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Morne plaine [Meda]
Mer 17 Juil - 16:51
Odysseus
Odysseus
217
Morne plaine [Meda] X5ed
43 ans
Baguette, artefacts et enchantements
Sang mêlé
Nirimage
Elemagie (Air)
Instructeur
https://rementor.forumactif.com/t109-odysseus-instructeurhttps://rementor.forumactif.com/t136-dans-la-pensine-d-odysseus
Le soleil se couchait derrière les murs du domaine. L’air d’été se rafraichissait et les ombres s’étiraient sous les arbres et les bâtiments. Sans faire attention à ce qu’il pouvait bien se passer autour de moi, je marchais au hasard de mes pas. On était samedi soir et l’on sentait l’excitation du dimanche et du repos gagner les plus fatigués parmi les enrôlés. Il n’y avait rien à dire, rien à faire, pas même l’envie d’une musique et l’ennui me prenait au plus profond de moi. C’étaient dans ces moments de calme que les souvenirs revenaient plus fort, ceux des femmes de ma vie, de leurs agitations, de leurs beautés, de leurs mouvements. Ma sœur jouant dans le crépuscule. Ma fille tendant ses mains potelées pour attraper les graines portées par le vent. Ma femme, les yeux plongés dans un article, un tweet ou une nouvelle loi, fulminant contre les idéaux imbéciles d’esprits gangrénés par le vice et le gain, aveugle et sourd à l’appel du Peuple et à la plus simple logique qui veut que rien ni personne ne soit au-dessus de l’autre et que tous vivent en harmonie dans une égalité utopiste. J’aimais l’entendre rouspéter. S’agacer. S’indigner devant l’étroitesse d’esprit des autres, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre du spectre politique, tout en tendant, sans y penser, son dessert à un mendiant assit sur le sol. Elle n’est plus. Ici, c’est le cadre qu’elle aurait adoré vivre. Chacun contribuant à son échelle au bien-être du Domaine, en fonction de ses capacités. Instructeurs proposant leur savoir et leur expérience mais apprenant aussi des enrôlés et du vécu de chacun. Même Monsieur le Directeur se disait être un pion supplémentaire. Tous, du plus petit brin d’herbe sous mes sandales aux tuiles en contre-jour nous avons notre rôle à jouer. Mais je sais aussi qu’elle aurait hurlé de cette paix que nous volons au monde extérieur, celui qui continue à souffrir sans nous. Elle n’avait jamais eu besoin d’entendre pour savoir que l’injustice existait. Ne pas oublier. Ne pas fermer les yeux sur notre but à tous. Rester sensible à la Cause. Elle aurait été mille fois plus utile que je ne le serais jamais.

Mes pas au hasard m’ont mené dans la Plaine où est assise une drôle de demoiselle. Je me souviens d’elle. Je l’ai repérée en retard, ses rêves probablement trop absconds pour que je sois sur de moi aux premiers contacts. Il m’avait fallu du temps pour la retrouver, m’assurer de ma proposition puis pour convaincre le reste que le recrutement serait bénéfique. Elle était arrivée alors, en retard par rapport aux autres, couverte de tatouages et étrange, de cette étrangeté qui m’avait frappé jusque dans ses songes. Je lui avais donné sa baguette – chêne blanc et phénix, là encore, peu banal – et n’avais pas fait de remarque. Comme tous les originaux, le hasard l’avait conduite vers les Selkies et, une fois de plus, j’admirais Boudica et Kerana pour leur implication avec cette brigade particulière. Elle dessinait. Je savais, étant un artiste moi-même, à quel point s’abandonner à son art, c’était laisser une porte ouverte pour les autres qui ne pouvaient s’empêcher de faire des remarques, poser des questions ou oser un compliment. J’étais curieux de voir qui elle était mais je ne voulais pas la déranger. Aussi, je me contentais de m’asseoir précieusement près d’elle, assez loin pour ne pas voir son dessin ni gâcher son modèle, assez proche pour que nous puissions parler. Puis, je sortis de mon sac quelques baguettes non terminées, un couteau fin et me mis à sculpter tranquillement le bois.
Re: Morne plaine [Meda]
Dim 21 Juil - 21:48
Andromeda
Andromeda
28
Morne plaine [Meda] V52o
30 ans
Médic
Sang mêlé
Avelang
Médic
Le monde a quelque chose d'acidulé aujourd'hui. Comme un bonbon aux milles saveurs, qui fait grimacer les plus jeunes enfants, mais dont les adultes raffolent. Quelque chose d'addictif, qui se trouve quelque part entre le ciel et la terre. Un je-ne-sais-quoi qui m'attire comme un aimant vers l'au-dehors. C'est là que je me suis dirigée, tôt dans la matinée, alors que les oiseaux s'éveillaient à peine. Ignas, le corbeau, ne me quitte quasiment plus depuis notre rencontre. Il disparait parfois quelques heures, mais nous finissons toujours par nous retrouver. Il est plein de bons conseils et très intelligents, alors je suis heureuse que nous soyons amis.

Avec toutes mes affaires - c'est-à-dire deux sacs remplis de matériaux à dessin, de graines pour oiseaux et de nourritures diverses pour les autres créatures - j'ai commencé par faire une balade dans les environs. Puis, la beauté du paysage a soufflé tous mes projets, et je me suis assise dans l'herbe pour chercher à immortaliser ce que mes yeux ne pouvaient qu'effleurer.

Mes genoux ramenés presque contre ma poitrine soutiennent mon carnet à dessin. Ma main droite tient cinq crayons de couleurs différentes, tandis que ma main gauche s'active sur la feuille autrefois blanche, qui revêt maintenant les couleurs du matin. Sur ma tête, mes cheveux gris sont noués en un chignon flou. Ils semblent tenir tous seuls. J'ai un pull effet moumoute, qui semble être fait de poils d'animaux - ce n'est qu'une imitation bien sûr - et un pantalon imitation cuir. Je porte des dizaines de bijoux partout, de lourdes boucles d'oreilles qui pendent jusqu'à mes épaules, plusieurs colliers colorés qui bougent seuls. Je fredonne tout bas, accompagnée parfois par quelques oiseaux au chant clair.

Je suis tellement concentrée que je ne remarque pas l'homme qui s'approche de moi et s'assied. C'est Ignas qui me prévient. Il me décrit un homme grand et fin, avec des baguettes. Odysseus. Il ne parle pas, et je ne parle pas non plus, observée par mon œuvre. Je l'ai presque terminée, rajoutant au fur et à mesure les quelques oiseaux qui nous ont rejoint, et qui se perchent sur les branches d'arbres plus loin, ou sur le sol herbeux à quelques endroits. La plupart ne restent pas bien longtemps, et nous survolent en chantant.

Mais je ne peux pas ignorer l'homme très longtemps. Il ne s'est pas assis proche de moi, mais si je n'avais pas fait attention à lui à son arrivée, j'ai l'impression de ne plus voir que lui. Je ne relève pas la tête de mon carnet, continuant à frotter frénétiquement mon crayon contre mon papier, mais je cesse de fredonner une seconde pour m'adresser à lui.

- Vous êtes dans mon champ de vision.
Re: Morne plaine [Meda]
Mar 30 Juil - 21:07
Odysseus
Odysseus
217
Morne plaine [Meda] X5ed
43 ans
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Nous restons silencieux un moment et seule la nature et nos arts respectifs se mêlent aux bruits du vent. La mine de ses crayons sur les feuilles, le raclement de mon couteau sur le bois. Malgré la demi-transe que me procurait mon travail, je pouvais remarquer du coin de l’œil les passages des propriétaires des lieux et les changements de luminosité. Bientôt, il faudrait travailler à s’éclairer un peu. C’est alors qu’une voix âpre me ramena de force à la réalité. Je trouvais ses mots, comme sa voix, désagréables et agressifs mais mon ton n’était pas différent de mon indifférence naturelle, mon visage n’avait pas changé d’inexpression et mon rythme était resté le même.

"Hokusaï disait que l'homme fait partie du paysage et s'ajoute à la nature qui l'entoure au lieu d'en être le centre, le focus ou le sujet." Réponds-je, sans lever les yeux vers elle. Je sais parfaitement que je suis en retrait de la scène qu'elle essayait de reproduire, que je ne mords pas sur son champ visuel. Pour le reste, le monde n'appartient à personne et je n'ai pas l'intention de me justifier ou de m'excuser d'être ici, vivant. Certes, ce n'était pas mon choix. J'aurais préféré reposer dans l'Oblivion et l'oubli, loin des douleurs de la conscience. Le Domaine est peuplé de créatures qui vont et qui viennent au rythme du vent et de la mélodie des étoiles. Du coin de l'oeil, je l'avais vue rajouter des oiseaux arrivés après et vite envolés. Elle ne leur avait rien dit. Sa parole est une provocation ou un test et quelle que soit son intention derrière, je n'ai pas celle de lui donner satisfaction.

Mes mains continuent à sculpter le bois. Je sens sous mes doigts le grain qui me dicte les courbes et les formes qu'il recèle. Je n'ai jamais d'idée en tête quand je décore mes artefacts. Au contraire. Pour que sa puissance soit plus forte encore il faut le suivre lui et inscrire les motifs qui la rendront plus efficace ou, au contraire, calmeront un trait de caractère la rendant difficile à utiliser.
Re: Morne plaine [Meda]
Mer 23 Oct - 3:00
Andromeda
Andromeda
28
Morne plaine [Meda] V52o
30 ans
Médic
Sang mêlé
Avelang
Médic
Andromeda poursuit ses fredonnements, aussi légers et doux que l'envol des oiseaux, concentrée sur son dessin mais aussi sur l'homme qui s'est joint à elle. Elle l'écoute d'une oreille attentive, sans relever la tête en sa direction. Ses yeux sont trop occupés à faire des allers-retours frénétiques entre le paysage et son papier, qui se transforme progressivement sous les coups de ses crayons. Si on lui pose la question, elle dira que ce n'est pas elle qui fait quoi que ce soit, mais bien les traits qui prennent vie d'eux-mêmes. Et peut-être qu'il y avait quelque chose de vrai là-dedans.

- Je n'ai pas dit que votre présence me dérangeait. Il m'est apparu plus poli de vous avertir que vous risquez de finir couché sur mon papier et immortel si vous restez là où vous êtes. L'immortalité ne va pas à tout le monde.

Il ne viendrait pas à l'esprit d'Andromeda de dessiner quiconque qui peut avoir un avis sans savoir si la situation lui convient auparavant. Elle aimait donner certaines particularités à son art. Des particularités que seules sa condition de sorcière pouvait lui permettre, mais aussi d'autres particularités auxquelles tout un chacun pouvaient prétendre ; ce que certains appelaient empreinte, patte, style. Quand on voyait un dessin d'Andromeda, et pour peu que l'on connaisse son travail, il était impossible de douter que c'était bien elle qui l'avait fait. C'était inscrit en chacun de ses traits ; dans la façon particulière qu'elle avait de décorer ce qu'elle voyait d'arabesques complexes, dans ses traits parfois désorganisés mais qui prenaient pourtant tout leur sens lorsqu'elle terminait son œuvre, et dans sa vision du monde qui se teintait souvent d'une certaine noirceur, ou tout du moins, d'une étrangeté particulière.

Cette même étrangeté particulière émanait naturellement d'elle, se peignait sur son visage et ses vêtements, coulaient dans sa voix et sa façon de s'exprimer, irradiaient sur tout ce qu'elle touchait, sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle releva un instant son crayon, le coinçant entre son majeur et son index, puis leva son dessin devant elle pour mieux le comparer à son modèle.
Re: Morne plaine [Meda]
Lun 28 Oct - 10:45
Odysseus
Odysseus
217
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Elle chantonne. Je l’écoute sans écouter, laissant son son être porté par le vent et se mêler à la nature environnante. Et puis, elle parle et sa voix change. Ses mots semblent à côté. Elle n’a pas vraiment écouté. Elle a voulu aller trop vite. Trop loin. Je n’avais pas dit qu’elle avait pu sous-entendre que ma présence la dérangeait. C’était ce qu’elle avait décidé de déduire des termes du fou du pinceau. Et cela en disait beaucoup sur cette solitude qu’elle affichait et qu’elle semblait vouloir garder par ses propos tranchants. Les gens s’approchaient rarement du froid. Ils en connaissaient trop la brûlure

« L’immortalité n’existe pas. ». En ce qui me concernait, cela m’était égal. Brûler vif ne me ferait pas plus mal que chaque seconde de vie alors que j’aurais dû mourir. Elle me dessinerait donc si elle le désirait, qu’il s’agisse de ma forme corporelle ou de sa vision de mon âme, cela m’était indifférent. Le papier s’userait un jour, de même que les couleurs, tandis que les souvenirs s’effaceraient petit à petit, génération après génération. Ce que nous considérons comme éternel, n’est rien qu’un temps trop long pour que notre esprit l’appréhende. A l’aune de l’univers, une goutte d’eau.

« C’est donc ce que vous voulez faire ? Rendre ce paysage éternel ? Le sauvegarder ? Vous le pensez en danger ? » Puisqu’elle parlait, j’allais me frotter à la glace. J’aimais faire réfléchir, surtout lorsque, entouré de nature, nous sommes presque seuls, avec rien qu’un interlocuteur qui n’est pas vraiment là et ne sert qu’à obliger de regarder. Un peintre analyse ce qu’il voit, le transforme en forme, en couleurs et sensations. Etait-elle capable de tourner le même œil analytique vers elle-même, de se peindre de l’intérieur, voilà qui m’intéressait vraiment. Un artiste accompli doit pouvoir se voir et s’assumer pleinement, sans se chercher d’excuse ou de faux semblant. C’est pour cela que tant d’interprètes se croient géniaux et manquent d’âme. Van Gogh s’était regardé, il n’avait pas aimé ce qu’il voyait mais l’avait peint tout de même. Il nous avait donné un aperçu de ce que sa folie faisait au monde autour de lui. Il y avait une tristesse dans ses œuvres. Beethoven s’était servi du silence pour peupler son esprit de musique. Mozart était un tisserand qui mariait les notes…
Re: Morne plaine [Meda]
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