sa main et il le referma d'un geste sec, dérobant à la vue les schémas et les pages rajoutées, semées de son écriture aux volutes brusques et nettes.

"Bonjour ?"

La nuance d'interrogation qu'il avait cru percevoir dans la voix de l'instructeur se répercuta en écho dans la sienne. Il n'était pas assez tard pour qu'un "bonsoir" soit de circonstances, pourtant, si ? Décidant que les questions de politesse ne valaient pas la peine qu'on s'y attarde, Ortie leva le nez vers l'endroit dont était descendu Odysseus. Pas étonnant qu'il se promène en robes s'il pouvait léviter vers les branches au lieu de grimper comme le commun des mortels. Pour affronter la nature et ses coups bas, l'enrôlé avait renoncé aux robes, leur préférant un pantalon noir et un t-shirt sans le moindre pli : moins de poches, certes... mais aussi moins de tissu attrapable par les végétaux les plus attachiants.

"En préparation du prochain TP ?" supposa-t-il, additionnant l'escalade d'arbres, le sac qui avait laissé entrevoir un éclat de bois et une préconception d'étudiant pour lequel les professeurs sont soit professeurs soit rangés dans un placard de leur salle de cours.
Re: Murmures d'écorces
Ven 16 Aoû - 20:20
Odysseus
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Je suis à peine descendu qu’il a lâché son carnet et sa baguette à la main. Trop pris dans la sauvegarde du nid, j’aurais été sans défense face à une quelconque attaque. Mes collègues auraient bien rit si je m’étais fait enchanter par un enrôlé. C’est à ça que l’on voit, je pense, qu’ils ont fait la guerre et pas moi. Je ne pense que rarement à attaquer l’inconnu. Au mieux, je m’en protège mais au fond, pour quoi faire. Qu’ils m’éliminent ne changerait pas grand-chose. Certes, il est difficile de trouver un bon baguettier, d’autant plus nirimage mais je me sais dispensable. Je retiens un soupir. Pas de sort. Une salutation en écho de la mienne. Un cahier qui se range. Je ne fais pas de remarque. Je ne cherche pas à savoir. Il lance la conversation, me surprenant au passage. Pourquoi serais-je spécifiquement en train de préparer un tp ? Nous venions d’en faire un et je n’étais pas – de loin – assez chargé pour une cueillette devant servir à tous les enrôlés.

« Pas vraiment. Ce bois est trop rare et trop précieux pour que je vous le confie. » Je sors doucement ma trouvaille de mon sac et la caresse dans le sens du grain. Je peux en sentir la magie, les trois essences qui se mêlent et se combattent tour à tour. Je ne pense pas en faire une baguette finalement, j’ai trop peur du résultat. Peut-être une sorte d’artefact. Je ne sais pas encore quoi. Généralement, on les fait en verre et en métal, c’est plus résiliant mais lui… je crois que je vais attendre de l’étudier et qu’il me dise ce qu’il veut devenir avant de le tailler et de partir sur une idée quelconque. Intéressé soudain, je tends le morceau à l’enrôlé. Jusqu’ici, malgré d’immenses lacunes en théorie, il a montré une sensibilité plus élevée que la moyenne. Je me demande ce qu’il en pense.

« Prend le si tu veux. Sent le. Et dit moi ce que tu en penses. Je suis curieux de connaître ton opinion dessus. »

Je ne pense même pas au fait qu’il puisse prendre ma proposition pour un ordre ou un exercice. Je suis persuadé qu’il va juste le faire. Qu’il est, au fond, aussi curieux que je le suis moi-même de ce qui fait les choses, de ce qui les rend magique, extraordinaire malgré leur abondance. Aucun bois ne ressemble à son frère ou sa sœur. Aucun crin n’a le même pouvoir que celui d’à-côté. La nature est l’être le plus magique de l’univers car elle donne, elle prend, elle octroie, et jamais, jamais, elle ne fait deux fois la même chose.
Re: Murmures d'écorces
Ven 16 Aoû - 21:13
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La réponse le froissa autant qu'elle l'intrigua. Ce n'était probablement pas l'intention initiale, mais le résultat fut le même. Le brun croisa les bras, coupé court dans sa tentative d'être poli et intéressé. L'intégralité des cours d'étiquette que ses précepteurs avaient tenté de lui dispenser transplana dans un ailleurs inconnu instantanément.

Jusqu'à ce qu'Odysseus lui tende le fameux bois précieux et rare.

L'envie de se satisfaire de cette confiance le disputa chez le Selkie avec une forme de prudence. Il considéra le bout de bois qui ressemblait à n'importe quelle autre planche pas finie puis, lentement, rangea sa baguette, attentif à la garder à portée – réflexe. Il brossa ses doigts sur le coton trop repassé pour avoir l'air à sa place ici de son t-shirt et, enfin, se saisit du bout de bois. De chêne. Il ne savait pas de quel chêne (et il n'était pas question qu'il sorte son comparatif de dessins décalqués au vu de qui que ce soit), mais d'un chêne, logiquement, vu l'arbre dont était descendu l'enseignant.
Loin des bois déjà séchés dont il avait l'habitude, la sève assouplissait la tenue du bois et embaumait l'air, l'écorce comme une promesse friable sous ses doigts. Il desserra sa prise sur le bout brut pour ne pas risquer de l'endommager.

Et ça ne donnait pas l'impression du chêne. Pas tout à fait. Pas assez.

Un vieux réflexe lui interdit de fermer les yeux mais son regard se perdit dans le vague comme toujours lorsqu'il se repliait en lui-même. Ça ne se ressentait pas comme du chêne. Pas tout à fait. Contrarié autant qu'intrigué, il retourna les veines presque encore palpitantes de vie entre ses mains, sourcils à peine froncés.

"Il a quoi ce bois ?"

Ce n'était probablement pas la réponse attendue. Il n'en tint pas compte, la demande déjà oubliée au profit d'une sincère perplexité. Calant le morceau contre l'un de ses avant-bras pour le maintenir en équilibre tout en libérant une de ses mains – celle qui aurait pu se saisir de sa baguette, toujours – il laissa ses doigts courir sur la longueur du tronçon. Une fois, puis une seconde plus lentement.

"C'est comme..."

… l'unique volute de lait dans le thé de la grande-tante Abelone. Quelque chose qui se mêlait, dans l'instant avant que la somme de plusieurs ne devienne un résultat unique. Il s'interrompit net, le regard soudain focalisé à nouveau et le souvenir étrangement trop personnel pour être avoué.

"Du sirop dans de l'eau" finit-il à la place, regrettant les mots immédiatement, et l'improbable de la comparaison pour une pseudo-planche.

Il ne lâcha pas le bout de bois pour autant, se contenta de refocaliser son attention et ses yeux sombres dessus. Tapota vaguement le matériau pour savoir comment il sonnerait.

"Mais c'est censé être du chêne. Le chêne ne fait pas ça, d'habitude."

L'écorce était pourtant strictement la même que celle de l'arbre devant lui. Il fronça les sourcils.
Re: Murmures d'écorces
Lun 19 Aoû - 18:30
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Ce qu’ils étaient méfiants, ces jeunes. C’était triste dans un sens de voir tant d’innocence et d’utopie se disputer avec une retenue pareille. Même Ortie, qui n’était pas l’enrôlé le plus posé du Domaine semblait se méfier du bois tendu. Je le regardais, ranger sa baguette, avancer la patte, la reculer, comme un chat qui ne serait pas certain de sa décision mais que la curiosité pousserait quand même vers l’avant. J’espérais que celle-ci gagnerait. Qu’il y ait encore un peu de jeunesse dans cet esprit têtu et couvert de vert. Pour une fois, cette envie ne fut pas déçue et il se saisit du morceau brut. Je ne dis rien. Je le regardais faire, suivant son regard dans le vague, sentant presque, au bout de mes doigts, les questions qu’il devait se poser. Là, tout de suite, j’avais abaissé mes barrières. Je n’avais pas le choix lorsqu’il me fallait créer, comprendre. J’étais obligé de suivre cette stupide hypersensibilité qui me gâchait la vie. Ah. Il avait donc reconnu quelque chose. Il tourna la planche, à la fois surpris et…contrarié ? Cela me fit sourire, tristement. C’était un trait des gens passionnés que de prendre l’inconnu comme une insulte personnelle. Ma femme faisait pareil à l’époque, lorsqu’elle rencontrait pour la première fois, quelque chose qui mettait en difficulté sa profonde intelligence. Personnellement, je réagissais autrement. J’aimais ça, les découvertes, les énigmes. C’était un jeu pour moi et trouver la réponse, c’était entrer en résonance, en communication avec l’objet, le matériau. Je n’étais jamais contre mes ingrédients. J’étais avec eux. Et le pouvoir que j’y distillais était une sorte de communion. Je n’imposais rien, je proposais.

Je le laissais donc parler. Ce n’était pas à moi qu’il s’adressait, pas vraiment et tant qu’il n’était pas revenu de son expédition au bout de ses doigts, dans la fibre, je ne voulais pas le déranger. C’aurait été foncièrement impoli. Peu dans mes manières. J’attendis. Souris à sa comparaison qui n’était pas totalement erronée. Même si pas vraiment exacte non plus. Le sirop finissait par se diluer totalement et l’on n’avait plus qu’un liquide vert (ou d’une autre couleur, un sirop n’était pas forcément de menthe, me corrigeais-je mentalement), alors que là, une infime différence de densité faisait…flotter le gui et frottait contre le lierre. Oui, ce bois était précieux. Il était une erreur, une infusion, un mélange étrange. Pouvions-nous greffer du lierre dans du chêne ? Je l’ignorais et notais mentalement de poser la question à Lancelot, pour peu qu’il sache. Les plantes ne m’étaient pas – et de loin – inconnues mais le jardinage, par contre, si.

« C’est bien du chêne. Du chêne blanc pour être précis, ce qui se voit à la pâleur des veines intérieures et à l’odeur doucement sucrée. Mais comme je le disais, ce morceau spécifique est spécial. » Je ne voulais pas lui donner la réponse immédiatement. Je voulais voir comment il allait réfléchir à la problématique, l’entendre dérouler sa pensée, qu’il me confirme ou m’infirme le talent diffus que j’avais senti en lui, derrière la façade grognon et désagréable. « Tu es sur la bonne voie cependant, ce n’est pas du chêne pur, quelque chose est venu le modifier profondément. » Je levais les yeux sur l’arbre dont les parasites étaient cachés par les feuillages. « Réfléchit, qu’est ce qui aurait pu ainsi prendre racine dans un morceau de chêne ? »

Qu’est ce qui aurait du pouvoir, pourrait monter si haut, et s’introduire dans du bois. Nous n’avions aucun matériel spécifique avec nous aujourd’hui. Il n’aurait que ses doigts et son intelligence. S’il sortait sa baguette, je le désarmerais cette fois. J’étais prêt et elle contenait un peu de moi ce qui rendait les choses mille fois plus simples.
Re: Murmures d'écorces
Dim 1 Sep - 17:26
Ortie
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Réflexe facilité par le fait que personne ne le verrait, à part Odysseus qui s'en foutait probablement, le jeune homme porta le bout de bois à son nez pour vérifier cette histoire d'odeur sucrée, s'en imprégner et voir dans la foulée de plus près les veines pâles que l'enseignant lui avait soulignées. Sans la fierté mal placée qui infusait ses décisions et ses pensées, sans doute aurait-il céder à l'idée de ressortir son carnet pour y noter l'information. Il ne le fit pas. Il s'en souviendrait, décréta-t-il, et annoterait ses pages sur les chênes plus tard.

Mais ce bout de bois-là était spécial. En tension. Comme les volutes de lait dans le thé, si elles avaient lutté pour continuer à exister au lieu de se diluer. Ortie considéra le tracé des veines et des nœuds comme s'il pouvait y lire quelque chose. Il avait trop peu travaillé les bois pour se faire sa propre idée, mais l'idée de nœuds dans le bois lui plaisait – des carrefours de résistance, indémêlables et coriaces.

Les nœuds, cependant, n'étaient pas en question. Il s'en assura en repassant le bout des doigts sur ceux qu'il trouva. Quelque chose l'y appelait diffusément, mais pas la sensation étrange qu'il cherchait.

À défaut il plissa les sourcils et considéra la piste vers laquelle Odysseus l'avait aiguillé avec une frustration de citadin perdu dans la nature. Qu'est-ce qu'il en savait, lui, de ce qui pouvait se mélanger à du chêne ? De l'eau et de la terre, sûrement ? Des rayons de soleil et de lune ? Posant sa paume libre contre le tronc, il chercha dans l'arbre cette sensation de tiraillement sans la retrouver, élimina les critères qui auraient pu englober tout l'arbre.

"Une plante agressive ?" suggéra-t-il.

Après tout, la stupide plante dans la stupide baignoire attrapait bien les gens alors pourquoi pas les autres végétaux ? Mais laquelle ? Probablement pas de l'herbe, déjà, sinon le baguettier ne serait pas aller chercher son bout de bois si haut. Il considéra d'un œil à demi scandalisé les arbres alentours qui avaient le mauvais goût de ne pas être étiquetés de façon à être identifiables avant de décréter qu'il y avait peu de chances pour qu'ils décident spontanément de fusionner.
Il s'avança pour foudroyer du regard les voûtes de dentelle verte et bruissante sans y trouver sa réponse, contourna la base du chêne, où ses racines gonflaient le sol et le gondolaient.. Quel genre d'influence aurait pu grimper si haut et s'y implanter ? Quelque chose de courageux, de curieux, de teigneux.

"De la vigne ? Du lierre ? De la ronce ?"

La vigne dans les baguettes s'élevait haut, et il était presque certain qu'elle pouvait grimper au moins sur les murs. Le lierre aussi, qui avait orné un temps les façades de la demeure familiale, s'élançait vers les hauteurs. Et les ronces avec les épines entraient dans les bois qu'il appréciait, bien qu'il n'ait pas la moindre idée de ce qu'ils produisaient à part des épines et des mûres. Et même ainsi...

"Non, ça ne peut pas être de la ronce."

Le peu qu'il avait travaillé de ronce lui avait plu pour son indépendance farouche et hérissée. Il n'aurait pas pensé le bois capable de se laisser diluer sans laisser des marques de là où ses épines et sa détermination seraient passées.
Re: Murmures d'écorces
Jeu 5 Sep - 17:48
Odysseus
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Le temps se diluait doucement entre nous. Quelques poignées de secondes, à peine des minutes qui s’égrenaient tandis que l’adolescent tentait de percer un mystère plus vieux que l’humanité elle-même. Qu’est ce qui faisait la matière et qu’est ce qui la défaisait. Comment comprendre ce que l’on ne pouvait nommer. A quel point inventer un mot permettait de percer un mystère. Et je le regardais, cet électron libre, cette boule de piquants de contrariété se concentrer seul sur un seul but, découvrir, comprendre, percer. Si ses yeux pouvaient disséquer, ils l’auraient fait. Ses mains sentaient le produit, appuyant sur les nœuds et les veines du morceau. Puis, comme s’il avait vu de trop près, il fit un pas en arrière, s’intéressant à l’environnement, à la globalité. Il avait la technicité des artistes. Un chaos loin de la méthode scientifique, fait d’essais et de reprise, de ratures, de retours en arrière. Il n’élimine pas les hypothèses. Il ne teste pas. Il reste il attend, il s’imprègne. Puis trois mots. Un léger sourire éclaire mon visage. Je hoche la tête. Il est sur la bonne voie. Il suit le bon instinct. En effet, ce chêne est attaqué par des plantes agressives. Il a beau dire qu’il n’y connait rien en botanique, je le soupçonne moins ignorant qu’il le pense. J’en parlerais à mon collègue. Il y a moyen de l’éduquer malgré lui. N’est-ce pas pour cela que nous sommes vivants ?

Il fusilla du regard les frondaisons et un écureuil, apeuré, fit bruisser quelques feuilles. Sait-il à quel point les alentours sont indifférents à ses colères puériles ? Je ne le pense pas et je ne pense pas utile de le lui apprendre. Il serait capable de mettre le feu à l’endroit par pure mesquinerie. Or les essences ici sont vénérables et méritent un meilleur sort.

« En effet. Ce n’est pas de la ronce. » Les épineux font de bonnes baguettes et les ronces, bien que peu utilisées donnent des artefacts indépendants, peu dociles et explosifs. En tant que catalyseur, elles ne valent pas grand-chose, mais pour ajouter un peu de force à des objets destinés à des usages plus offensifs, elle pourrait être très pratique. Différents buissons poussaient plus loin dans le bois. A voir pour plus tard. « Vigne ou lierre dis-tu. Vois-tu un pied qui dépasse du sol ou de la base de ce tronc ? Quelle plante pourrait arriver si haut sans prendre appui sur la terre même ? » La vigne grimpait, oui, mais plus elle était haute, plus sa base se devait être épaisse. Alors que le lierre courait sur les troncs, poussait souvent depuis une petite cavité avec trois grains de sable.

C’était à dessein que je l’aiguillais, conscient qu’il allait mal prendre la révélation tardive d’un troisième ingrédient mais désirant le voir pousser son raisonnement jusqu’au bout. Je pensais alors que si nous étions là, en présentiel avec les enrôlés, c’était aussi pour les modeler en dehors des cours. Pour instiller nos savoirs à quiconque était prêt à les intégrer et à leur donner leur propre forme. Le devoir de transmission disait Hippocrate dans son célèbre serment. J’avais tenté d’y échapper. Le monde m’avait rattrapé. Peut-être, lorsque j’aurais tout offert, tout transmis, alors le repos me serait accordé. Je n’y croyais pas. Et pourtant, je l’espérais.
Re: Murmures d'écorces
Jeu 2 Jan - 22:13
Ortie
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La confirmation lui tira un sourire en coin, la satisfaction l'auréolant. L'une de ses hypothèses éliminées, n'en restaient plus que deux. Et deux avec des feuilles et des formes dont il ait un vague souvenir. Plus ou moins. Les plantes encore en terre ne l'avaient pas vraiment intéressé, avant. Tout ce qui vivait tendait à développer sa propre volonté – il en était une première preuve. La végétation, du peu qu'il en avait observé durant ses années en école de sorcellerie, n'échappaient pas à la règle.

Lorsqu'Odysseus lui offrit une piste de réflexion, Ortie considéra le tronc – l'unique tronc visible. La paresse aurait pu se contenter de ce seul angle. La part de lui foncièrement élitiste, qui avait en horreur l'échec et l'erreur, ne le toléra pas. Le bout de bois au creux du bras, le Selkie contourna à grands pas l'arbre. Aucun tronc secondaire ne poussait parmi les racines rondes. En revanche, une ligne longue de lianes et de feuilles filait vers les cimes. Il considéra le végétal d'un œil inquisiteur, pesa ses souvenirs.

"C'est du lierre."

Sûr de son verdict, il lança tout juste un regard au professeur dans l'attente d'une confirmation, des fois que, avant de revenir au chêne et au lierre, là où les feuilles ondulées se mêlaient à celles découpées. Peut-être que son souci d'analyse des bois à baguette à l'état sauvage et enraciné pouvait trouver une solution, si le ressenti de l'arbre ressemblait à celui d'un bois sec ? Une main maintenant toujours fermement le morceau prêté par Odysseus, le brun apposa sa paume libre sur l'écorce devant lui, cherchant une résonance semblable. Son regard dériva dans le vague alors qu'il retournait en lui-même, derrière les murs érigés autour de son esprit qui lui permettaient sans risque d'être lui.

Un instant lui suffit à se faire son opinion : le bois vivant ne se ressentait pas du tout comme du bois sec. Peut-être parce que la vie interférait – battait en veines de sève, courait et grattait avec les animaux alentours, raclait et rognait et rongeait.

Ortie retira la main comme un chat retire la patte d'une flaque. Il secoua ses doigts où quelques insectes indéterminés s'étaient aventurés, plissa le nez, et finit par brosser sa paume sur son pantalon pour en ôter la saleté, les bouts d'écorce et les résidus de lichen qui s'y étaient accrochés.

"On fait des baguettes avec deux bois à la fois ?"

Il n'aurait pas envisagé qu'il soit impossible de le faire, parce qu'impossible représentait une forme de défi attendant d'être abattu. Par contre, l'enrôlé aurait été curieux de savoir si l'idée avait déjà été tentée.
Re: Murmures d'écorces
Lun 6 Jan - 15:49
Odysseus
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La certitude de la jeunesse résonna dans le sous-bois. Du lierre. Il y en avait aussi. J’hochais la tête, doucement, sans m’intéresser plus avant de s’il m’avait vu ou non. Il n’avait pas besoin de mon approbation. Ce n’était pas contre moi qu’il se battait mais contre l’échantillon que je lui avais confié. C’était bien mieux que cela. Je n’aurais pas été de taille à affronter son énergie belliqueuse. Il était doué mais tellement bruyant. Pas seulement par la force qu’il mettait dans ses mots. Non. Il y avait cette agitation mentale qu’il semblait avoir sans cesse et cette… il était difficile de mettre un mot dessus. Une sensation de défi permanent qui venait probablement de son langage corporel. Des années de méditation ne m’avaient pas permis de ne plus lire ce genre de langage non verbal. Je n’avais fait qu’apprendre à reconnaître ce qui venait de moi et ce qui venait de l’autre.

« Non. Techniquement, non. » Je lève la tête sur un autre arbre, me demandant si d’autres boules de gui avaient planté leurs racines dans d’autres cœurs. Peut-être pourrais-je les utiliser pour un cours avancé avec les meilleurs de chaque spécialité, cela pourrait être intéressant…quelque part. J’allais devoir me renseigner. « On ne peut pas, par exemple, prendre deux moitié de deux essences différentes et les fusionner autour d’un même cœur. Les bois se rejettent et le tout a tendance à exploser ou simplement refuser la fusion. Même si le taillage les a rendu strictement identiques. » Mais ce n’est pas le cas, là. Là, les deux essences sont mêlées pour ne former plus qu’une seule matière. Les trois, devrais-je dire. Et, comme la chimie moldue, le résultat n’est ni l’un, ni l’autre. Mais une troisième chose. Un autre matériel qui existe même s’il n’a pas de nom. J’essaie de me souvenir de ma chimie de façon assez profonde pour trouver une comparaison. C’est compliqué. J’ai toujours été à l’école magique et celle-ci n’était pas très branchée sur les science moldues. Et moi-même sur les sciences…tout court. Je préfère étudier et toucher. Peut-être en cuisine ?

« Que se passe-t-il si tu mets du lait dans le café ? » A part gâcher deux choses parfaitement buvables séparément, évidemment. « Est-ce que tu as deux boissons à la fois ? » Je le laisse réfléchir et rajoute, pour le troubler un peu plus et le forcer à aller plus loin, à ne pas qu’il s’arrête à la première ébauche de « bonne » réponse. « Et si tu rajoutes du sucre ? » C’est un moins bon exemple. On sent le gout sucré, on le retrouve à la fin, le mélange n’est pas aussi fusionnel que les deux liquides. Les métaphores ont des limites, je le sens bien. Ce serait tellement plus simple si l’on pouvait juste communiquer d’esprit à esprit. Sans mots. Avec des images. J’ignore si cette pensée m’est inspirée par ma nirimagie mais j’avoue que malgré les imperfections dues au filtre inconscient/conscient, j’aime particulièrement dialoguer dans les rêves.
Re: Murmures d'écorces
Lun 3 Fév - 21:52
Ortie
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"Techniquement non". Mais la technique évoluait, et la notion d'impossible avec. "Techniquement non" n'était jamais qu'une façon de dire "à l'avenir oui", quand les méthodes et les sorts auraient été trouvés.

Attentif aux explications, le brun revint vers l'enseignant, son bout de bois toujours au creux du bras. L'écorce lui piquait le bout des doigts. Les veines et les teintes ne ressemblaient pas exactement à celles du même matériau une fois sec. L'ensemble était déconcertant, mais pas assez pour le décourager.

"Non, j'ai du café au lait."

Le Selkie baissa les yeux sur la récolte d'Odysseus - un café au lait version végétal, où les essences cohabitaient, atténuaient peut-être certains de leurs traits, en soulignaient d'autres, de la même façon qu'un café au lait perdait en amertume pour gagner en nuances de goût. S'il n'y avait qu'une seule essence à la fin, qu'est-ce qui techniquement empêchait d'en faire une baguette ?

La question sur le sucre, en revanche, alluma une pointe de suspicion. Il avait compris à la première question... et il était à peu près certain qu'Odysseus avait compris qu'il avait compris. Alors le sucre ? Le sucre était-il différent parce que c'était un solide, qu'il ne s'incorporait que selon ses propres critères aux liquides et coulait au fond de la tasse si on n'y prenait pas garde ?

"Si j'ai bien mélangé, j'ai du café au lait sucré. Sinon, j'ai du café au lait et du sucre parfumé au fond de ma tasse.

Ce qui, en transposant correctement, impliquait que...:

"Tout ne se mélange pas forcément bien ? Est-ce qu'il y a des endroits de ce bout-là où le mélange atteint ses limites ?

Elevant le bout de chêne-lierre à hauteur d'oeil, il promena un regard critique sur les veines délicates comme si son oeil d'amateur avait la moindre chance de trouver la frontière entre les deux essences. Que le bois vert le déconcerte et malmène ses connaissances d'apprenti baguettier n'allait clairement pas le pousser à abandonner.
Re: Murmures d'écorces
Mer 12 Fév - 16:47
Odysseus
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La métaphore fonctionne. Contrairement à sa réputation, le jeune homme prend le temps de réfléchir à chaque proposition, revenant sans cesse vers la matière, sentant l’essence, déterminer à en percer les secrets. Il avait les connaissances, il avait l’envie, il avait la sensibilité. Lui manquait un peu d’imagination. Pas celle, fantaisiste, des artificiers mais celle qui fait les rêves, qui a sa logique, son langage.

« Est-ce vraiment l’un ou l’autre ? Quand bien même une partie du café et du sucre se retrouveraient au fond de la tasse, ce que tu bois n’est-il pas du café au lait sucré ? »

La nature n’est jamais absolue. Elle tente, elle teinte, elle pique. Il y a dans le morceau assez de mélange pour faire un artefact. Il y a d’autres endroits, aux extrémités et aux points de contacts, qui ne servent plus, qui sont trop hétéroclites, Mon regard triste se pose sur le morceau que j’ai découpé et que je sais déjà que je vais abandonner au jeune homme. Ce qu’il en fera sera différent de tout ce que j’aurais pu imaginer. J’espère qu’il en prendra soin. Il est toujours difficile de dire au revoir, même si ce n’est qu’à une idée éphémère, à un projet. Un soupire s’échappe de mes lèvres et je m’arrache doucement à ma contemplation. Il n’a probablement rien vu. Peut-être. Je me force à reprendre.

« Ce morceau est un café au lait sucré. Tu ne trouveras jamais de baguette dans le commerce venant du résultat de la fusion entre deux ou plusieurs essences. C’est trop rare de les voir fondues l’une dans l’autre pour le proposer à la vente au prix fixé. Le plus souvent, ils forment des artefacts de pouvoirs, si leurs propriétés magiques acceptent de coopérer. Cependant, techniquement, rien n’empêche d’en faire une baguette. »

Techniquement. Encore une fois. Ce n’est pas un mot que je dis par hasard, pour le plaisir de sortir un terme pompeux à des allures d’adverbes. C’est pour attirer son attention. Enflammer sa créativité.

« Il te manque le sucre. »
Re: Murmures d'écorces
Mar 18 Fév - 21:42
Ortie
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Un plissement de nez annonça tour à tour une esquisse de refus de plier puis l'admission du fait que l'enseignant avait raison. Pour que le sucre non dissous finisse au fond de la tasse, il fallait bien avoir sucré tout le reste de la boisson.

"Si."

L'admission passa cependant vite à la trappe pour laisser place à une explication. Pas de baguette à deux essences, donc, dans le commerce... mais l'argument qu'elles étaient difficiles à estimer ou à écouler ne constituait pas une réponse à s'il était possible d'en fabriquer, juste à s'il était facile de les vendre. "Techniquement" n'était jamais qu'une question de motivation et de temps.

Le constat beaucoup trop calme selon lequel il lui manquait un élément tomba comme une pierre au beau milieu de ses réflexions. Un bref arrondi de l'oeil trahit sa surprise. Quelle était la probabilité pour tomber sur un bout de bois mêlant deux essences ? Quelle était la probabilité pour tomber sur un bout de bois mêlant trois essences ? Faible.

Soufflant par le nez son agacement de devoir rejouer aux devinettes avec les plantes, l'enrôlé se plia au jeu autant par refus d'abandonner que par curiosité. Il avait fait le tour complet de l'arbre. Il savait qu'il n'y avait qu'une seule plante assez ferme pour produire du bois grimpant le long du chêne. Il n'en revint pas moins au pied du plant de lierre, qu'il considéra avec toute la suspicion du monde. Contrairement à ce qu'il aurait pu espérer, aucun végétal ne s'était camouflé dessous ou emmêlé dedans. Ce qui signifiait que son sucre se trouvait en hauteur. Levant le nez, il ne trouva au-dessus de lui que plus de feuilles.

"Une plante qui n'ait pas ses racines ici, du coup. Si on parle d'une plante."

On parlait probablement d'une plante. Tendant son bout de bois au professeur, le brun attrapa une branche à sa portée et se hissa dans l'arbre. Certes, voir la plante en question risquait de ne pas aider le citadin qu'il était, mais il n'allait pas laisser le constat l'arrêter.

"Les mousses et les machins ne touchent que l'écorce, ça ne peut pas être ça."

Un vague grognement accompagna un effort plus vif autant que la réalisation qu'il grimpait peut-être chercher quelque chose qui ne soit pas visible à l'oeil nu :

"Est-ce qu'un champignon ou une maladie qui affecte le bois compte ?"
Re: Murmures d'écorces
Mer 26 Fév - 11:56
Odysseus
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Certains réfléchissent avec le cœur, comme une respiration de l’esprit, chaque donnée en apportant une autre, puis une autre. D’autres par à-coups. Ortie réfléchit comme l’on combat, avec ardeur, violence. Par coups sans a. Et loin de lui apporter une délivrance, son intelligence le mettait KO. Comprendre semblait presque un échec. Il était ébène bien plus que roseau.

Peu désireux de rouler les plaies de l’enrôlé dans l’acide, je passe rapidement à la suite d’une explication qu’il semble suivre, jusqu’à l’aveu final. Car c’est un trésor que je vais lui céder, un cas rare et précieux, du moins à l’Extérieur. Je ne suis pas assez familier avec les essences du domaine encore pour savoir ce qui est et n’est pas, ici. Le silence s’installe, rompu par les bruits du jeune homme, d’abord non verbaux, puis de déplacement, puis, enfin des mots. Je le laisse dérouler sa pensée. Il retiendra mieux s’il trouve par lui-même.

La dernière phrase aurait pu m’arracher un sourire, dans une autre vie. Compte. Comme si c’était un jeu avec des règles, du fair-play, des gains. Le monde n’est pas ainsi. Il est, et se moque bien de ce que les hommes peuvent en penser. Je hoche la tête, doucement.

« Je ne suis ni médicomage, ni botaniste. Je suppose que cela dépend de ce que tu nommes maladie. Mais il existe un bois de baguette qui parasite d’autres bois et peut parfois les étouffer oui. » Rien que cela, pour un baguettier chevronné, suffisait à donner la réponse. Il n’y avait qu’un bois de baguette-parasite en plus du lierre, le houx. J’aimais utiliser ces essences qui ne pouvaient survivre par elles-mêmes car elles avaient une affinité particulière à se lier à d’autres, tandis qu’un matériaux plus brut renâclait souvent à la fusion. Là encore, Ortie en était un parfait exemple. Il ne devait pas aimer qu’on le lie de force à un de ses pairs. Il fallait faire avec sa personnalité, ses nœuds, tous plus touffus les uns que les autres. Il n’était pas le seul. Je me force à reprendre. Enseigner c’est la moitié de cette vie que j’ai choisi de supporter. « Un champignon, cependant, n’aura pas la dureté requise pour le modelage d’une baguette. Son pouvoir peut se mêler a d’autres essences mais pas dans le cas qui nous intéresse. »

Un soupir. Le jeune homme escaladait déjà l’arbre. Sans réfléchir, je sentis la moitié inférieure de mon corps se transformer en coussin d’air capable de ralentir une chute quelconque. Ce n’était pas tant que je m’inquiétais. Mais outre que je n’aime pas la destruction (d’os autant que d’autres choses) je n’avais pas envie de rajouter du travail supplémentaire à Lancelot. Il avait déjà bien assez à faire de son côté.
Re: Murmures d'écorces
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