Il n'aurait peut-être pas dû aller explorer le bâtiment des Occamys. Mais de base, rien ne l'interdisait, ou pas qu'il sache, et il pleuvait dehors. Alors après avoir épuisé sa patience en matière de lecture, de tentatives pour identifier ses camarades, d'entraînements aux sorts et au sport, Ortie avait tourné son attention vers une autre occupation, en l'occurrence l'exploration. Et il n'allait pas tout de même aller se promener dans le bâtiment des Zouwus et dans ses serres (pleines de plantes, en plus). Il ne savait plus exactement quand ni comment était venue l'idée de retrouver cette salle qui donnait sur la plaine, pleine de vitrine, de livres trop loin pour en lire les titres et de machins improbables, mais elle avait fini par fuser, peut-être au détour d'une conversation dans la salle commune pour savoir si qui que ce soit avait vu quoi que ce soit d'intéressant.
Et ils avait trouvé la salle en question, après quelques efforts, des portes ouvertes et des passages au travers du bâtiment Occamy avec tout le culot du monde. Oui, « ils », pluriel. Comme dans « Moineau et lui », parce qu'il avait embarqué le brun ou l'inverse peut-être au prétexte fort élaboré que « viens, on va voir » puisqu'il était à la fois Selkie et Infanterie comme lui et que de toute façon « personne n'a dit que c'était interdit ». Pas qu'il sache, du moins.

Il n'aurait probablement pas dû non plus s'introduire dans la salle mais puisqu'ils y étaient, ils n'allaient pas rester plantés comme des fruits de l'autre côté de la baie vitrée, pas vrai ? Alors le brun méché de vert avait fini par franchir le seuil pour lire les titres sur les tranches de livres grognants, observer les fossiles et poker les squelettes.

Et c'est certain qu'il n'aurait pas dû poker les squelettes. Il s'en rendit compte à l'instant où l'un des horribles tas d'os vacilla dangereusement et, dans un fracas de tonnerre, s'écroula en tas de mikados croisé puzzle, le fun en moins. Ortie jura dans son danois natal.

« C'est quand même mal assemblé ces machins... Ils pouvaient pas utiliser un stupide sort de glue perpétuelle ? »

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C’est ce que j’ai écrit sur mon bout de papier. Une ligne. Parce que je me suis endormi comme un loir avec la plume dans la main et que ça a bavé, et que je me suis réveillé avec de l’encre plein les doigts et ce stupide trait là, devant moi, pour me rappeler mon péché.
Autant dire que “allez viens, on va voir” ça a été comme une bouée de secours. Je me suis levé, j’ai tenté de nettoyer mes doigts, et j’ai suivi Ortie pour aller je sais même pas où. Quelque part où il y a des livres à priori, des bouquins intrigants. Quelque part où il y a autre chose à faire qu’une ligne sur du papier et de la bave sur ma joue en tout cas.

Donc on y va. Et puis on entre dans la pièce, c’est pas très difficile à faire avec quelqu’un qui sait se servir de sa baguette finalement. Ortie ouvre la fenêtre, moi je saute à l’intérieur comme si j’avais cambriolé des maisons toute ma vie.
Et on a bien fait de venir, c’est ce que je me dis en m’approchant d’un crâne de je sais pas quoi. On n’a probablement pas le droit d’être ici mais personne ne s’en rendra compte, et WOW CES CROCS. Matez ces crocs. Ils font la longueur de mon avant-bras, qu’est ce que ça peut être comme bestiole ? Je penche la tête à droite, à gauche. Il y a du bruit derrière moi mais je n’y fais pas attention. Est-ce que je peux mettre ma main dans la gueule du crâne ? J’essaie, poing fermé, bras tendu, souffle tranquille.
Et là.
BAM BADABOUM.
Je sursaute, le crâne vole, je tombe à demi sur les fesses de surprise. On nous a attrapés ? On nous attaque ? Qu’est-ce qui se passe ?!

“Putain Ortiiiiiie.”

Ca va. C’était que lui. On se calme, le coeur là, ça sert à rien de battre au fort t’es gentil. Et on se relève, le corps, on n’a rien à faire par terre.

“Tu pouvais pas toucher quelque chose de moins fragile ?”

Vyāsa eu un léger soupir, sourcils froncés devant un livre particulièrement retord. Oh, il avait l’habitude, mais celui-ci avait la désagréable manie d’être coopératif tout au plus une quinzaine de minutes avant d’en avoir après les biscuits posés sur le coin du bureau. Les pages étaient pleines de miettes et de trace de chocolats et les nerfs de l’instructeur commençaient sérieusement à être affecté.

Il prit une longue gorgée de café, plissant les yeux vers le livre qui eut un léger frémissement. Il tourna quelques pages, tomba sur une illustration particulièrement ignoble.

… Putain ! Je savais mieux dessiner que ça a 6 ans ! Qui a écrit ce bouquin à la con !

Il claqua brutalement le livre qui lui grogna dessus.

Pf. Ce n’était clairement pas Newton Scamander.

Le bouquin se jeta sur l’assiette de biscuits à peine l’eut-il lâché, en renversant la moitié par terre.

- Oh, puis merde ! Reducto !

Il attrapa l’ignoble et minuscule bouquin et le balançant dans sa tasse à demi-pleine avant de se lever en rangeant sa baguette pour sortir en claquant la porte, évitant la poignée qui chercha à lui faire un croche-pied vicieux.

Il y avait des bouquins dignes de cette mention dans la salle de classe. Il y avait cet exemplaire sur les créatures américaines qui l’intéressait et avec lesquelles il était moins familier. Il allait poser la main sur la poignée quand un raffut terrible retenti, lui faisant écarquiller les yeux avant qu’il n’ouvre vivement la porte, baguette à la main pour y trouver… Deux imbéciles.

Il ne rangea pas sa baguette. Il n’était pas encore certain de ne pas leur lancer un sort horrible. Surtout vu… Vu le MASSACRE.

Son regard glissa sur la vitrine, le squelette réduit à un petit tas informe d’os endommagés. Le crâne par terre...

Putain de bordel de merde. Il allait les tuer.

Ils étaient trop jeunes et cons pour revenir en tant qu’instructeur, ça, il en était absolument certain.

Bon.

Il prit une lente inspiration. Expira. Du calme, Vyāsa. On ne tue pas les enrôlés. Ceux-là sont de l’infanterie, si sa mémoire est juste. Ce qui veut dire qu’ils mourront vite à la place de d’autres plus malins et qu'il sera tôt ou tard débarrassé. Il rangea lentement sa baguette. Très lentement. Et pas trop loin. Parce qu’il pouvait encore changer d’avis et les transformer en… pffff… Musaraignes qu’il irait jeter aux plantes carnivores de Lance.

En attendant.

- Est-ce que je peux savoir… CE QUE VOUS FOUTEZ LA BORDEL DE MERDE ?! LES PORTES VERROUILLÉES ÇA NE VOUS PARLE PAS ?! il se radoucit brusquement, avec un sourire qui n’atteignait pas une seconde ses yeux. Ah, mais non, bien sûr, excusez-moi ! Mônsieur Ortie et Mônsieur Moineau sont des grands sorciers qui connaissent un super sort trop cool pour ouvrir les portes verrouillées. Ça donne tous les droits, suis-je bête !

Il les fixa quelques secondes. Perdit son sourire.

- Non. Sérieusement. J’ai envie de vous sortir les os du corps pour les mettre derrière la vitrine et balancer vos tout petits cerveaux dans du formol et d’écrire dessus « encéphales d’imbéciles », mais je ne suis pas certain de trouver quoi que ce soit excepté de l’eau dans le crâne d’Ortie qui doit s’en douter lui-même vu ses putains de cheveux verts comme des foutues plantes, siffla-t-il très vite.

Son regard s’égara une seconde sur un livre qui venait de grogner… Puis revint sur les deux jeunes gens. Il avait une idée. Juste là. Une idée à la con à la hauteur de leur connerie.

- Mais comme ça me ferait atteindre le ratio de perte trop rapidement… Je vais vérifier ce que vous avez dans le crâne d’une autre manière. Elle devrait, techniquement, être indolore. J’imagine que vous préférerez celle-ci ?

Le brun haussa les épaules, auréolé d'une mauvaise foi si épaisse qu'on aurait pu la mettre en bouteille. Sa belle comparaison entre les squelettes mal assemblés et les châteaux de carte s'écroula quand la porte s'ouvrit vivement. Par réflexe, il releva sa baguette, un sort sur le bout de la langue... qu'il ravala quand un instructeur invoqué par la loi de Murphy n'essaya de le foudroyer qu'avec son regard.

Bien sûr que les portes verrouillées lui parlaient : majoritairement pour l'inciter à aller voir ce qui exigeait qu'on verrouille la porte. L'air clairement plus contrarié d'avoir été surpris en flagrant délit que d'avoir enfreint les convenances, Ortie se boucha l'oreille la plus proche de l'instructeur qui hurlait pour atténuer le son, ne l'abaissant que lorsque le volume à défaut du contenu du sermon repassa à un niveau plus tolérable.

"Y'a des plantes brunes aussi" siffla-t-il entre ses dents, dardant un regard sarcastique vers la crinière de Vyasa.

Genre le bois et probablement les racines et tout un tas de trucs mal arrosés et mal lunés et certainement au moins une sorte de moisissure. Profitant du bref répit accordé par un grognement non identifié qui ne devait pas venir de l'instructeur vu que celui-ci tourna la tête, Ortie articula silencieusement un Reparo dans son dos, visant au jugé le tas d'os. Il cherchait une formule capable de réarranger correctement l'horrible tas d'os instable quand le grincheux en chef reporta à nouveau leur attention sur eux, avec une offre qui fit plisser le nez de suspicion à l'enrôlé.

"Ça dépend de la nature du « techniquement »."

Méfiant, il jeta un coup d'oeil à son complice pour tenter de jauger ce qu'il en pensait... bien qu'il soupçonne qu'ils n'aient pas vraiment le fin mot de l'histoire.

NON MAIS EN FAIT ON NOUS ATTAQUE.
Ou presque. Suffisamment pour que je sursaute comme un idiot quand la porte s’ouvre d’un coup et que je lève les bras en l’air pour bien montrer que je suis innocent. Les habitudes sont ce qu’elles sont, hein, je ne connais pas assez l’instructeur qui semble prêt à nous trucider pour être sûr qu’il ne le fera pas vraiment. Je me tiens prêt à me carapater en courant s’il le faut. Et je le fixe. Je le fixe si fort que je vais avoir son image en rémanence dans les yeux pendant des heures, au moins.

- Pas besoin de tours pour ouvrir les portes.

Je souffle tout bas, juste pour moi, certainement pas pour le ronchon. Franchement, ces habitués de la baguette… On a juste besoin d’un bout de fil de fer pour ouvrir une porte. Pas de se prendre le chou avec des sorts.
Enfin c’est pas le propos là. Et puis comme il n’a pas l’air de vouloir nous tuer mais que je suis déjà dans le même sac qu’Ortie -merci Ortie, sérieusement !-, ça ne sert à rien de garder les mains en l’air. Je les baisse. Et je remonte le sourire à l’annonce d’une punition supposément indolore.
Non mais t’en fais pas, mon petit Jean-Gazon. Arrête de me regarder comme s’il y avait baleine sous le gravillon. On n’a pas trop le choix de toute façon.

- D’accord !

Je claironne et je scintille et je suis enthousiaste et volontaire, regardez comme j’aime ça les punitions ! Je suis partant pour tout. Juste pas pour la séparation de mes os et du reste de moi.

- On prend la version sans douleur, hein Ortie ? Qu’est-ce que qu’on doit faire ? Nettoyer tous les os de la pièce ?

On va mourir d’ennui.

- Etiqueter des pots ?

Pas mieux.

- Ranger des livres par ordre alphabétique, de couleur et de thème ?

C’est un peu moins pire. Je pousse un peu Ortie du coude pour le forcer à jouer le jeu.

- Tout ce que vous voulez !

Si un regard pouvait tuer, il y aurait des obsèques à organiser, parce que le commentaire d’Ortie passe MAL. Et que l’instructeur ne sera décidément pas d’humeur aimable, aujourd’hui. Et peut-être qu’au final, le vert ne doit sa durée de vie rallongé qu’a son compagnon qui semble… Plus qu’enthousiasme à l’idée d’une punition indolore.

Ce qu’il dégage pourrait presque le désarçonner une seconde, mais Vyāsa ne reste rien paraître. Il croise plutôt les bras, sourcils froncés devant le flot de mots que déverse Moineau. Décidément, ce que tu as en tête devrait être formatif.

« Pas d’étiquetage de pots, je crains les catastrophes. Et pas de classements de livres non plus. Ils sont très bien comme ils sont. »

Le plus vieux secoue la tête, et finalement, un sourire en coin dénué joie apparaît sur ses lèvres. Il teste directement ses deux enrôlés, sans leur laisser deviner rien de la supercherie.

« Il se trouve que notre prochain court portera sur les nargoles, je compte donc sur vous pour en trouver et me les ramener d’ici la fin de la journée. »

Et parce qu’il faut bien motiver un peu les troupes.

« Bien sûr, si vous ne prenez pas votre rôle au sérieux, vous aurez un très très long parchemin à me rédiger sur le sujet. Aussi, être vous, je ne tarderais pas trop à me mettre à l’œuvre, messieurs. »

Vyāsa les fixe, attendant leur réaction à la punition avec une curiosité camouflée. Autant dire que les deux jeunes ont la possibilité de lui faire passer une journée tout à fait singulière, autant amusante qu’exaspérante. À voir quand ils comprendront le fond de l’affaire.

Gna gna gna ranger les pots, gna gna gna bouquins déjà triés. En guise de réponse à son enthousiasme tout à fait déplacé et à son coup de coude, Moineau ne récupéra qu'un nouveau coup de coude. Gna gna gnargoles. Ortie lista mentalement la courte liste des créatures dignes de son intérêt, classées en deux catégories distinctes : celles qu'on pouvait chevaucher et celles que l'on pouvait utiliser en cœur de baguettes. A priori, le nargole ne figurait dans aucune des deux catégories, ce qui signifiait que les connaissances de l'enrôlé sur la question égalaient son impulse control...

Autant dire que la menace d'un parchemin à rédiger tomba comme une douche froide. Grinçant des dents, le jeune homme jeta un regard torve au professeur (gna gna gna pas tarder lui-même), puis à la pluie dehors. La perspective de boucler sous l'averse valait mieux que celle d'éternuer à force de recherches passées le nez dans des ouvrages poussiéreux pour rédiger un parchemin qu'il oublierait probablement dans la foulée.

"Ok" grogna-t-il, le mot à peine articulé au travers de sa mauvaise humeur aussi visible que les nuages gris à l'extérieur.

Ses mèches brunes et vertes valsèrent dans son sillage alors qu'il pivotait, ensorcelant en prévision ses vêtements d'un "impervius !" déterminé. L'odeur de bruine et de terre humide lui sauta au nez alors qu'il franchissait le seuil à grandes foulées agacées.

"Accio nargole !" exigea-t-il.

Seul le crépitement de l'eau sur le toit et sur les feuilles distantes lui répondit. Comme aucune bestiole improbable ne semblait décidée à surgir en sifflant en réponse à son sort, le Selkie pinça les lèvres et croisa les bras.

"À quoi ça ressemble un nargole ?" se décida-t-il finalement à demander.

Peut-être que si le machin était trop grand, il n'était pas acciotable. Ou peut-être qu'il avait plein de petites pattes et tentacules avec lesquelles s'accrocher pour ne pas être ramené. Ç'aurait bien été le genre de Vyasa de choisir la créature la plus chiante possible à amadouer et ramener. Avec un regard en arrière pour vérifier si Moineau le suivait (Moineau était-il acciotable au besoin ?) et avec l'étroitesse d'esprit de l'indécrottable urbain qui n'envisage pas de trouver des animaux ailleurs que dans la nature, Ortie s'engagea d'un pas grincheux vers l'étendue de verdure la plus proche, pestant entre ses dents.

Si tu le dis, les livres sont bien rangés et on va casser des pots. Tout ce que tu veux. Je hoche juste la tête pour bien montrer à quel point je suis attentif, à quel point je me repens et je suis prêt à faire tout ce qu’on me demande parce que c’est comme ça que ça marche. Si tu as l’air d’accepter ton sort sans faire de vague, ils te fichent la paix.
Qui, “ils” ? Oh. Tous les adultes qui ont existé, surtout quand ils ont des ondes de type “papa” comme l’instructeur, là. La preuve : il menace de faire rédiger un parchemin si on lui trouve pas ses nargoles-trucs. Typiquement papa-esque. Je ne vais pas lui dire que je préfère encore écrire 2m de dissertation que d’aller me balader dehors et faire l’idiot pour justifier le fait qu’aucun truc magique que je tenterai de faire aidera à récupérer quoi que ce soit.
Enfin bon. Va pour la chasse.

- On y va !

Ortie grogne alors je claironne, de mon côté, pour la caution enthousiaste. Tellement enthousiaste qu’elle court un peu derrière son acolyte de stupidité. T’as vu comment je suis un bon enrôlé, papa instructeur ? Tu m’aimes un peu ?

- A toute à l’heure !

Avec les Nargoles. J’espère. Et j’espère aussi qu’Ortie sait ce qu’il fait, lui au moins. C’est pas que je me tiens pas au courant de ce qui se passe chez les sorciers, hein, mais un peu quand même.
On ne dirait pas.
Je lève les yeux au ciel pour la forme.

- Je sais pas, j’ai pas vraiment suivi les cours de soins aux créatures.

Je le suis joyeusement vers le bout de bois le plus proche de nous, les mains dans les poches, essayant d’imaginer les bestioles qu’on cherche.

- C’est probablement gros, si on va avoir un cours dessus. Et dangereux. Et ce qui est gros et dangereux est… Probablement gourmand ? On devrait essayer de les appâter avec de la nourriture !

Ils mordent à l’hameçon laissé à leur disposition avec une rapidité qui pourrait presque faire rire Vyāsa s’il ne devait pas garder son expression neutre afin de ne pas leur laisser d’indice sur l’histoire. Ils ne s’attardent même pas à essayer de savoir a quoi ressemble une telle créature, fonçant dehors, avec mauvaise humeur pour Ortie, entrain pour Moineau. Vyāsa se demande presque un instant ce qu’ils fabriquent ensemble, mais au final, ça lui importe peu du moment qu’ils arrêtent de venir foutre le bordel dans sa salle de classe.

L’homme se retourne vers le bordel laisser en place, soupirant légèrement avant d’entreprendre de tout remettre en ordre. Autant ne pas faire traîner les choses, il a déjà des parchemins à corriger et rendre. Et l’air de rien, il ne sait pas quand son équipe d’enfer remettra les pattes ici avec… Probablement rien du tout, il préfère avoir terminé et être en train de siroté une tasse de café en lisant les différents travaux que d’être encore en train de ranger leur connerie.

Bon aller.

[…]

Il inspecte un instant la vitrine soigneusement en ordre, sort sa baguette pour ajouter un sort afin que personne n’aille l’ouvrir impunément avant de lancer d’un sort la préparation d’autant de café que possible.

Il sent qu’il n’en faudra pas moins.

Puis il s’installe au bureau de la classe, sortant un encrier rouge ainsi qu’une de ses plumes préférés pour se concentrer sur un premier parchemin. L’intro lui tire déjà un petit soupire alors qu'il annote déjà de rouge le texte sous ses yeux.

Ils étaient donc deux à ne pas avoir suivi de trop près les cours de soins aux créatures magiques. En même temps, hein, quelle idée de faire des cours sur autre chose que les bêtes à baguettes et sur les botrucs. Et éventuellement sur les bestioles que l'on pouvait chevaucher.

Bras croisés, Ortie rythma son agacement d'un tapotement de doigts et de baguette. Le tremble argenté marqua son soutien d'une pluie d'étincelles. Fusillant du regard la forêt pleine de plantes et d'arbres et de bestioles inconnues et même pas forcément intéressantes, le Selkie finit par reprendre son chemin tout en écoutant les hypothèses de son comparse.

"Ça se tient."

Un froncement de sourcil accompagna le premier obstacle à ce plan alors que le brun enjambait une racine, s'enfonçant au petit bonheur la chance dans le sous-bois. Les ronces et les buissons bas bruissèrent sur son passage et le crépitement de la pluie changea de tonalité alors que les gouttes chutaient de feuille en feuille, se regroupant en plus grosses gouttes comme des bourgeons de cristal liquide en bout de branche.

"J'ai pas de nourriture sous le coude, mais avec un sortilège qui émette un parfum de viande ou de fruit, ça doit le faire aussi. T'en penses quoi ?"

Restait à retrouver la bonne formule. Les mots sur le bout de sa langue restèrent réticents à sortir des tréfonds de sa mémoire et, dans le vague espoir de les amadouer, le Sang Pur esquissa le mouvement à la pointe de la baguette comme si le geste pouvait appeler la formule.

"Fructodor" tenta-t-il finalement.

Un nuage de volutes pastels se déroula de la pointe de sa baguette, baignant les alentours d'un parfum de fruits frais – oranges sanguines et fraises de son enfance. La fragrance avait quelque chose de trop personnel aussi, d'un coup de baguette, il y ajouta une dose de poire comme pour noyer le poisson.

"Des nargoles, sérieux... À quoi ça sert, en plus, ces trucs ?"